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Filmo sélective
- Assurance sur la mort (Double indemnity), 1944
- Le poison (The lost weekend), 1945
- Boulevard du crépuscule" (Sunset Boulevard), 1950
- Stalag 17, 1953
- Sabrina, 1954
- Sept ans de réflexion, 1955
- Témoin à charge (Witness for prosecution), 1958
- Certains l'aiment chaud (Some like it hot), 1959
- La garçonnière (The Apartment), 1960
- Irma la douce, 1963
- La grande combine (The fortune cookie), 1966
- Spéciale première (The front page), 1974
- Fedora, 1978

 

NOBODY'S PERFECT

Samuel "Billy" Wilder était l'un des plus grands scénaristes et dialoguistes d'Hollywood, mais aussi un réalisateur au regard singulier sur la nature humaine, ses petits travers et ses immenses élans du coeur, toujours bridés par les tabous et les carcans de l'éducation. Billy Wilder était une légende du cinéma, simplement parce qu'il a laissé quelques uns des plus grands films du 7ème Art, dans un genre souvent méprisé, la comédie. Avec lui, le rire avait un fond social ou était une étude de moeurs. Cela faisait 20 ans qu'il ne tournait plus et recevait tous les honneurs. A presque 96 ans, il s'est éteint.

Il naît le 22 juin 1906 en plein empire austro-hongrois, dans un village aujourd'hui situé en Pologne. Journaliste à Berlin, l'arrivée d'Hitler au pouvoir le fait migrer à Paris où il réalise son premier film (Mauvaise Graine), avec Danielle Darrieux. Puis il bouge à Hollywood. Il collabore aux scénarii de deux films de Lubitsch (La 8ème femme de Barbe bleue et Ninotchka).
Sa carrière de réalisateur prendra son envol avec un film noir considéré comme un bijou, Assurance sur la mort ("Double Indemnity", avec Barbara Stanwyck). Mais ce sont les années 50 qui seront son âge d'or. Sunset Boulevard (avec Gloria Swanson, William Holden et Erich von Stroheim), summum du film sur Hollywood, est un décapant portrait de la décadence d'une étoile déchue. Ce film a été réalisé juste après son second et utime mariage, avec une actrice, Audrey Young. Sunset fut adapté en comédie musicale dans les années 90, tout comme trois autres de ses films : La garçonnière (Promises Promises dans les années 60), Certains l'aiment chaud (Sugar, dans les années 70) et en France, Irma la douce (récemment incarnée par Clotilde Courau).

Tous ses films respiraient l'intelligence, l'humour, la légèreté un peu amère. Les tournages étaient durs. Il avait un caractère de cochon, et la rigueur des rois de la comédie, obsédé par le ton, le rythme, et en tant que scénariste, il refusait qu'on interprète "à sa façon" un script qu'il avait imaginé. Tous avaient des dialogues ciselés à la perfection, des jeux de mots parfois scabreux mais toujours élégants. Il inspira Mel Brooks, Robert Altman et d'autres encore. La plupart des grands comédiens se pliaient à ses exigences pour réciter sa verve. Deux acteurs furent des fidèles : William Holden et Jack Lemmon. Le premier fut la vedette de Stalag 17, parodié et plagié par tout le monde, jusqu'à l'hommage des studios Aardman dans Chicken Run. On retrouve aussi Holden dans Sabrina (remake par Pollack, avec Harrison Ford), incarnée par la fabuleuse Audrey Hepburn (que Bogart séduit de manière éhontée). Il s'intéresse là aux apparences, à la lutte des classes et continue à explorer le monde des affaires et leur impact sur l'homme, pour que, finalement, l'amour emporte tout. Classique après classique, Wilder impose sa patte à Hollywood et déjoue la morale avec une analyse fine des relations humaines, supérieures en soi à l'étroitesse des jugements.

