Happiness Therapy plébiscité par les Independent Spirit Awards

Posté par vincy, le 24 février 2013

Les 28e Film Independent Spirit Awards récompensant le cinéma indépendant américain n'a réservé aucune surprise et a décerné les prix principaux à Happiness Therapy : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleure actrice. Consensuels à première vue. Mais cette cérémonie, qui se déroule la veille des Oscars, est généralement considérée aussi comme une remise de prix permettant à un film boudé par les Oscars mais chouchou de la critique de sauver son honneur.

Hormis The Artist et Platoon, aucun film gagnant d'un Spirit Award n'a reçu l'Oscar le lendemain. Mais à voir la liste historique des gagnants, on se dit que les votants ont du goût : After Hours, Sexe Mensonges et Vidéos, Les Arnaqueurs, The Player, Pulp Fiction, Fargo, Tigre et Dragon, Memento, Loin du Paradis, Le Secret de Brokeback Mountain, Little Miss Sunshine, Juno, Black Swan...

Happiness Therapy s'ajoute donc au palmarès. Le fantastique duo de The Sessions a réalisé un joli doublé : John Hwakes, après l'avoir obtenu pour son second-rôle dans Winter's Bone il y a deux ans, a été distingué en tant que meilleur acteur ; et le come-back d'Helen Hunt, oscarisée il y a 15 ans, a été saluée pour son rôle de soutien.

Les Bêtes du sud sauvage apparaissent comme le grand perdant avec un seul prix, pour son image. On note cependant que le charmant Monde de Charlie, a été primé comme meilleur premier film. Les comédies douce-amères sur les dépressifs ont donc le vent en poupe cette année.

Et finalement Amour remporte son énième prix international dans la catégorie film étranger. C'est la cinquième fois qu'une production ou co-production française gagne ce prix dans cette catégorie.

Tout le palmarès

Film : Happiness Therapy (Silver Linings Playbook)
Réalisateur : David O. Russell (Happiness Therapy)
Scénario : David O. Russell (Happiness Therapy)
Premier Film : Le Monde de Charlie (The Perks of Being a Wallflower)
Premier scénario : Derek Connolly (Safety Not Guaranteed)
Image : Ben Richardson (Les Bêtes du Sud Sauvage)
John Cassavetes Award : Middle of Nowhere
Actrice : Jennifer Lawrence (Happiness Therapy)
Acteur : John Hawkes (The Sessions)
Second-rôle féminin : Helen Hunt (The Sessions)
Second-rôle masculin : Matthew McConaughey (Magic Mike)
Documentaire : The Invisible War
Film étranger : Amour
Robert Altman Award : Starlet
Nouveau talent : Adam Leon (Gimme the Loot)
Stella Artois truer than fiction Award : Peter Nicks (The Waiting Room)
Piaget Producers Award : Mynette Louie (California Solo, Art Machine et Stones in the Sun)
Jameson FIND Your Audience Award : Breakfast with Curtis

Les César 2013 en direct sur EcranNoir.fr

Posté par vincy, le 22 février 2013

Vous pouvez suivre les César 2013 en direct sur notre compte Twitter.

Sur notre Page Facebook et notre site Tumblr nous posterons des photos des lauréats et les bande-annonces des films primés.

Enfin le palmarès complet, réactualisé au fil de la soirée, est à retrouver, sur notre site.

Le Prénom, champion de la rentabilité en 2012

Posté par vincy, le 22 février 2013

Comme chaque année, Le Film Français a calculé le ratio budget/entrées pour déterminer le taux de rentabilité des films. On en déduira que Bruel n'est pas forcément bankable malgré le carton du Prénom puisque Paris Manhattan est 57e de cette liste de 136 films. En revanche Omar Sy, Jean Dujardin, Jamel Debbouze et Fabrice Luchini méritent davantage leurs gros cachets que des Dany Boon, Gérard Depardieu, Mathilde Seigner, Gad Elmaleh, Yvan Attal et autres Audrey Tautou... D'autant que dans les 10 films les plus rentables de l'année, on compte deux films d'animation et deux films avec des inconnus en vedettes. Par ailleurs 7 films sur les 10 plus rentables ont coûté moins de 9 millions d'euros.

