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Bricoleur de gags

Un DVD unique permet de redécouvrir un génie du cinéma muet...

Il faut d’abord rendre hommage aux cinémathèques et collectionneurs privés qui ont permis de redécouvrir ce cinéaste des grandes années du muet et des premières du parlant. Il faut aussi noter que, en 1924, Bowers a mis au point "The Bowers Process" permettant des effets spéciaux mêlant la prise de vue réelle à l’animation image par image. Nous sommes donc plongés au sein d’une production historique. Mais quand on étudie les films des grands comiques de l’époque 1914 ­ 1930, nous pouvons nous poser les questions suivantes:
a) qui a copiè sur qui? (en admettant que les acteurs et auteurs aient vu tous les films);
b) ou alors est-ce que chacun jouait son rôle sans connaître les autres?

Car il faut bien le reconnaître Bowers est souvent proche des autres comiques. Ainsi, dans le Le Roi du Charleston (1926) nous retrouvons le thème des souliers dansants de C. Chaplin dans La Ruée vers l’Or (1925). Par contre, la danse symbolisée par les pieds dessinés sur le sol fut reprise par S. Spielberg dans son seul film comique 1941. Dans Nothing Doing (1927) ou Bowers devient policier, il fait tourner son bâton et se déhanche à la manière de Charlot. Un autre thème a été repris (ou copié?) par Tex Avery. Il s’agit pour Bowers de l’oiseau (autruche) mangeur de fer et de ciment et pour Avery d’un mouton. Enfin, Mister Bowers ne sourit pas souvent, on penserait retrouver Buster (casse-cou) Keaton.

En fait le grand mérite de Bowers fût de développer l’animation, le dessin animé et la mise en Šuvre de machines impossibles. En particulier, les animations sont assez proches des méthodes modernes. Nous les retrouvons dans Many a Slip (1927) où Bowers montre que la peau de banane est dérapante si on ne maîtrise pas d’étranges particules (marionnettes de forme humaine) visibles seulement avec un super microscope (l’ancêtre du microscope électronique?). Cet instrument, ainsi que les machines démentes que Bowers utilise pour chaque thème de 5 films, lui valent en Français le surnom de "Bricolo". En fait ce terme est trop péjoratif, car à l’époque la mise en forme de tels engins relevait d’une plus grande imagination que du bricolage (Voir la machine la machine à fabriquer des Šufs incassables ou à accomplir des taches ménagères).

Malgré quelques restrictions telles que l’uniformité des scenarii pour de nombreuses réalisations, la reprise des thèmes (à part le Roi du Charleston, Nothing Doing et There it is) et une certaine naïveté dans les dessins animés (à part AWOP (1918)), les amateurs de filmographie historisque ne pourront qu’apprécier cette compilation sauvegardée parfois dans des conditions difficiles (films au nitrate).

Harry Stote / 14.11.03  


 

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