8,2 millions de spectateurs : Intouchables imbattable

Posté par vincy, le 25 novembre 2011

intouchablesIntouchables est devenu le plus gros succès de l'année en France. En 22 jours, le film a cumulé 8,2 millions de spectateurs, battant ainsi aisément Rien à déclarer de Dany Boon.

Sa troisième semaine a même été meilleure que sa première (2 460 842 de spectateurs contre 2 126 545). Les prévisions tablent désormais pour un final au dessus de 13 millions d'entrées. D'autant que de nombreux spectateurs reviennent le voir et la période de fêtes devrait être faste.

La comédie d'Eric Toledano et d'Olivier Nakache vire au phénomène de société. Avec ce score, il se situe dans le Top 50 des films les plus vus depuis 1946. Depuis 2000, c'est le 11e film à atteindre un tel niveau au box office. S'il atteignait les 13 millions d'entrées, il appartiendrait au club fermé des 15 films les plus vus.

Côté films français, Intouchables, 21e du classement post-1946, s'approche du box office d'Amélie Poulain. Seuls 9 films ont franchi la barre des 10 millions d'entrées. Avec plus de 13 millions de français, il serait dans le club des 5 composé de Bienvenue chez les Ch'tis, La Grande Vadrouille, Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre et Les Visiteurs.

Droit de réponse de M.Tarak Ben Ammar

Posté par redaction, le 25 novembre 2011

Ecran Noir publie un droit de réponse de M. Tarak Ben Hammar, producteur d'Or noir et patron de Quinta Communications.

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Je ne peux rester indifférent à votre article publié le 22 novembre 2011.

Si Internet permet de nos jours de prendre des libertés avec la réalité des choses, il y a, ou il devrait y avoir, des limites à ne pas dépasser.

Quant elles le sont, comme vous le faites, on s’approche dangereusement de la diffamation.

Il est habituel que des salariés dans l’attente d’un plan social fassent état d’ « arguments » qui ignorent les vérités économiques et juridiques dont la CGT, il est vrai, n’est pas le spécialiste le plus pointu.

Rétablissons quelques faits :

  • LTC, Scanlab et Quinta Industries (alors dénommé Dataciné) étaient en 2002 sous mandataire ad hoc, au bord du dépôt de bilan. Quinta Communications a été le seul repreneur prêt à relever le défi de leur rétablissement. Sans Quinta, les salairiés de LTC auraient perdu leurs emplois depuis 10 ans. Tout au long de cette période, Quinta a contribué plusieurs millions d’euros et apporté un important chiffre d’affaires (payé souvent au-dessus des prix de la concurrence), sans tirer un centime de dividendes. Il est donc ahurissant de prétendre que Quinta Industries/LTC/Scanlab ont opéré pour le « seul bénéfice de Quinta Communications » quand cette dernière a consacré une partie de ses ressources au seul bénéfice de ses filiales des industries techniques.

Ses filiales ont été les dernières parmi leurs concurrents à se mettre sous la protection des tribunaux après que GTC ait été liquidé et qu’Eclair soit entré en plan de sauvegarde, tout comme Technicolor, le leader mondial de l’industrie.

