Leslie Cheung, né le 12 septembre 56, a tiré sa révérence en se jetant du 24ème étage du Mandarin Hotel à Hong Kong le 1er avril dernier. Comme son célèbre personnage de concubine, il aura choisi sa mort. La gloire aura eu raison de cette emblématique star du cinéma Hong Kongais qui se considérait lui même comme le " Tom Cruise de l’Asie ". Une référence qui peut paraître présomptueuse mais le très beau et très populaire Leslie Cheung la méritait amplement.
Au cour de sa carrière Leslie Cheung a tourné plus d’une cinquantaine de films dont Adieu ma concubine de Chen Kaige (Palme d’or à Cannes en 1993), figurant ainsi parmi les acteurs les plus prisés du cinéma asiatique.
Leslie Cheung est né à Hong Kong en 1956 au sein d’une famille nombreuse. Très tôt marqué par le divorce des ses parents le jeune Leslie part étudier en Angleterre pour devenir tailleur comme son père, mais c’est pour être star qu’il est taillé. De retour à Hong Kong, au milieu des années 70, les portes du succès s’ouvrent à lui lorsqu’il s’essaie à la chanson pop et gagne un concours de chant. Il enchaîne les tubes et devient la coqueluche des jeunes asiatiques. Son physique de jeune premier et son charme élégant y sont certainement pour beaucoup. Ses tournées asiatiques font stade comble. Notoriété aidant, Il en profite pour se tourner vers le grand écran.
Sa carrière cinématographique prend le pas sur son statut de pop star en 1986. Il tourne alors Le syndicat du crime sous la houlette de John Woo qu’il retrouvera pour les Associés (en 1991). Du polar au film fantastique il n’y a qu’un pas qu’il franchit en endossant un rôle dans Histoires de fantômes chinois. En 1987 sa réputation d’acteur n’est plus à faire. Il la renforce en tournant sous l’égide des plus grands, parmi lesquels figurent Tsui Hark (Le festin chinoi) et Wong Kar Wai (Les cendres du temps, Nos années sauvages). Il traîne alors une image d'acteur mélancolique et de chanteur à succès. Un client idéal pour Hollywood. Mais justement, il s'est toujours opposé à cette émigration vers la Califronie, tel un acte de foi.
Contre toute attente, en 1992, il part s’installer au Canada. Le succès semble lui peser et il déclare préférer se réfugier dans un pays qu’il considère comme l’endroit " le moins pervers du monde ". Mais il rentrera finalement au bercail à la fin des années 90.
En 1993 il avoue publiquement son homosexualité, acte courageux s’il en est dans le milieu conservateur du cinéma Asiatique. Wong Kar-Wai lui donne l’occasion de défendre à l’écran la cause homosexuelle en lui offrant le rôle principal de Happy Together (1997) aux cotés d’une autres grande star asiatique : Tony Leung. Happy Together narre l’histoire d’amour chaotique d’un couple homo parti en vadrouille à Buenos Aires. Si l’ego de Cheung est malmené sur le tournage par la rivalité avec Leung, il affirme grâce à ce film toute l’étendue de son registre. A l’aise dans tous les genres, son dernier film à être sorti en Europe est un thriller (Inner Senses) qui lui a valu une nomination aux Hong Kong Film Awards du meilleur acteur en mars dernier. Mais à 46 ans Leslie Cheung a préféré l’éther des cieux aux paillettes du show business. Très fier de n’avoir jamais cédé au sirènes Hollywoodiennes, l’icône du cinéma asiatique laisse derrière lui des milliers de fans inconsolables. Il suffit de voir les nombreux sites Internet qui lui sont consacrés pour se rendre compte de son incroyable popularité de l’autre coté du globe.

Dominique Pannier / 04.04.03