En 55, il engage Marylin Monroe pour Sept ans de réflexion ("The seven year itch"). Le film débute sur une narration off, décalée et hilarante à propos des us et coutumes de l'homo occidentalus urbanus. Oeuvre sur la tentation et l'incommunicabilité entre les désirs d'un homme et les rêves d'une femme, ce quasi huis-clos new yorkais estival (très chaud) a donné une séquence mythique : Marylin faisant voler sa robe au dessus d'une bouche de métro. C'est à ce genre d'onirisme que l'on reconnaît les grands cinéastes.
Il enchainera trois films à la suite en 57/58 : une bio de Lindbergh (avec James Stewart), un hommage à son maître Lubitsch (Love in the Afternoon avec Gary Cooper, Maurice Chevalier et Audrey Hepburn) et un Agatha Christie (avec Marlene Dietrich). sans le savoir il approche déjà de son crépuscule. Cette boulimie ne l'empêchera pas de réaliser son chef d'oeuvre.
En 59, dans Certains l'aiment chaud ("Some like it hot"), il réunit Marylin (à son top) et un duo "comique" de grands comédiens, Jack Lemmon et Tony Curtis. Il travesti les deux mâles et rend l'icône cinématographique plus sexy que jamais. Ce vaudeville, entre comédie policière et farce absolue, se conclut par la plus célèbre et la plus absurde des citations : "Personne n'est parfait". Ce film sera élu en 2000 comme le film le plus drôle de l'histoire par le vénérable American Film Institute, un honneur pas volé. Tous ces films sont d'immenses succès. Pas seulement notoires auprès des cinéphiles, ses oeuvres parviennent à toucher le grand public. Certains l'aiment chaud sera son film le plus populaire.

Il continue de travailler avec Lemmon (La garçonnière et Irma la douce, tous deux avec Shirley MacLaine). Paris le fascine toujours. Les battements de coeur impossibles aussi. Et son amour des mots domine presque son talent pour les images et un montage plus précis qu'une montre suisse. Dans Un, deux trois ("One Two Three"), il se lâche et transpose la critique sociale sur l'économie capitaliste. On se croirait dans ces Tex Avery futuristes, à voir naviguer James Cagney dans l'empire Coca Cola à Berlin Ouest. La menace d'un mariage avec une communiste et la pression d'une multinationale kafkaienne montrent bien que Wilder ne se souciait pas du "quand dira-t-on". Il choquait l'Amérique puritaine et bien pensante avec ses histoires un peu perverses, mais toujours très chics. Embrasse moi, Idiot, La vie vie privée de Sherlock Holmes, et Fedora conclut sa réputation de prince du divertissement. Fedora (avec William Holden et Marthe Keller) est d'ailleurs un clin d'oeil appuyé à Sunset Boulevard. Il fera aussi trois autres films avec Jack Lemmon et son complice Walter Matthau : The Fortune cookie, The front page (qui décortique les médias comme il a analysé Coca Cola, un des premiers rôles de Susan Sarandon) et Buddy Buddy (sur un scénario de Francis Veber). En tant qu'auteur-réalisateur, il avait surtout collaboré avec Charles Brackett (le scénariste de Niagara), jusqu'à Sunset Boulevard, et I.A.L.Diamond (l'auteur de Monkey Business), dès Some like it hot.

Il aurait voulu réalisé un film sur les Marx Brothers, mais Chico et Harpo s'en allèrent au ciel. Il était intéressé par La Liste Schindler, qu'il aurait bien vu comme son film le plus personnel. Mais Spielberg préféra le faire lui même. Après 26 films, ce fan de pulls en cashmere (une soixantaine...), et propriétaire d'une collection d'art moderne unique et inestimable, Billy Wilder avait, insidieusement, libéré l'Amérique de ses peurs sentimentales et de ses angoisses sociales par le rire. Personne n'est parfait et tout le monde est mortel. Désormais il ne nous reste que ses films pour la réflexion...

Vincy / 29.03.02  


 

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