Reporters sans frontières a sollicité les artistes pour libérer des journalistes. Ecran Noir, partenaire de l'opé.
Plus de 65 000 euros auront circulé pour défendre la liberté de la presse. Cela a commencé dans les salons rutilents et rénovés du Grand Hôtel de Paris, en compagnie du Ministre de la Culture et de la Communication, mais aussi de Sophie Marceau, marraine de l'opération, Thierry Ardisson, ardent supporter médiatique, d'une flopée de photographes un peu harcelants, et du plus jet-set des commissaires priseurs, Maître Pierre Cornette de St Cyr, échappé du Byblos de St Tropez.
Tant de futilités pour une si grande cause. On a beau être en 2003, le rapport annuel de Reporters sans Frontières, initiateur de l'idée, reste accablant. Emprisonnement, pression politique, condamnation à mort ... la liberté d'expression n'est pas encore un acquis, même dans les pays dits civilisés et démocratiques. 137 journalistes sont officiellement en prison, tandis que 25 ont été tués en 2002. Au Canada, le monopole capitalistique des groupes médiatiques inquiète. Et la Justice tente de plus en plus de considérer les médias comme des "fournisseurs de contenus". La presse est de plus en plus contrôlée, soit par ses dirigeants, soit en limitant l'accès à l'information.
Rien de comparable avec les Etats Unis où des journalistes sont interpellés, incarcérés ou menacés. En Belgique, le secret des sources et devenu un débat national, et devraot être relancé après l'affaire David Kelly au Royaume Uni. Quant à la France, elle n'est pas indemme. Deux journalistes interpellés, 19 journalistes agressés (!)pas mal sur écoute téléphonique, de nombreux subissant des pressions de leur hiérarchie, quelques uns qui n'ont plus le droit de critiquer tel vin ou telle action communautariste, et des pastiches de journaux qui se retrouvent devant les tribunaux; nous n'aurions plus le droit à la satire! Et nous vous en passons...
Tout cela n'est pas grand chose, comparé à la situation dans des pays comme la Turquie, la Chine, ou la Colombie. Aussi, vendre aux enchères des appareils photos jetables pour aider les journalistes emprisonnés n'était pas une mauvaise idée.
Sans que l'on sache ce qu'elles avaient photographié, les stars s'étaient prêtées au jeu. Ainsi, à l'aveuglette, des personnalités, des citoyens et des internautes ont surenchéri sur les appareils de Fanny Ardant (600 euros), Monica Bellucci (800 euros), l'agent Dominique Besnehard (1500 euros), Guillaume Canet (500 euros), Vincent Cassel (1000 euros), Marion Cotillard (200 euros), Arielle Dombasle (2000 euros), Bernard Giraudeau (200 euros), Gad Elmaleh (500 euros), Samuel Le Bihan (900 euros) , Philippe Torreton (1200 euros). Celui de Sophie Marceau fut le plus beau morceau : 4500 euros, par Ardisson himself.
L'opération Photos de Stars 2003 a ainsi rapporté plus qu'en 2002. On aurait préféré ne pas avoir à en parler!

Vincy / 20.07.03