Le podium.

Champion toute catégorie, la pièce à succès transposée sur grand écran, Le prénom, en lice pour le César du meilleur film ce soir. Le film affiche un taux de 93,57% grâce à ses 3,34 millions de spectateurs pour un film qui a coûté 11 millions d'euros. Seuls deux autres films ont dépassé les 75% de rentabilité : De l'autre côté du périph' et Les kaïra.

Césarisables.

Parmi les césarisables pour le meilleur film, l'ordre est le suivant : Camille redouble (12e), Dans la maison (14e), De rouille et d'os (16e), Quelques heures de printemps (28e), Amour (37e, mais plus rentable grâce aux entrées à l'étranger), Les adieux à la reine (38e). Seul Holy Motors fait figure de vilain petit canard avec sa 46e place.

Animation.

Zarafa domine les films d'animation avec un taux de 52,3%. 9e film le plus rentable de l'année, il devance le troisième épisode de Kirikou, 10e. Ernest et Celestine est le seul autre film animé rentable (30e), surclassant largement Le jour des corneilles (47e) et surtout le fiasco de Patrice Leconte, Le magasin des suicides (77e). Il fait partie des 5 films ayant coûté plus de 10 millions d'euros à avoir une rentabilité de mois de 8%.

La comédie en forme.

Contrairement à ce qu'on entend depuis des mois, la comédie française ne se porte pas si mal. Ainsi Mince alors!, Les infidèles, La vérité si je mens 3 sont dans les 10 films les plus rentables de l'année. Sur la piste du Marsupilami (13e), Les seigneurs (15e), Les vacances de Ducobu, malgré des budgets supérieurs à 10 millions d'euros affichent une rentabilité supérieure à 30% et se classent parmi les 25 films les plus rentables. Parmi les budgets moyens, à ce niveau de rentabilité on retrouve Et si on vivait tous ensemble?, Les saveurs du palais, Du vent dans mes mollets, Le grand soir et Radiostars.

Petits films costauds.

Si on prend en compte les budgets inférieurs à 4 millions d'euros, on remarque quelques jolis succès financiers. Rengaine et Adieu Berthe sont ainsi 4e et 5e du classement. Le premier a coûté un demi million d'euros et a séduit plus de 109 000 spectateurs ; le Podalydès avec 702 000 entrées a couvert 63% de son budget avec les seules entrées. Ainsi dans les films ayant une rentabilité de 20% et plus, soit 40 longs métrages, 7 sont des très petits budgets.

Gros fiascos.

Chers ou pas assez populaires, Cendrillon au Far West, La traversée, Confession d'un enfant du siècle, Bye Bye Blondie, Dans la tourmente, Mauvaise fille, Do not Disturb, David et Madame Hansen, Trois mondes, Sport de filles, A coeur ouvert n'ont même pas rapporté 6% de leurs budgets. Dans une moindre mesure, Populaire, Astérix 4, Nous York, Bowling, Un plan parfait, Thérèse Desqueyroux, Comme un chef et L'oncle Charles ont beau voir dépensé de 10 à 61 millions d'euros pour leur production, ils n'ont même pas atteints les 25% de rentabilité. De même des cinéastes comme Costa-Gavras, Assayas, Arcady, Salles, ou encore Resnais n'ont pas satisfait les attentes des producteurs.

L’instant Court : Paperman, réalisé par John Kahrs

Posté par kristofy, le 22 février 2013

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage Comment écrire un scénario en 4 étapes (ou 7) réalisé par Jaco Van Dormael, voici l’instant Court n° 101.

Le court métrage a mis ses habits de gala : c’est le temps des cérémonies pour recevoir une prestigieuse statuette.

Le seul film français à avoir reçu un prix au festival de Berlin est un court-métrage ! Ours d’or du meilleur court pour La Fugue de Jean-Bernard Marlin.