  • Si le public pourra voir « Or Noir », ou Intouchables ou Polisse d’ailleurs, c’est effectivement grâce à l’excellent travail des salariés de Quinta Industries, LTC et Scanlab. Mais, à moins que je ne me trompe, c’est précisément pour cela que ces salariés perçoivent un salaire. Salaire qui contrairement à ce qui est dit, ont été régulièrement payés tout au long de l’année, malgré les difficultés naissantes, alors que ceux du dernier mois l’ont été dans le cadre de la procédure de règles judiciaires. Quant aux salaires futurs, ils sont garantis par l’Administrateur Judiciaire et les organismes étatiques.
  • La « controverse » liée aux conditions de tournage d’Or Noir n’engage que ses auteurs. Le directeur du CNC n’a pris la décision d’accorder l’agrément qu’après s’être assuré auprès des autorités compétentes que Quinta Communications avait respecté toutes les réglementations en vigueur. Les explications du syndicat prétendant que Quinta avait « imposé » quoique ce soit à qui que ce soit sont l’objet d’une plainte en diffamation, actuellement instruite par un juge d’instruction à Paris.
  • Je suis fier d’être l’actionnaire d’une chaîne qui a diffusé Persépolis pour défendre les valeurs de liberté et de tolérance dans un pays qui n’y a pas été habitué.
  • Mon « amitié » avec Ben Ali m’a valu une menace de fermeture de ma chaîne à la suite de la diffusion d’une émission sur les évènements de Sidi Bouzid, émission saluée par le Nouvel Observateur comme une « initiative sans précédent dans les annales des médias Maghrébins»
  • Ce n’est pas Mr Berlusconi qui est mon actionnaire mais une filiale du groupe Fininvest, un des plus importants groupes de média en Europe. Ce groupe est notamment éditeur en France des magazines Grazia, Closer et Le Film Français. Il est actionnaire depuis bien avant que Mr Berlusconi n’entame une carrière politique et notre partenariat ignore totalement les hauts et les bas du destin de quelque homme politique que ce soit.
  • Enfin, la Libyan Investment Authority, fonds souverain d'un pays alors reconnu par la totalité de la communauté internationale, a effectivement pris en 2009 une participation de 10 % dans le capital de Quinta Communications. Si cette participation devait être interprétée comme le signe d'une amitié avec Khadafi, il conviendrait de joindre à la liste de ses amis du dictateur déchu les sociétés Vodafone, Exxon, Lagardère, EDF, BNP Paribas, EDF, Vinci et Nestlé, qui ont toutes la LIA comme actionnaire. La LIA a été reconnue par le Conseil National de Transition comme une émanation légitime de l'État libyen. Son investissement dans Quinta Communications n'est donc certainement pas de l'argent reçu de Khadafi.

Je prends donc l’expression « sales temps pour Tarak Ben Ammar » plus comme un commentaire sur les conditions météorologiques prévalant actuellement en France que comme un diagnostic sur la situation de mon groupe.

Tarak Ben Ammar

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M. Ben Ammar est un producteur respectable. Nous n'en avons jamais douté. Héritier des nababs qui manquent tant par leur prises de risques, le producteur a, ne le négligeons pas, le mérite d'avoir construit une société qui a produit de grands cinéastes (Chabrol, Rossellini, Zeffirelli, Schatzberg, Polanski, Verneuil, Bouchareb...). Nous n'avons jamais critiqué ses ambitions.
Concernant notre article du 22 novembre et  ce droit de réponse, nous allons préciser quelques points qui méritent d'être clarifiés, et qui permettront de comprendre que nous n'avons diffamé personne.

1) Les accusations portées contre sa société concernant le conflit syndical sont extraites du tract syndical qui a été distribué lors de l'avant-première d'Or noir. Ces accusations sont donc celles du SNTR CGT, que nous avons placées en italiques et entre guillemets pour bien comprendre qu'il ne s'agissait pas de notre point de vue. Nous laissons aux deux parties le soin d'en discuter.

2) Le non paiement des salaires est là aussi une affirmation des syndicats, reprise dans différents journaux comme La Tribune. M. Ben Ammar a raison, cependant, quand il explique que les salaires sont garantis par l'Administrateur judiciaire. En revanche, nous ne savons toujours pas si le groupe Quinta est prêt à financer le plan de licenciement ou la reconversion des employés de Quinta Industries. De même nous ignorons si ce plan social est en effet plus important que celui prévu cet été (34 licenciements).

3) La controverse liées au conditions de tournage d'Or noir n'est pas une invention de notre part. Elle est exprimée clairement par les syndicats (voir Pour quels motifs obscurs le CNC délivre-t-il l’agrément à Tarek Ben Ammar ?). Par ailleurs, le magazine professionnel Le Film Français avait évoqué le problème de l'agrément dès mars 2011 (voir "L'or noir" de Jean-Jacques Annaud toujours en quête d'agrément) où les deux parties se renvoyaient la balle, campant chacun sur leurs arguments. Le film a reçu l'agrément du CNC, jugeant le dossier conforme juridiquement. La décision est discutée par les syndicats. mais là encore Ecran Noir ne fait que les citer afin d'expliquer un contexte de défiance ; il ne s'agir pas de remettre en question une décision dont on ne connait pas tous les détails.

