KINO PAS ZEN

Il semblerait que ni le nouveau Ministre de la Culture ni le populaire Maire de Paris ne s'en émeuvent ; pourtant le Kinopanorama, gigantesque salle de cinéma, devrait s'autodétruire durant l'été.
L'écran est pourtant mythique ; et après la disparition de cinémas historiques, il serait dommage de démolir cette salle gérée par la Gaumont. Avec son écran courbé, cette exploitation datant des années 20, est une des salles qui accueillait régulièrement les films événements, des Disney aux oeuvres grands spectacles.
Certes, le modèle économique n'est plus le même. Face aux multiplexes de Montparnasse, récemment restaurés, le " Kino " n'affichait qu'un programme et ne parvenait plus à maintenir sa fréquentation, malgré l'appui marketing et commercial de la Gaumont. Pour exemple, la dernière semaine de mai, le cinéma avait enregistré 5262 spectateurs pour Star Wars, loin derrière 6 autres salles le projetant en VO à Paris.
Car l'autre particularité est la diffusion en version originale, de plus en plus rare dans la capitale en dehors des mégaplexes UGC. L'impact est sérieux pour l'arrondissement le plus peuplé de Paris, et une zone géographique mal servie en cinémas. Peut-être cela évitera-t-il à Gaumont de fermer ses salles de Convention (à 15 minutes du Kinopanorama), mais la fréquentation cinématographique de la Rive Gauche se concentrera essentiellement sur l'axe Montparnasse-Saint Germain ou carrément en périphérie, à l'Aquaboulevard, si dur à rentabiliser.
De plus, le quartier de La Motte Piquet Grenelle sera affecté par cette baisse d'achalandage. Il s'agit là d'une opération d'éménagement du territoire, mais aussi de patrimoine historique. Si la salle est conservée, qu'en faire ?
Sinon, elle deviendra, vraisemblablement, un Buddha Bar, lieu sophistiqué, très cher, très impersonnel, plutôt élitiste, très peu culturel et qui ne durera certainement pas 80 ans.
Le deuil sera comémoré durant la Fête du Cinéma. Avec comme film-requiem, la version longue d'Amadeus.

 

UN MONDE SANS FRONTIERES

Le 13ème Festival de Cinéma en Plein Air ouvre son ciel à une programmation éclectique.

Le Monsieur cinéma du quotidien Le Monde a réalisé un programme alléchant dans le cadre du Festival de Cinéma en Plein Air de La Villette (Paris).
Tous les soirs du 16 juillet au 25 août, à 22 heures, avec ou sans transat, des films en version originale seront projetés dans le ciel parisien.
Le programme nommé " Frontières " tracera des limites floues et des contours infinis entre les pays, le bien et le mal, le passé et le futur, la raison et la folie, le réel et le virtuel, l'homme et l'animal...
Tout commencera avec une odyssée de l'espace, le "2001" de Kubrick, le mardi 16 juillet. Nous irons alors en Inde (Corneau), au Mexique (Soderbergh), en Iran (Makhmalbaf), en Egypte (Chahine), à Taiwan (Ming Liang).
Nous voyagerons dans la folie, la conscience et les cauchemars avec Fleming, Romero, Hitchcock, Cronenberg, Wachowski, Denis, Gilliam.
Un peu de nostalgie, de rêve et de douceurs ne seront pas de trop. L'Histoire reprend même ses droits : "Docteur Folamour", "La Grande Illusion", "Le Troisième Homme", "To be or not to be", "Apocalypse Now Redux" (en clôture).
De Woody Allen au Caire à David Lynch à "Twin Peaks", de Billy Wilder qui sait compter ("One, Two, Three") à Howard Hawks qui sait faire rire ("Chérie je me sens rajeunir"), de Jim Jarmush en noir et blanc à Pialat en palme d'or, de Rivette à Kwon-Taek, de "La Soif du Mal" à "La Damde Shanghai" (Welles et Welles), ce sont les "frontières à chaque fois réinventées de la mise en scène " qui sont dessinées.

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Vincy / 18.06.02  


 

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