Dans la catégorie César du meilleur court métrage, les nominés sont :

  • Ce n'est pas un film de cow-boys de Benjamin Parent
  • Ce qu'il restera de nous de Vincent Macaigne
  • Le cri du homard de Nicolas Guiot
  • Les meutes de Manuel Schapira
  • La Vie parisienne de Vincent Dietschy

A noter que Le cri du homard de Nicolas Guiot vient déjà de recevoir chez nos voisins belges le Magritte du meilleur court-métrage. Les meutes de Manuel Schapira, La Vie parisienne de Vincent Dietschy étaient passé au Festival Paris Cinéma tout comme Ce n'est pas un film de cow-boys de Benjamin Parent, qui lui avait déjà été primé à Cannes. Pour Ce qu'il restera de nous, son réalisateur Vincent Macaigne avait été remarqué l’année dernière comme acteur dans Un monde sans femmes de Guillaume Brac et dans le court La Règle de trois de Louis Garrel…

D’avance bravo au futur gagnant qui sera annoncé ce vendredi 22 février.

Mais dès Dimanche 24 février, la planète cinéma aura les yeux tournés vers la fameuse cérémonie des Oscar où il faut saluer l’existence de trois catégories différentes pour les courts : Oscar du meilleur court métrage documentaire, Oscar du meilleur court métrage de fiction (où est nominé le court belge Dood van een Schaduw avec Matthias Schoenaerts vu dans De rouille et d’os), et Oscar du meilleur court-métrage d’animation.

Voici donc Paperman, produit par les studios Disney et en lice dans la catégorie Oscar du meilleur court-métrage d’animation, après sa première au festival de Annecy. Un court-métrage muet et en noir et blanc, avec une marque de rouge à lèvre et avec un souffle romantique... Un jeune homme solitaire, au milieu du siècle à New York, rencontre par hasard une belle jeune femme. La reverra-t-il ?

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Paperman.

Un réalisateur nommé aux Oscars retenu par les douanes américaines

Posté par vincy, le 21 février 2013

Emad Burnat (en photo sur l'affiche) est nommé aux prochains Oscars pour son documentaire 5 Caméras brisées, qui est sorti hier en France. Son arrivée à l'aéroport de Los Angeles mardi 19 février ne s'est pourtant pas passée sans heurts. Le cinéaste palestinien a été retenu plus d'une heure par les services de l'immigration. "La nuit dernière, j'ai été interrogé pendant une heure avec ma famille par les services de l'immigration américaine de Los Angeles sur les raisons de mon voyage aux Etats-Unis", a expliqué le réalisateur dans un communiqué.

Il a du prouver qu'il était bien nommé aux Oscars. Les douaniers lui ont en effet signifié que son voyage en famille (il est accompagné de sa femme et de son fils) n'était pas justifié et l'ont menacé de le renvoyer en Turquie, d'où son avion provenait.

Dans un entretien au Huffington Post, il a précisé : "Il y a 500 points de contrôle israéliens, des barrages routiers et de nombreuses barrières qui empêchent tout mouvement sur nos terres, et pas un seul d'entre nous ne passe à  travers l'expérience que nous avons vécue aujourd'hui avec ma famille".

C'est Michael Moore, alerté par un SMS du réalisateur, qui a répandu la nouvelle sur Twitter. "Apparemment, les officiers des services de l’immigration et des douanes ne comprenaient pas comment un Palestinien pouvait être nominé aux Oscar".Il ajoute : "Bien qu’il ait montré l’invitation des nominés aux Oscars qu’il avait reçue, ça n’était pas suffisant. On l’a menacé de le renvoyer en Palestine." Il a ensuite joué les chevaliers : "J'ai appelé des membres de l’Académie des Oscars. Ils ont contacté des avocats. J’ai dit à Emad de donner mon numéro de téléphone aux officiers et de leur répéter qui j’étais."

Jusque là Emad Burnat n'avait jamais été inquiété par les douanes américaines (c'est son sixième voyage aux USA). Finalement, il a reçu le droit de rester sur le sol américain, pour une semaine.

Il est le premier réalisateur palestinien à être nommé aux Oscars. 5 Caméras brisées est coréalisé par Emad Burnat et l'israélien Guy Davidi. Le documentaire suit Emad, paysan, vit en Cisjordanie. Il y a cinq ans, au milieu du village, Israël a élevé son "mur de séparation", expropriant 1 700 habitants de la moitié de leurs terres, pour "protéger" la colonie juive qui doit abriter 150 000 résidents. Les villageois s'engagent dès lors dans une lutte non violente pour obtenir le droit de rester propriétaires de leurs terres, tout en essayant de coexister pacifiquement avec les Israéliens.


