Deauville 2011 : Conversation avec Francis Ford Coppola

Posté par kristofy, le 4 septembre 2011, dans Festivals, Films, Personnalités, célébrités, stars.

Pour sa 37ème édition, le Festival du Cinéma américain de Deauville s’est ouvert en présence d’un invité d’honneur très particulier : Francis Ford Coppola. Le réalisateur a proposé une sorte de masterclass sous forme de questions-réponses avec les festivaliers, qu'il a choisi de nommer "conversation". Ce dialogue a duré environ une heure, un moment durant lequel il a répondu à toutes sortes de questions à la fois sur ses films ou sur le cinéma en général et même à propos de sa vie personnelle.

Extraits choisis de cette conversation avec Francis Ford Coppola :

A propos du culte de la célébrité, sur le fait qu’aujourd’hui on admire Coppola comme lui a pu admirer Marlon Brando :

Francis Ford Coppola : Ce sont deux époques différentes. Marlon Brando a été admiré et aimé dès ses 25 ans, tout le monde voulait le connaître ou faire savoir qu’il le connaissait. Pour ma part, il m’inspirait en tant qu’acteur, j’avais déjà Brando en tête pour un des mes premiers scénarios et aussi pour Conversation secrète, et finalement il a joué dans mes films Le Parrain et Apocalypse Now qui a été compliqué à monter (c'était la première production à propos de la guerre au Vietnam). Pour mon cas j’ai dû batailler pour réussir à monter mes projets, j’ai dû me frayer un chemin vers la reconnaissance au fur et à mesure de mes films.

A propos des films en 3D, et de son film interactif Twixt :

FFC : Cette idée de faire de Twixt une sorte de spectacle vivant m’est venue un peu en réaction contre l’enthousiasme de la 3D, surtout depuis Avatar. La 3D, ce n’est pas si nouveau, Alfred Hitchcock avait réalisé une version en 3D de son film Le crime était presque parfait, mais ça n’a pas fait de révolution. Il est possible de rapprocher le cinéma d’autres formes d’art. Pour Twixt, je prévois des séances avec le montage en direct dans la salle, un peu comme un chef d’orchestre en musique. Le réalisateur présente ainsi à chaque fois une version originale. Ce titre Twixt signifie une zone d’ombre entre le jour et la nuit, entre le bien et le mal, entre la réalité et le rêve. Pour moi, ce film est à la fois un film personnel, une production à petit budget, et une romance graphique avec une certaine tradition gothique.

A propos des supports pellicule et numérique :

FFC : Je sais bien que comme la photo argentique disparaît au profit de la photo numérique, il va se produire la même chose avec le cinéma. Dans quelques années, tout va se tourner en digital. Toutefois, ma fille Sofia refuse toujours de faire un film qui ne soit pas sur pellicule, elle préfère ce support traditionnel. Moi j’ai envie de découvrir ces technologies. Le passage du 35 millimètres aux images numériques transforme la manière de travailler. Maintenant on compose ses images avec des superpositions plutôt que par juxtaposition. On est à l’aube d’une période nouvelle pour l’art cinématographique, et cette évolution des moyens sera freinée par des intérêts économiques, on est dans une transition intéressante.

A propos de l’influence des films américains / européens sur son œuvre :

FFC : Il y a cinquante ans, on avait encore l’influence de la grandeur des studios hollywoodiens et en même temps on découvrait un nouveau cinéma d’ailleurs : les films français et la nouvelle vague, les films italiens, Bergman et la Scandinavie, les films japonais… On voulait faire des films libres dans leurs sujets comme on en voyait d’ailleurs et en même temps les faire avec les structures américaines. J’ai eu cette double influence, je crois que je fais partie d’une génération bénie entre l'âge d’or d’Hollywood (Billy Wilder, King Vidor…) et fles films européens avec des libertés de formes et de thèmes. Aujourd’hui ce qui reste intéressant, c’est seulement le cinéma indépendant. Le cinéma commercial, ce n'est finalement que des suites ou les mêmes schémas dans les genres comédie/action/super-héros, il n’y a plus de drame. Certains cinéastes font des propositions intéressantes comme Wes Anderson, Steven Soderbergh et Woody Allen. L’enjeu est de réussir à faire des films très personnels.

Enfin, à propos de ses projets de films Megalopolis et Unforgiven, et des difficultés autour du tournage d'Apocalypse now, la réponse en images :

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