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LES ETOILES NE MEURENT JAMAIS
François Périer, de son vrai nom Pillu, est né en 1919. Il s'est éteint en 2002, le 28 juin pour être précis, après toute une vie consacrée au théâtre (10 000 représentations) et au cinéma (plus de 100 films).
Tout a commencé avec La chaleur du sein de Jean Boyer puis son personnage d'Adrien, dans Hôtel du Nord, en 1938. Il enchaînera les films pendant plus de 50 ans. Pas forcément en tête d'affiche, mais tout près de la chaleur des stars qu'il côtoie : Maurice Chevalier, Danielle Darrieux, Michel Simon, Louis Jouvet, Gaby Morlay ... Les plus grands l'emploient déjà : René Clair, Christian-Jaque, Marcel Carné, Claude Autant Lara. Avec Les Jours heureux, il obtient les premiers éloges sur son travail, r&épétés avec Le silence est d'or . En 49, il incarne Heurtebise dans Orphé, avec Jean Marais. Sous la direction de Cocteau. Tout cela dans sa première décennie. Parrallèlement, il croise son futur ami, Jean-Paul Sartre, pour qui il joue Les mains sales sur les planches, en 48.
Dès lors, ce futur monstre sacré alternera l'écran et la scène, la tragédie et le boulevard, les films populaires et les oeuvres art et essai, les réalisateurs français et italiens. Il joue ainsi avec De Funès comme De Sica, interprète Cadet Rousselle (avec Bourvil) ou Bobosse. Aussi à l'aise chez René Clément que Henri Decoin, il embrasse les plus belles femmes de l'époque : Jeanne Moreau, Anouk Aimée, Micheline Presle, Annie Girardot, Jean Seberg... En 1960, Cocteau lui offre la suite d'Oprhée, Le testament d'Orphée, toujours avec Marais et Casares.
Acteur installé, comédien doué, voire boulimique, on le voit dans de nombreux films portés par des stars du cinema-business, à qui il donne la réplique ou vole la vedette. Sa voix joue les narrateurs dans les documentaires. Il commence à hanter nos souvenirs cinéphiles, discrètement. Périer tourne avec Mastroianni (I Compagni), Belmondo (Week end à Zuydcoote), Delon (Le Samouraï), Montand (Z)... Les plus grands font appel à lui: De Broca, Fellini, Verneuil, Melville et surtout Costa-Gavras. Périer devient un second-rôle vedette, un immense comédien qui donen tout à son métier, quelque soit la taille du rôle. Trop gourmand pour jouer les têtes d'affiche, il se contente de mettre son talent au service des autres. Et se libère sur les planches : ce n'est pas innocent si sa seule grande récompense est un Molière d'honneur, prix suprême du théâtre français.
Le début des années 70 sont les plus marquantes quant à sa popularité; les succès se suivent et ne se ressemblent pas : Le cercle rouge, Les caprices de Marie, Max et les ferrailleurs, Stavisky, Docteur Françoise Gailland, Police Python 357. Absent de la Nouvelle Vague, il se regénère dans le cinéma français romanesque, celui qui mélange le Genre et les vedettes. Sautet, Resnais, Boisset, Corneau, Chabrol. Du polar à la comédie, il accepte tout. La marque des plus grands. Il commencera alors à travailler pour la télé, avec Simone Signoret (Thérèse Humbert) ou en Mazarin.
Il aura encore le droit à quelques belles répliques sur grand écran, de Tartiffe à La Guerre des Police, en passant par Lacenaire et Madame Bovary. Mais le théâtre l'accapare. Puis la maladie s'en empare. Il ne tourne plus depuis quelques années...
Il avait écrit une autobiographie où le titre disait tout : Profession Menteur. Pourtant à deux ans et demi, il jouait son premier rôle, un petit Jésus dans une crèche. Voyant son père déguisé en Roi Mage s'avancer, il crie la vérité : Papa! Et déjà il faisait rire.
Vincy / 29.06.02
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