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BUGS BUNNY ORPHELIN

Au moment où l'animation redevient une discipline reine du 7ème Art et des autres écrans audiovisuels, l'un des plus grands du cartoon décède. Chuck Jones avait crée Daffy Duck, canard grincheux, maladroit, victime de ses propres colères; Elmer le chasseur, amateur, idiot, parfois méchant, souvent dupé; Porky pig, autre héros populaire de l'Amérique des 30 glorieuses; le couple infernal, explosif, impossible d'un Bip Bip insolent et d'un génie incompris, le Coyote; n'oublions pas Pépé le putois, french lover au parfum répulsif, draguant à tout va, avec un français approximatif, le tout inspiré par Maurice Chevalier.
Mais évidemment le génie de Chuck Jones aura été d'imaginer le personnage de dessin animé le plus populaire du 20ème siècle. Sondages à l'appui, études de notoriété et palmarès cumulés, l'angélique Mickey fut dépassé par un garnement tantôt cynique, tantôt arrogant, narquois et ironique, un démon pour Elmer, un rival pour Daffy, un emblême pour la Warner. Le seul dans Qui veut la peau de Roger Rabbit (véritable hommage au monde de Chuck Jones) qui s'affiche deux fois, dont une fois avec Mickey qui contemple ses facéties. Il s'agit bien évidemment de Bugs Bunny.

Mort à 90 ans, il est resté 30 ans au sein de la Warner. Chuck Jones a eu une carrière de plus de 60 ans, collaborant à plus de 300 dessins animés (de 1938 à 1996), remportant 3 Oscars et un supplémentaire pour l'ensemble de sa carrière. Un maître! On lui doit aussi la série d'animation basée sur l'histoire du Grinch. Son rôle dans le cinéma est tellement reconnu que deux de ses oeuvres appartiennent désormais au National Film Registry : What's Opera, Doc? (1957) où Bugs et Elmer revisitent la Chevauchée des Walkyries et Duck Amuck (1953) où Daffy martyrise de manière surréaliste son animateur. Les années 50 furent ses meilleurs, notamment grâce à sa collaboration avec le scénariste Michael Maltese.
Il a reçu un Oscar et une Palme d'or du court métrage pour The Dot and the line (1965), un monument de l'abstraction. Ses deux autres Oscars furent pour "Frigid Hare" (jeu de mot subtil..., 1949) où Bugs est confronté à un pinguoin et "So much for so little" (1949), méchant réquisitoire contre une santé privée.
Le compère de Tex Avery et Fritz Lang avait su mélanger habilement l'humour, le rythme, la folie du cartoon. Rarement égalé, il avait contribué à l'essor d'un autre couple vedette, Tom et Jerry, dont il fut à l'origine des meilleurs épisodes, artistiquement et scénaristiquement parlant. Son dessin prenait de l'ampleur avec du mouvement et de la vitesse. Aujourd'hui encore, on ne s'en lasse pas. La cruauté de ces histoires contrastait avec notre attachement affectif aux personnages. Les délires inventifs du coyote, les méchants tours du lapin, les imprévisibilités du canard, les trouvailles de la souris sont autant d'éléments purement inutiles mais totalement "dramaturgiques" et comiques.

Vincy / 23.02.02  


 

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