4) Sur la diffusion de Persépolis, nous aussi nous sommes fiers que la chaîne TV Nessma l'ait diffusé. Nous ne disons pas le contraire. Nous l'avions déjà exprimé en soutenant cette initiative : "La censure est une atteinte aux libertés, et ça c'est sacré! Personne n'est obligé de regarder les films."

5) Concernant les relations avec MM. Ben Ali, Berlusconi et Kahdafi, nous proposons d'en parler directement avec M. Ben Ammar pour nous expliquer sans détour ses positions concernant leurs politiques. Certes il s'agissait de dirigeants "reconnus" par la communauté internationale. Mais nous sommes en droit de nous interroger si la fin (produire, diffuser, cultiver) justifie certains moyens...

Comme il nous l'a proposé, c'est avec plaisir que nous acceptons de le rencontrer. Le débat est un ingrédient fondamental de nos civilisations. Nous le remercions pour avoir apporté son point de vue face à celui des syndicats. Nous espérons que le dialogue entre les deux parties se résoudra positivement pour tous les employés de son groupe.

Une séparation remporte le prix du meilleur film aux Asia Pacific Screen Awards

Posté par vincy, le 25 novembre 2011

Il y en a eu un peu pour tout le monde aux 5e Asia Pacific Screen Awards. La cérémonie qui s'est déroulée en Australie hier soir a récompensé Une Séparation d'Asghar Farhadi (en photo), Ours d'or à Berlin cette année, et gros succès dans les salles françaises (un record pour un film iranien), comme meilleur film de l'année.

Il était une fois en Anatolie, actuellement à l'affiche en France, de Nuri Bilge Ceylan, Grand prix au dernier Festival de Cannes, a récolté trois prix : meilleur réalisateur, meilleure image et Grand prix du jury.

Elena, film russe présenté à Un certain Regard à Cannes, a été distingué pour son actrice, Nadezhda Markina, en plus d'une mention spéciale pour le réalisateur, Andrei Zviagintsev.

Parmi les autres mentions spéciales, il y a eu celle pour l'ensemble des comédiennes de Cairo 678.

Le prix du meilleur acteur a été décerné au chinois Wang Baoquiang pour Hello! Shu Xian Sheng (Mr Tree).

Le meilleur scénario revient à Denis Osokin pour le film russe Ovsyanki (Silent Souls). Une mention spéciale a été donnée à Bleak Night, le film coréen de Yoon Sung-hyun.

Le meilleur documentaire est Jag Var Värd 50 Lamm (I Was Worth 50 Sheep) de Nima Sarvestani. Une mention spéciale a été donnée à Pink Saris, le film indien de Kim Longinotto.

Un film d'Azebaïdjan a reçu le prix du meilleur film pour enfants : Bata d'Ilgar Najaf. L'iranien Bad o Meg (Wind and Fog) de Mohammad Ali Talebi a eu le droit à une mention spéciale.

Côté animation, c'est un film coréen qui a été honoré : Madangeul naon amtak (Leafie) de Oh Seongyun.

La cérémonie a aussi rendu hommage au cinéaste chinois Zhang Yimou pour l'ensemble de sa carrière.
Et le prix de l'UNESCO est revenu au film australien Toomelah, de Ivan Sen, pour sa contribution à la promotion et la sauvegarde de la diversité à travers une oeuvre cinématographique.

L’instant Court : Bandit Manchot, avec Marie Denarnaud

Posté par kristofy, le 25 novembre 2011

bandit manchotComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après les publicité de prévention contre la drogue The Meth Project réalisées par Darren Aronofsky, voici l’instant Court n° 55.

C’est après un parcours devant les caméras, sur les planches, derrière un micro, que Mélanie Laurent présente maintenant son film en tant que réalisatrice : Les adoptés. Il s’agit de son premier long-métrage mais ce n’est pas son premier film : elle avait déjà réalisé plusieurs courts-métrages (dont De moins en moins sélectionné au Festival de Cannes) auparavant, et ce depuis le lycée où elle a passé le bac option cinéma.

Les adoptés permet – enfin – de retrouver une actrice des plus attachantes parmi les plus injustement méconnues : Marie Denarnaud. Elle figure maintenant dans la liste des comédiennes en lice pour être nominée pour le César du meilleur espoir féminin 2012.

