Bernard Giraudeau (1947-2010), le marin prend la mer

Posté par vincy, le 17 juillet 2010, dans In memoriam, Personnalités, célébrités, stars.

bernard giraudeauIl était séducteur avec son regard azur irréel. Une des belles gueules du cinéma français. Il était voyageur, baroudeur, explorateur : l'Amérique du Sud, l'Asie orientale ou l'Afrique noire. Il en fait des romans, des documentaires. Sa passion pour l'écrit lui faisait lire Harry Potter ou Le Petit prince pour les enfants. Auteur d'une dizaine de romans, BD ou documents, Bernard Giraudeau (Portraits et films sur Ecran Noir), c'était l'élégance d'un chevalier et la curiosité jamais assouvie. Le regard perdu sur ces horizons lointains, infinis, tentants. Jamais atteints.

Evidemment ce fut d'abord un grand comédien, attachant et juste. Pas simplement pour sa belle gueule, son allure costaud. Dans la comédie ou l'action, le polar ou le drame, il était toujours comme il fallait. Même si peu de films étaient à la hauteur de son talent. Lui-même préférait se disperser, partir ailleurs, sur les planches ou dans des contrées exotiques, pluttôt que de se laisser avaler par le 7e art qui l'avait rendu célèbre.

Ce talent, on l'aura remarqué grâce à des personnages parfois ambivalents, jamais nets. L'homme voilé, Une affaire de goût, Le fils préféré, Gouttes d'eaux sur pierres brûlantes... autant de récents personnages fascinants, troubles, que ce soit chez Garcia, Ozon, Rapp... Mais Giraudeau, préférant multiplier les rencontres et en pas s'enfermer dans une famille, ce qui le conduisit a souvent refuser de grosses productions où on l'aurait cantonné en  héros d'une époque, aura aussi tourné sous les regards d'Assayas, Ruiz, Miller, Giovanni, Arcady, Boisset, Scola, Kurys, Devers... C'est évidemment Leconte qui lui donna deux de ses rôles les plus populaires : en flic sous couverture dans Les spécialistes, avec Gérard Lanvin, et en homme d'église corrompu, cruel et manipulateur dans Ridicule, face à Fanny Ardant. Il aura aussi donné la réplique à Deneuve, Marceau, Cardinale...

Mais s'il ne fallait garder qu'un seul film, ce serait Les Caprices d'un fleuve. Ses documentaires ou ses fictions, à titre de réalisateur, démontraient une grande sensibilité mais surtout un regard sur le monde, métissé et infini, humain et violent, amoureux et avide d'une aventure de plus. Les Caprices d'un fleuve, ambitieuse fresque sur la difficile colonisation de l'Afrique par les Français, était tout cela à la fois, en plus d'être sensuel.

Six fois cité aux Césars, trois fois aux Molières, Giraudeau l'artiste se battait depuis 10 ans contre son cancer. Il ne tournait plus depuis cinq ans, mais écrivait avec succès. Aucun Toubib pour le sauver, plus aucune vie à croquer... Il ne nous reste plus que la tendresse, bordel!, quand on évoque cet homme. Ce souvenir.

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