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Le Roi Richard est mort

Il devait tourner le troisième épisode de la saga Harry Potter, Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, en février prochain. La maladie aura été plus forte que toutes les sagesses et astuces du professeur Dumbledore. Ca ne nous empêchera pas de le voir une dernière fois dans quelques semaines dans le second épisode de la série.
Richard Harris a traversé 5 décennies de cinéma. Né en Irlande en octobre 1930, il sera mort sur l'île d'en face en octobre 2002. Rugbyman, père de trois fils, chevalier de Malte, copain des beuveries de Richard Burton et peter O'Toole, ce pur sang irlandais avait accepté de participer à l'aventure du magicien à la cicatrice après une menace suprême de sa nièce de 11 ans : elle ne lui parlerait plus s'il ne jouait pas Albus.
Primé à Cannes, mais jamais aux Oscars, cet acteur charismatique n'a finalement que peu toruné, bien plus fasciné par les planches. Il débute en soldat, en amant, avec des seconds-rôles, y compris dans Les Canons de Navarone et Les Révoltés du Bounty. En 63, il est le rôle principal de This Sporting Life, de Lindsay Anderson (If...). Triomphe sur la Croisette. Il incarne un rugbyman, ce q'uil faillit être au niveau professionnel. Il enchaîne avec le prestigieux Michelangelo Antonioni (Il deserto rosso) où il joue avec Monica Vitti.
Mais sa notoriété s'envole avec Camelot (avec Vanessa Redgrave) en 67. Il est définitivement le Roi Arthur. Il reprendra le personnage mythique dans une comédie musicale sur Broadway (82) et à Londres (83). Sa maison de production théâtrale se nommera même Excalibur. Il réalisera aussi un film, Bloomfield, en 71, avec Romy Schneider.
Il incarnera César, Lucius, le Roi Richard (dans une adaptation de Robin des bois), Gulliver (dans le film de 77), Maigret... Harris ne semble pas très exigeant avec le cinéma. Pourtant il marque les esprits avec certains films comme Juggernaut de Richard Lester, aux côtés de Omar Sharif, Ian Holm et Anthony Hopkins.
Il faudra attendre 1990 pour qu'Harris s'impose. Il se fait pousser la barbe, se transformùe en vieil irlandais râleur, et avec la grâce de la caméra de Jim Sheridan, trouve enfin l'adéquation entre son talent et le 7ème Art, dans The Field. Dès lors, son statut à Hollywood change et on l'invite à participer à des productions dispendieuses (Patriot Games avec Harrison Ford) ou prestigieuses (Impitoyable de Clint Eastwood). L'un des films les plus marquants restent Cry, the beloved country, où il s'oppose à James Earl Jones. A chaque fois, il installe rapidement son personnage, s'amuse de son côté vieux lion et dévore ses partenaires; c'est le cas dans le magnifique Barbier de Sibérie avec Julia Ormond. Ou dans Gladiator, où l'Empereur qu'il est rugit une dernière fois avant le chaos qu'il laisse. Harris montre alors tout son savoir-faire en quelques séquences.
Si les hommages se sont multipliés tardivement pour récompenser son travail, Harris aura été snobbé par la profession. Heureusement son oeuvre au théâtre aura été plus satisfaisante, plus riche, alternant Pirandello et Jimmy Webb, Shakespeare et la comédie musicale Tommy. Henry IV lui aura donné les acclamations que le cinéma ne lui a jamais donné.
Il détestait les engagements. Il ne s'intéressait pas à la réputation et encore moins à l'immortalité. Il entretenait un je m'en foutisme volontaire. Cela se ressent peut être : il a privilégié sa vie, le plaisir, ses choix à de quelconques calculs.
Aujourd'hui l'un des géants du cinéma irlandais laisse son île en deuil.

Vincy / 27.10.02  


 

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