Jennifer Lawrence et David O. Russell refont équipe

Posté par vincy, le 21 février 2013

Jennifer Lawrence va retrouver David O. Russell. Le succès d'Happiness Therapy n'y est sans doute pas étranger. Le film, en lice pour 8 Oscars, a rapporté plus de 100 millions de $ aux USA et déjà séduit 650 000 spectateurs en France.

David O. Russell a accepté de réaliser The Ends of the Earth, projet pour lequel Jennifer Lawrence s'était déjà engagé cet été. Cerise sur le gâteau, Chris Terrio, scénariste d'Argo, écrira cette histoire autour de la faillite de l'Empire d'un vieux magnat du pétrole, Ernest Marland, et de sa liaison controversée avec sa fille adoptive.  Ce riche industriel qui deviendra gouverneur de l'Oklahoma dans les années 30, avait en effet adopté son neveu et sa nièce, qu'il a épousé alors qu'elle était deux fois plus jeunes que lui.

Russell doit aussi tourner un thriller, sans titre pour l'instant, avec son autre star d'Happiness Therapy, Bradley Cooper

Les sorties cinéma du 20 février 2013

Posté par redaction, le 20 février 2013

- Elefante Blanco (***) de Pablo Trapero (Argentine/France/Espagne, 1H45) avec Ricardo Darin, Jérémie Renier, Martina Gusman. Sélectionné à Un Certain Regard à Cannes 2012.

- Lore (***) de Cate Shortland (Grande-Bretagne/Australie/Allemagne, 1H48) avec Saskia Rosendahl, Kai Malina, Ursina Lardi. Prix du public au Festival de Locarno 2012.

- La Demora (***) de Rodrigo Pla (Uruguay/Mexique/France, 1H24) avec Roxana Blanco, Carlos Vallarino, Julieta Gentile.

- Syngué Sabour (**) de Atiq Rahimi (France/Afghanistan, 1H45) avec Golshifteh Farahani, Hamidreza Javdan, Hassina Burgan. Meilleur film au Festival des jeunes réalisateurs de St Jean de Luz.

- Les Chevaux de Dieu (**) de Nabil Ayouch (Maroc/France/Belgique, 1H55, avertissement publics sensibles) avec Abdelhakim Rachid, Abdelilah Rachid, Hamza Souideq. Sélectionné à Un Certain Regard à Cannes 2012.

- Chimpanzés (**) de Mark Linfield, Alastair Fothergill (USA, Tanzanie, 1H15, documentaire, à partir de 6 ans).

- Die Hard : belle journée pour mourir (*) de John Moore (USA, 1H36), avec Bruce Willis, Jai Courtney, Sebastian Koch.

Et aussi :

- Des Abeilles et des Hommes de Markus Imhoof (Autriche/Allemagne, 1H35, documentaire), avec la voix de Charles Berling - Entre 50 et 90% des abeilles ont disparu depuis quinze ans. Cette épidémie phénoménale est en train de se propager de ruche en ruche sur toute la planète. Par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir et il n'y a aucun cadavre à proximité, aucun prédateur visible. Cette petite bête arrivée 60 millions d'années avant l'homme est pourtant aussi indispensable à notre économie qu'à notre survie.

- La Vraie vie des profs de Emmanuel Klotz, Albert Pereira Lazaro (France, 1H40) avec Emir Seghir, Sami Bouzid, Maëva Arnoux - Au collège, deux "lascars" sont contraints par le directeur de rejoindre le journal de l'école avec de bons élèves. Passé le choc des cultures, tous s'accordent pour transformer le journal en un site internet consacré à la vie privée de leurs profs.

