Rencontre avec un jeune réalisateur prometteur : Liam Engle

Posté par kristofy, le 16 décembre 2009, dans Courts métrages, Films, Personnalités, célébrités, stars.

afficheBientôt fin décembre et c’est le moment de faire différents bilans de l’année écoulée. Le CNC a déjà constaté qu’il y a eu une baisse de 10% pour le nombre de productions de longs-métrages français. Chacun y va de son propre commentaire, Luc Besson suggère une sortie multi-écrans simultanée (en salle et sur internet) ; ou peut-être est-ce une régulation normale du marché face à l’encombrement du nombre de nouvelles sorties chaque semaine. Peut-être que l’on observe encore une diminution des productions à moyens budgets comme le remarquait déjà le rapport du Club des 13 (Pascale Ferran…). La faute à la crise ? Crise ou pas, en tout cas le format court est toujours autant formateur pour les techniciens et les futurs talents. Bon an mal an, avec ou sans argent, c’est toujours autant de courts-métrages qui sont à la recherche de public.

La salle Publicis accueillait le 8 décembre dernier trois courts-métrages prometteurs coproduit avec ASM (Affreux, Sales et Méchants). Il y a eu d’abord Le cri du papillon de Sébastien Gonzalez assez expérimental sur la forme et avec un remarquable travail sur les sons, où une jeune fille découvre un corps suicidé dans une baignoire ainsi que pour la bonne humeur Aime-Moi de David Courtil où un scénario de drague amusant est porté par les comédiens Olivier Sitruck, Armelle Deutsch, et Khalid Maadour.

La plus belle surprise a été sans conteste Le Portail réalisé par Liam Engle : Alexis a 10 ans et n'arrête pas de fuguer. Sa mère essaie de comprendre quel mystère le pousse à retourner tous les jours au fond des bois. Un court-métrage qui évoque un moment trouble d’une guerre passée, avec le secret d’un garçon et l’inquiétude de sa mère (interprétée par Elsa Lunghini), où quand le mystère du fantastique n’est pas très loin du quotidien de la réalité… Le Portail est construit sur un vrai scénario d’histoire courte (et non pas juste sur une situation et sa chute comme c'est souvent le cas) et bénéficie autant d’une mise en scène précise que de la justesse de ses acteurs.

Ce court-métrage va bientôt faire parler de lui lors des projections à venir, en attendant nous avons fait parler son réalisateur Liam Engle.

- Quel a été ton parcours avant cette aventure ?
J’ai commencé à étudier le cinéma au lycée mais je réalisais des courts-métrages amateurs depuis mes dix ans. Comme tous les petits, des films d’action, des parodies, des Le portailfilms d’animation avec des jouets, des fausses émissions… Au lycée, en option ciné donc, j’ai commencé à tourner des choses plus travaillées, pensées, mes premiers "vrais" films, que je peux montrer aujourd’hui encore en les assumant malgré leurs défauts techniques. Après le bac, j’ai tenté de rentrer à Louis-Lumière et à la Femis, sans succès, du coup j’ai fait la fac de cinéma à Aix-en-Provence. A côté de ça, je réalisais d’autres courts-métrages en amateur, en essayant de les soigner de plus en plus. C’est là que j’ai pondu Minimum Overdrive, un film d’action comique qui a eu un petit succès en festivals, et récemment Bob et Joséphine, une petite comédie fauchée qui elle aussi tourne bien. Mais je savais qu’il était grand temps de passer à l’étape supérieure et tourner ce qu’on appelle de manière un peu stupide un "vrai" film.

-Comment convaincre un producteur de s’engager sur un court-métrage ambitieux ?
J’avais connu Guillaume Dreyfus par hasard sur internet et je savais qu’il était en train de créer sa boîte de prod, Black Bird Productions. On avait commencé à développer un pur film de genre ensemble mais on s’est vite rendu compte qu’aucun financement n’allait tomber. Du coup, je lui ai fait lire le scénario du Portail, que j’avais écrit à la fac en 2002. C’est un projet qui me tenait à cœur depuis longtemps, mais je n’avais pas encore pu en lancer la production dans de bonnes conditions.
Le script a beaucoup plu à Guillaume et on est partis à la recherche de financements. Quelques temps plus tard, j’ai présenté Guillaume à Vladimir Feral et Jean-Philippe Tapia, qui gèrent la société Affreux, Sales et Méchants. Guillaume avait porté le projet artistiquement, et eux étaient là pour apporter leur savoir-faire logistique. Ils ont donc uni leurs forces avec Black Bird pour permettre au Portail d’exister.

- Quelles ont été les différentes étapes entre le projet et le tournage et quelles ont été les sources de financement du budget ?
On a commencé par aller taper dans les "guichets" traditionnels : le CNC, Canal+, les chaînes hertziennes et les régions. Malheureusement, aucune subvention n’est tombée. On a donc vite compris qu’il allait falloir financer le film par nous-mêmes. Guillaume est allé puiser dans les fonds de sa boîte, et nous sommes tous les deux allés voir nos familles pour réunir le minimum nécessaire pour tourner le film dans de bonnes conditions.

- Le casting s’est déroulé comment ?
Pour trouver Alexis, n’ayant pas de directeur de casting à mes côtés, j’ai fait appel à des petites annonces, des recherches sur les sites des agents de comédiens, ainsi qu’au bouche-à-oreille. J’ai rencontré de nombreux enfants et finalement Maxime Pyta a été découvert par ma copine, qui est actrice, dans un cours de théâtre. Il n’avait jamais tourné auparavant mais il débordait d’enthousiasme pour le rôle… Pour ce qui est du rôle de la mère, j’avais à l’origine contacté une autre actrice, mais elle a du se désister un mois avant le tournage. J’ai donc fais une wishlist d’actrices et Elsa Lunghini était dedans. Elle s’est très vite révélée partante pour le film.
On a donc répété énormément avec Maxime et Elsa. Sachant que Max n’avais jamais tourné, il fallait à tout prix le préparer le plus possible avant le tournage. On s’est donc vus de nombreuses fois pour répéter chacune des scènes le plus possible, à chaque fois devant un caméra, sauf une séquence en particulier qu’on a voulu garder fraîche pour le tournage, afin de capter le plus possible la spontanéité des deux acteurs.

Tournage- Raconte nous le tournage.
Le tournage du Portail s’est déroulé en février 2009 sur une durée de cinq jours et demi. On a tourné 90% du film à Marcoussis, dans l’Essonne, où on a filmé le collège et les scènes à la maison, les extérieurs forêt ayant été tournés à Dourdan dans les Yvelines. L’équipe réunissait environ 25 personnes, hormis les acteurs. Avec le chef op’ Xavier Dolléans, nous voulions utiliser la caméra RED et la prod a pu nous la dégoter pour une fraction de son prix. C’est une caméra très particulière, qui donne une image plutôt plate, neutre, mais qui est extrêmement malléable au moment de l’étalonnage.

- Comment va circuler ce court métrage ?
Après cette première projection du 8 décembre au cinéma Publicis à Paris, Le Portail va désormais pouvoir commencer sa vie. Le film est déjà parti dans plusieurs festivals dont on attend les réponses. Il a commencé à être vu par des acheteurs et on a bon espoir de le vendre à une télé, ainsi, on l’espère, que de le sortir en DVD rapidement.

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Le Portail

Avec Maxime Pyta, Elsa Lunghini et Gautier About
Ecrit et réalisé par Liam Engle
Site officiel

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