Son parcours à elle a d’ailleurs croisé plusieurs fois celui de Mélanie Laurent. Lorsque l'actrice-réalisatrice écrivait sa pièce Mi-cuit cœur pistache (reportée car est arrivé le tournage du Tarantino), elle avait déjà choisi Marie pour en être l'interprète. Marie Denarnaud apparaît dans un clip du chanteur Jérôme Attal, qui lui chante une autre chanson en duo avec Mélanie Laurent. Elles sont toutes les deux dans le court-métrage Exs déjà présenté ici par son réalisateur Benoît Petré (du collectif Les Quiches qui comptait Morgan Perez qui est d’ailleurs co-scénariste de Les Adorés) qui nous disait que " Marie fait partie des meilleures actrices françaises, le public ne le sait pas encore mais quand il sera au courant, ça va faire mal ! "

Marie Denarnaud est une actrice trop rare sur grand écran. Avant Les adoptés, ses autres grands rôles ont été dans Les Corps impatients de Xavier Gianolli (beaucoup apprécié) en 2003 et T’aime de Patrick Sébastien (beaucoup moqué) en 2000, le film qui l'a pourtant révélée. Car Marie Denarnaud est toujours juste, enjouée, sensuelle, émouvante à chacune de ses apparitions, qu’il s’agisse d'un téléfilm (une bonne vingtaine dont Les Vivants et les Morts en 8 épisodes), d’une pièce de théâtre (L’Amour, la mort, les fringues mise en scène par Danièle Thompson), ou d’un court-métrage comme Bébé de Clément Michel où elle montre sa nature comique. Elle apparaît aussi dans le court Tremblay en France qui est d'ailleurs nommé aux Césars 2012.

Voila donc le court-métrage Bandit Manchot réalisé par Dominique Heinry, dans lequel Marie Denarnaud fait une petite apparition comme serveuse (avec une perruque). C’est en fait un film d’hommes (dont Marc Barbé) réunis pour un braquage qui ne se déroule pas comme prévu. Un fourgon blindé en fin de tournée, des gars solides pour un coup facile… (attention, après le générique de fin, il y a une dernière scène...)

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Bandit Manchot.

Grandpuits et petites victoires : le triomphe de l’humain

Posté par MpM, le 24 novembre 2011

L’histoire : En octobre 2010, en plein conflit social sur la réforme des retraites, le feu des projecteurs s’est tourné vers la raffinerie de Grandpuits, située en Seine et Marne, où une formidable mobilisation s’est organisée sur plusieurs semaines. Olivier Azam s’est rendu sur place pour rencontrer les grévistes et observer de l’intérieur une situation aussi exemplaire en termes de lutte sociale que de riposte du pouvoir.

Notre avis : Documentaire engagé et militant qui s’assume comme tel (de toute manière, Total a refusé de rencontrer le réalisateur), Grandpuits et petites victoires propose une immersion captivante et bouleversante au cœur d’un conflit social représentatif de notre époque. Pour Olivier Azam, c’est ainsi l’occasion de resituer la mobilisation contre la réforme des retraites dans un contexte historique global, mais également de décortiquer les mécanismes utilisés par le pouvoir pour museler une contestation qui dérange (notamment l’intervention de l’état pour venir en aide à une société et des intérêts purement privés). Au passage, il tacle les journalistes qui ont choisi leur camp (incroyable Claire Chazal pour qui les ouvriers ont "heureusement" repris le travail), et n’hésitent pas à s’arranger avec les faits (en annonçant par exemple la fin de la grève avant qu’elle n’ait réellement été votée).

Mais surtout, le film donne la parole aux acteurs de la mobilisation, prenant le temps de comprendre leurs motivations et  leurs aspirations. Il s’attache à l’ambiance qui règne sur le piquet de grève, de la minute de silence organisée en mémoire de la démocratie à la charge des CRS contre les "mutins", en passant par les assemblées de grévistes et les réactions à chaud de chacun. Et ce qui ressort de ces rencontres, c’est avant tout un immense sentiment de solidarité et d’entraide. Entre les ouvriers d’abord qui, malgré leurs dissensions inévitables, se serrent les coudes, mais aussi avec la France entière qui envoie messages de soutien, dons alimentaires et même financiers pour soutenir le mouvement. En tout, la caisse de grève de Grandpuits a reçu plus de 200 000 euros ! Dans la séquence où les grévistes dépouillent le courrier du matin, se lisant les uns aux autres les lettres d’encouragement reçues, leur émotion est si perceptible qu’elle est communicative.

