Trois questions à Niki Karimi

Posté par MpM, le 5 février 2008, dans Festivals, Vesoul.

Niki KarimiEcran Noir : Parlez-nous de Sharhzad, le personnage principal de votre nouveau film Quelques jours plus tard.

Niki Karimi : Il s’agit d’une femme qui veut donner son opinion et avoir la parole. Elle a choisi sa vie et refuse de recevoir des ordres. Elle voit une distance entre elle et la société dans laquelle elle vit. C’est pourquoi elle vit hors de la ville, afin de garder cette distance, cette vision différente. Elle est également face à une crise dans sa vie. C’est également un film sur l’attente, sur ce décalage de quelques jours entre le moment où l’on nourrit une décision et la prise de décision elle-même.

EN : Vous êtes une femme, vous êtes iranienne et vous tournez des films mettant en scène des personnages féminins… Est-ce que cela ne vous agace pas un peu que l’on ramène toujours votre travail à votre féminité ?

NK : J’aimerais bien faire un film avec un homme comme personnage principal, mais la réalité, c’est qu’il y a des difficultés à Téhéran, là où je travaille, et il me serait difficile de parler d’autre chose. Mais bien sûr, le cinéma est plus grand que cela : on ne peut pas penser "on est une femme", "on n’est pas une femme". On prend une histoire et on en fait un film. Quand je travaille, je fais en sorte de ne pas avoir de sexe. Bien sûr, l’Iran est un pays patriarcal, c’est donc le regard des hommes qui importe, c’est à eux qu’il faudrait le demander… Ce regard patriarcal est parfois condescendant, certains hommes pensent qu’ils ont leur mot à dire et qu’ils peuvent décider pour vous. Ceci étant dit, on travaille dans ce pays depuis longtemps. On se bat pour se faire une place : s’ils veulent nous écarter, c’est leur problème.

EN : En plus de présenter votre film, vous êtes membre du jury international. Quels critères comptez-vous appliquer pour décerner le cyclo d’or ?

NK : Il faut que cela soit proche du cinéma que j’aime. Parfois on voit des films qui semblent surfaits ou non crédibles, mais parfois on découvre réellement des choses. Il y a également le ressenti et les émotions que l’on garde après la projection. Tout cela réuni fait qu’une oeuvre se détache plus particulièrement du lot que les autres.

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