La folle histoire d’amour de Simon Eskenazy : pas si fou

Posté par Morgane, le 30 novembre 2009, dans Critiques, Films.

La folle histoire d’amour de Simon Eskenazy"On ne me parle pas quand je cuisine."

L'histoire : Dix ans après L'homme est une femme comme les autres, Simon Eskenazy est devenu un grand interprète de musique traditionnelle juive.Il voit successivement débarquer sa mère envahissante, son ex-femme, son fil de dix ans qu'il n'a jamais vu et Naïm, un jeune travesti musulman qui va changer sa vie.

Notre avis : Pour La folle histoire d’amour de Simon Eskenazy, véritable suite de L’homme est une femme comme les autres, on retrouve le même réalisateur, Jean-Claude Zilbermann, ainsi que certains acteurs comme Antoine de Caunes, Elsa Zilberstein et Judith Magre. Dix ans plus tard, en pleine canicule parisienne, on croise donc à nouveau Simon Eskenazy (Antoine de Caunes) qui est devenu un clarinettiste hors pair de renommée mondiale. Divorcé de Rosalie, la quarantaine passée, il assume parfaitement son homosexualité mais sa vie sentimentale est loin d’être calme, tiraillée entre Raphaël, un jeune professeur de philosophie et Naïm, un transsexuel musulman. Pour rendre son quotidien encore plus mouvementé, sa mère, malade, vient s’installer chez lui et son ex-femme lui propose de rencontrer son fils de dix ans qu’il n’a jamais vu.

Sexualité, religion, lien entre les générations...

Jean-Claude Zilbermann, avec un ton qui sait rester très léger et sur le mode de la comédie, aborde de nombreux sujets, parfois délicats. Se croisent alors la question de la sexualité et de la religion, de l’identité, des générations, etc. A travers le personnage de Naïm et de sa relation aux autres, le film nous entraîne vers l’intolérance, le mensonge, la recherche de soi. La relation cachée que Simon entretient avec Naïm prend de plus en plus de place dans sa vie. Mais il refuse de l’avouer à son entourage et se retrouve confronté à une famille juive ancrée dans des idées très arrêtées, tiraillé entre le besoin de se cacher et l’envie de crier son amour. Il reste en retrait, se cachant et se trouvant des excuses, évitant de mettre ses sentiments à nu tandis que Naïm (ou Angela ou bien encore Habiba, selon l’habit et les circonstances) est très à fleur de peau, laissant ses émotions exploser au regard de tous et se sentant plus fort, plus aimé, plus regardé lorsqu’il revêt ses habits féminins. La relation qui s’instaure et qui grandit entre les deux personnages se complexifie quand l’on comprend que Naïm a besoin de son apparence féminine pour affronter le monde alors que Simon ne demande, lui, qu’à l’aimer pour ce qu’il est.

Un autre sujet vient se greffer à la vie de Simon, celui des générations et des liens qui les unissent. Au moment où sa mère s’installe chez lui, c’est son fils de dix ans qui débarque dans sa vie, petit génie, clarinettiste et totalement bilingue. Simon ne réussit pas à trouver la fibre paternelle qu’il aimerait pourtant savoir sommeiller en lui. Tout comme dans la relation avec sa mère, dont il reste distant, Simon est encore une fois en retrait, comme pour se protéger, là où, Naïm est à l’inverse beaucoup plus expansif et attaché aux personnes qui l’entourent. Ce dernier réussira d’ailleurs à tisser des liens avec Yankele (le fils de Simon) et Bella (la mère de Simon) très facilement alors que Simon lui-même, maladroit, ne sait pas trop sur quel pied danser. Vivant dans un présent très fort, Simon a du mal à se tourner aussi bien vers le passé que vers le futur et cette idée de lien unissant plusieurs générations se concrétise difficilement dans son esprit.

L’équilibre de sa vie est alors plutôt précaire. Celui du film aussi parfois. Car à vouloir aborder de trop nombreux sujets, on risque de s’y perdre ou du moins de s’emmêler un peu les idées…

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