Alors, d’accord, le documentaire n’est pas formellement parfait. La voix-off, notamment, peut finir par déranger, de même que l’aspect extrêmement pédagogique du propos. Mais ce qu’il raconte est si édifiant, l’instantané qu’il livre de la France d’octobre 2010 si saisissant, que l’on reste suspendu à ce foisonnement d’informations, de visages et de faits d’où, paradoxalement, ressort un immense espoir. On comprend alors mieux la tonalité optimiste du titre, mettant en évidence la victoire plutôt que la défaite. Certes, les revendications des ouvriers n’ont pas été entendues. Mais ce qui a triomphé en ce mois d’octobre 2011 est peut-être plus important qu’une avancée sociale spécifique. Car ce qu’on retiendra de cette formidable aventure humaine, ce sont l’engagement et la solidarité, la foi en une action collective, et la persistance de l’espoir qu’il est possible de changer les choses.

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Grandpuits et petites victoires d'Olivier Azam
Au cinéma depuis le 23 novembre

Produit par les mutins de Pangée
Distribué par Les films des deux rives
Découvrir l'histoire du film

Scorsese va faire son Bonhomme de neige

Posté par vincy, le 24 novembre 2011

Martin Scorsese quitte le monde de l'enfance (Hugo Cabret est présenté aujourd'hui à la presse française) pour s'immerger dans les polars norvégiens de Jo Nesbø. Un drame bien sombre : The Snowman (en français Le bonhomme de neige, paru dans la Série Noire de Gallimard en 2008). Le scénario est signé Matthew Michael Carnahan (Le royaume, Lions et agneaux, jeux de pouvoir, World War Z). Le projet est produit par Working Title.

The Hollywood Reporter confirme qu'il s'agira probablement du prochain film du cinéaste. L'écrivain aurait donné son accord personnel. Etrange, cependant, de commencer les aventures du détective Harry Hole par sa septième aventure.

Le bonhomme de neige se déroule à Oslo, en novembre 2004. Un bonhomme de neige apparaît mystérieusement dans le jardin de la famille Becker. La nuit même, Birte, la mère, disparaît, laissant pour seule trace son écharpe rose autour du cou du bonhomme de neige. Katherine Bratt, nouvelle dans l'équipe d'Harry Hole fait le lien avec de nombreuses autres disparitions de mères de famille dont le corps n'a pas été retrouvé ou juste une partie.

Scorsese prépare deux autres films : le drame historique autour de deux prêtres jésuites au Japon au XVIIe siècle, Silence, avec Daniel Day-Lewis, Benicio del Toro et Gael Garcia Bernal (voir actualité du 17 mars), et le biopic Sinatra avec Leonardo DiCaprio. Il a aussi accepté de réaliser un biopic autour du couple Liz Taylor / Richard Burton (voir actualité du 5 juin).

À la Une du New York Times : Déclin et fin de l’Empire romain

Posté par vincy, le 23 novembre 2011

N'hésitez pas une seconde et courez en salle : A la une du NY times est un documentaire exceptionnel, par sa qualité et son propos. « Déclin et fin de l'Empire romain » c'est ainsi qu'aurait pu se sous-titrer ce film. Au lieu de cela, le réalisateur Andrew Rossi choisit la devise du journal, depuis 1896 : « Toutes les informations qui se doivent d'être imprimées. » Et effectivement, le New York Times connaîtra-t-il un jour une fin ? Depuis le temps que des Cassandre prédisent sa mort....

Le documentaire se plonge pendant un an dans la rédaction du plus célèbre journal des États-Unis, et disons-le tout net, du monde. S'appuyant sur une généalogie prestigieuse, une histoire hallucinante de profondeur et d'implication sociale, le film soulève à peine un coin du rideau recouvrant cette statue monumentale, à l'heure où Internet vient bouleverser la donne. Andrew Rossi est un habitué des sujets polémiques : Al Jazeera, mariage gay, etc.. mais il s'attaque ici à un sujet aussi vaste qu'un continent : la douloureuse mutation d'un géant de l'information, à l'heure où tout va très vite, et au-delà, la notion-même de pouvoir dans l'information.