- Vive la France de Michaël Youn (France, 1H35) avec José Garcia, Michaël Youn, Isabelle Funaro - C'est l'histoire de Muzafar et Feruz, deux bergers totalement naïfs pas vraiment méchants, originaires du Taboulistan. Afin de faire connaître son pays sur la scène internationale, le fils du dictateur veut un coup d'éclat. Ce sera le terrorisme publicitaire: les deux pieds-nickelés ont pour mission de détruire la Tour Eiffel. Mais leur avion se pose en Corse...

- Pinocchio de Enzo D'Alo (France/Belgique/Italie/Luxembourg, film d'animation, 1H20) - Geppetto, pauvre menuisier italien, fabrique dans un morceau de bois un pantin qui pleure, rit et parle comme un enfant, et qu'il nomme Pinocchio ; il l'aime comme le fils qu'il n'a pas eu. Désobéissant et volontiers menteur, Pinocchio va se trouver entraîné dans de nombreuses aventures.

- Monstres... Pas si monstrueux ! de Julia Bueno, Cheng Li et Catherine Lepicard (France/Belgique, 0H41, animation, à partir de 3 ans) - Cinq courts métrages proposent un tour d'horizon des plus terribles créatures de la planète, sous un nouveau jour..

- Cinq Caméras Brisées de Emad Burnat et Guy Davidi (Palestine/Israël/France, 1H35) - Emad, paysan, vit en Cisjordanie. Il y a cinq ans, au milieu du village, Israël a élevé son "mur de séparation" , expropriant 1 700 habitants de la moitié de leurs terres, pour "protéger" la colonie juive qui doit abriter 150 000 résidents. Les villageois s'engagent dès lors dans une lutte non violente pour obtenir le droit de rester propriétaires de leurs terres, tout en essayant de coexister pacifiquement avec les Israéliens.

Le Syndicat français de la critique couronne Amour, Tabou et Louise Wimmer

Posté par MpM, le 19 février 2013

Comme tous les ans, le Syndicat français de la Critique de cinéma remettait lundi 18 février ses prix pour l'année cinéma 2012. Sans beaucoup de surprise, c'est Amour de Michael Haneke qui a été couronné meilleur film français à l'issue du vote des adhérents. Le prix du meilleur film étranger est revenu à Tabou de Miguel Gomes tandis que Louise Wimmer de Cyril Mennegun s'est vu attribuer celui du meilleur premier film. On perçoit dans ces choix tout l'éclectisme du cinéma contemporain qui réunit à la fois audaces esthétiques, réalisation choc et écriture ténue.

Les autres prix, remis par différents jurys constitués de membres du Syndicat, récompensent eux-aussi des oeuvres fortes et à l'identité affirmée. Ainsi, le bien nommé Prix singulier francophone a été attribué à Bovines d'Emmanuel Gras et Je suis une ville endormie de Sébastien Betdebder a été nommé meilleur court métrage français.

Par ailleurs, c'est Take shelter de Jeff Nichols qui a été récompensé du prix du meilleur DVD récent tandis que celui du meilleur DVD du patrimoine est allé à La Nuit du chasseur de Charles Laughton. Melancholia de Lars von Trier (meilleur film étranger l'année dernière) récolte quant à lui le prix du meilleur Blu-ray. Enfin, c'est Agnès Varda qui remporte le prix du meilleur coffret DVD avec Tout(e) Varda.

Du côté des livres de cinéma, trois prix ont été remis : meilleur livre français à Jean Renoir de Pascal Mérigeau ; meilleur livre étranger à 5e avenue, 5h du matin de Sam Wasson et meilleur album sur le cinéma aux Annales du cinéma français - Les voies du silence (1895-1923) de Pierre Lherminier.

A noter que le Syndicat récompense également des oeuvres de télévision, à savoir Une vie française de Jean-Pierre Sinapi (meilleure fiction), Noirs de France de Juan Gelas et Pascal Blanchard (meilleur documentaire de télévision) et Un village français, saison 4 de Frédéric Krivine, Philippe Triboit et Emmanuel Daucé (meilleure série).

Berlin 2013 : Bruno Dumont, Volker Schlöndorff, Pia Marais et Emily Atef plaident pour que le cinéma redevienne un art

Posté par kristofy, le 19 février 2013

L’Office Franco-Allemand a accueilli à la Cinémathèque de Berlin une table ronde sur le thème "Tradition et contre-courants", plus précisément les traditions, les ruptures avec les conventions et les contre-courants politiques et sociaux dans le 7ème art.

