La 61e édition de Locarno privilégie l’Europe et l’Amérique latine

Posté par MpM, le 17 juillet 2008, dans Festivals, Films.

Le Festival de Locarno, qui se tiendra du 6 au 16 août prochains a dévoilé la tonalité de sa 61e édition. C’est le réalisateur israélien Amos Gitai qui se verra cette année décerner un léopard d’honneur tandis que l’Italien Nanni Moretti fera l’objet d’une rétrospective. Autres personnalités honorées : l’actrice Anjelica Huston (avec un Excellence award pour l’ensemble de sa carrière) et la productrice Christine Vachon (Prix Raimondo Rezzonico du meilleur producteur).

Côté sélections (le festival en compte six : Piazza grande, compétition internationale, compétition cinéastes du présent, compétition du léopard de demain, Ici et ailleurs, Play forward), la manifestation suisse mise sur de nombreuses premières mondiales, avec une domination appuyée de l’Europe dans le programme de la piazza Grande (cinq co-productions françaises, 5 germanophones, deux anglaises) et des pays latins dans la compétition cinéastes du présent (Argentine, Chili, Brésil, Espagne, Portugal, Italie…), tandis que la compétition internationale se distingue par le présence de nombreux jeunes réalisateurs (6 premiers films et 4 deuxièmes). On attendra plus particulièrement Plus tard tu comprendras d’Amos Gitai, avec Jeanne Moreau et Emmanuelle Devos, Palombella rossa de Nanni Moretti avec Asia Argento, La fille de Monaco d’Anne Fontaine avec Fabrice Luchini et Roschdy Zem, Back soon de Solveig Anspach ou encore Un autre homme de Lionel Baier avec Bulle Ogier.

Les quatre jurys chargés de départager les quelques quatre-vingt courts et long métrages en lice comprennent des personnalités de tous les horizons : Rachida Brakni (France), Masahiro Kobayashi (Japon), Goran Paskaljevic (Serbie), Paolo Sorrentino (Italie), Cao Guimarães (Brésil), Bertrand Bonello (France) ou encore Eran Kolirin (Israël).

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commentairesUn commentaire
  1. Posté par BiBi, le 14 janvier 2009 à 11:50

    Après avoir revu Journal intime de Nanni Moretti, voilà les impressions de BiBi

    « Comment oublier cette balade en Vespa ? Comment oublier le film de Nanni Moretti s’ouvrant sur un homme en scooter noir ? «Sur ma vespa» est le premier des trois chapitres de « Journal intime » tourné en 1994. Il dure 27 minutes et quarante secondes. Pas de plus belles séquences sur une ville (Rome) que ces minutes et que ces quelques secondes.
    Nanni se balade en scooter, emprunte les chemins, serpente les rues en longs panoramiques. Rêveries d’un promeneur solitaire ? Non, pas tout à fait, parce qu’il «sera toujours avec peu de gens», parce qu’il gardera toujours sa «confiance en l’homme mais pas dans la majorité ». Il prend son temps pour dire que le temps presse : il y a urgence à dire qu’il déteste le film Henry, Portrait d’un serial killer de John MacNaughton, qu’il se désole d’une pitoyable et affligeante apologie du film. Le voilà qui s’arrête à Garbatella avant d’embrayer sur Casalpalocco : sinuosités, liberté de ton, fluidité des plans et des images. Il interpelle un résident du quartier sur sa jeunesse de 1961, piétinée, déniée. Nanni Moretti est en colère : sa rage est brève mais bien sentie. Il monte le ton contre l’omniprésence des «chiens de garde et des cassettes-vidéos » derrière les murs des villas-blockhaus. En voix-off et en images, Nanni dit ce qu’il aime, il aime les musiques conjuguées de Khaled («Didi »), de Léonard Cohen ( «I’m a Man ») et de Keith Jarrett ( le concert de Koln), il aime la danse (merveilleuse apostrophe en langue italienne de Jennifer Beals, héroïne de «Flashdance »). Et comment ne pas le rejoindre pour s’engager avec lui sur ces magnifiques panoramiques de quartiers romains (les prononcer, là encore, avec l’accent italien du réalisateur : Garbatella 1927, Village olympique 1960 , Tufello, 1960, Vigne Nuove, 1987) ? Comment ne pas aimer ce rythme filmique tout en déambulations et en virages, le tout pris sans brusquerie. «Ce que j’aime faire aussi, c’est regarder les maisons, dit-il de son accent inimitable. Comme ce serait beau un film fait de maisons, de panoramiques sur les maisons ». Premier film où le décor – qui n’en est plus un – devient le corps du film.
    La ville revisitée, la ville et ses quartiers populaires d’antan, la danse, le cinéma à venir, le cinéaste Pasolini, fantôme en bordure d’écran : tout s’accumule. Comme ces Unes des journaux empilés sur l’assassinat du cinéaste de la Marge, de la Minorité.
    Plage du crime, plage du film en longs plan-séquences. Ce « Pasolini-Plage » est à rebours des sables brûlants de la Méditerranée. Sur les à-côtés, la lande est pelée, les roseaux sont vert pâle et au détour, juste derrière les barres de sûreté de la route, il y a un terrain de foot qui a la gale, il y a deux poteaux rouillés et une stèle mangée par le temps. Et encore juste derrière le vieux grillage, voilà Pasolini, toujours vivant, voilà toujours, en promesse entière, une certaine vision d’un cinéma rageur et enragé.  » Voilà, semble nous dire Nanni Moretti, des films vont se faire, des films vont venir : ils seront indestructibles ».

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