Les protagonistes du documentaire semblent des personnages, tant ils sont incroyables : David Carr, ex-junkie, plume brillante et estimée ; Tim Arango, jeune chien fou en partance pour Bagdad ; Brian Stelter, petit jeune gros et chauve, tête pensante majeure de la blogosphère, et Bruce Headlam, chargé de gérer cette crew. On se croirait presque dans le tiers des douze salopards.

Au-dessus de cette brigade, l'ombre tutélaire du journal, qui pèse lourd au moment où les ventes s'étiolent. Comment se placer face à un marché qui se délite ?  Commet réagir face à Wikileaks, qui déverse un flot continu d'informations gratuites, explosives, brûlantes ?  Comment continuer à exercer un métier primordial et fascinant quand la bataille s'est déplacée de la vérité vers la survie ? On reste scotché face à de telles interrogations, liées, on le sent, à des problématiques de premier plan. On retrouve le respect éprouvé devant les équipes d'investigation, de n'importe quel journal,, telles qu'elles sont dépeintes dans Les Hommes du président ou Zodiac. Un très grand film, passionnant sur le IVe pouvoir. Un miroir qui peut prolonger notre fantasme du journalisme. Ou nous renvoyer le reflet d'une époque qui a, plus que jamais, besoin de contre-pouvoirs.

Les révélations en lice pour les César

Posté par vincy, le 22 novembre 2011

Ils sont 32 comédiens et comédiennes à avoir été retenus par l'académie des Arts et techniques du Cinéma. Seulement 10 seront nommés dans la catégorie espoir. La liste finale sera dévoilée le 27 janvier prochain.

Cette première liste est proposée "à titre indicatif afin de faciliter le vote, sans avoir aucun caractère d’obligation", souligne l'académie. Enfin bien malin sera celui qui spontanément citera le nom d'un jeune comédien dans un film. Omar Sy, star d'Intouchables, pourrait cependant faire exception. Il est éligible et n'est pas représenté dans la liste.

4 des 16 comédiennes en lice pour les nominations ont joué dans L’Apollonide, souvenirs de la maison close. Notons qu'hormis Astrid Bergès-Frisbey dans La fille du puisatier et Naidra Ayadi dans Polisse, aucune actrice n'a joué dans un film vu par plus d'un million de spectateurs.
Enfin Angèle et Tony et Mon père est femme de ménage sont les seuls films présents dans les deux catégories sexuées.

Pour le César du meilleur espoir féminin 2012 :
Naidra Ayadi dans Polisse
Anne Azoulay dans Léa
Alice Barnole dans L’Apollonide, souvenirs de la maison close
Astrid Bergès-Frisbey dans La fille du puisatier
Agathe Bonitzer dans Une bouteille à la mer
Lola Créton dans Un amour de jeunesse
Marie Denarnaud dans Les adoptés
Amandine Dewasmes dans Toutes nos envies
Golshifteh Farahani dans Si tu meurs, je te tue
Adèle Haenel dans L’Apollonide, souvenirs de la maison close
Clotilde Hesme dans Angèle et Tony
Joséphine Japy dans Le moine
Céline Sallette dans L’Apollonide, souvenirs de la maison close
Christa Théret dans La brindille
Alison Wheeler dans Mon père est femme de ménage
Iliana Zabeth dans L’Apollonide, souvenirs de la maison close

Pour le César du meilleur espoir masculin 2012 :
Nicolas Bridet dans Tu seras mon fils
François Civil dans Nos résistances
Jérémie Duvall dans Mon père est femme de ménage
Franck Falise dans La fin du silence
Raphaël Ferret dans Présumé coupable
Grégory Gadebois dans Angèle et Tony
Guillaume Gouix dans Jimmy Rivière
Iabe Lapacas dans L’ordre et la morale
Nicolas Maury dans Let my people go !
Pierre Moure dans Où va la nuit
Pierre Niney dans J’aime regarder les filles
Pierre Perrier dans American Translation
Aymen Saïdi dans L’assaut
Mahmud Shalaby dans Les hommes libres
Alexandre Steiger dans L’ordre et la morale
Dimitri Storoge dans Les Lyonnais

L’avant-première d’Or noir troublée par un conflit avec le producteur

Posté par vincy, le 22 novembre 2011

L'avant-première d'Or noir, le nouveau film de Jean-Jacques Annaud, lundi 21 novembre au Gaumont Champs-Elysées, a été troublée, de manière très sage, par les employés de LTC, filiale à 100% de Quinta Industries. Le Syndicat national des techniciens et réalisateurs de la production cinématographique et de télévision (SNTR / SGTIF - CGT) a distribué un tract aux invités qui faisaient la queue. Quelques employés brandissaient des pancartes, accusant principalement l'actionnaire Tarak Ben Ammar, le long du tapis rouge.

Rappel des faits : LTC (32 millions d'€ de chiffre d'affaires en 2010, 24 millions prévus cette année), mais aussi Scanlab (6,3 millions d'euros) et Quinta Industries (6,6 millions d'euros) sont en redressement judiciaire depuis le 3 novembre. Les trois sociétés regroupent 182 employés. Le groupe Quinta industries, qui englobe les trois sociétés, détenu à 83% par Tarak Ben Ammar et à 17% par Technicolor, elle-même en procédure de sauvegarde, est en cessation de paiement depuis le 1er septembre et les salaires d'octobre n'ont pas pu être payés. Un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) devrait être présenté d'ici deux mois aux 182 salariés des trois sociétés. Les difficultés financières des trois sociétés sont liées notamment au déclin de l'activité photochimique, qui a accéléré sa chute à partir du 2e semestre 2010, notamment liée au processus de numérisation des salles de cinéma, en forte accélération ces derniers mois. Le Conseil de la concurrence a rejeté la fusion des laboratoires LTC avec ceux d'Eclair, dont Tarak Ben Ammar est aussi actionnaire à hauteur de 43%. Tarak Ben Ammar justifie qu'il a anticipé la mutation technologique en orientant les activités de ses laboratoires vers la numérisation des oeuvres mais qu'il n'a pas réussi à trouver les financements nécessaires pour répondre aux besoins de cette montée en charge. Il compte démarrer la numérisation de son catalogue (500  films environ) dès décembre.

Cependant, les syndicats reprochent à Tarak Ben Ammar de ne pas faire face à ses responsabilités. "L'administrateur judiciaire a annoncé aux élus du personnel qu'un plan massif de licenciement était nécessaire et que les mesures d'accompagnement seraient au minimum conventionnel à moins que l'actionnaire y participe financièrement". Un premier plan de licenciements de 34 personnes avait été enclenché l'été dernier. Le plan avait été annulé, et celui qui s'annonce semble bien plus "massif". Le tribunal a accordé une période d'observation de six mois. Le plan de continuation prévoit un plan de sauvegarde de l'emploi et la cession du site de Saint-Cloud, qui rapporterait 13,5 millions d'euros (soit un peu moins que la dette financière, qui s'élève à 15 millions d'euros).

Les salariés reprochent à l'actionnaire une certaine désinvolture. "Si vous allez pouvoir voir (...) le film Or noir (...), c'est parce que les salariés de LTC, Scanlab et Quinta Industries continuent à travailler alors qu'ils ne sont même pas certains que, comme le mois dernier, leur salaire sera versé. Les salariés réclament qu'en juste contrepartie de 10 ans au travail au seul bénéfice des sociétés du groupe Quinta Communications, Tarak Ben Ammar mette la main à la poche pour assurer dignement le départ et la reconversion des salariés." Ce dernier ne s'est toujours pas engagé à participer financièrement aux licenciements alors que les salaires n'ont effectivement pas été versés en octobre et qu'il affirme que son groupe Quinta Communications "va très bien".

Des amis nommés Ben Ali, Khadafi, Berlusconi

A cela s'ajoute une controverse liée aux conditions de tournage d'Or noir. Le syndicat exige, "compte tenu des conditions sociales iniques qui ont permis la réalisation de ce film", que soient revues très rapidement les conditions de l'agrément de ce film, agréé par le Président du CNC, en dépit d'un avis défavorable de la Commission des professionnels. Le 21 septembre dernier, le syndicat expliquait que "la société Quinta Communication avait imposé aux ouvriers et techniciens de travailler en qualité d'expatriés via une société tunisienne, ceux-ci ne bénéficiant alors d'aucune couverture sociale et conventionnelle, la commission d'agrément dont l'avis est consultatif, avait unanimement émis un avis défavorable à la délivrance de l'agrément pour ce film, à deux reprises. En délivrant l'agrément sans même en informer la commission, le Président du CNC fait preuve d’une véritable défiance vis-à-vis des professionnels du cinéma ; en conséquence, les organisations professionnelles de la CGT, artistes et techniciens, siégeant à la Commission ont décidé de quitter la séance qui a du être ajournée."

Sales temps pour Tarak Ben Ammar, qui avait déjà du affronter la révolution tunisienne en plein tournage d'Or noir (voir aussi actualité du 19 janvier) et qui est, en tant qu'actionnaire de la chaîne télévisée Nessma, au coeur d'un procès en Tunisie pour avoir diffusé Persépolis (voir actualité du 14 octobre). Ce dernier point serait plutôt à mettre à son actif. Hélas, ses amitiés qui lui ont permis de construire son empire s'effondrent autour de lui. Après son ami Ben Ali, l'ancien dictateur tunisien, c'est au tour de Silvio Berlusconi (co-actionnaire de Quinta Communications) de tomber ; et il est aussi fragilisé par la révolution libyenne : en 2009, il avait reçu du régime de Khadafi, via le fonds souverain Libyan Foreign Investment Co, 19 millions d'euros soit 10% du capital de sa société.

John Neville, le baron de Münchausen, nous quitte (1925-2011)

Posté par vincy, le 22 novembre 2011

Né le 2 mai 1925 à Londres, Sir John Neville, figure sublime et longiligne (1m87) du théâtre et du cinéma anglo-saxon, est mort à 86 ans à Toronto, le 19 novembre dernier. Il souffrait de la maladie d'Alzheimer. Il restera à jamais le fameux baron de Munchausen, dans le délire de Terry Gilliam (1988). Il doit beaucoup à Gilliam. Quand il obtient le rôle principal de cette fantaisie baroque, il met fin à 18 ans de disette dans le cinéma. Son éclectisme l'a conduit à tourner avec des cinéastes aussi divers que Peter Sellers, Alan Parker, Luc Besson (il était le Général Staedert dans Le Cinquième élément), Roland Joffé, Istvan Szabo (dans le beau Sunshine), David Cronenberg (Spider) ou encore Norman Jewison. L'essentiel de sa carrière sur grand écran se fera après le film de Terry Gilliam, alors qu'il avait dépassé la soixantaine.

Sinon, il a fait Sherlock Holmes (contre Jack l'éventreur) dans le film de James Hill, serveur dans Esprits rebelles, Lord dans son dernier film, Separate Lies. Et surtout, il fut mondialement connu pour avoir incarné l'homme manucuré dans la série X-Files et sa déclinaison cinématographique X-Files : Aux frontières du réel (1998).

Depuis ses débuts, en 1950, Neville avait souvent joué pour le petit écran, dans des séries comme dans des téléfilms, passant de la tragédie classique aux comédies les plus loufoques. Il fut même Isaac Newton dans Star Trek : The Next Generation. On le vit aussi dans la série gay Queer as Folk. De Henry V à Simenon, tous les univers lui convenaient.

John Neville fut aussi un grand homme de la scène. En 1947, il avait éblouit la critique et le public avec son Richard II. Directeur artistique du Festival Shakespeare de Stratford au Canada dans les années 80, il joua Hamlet sur Broadway (en 1958) mais aussi du Feydeau et du Molière (Les fourberies de Scapin).

Avec sa vie privée très sage (un seul mariage, en 1949, et six enfants), il n'a jamais défrayé la chronique "people". Malgré son immense talent, il n'a jamais reçu de prix. John Neville était un homme discret, loin du fantasque baron qui le rendit célèbre. Généreux et charmant, dévoué à son art, simple.