Ce débat en public, où les festivaliers de la 63e Berlinale ont aussi posé leurs questions, a réuni un panel de quatre cinéastes :

Volker Schlöndorff : arrivé en France en 1956 il a été assistant-réalisateur (de Jean-Pierre Melville, Alain Resnais, Louis Malle…) avant de réaliser son premier film à 26 ans, Les désarrois de l'élève Törless (prix de la Critique internationale à Cannes en 1966) et devenir ensuite une des figures du Nouveau Cinéma Allemand ; son film le plus célèbre Le Tambour a reçu la Palme d’or à Cannes en 1979 et l'Oscar du meilleur film étranger en 1980 ; l’année dernière son film sur la résistance française La Mer à l’aube était au Festival de Berlin.

Bruno Dumont : ses films L’Humanité et Flandres ont été récompensés à Cannes par le Grand prix du jury (un doublé rare) ; il était en compétition officielle cette année à Berlin avec son nouveau film Camille Claudel 1915, avec Juliette Binoche.

Emily Atef : après son premier film Molly’s way, son second film L’Etranger en moi est passé à La Semaine de la Critique à Cannes, et son troisième film Tue-moi est sorti l’année dernière. Elle est la présidente du jury jeune du Prix OFAJ.

Pia Marais : déjà réalisatrice de deux film Trop libre et A l’age d’Ellen, son troisième film Layla Fourie, en compétition officielle à Berlin, a reçu une mention spéciale du jury de Wong Kar-wai.

La discussion qui abordait les liens entre leur travail et celui d’autres cinéastes de différentes générations a pris la tournure de la complexité de faire et de voir des films de cinéma aujourd’hui. Bruno Dumont très en verve a lancé la question très intéressante de l’éducation à l’image…

En voici la synthèse :

-Volker Schlöndorff : La notion de ‘cinéma d’auteur’ de La Nouvelle Vague était d’imprimer sa personnalité dans son film ; avec un cinéaste qui écrit, réalise, produit. Voir même qui parle de lui, ce qui fait du cinéma dit nombriliste. C’était une époque de révolution culturelle, avec la mort du ‘cinéma de papa’. Se posait la question pour des réalisateurs comme Howard Hawks ou Raoul Walsh qui n’était pas à l’origine de la création de leurs films, ni à l’origine de la production ni à l’origine du scénario, qui pouvaient être considérés comme des auteurs.

-Bruno Dumont : Je suis devenu cinéaste en voyant des films, la notion d’auteur n’était pas très claire, elle désigne un peu du cinéma pas commercial. Pour moi un auteur est à l’origine de son film, en écrire le scénario et le réaliser. C’est ce que je fais. Robert Bresson et Maurice Pialat n’ont souvent pas écrit les scénarios, ils sont considérés comme ‘film d’auteur’. ‘Auteur’ signifie surtout que le réalisateur doit être le chef à bord, la personne la plus importante, celui qui s’oppose aussi à l’industrie. Le cinéma est un art avant un divertissement. Beaucoup de films sont des projets industriels plus que de la culture…

-Pia Marais : J’ai réalisé trois films, tous différents les uns des autres, il y a une certaine antipathie de ‘l’école berlinoise’, mes films n’en font pas partie.

-Emily Atef : Les trois films que j’ai réalisés étaient avant tout des souhaits profonds que j’avais. Je n’ai pas l’impression aujourd’hui que les gens veulent voir beaucoup de cinéma d’auteur en Allemagne. Mes films ont eu plus de succès d’estime et ont été mieux accueillis en France qu'en Allemagne. Mon prochain film sera beaucoup plus français que les autres.

-Bruno Dumont : Le public n’a pas l’habitude de voir des films d’auteur. On présente Intouchables aux Oscar, il y a quelque chose de grave, c’est aussi un problème politique. Il n’y a que dans les festivals de cinéma où on voit vraiment une diversité. Aujourd’hui personne ne veut regarder un film de Bergman. Aujourd’hui il est hors de question qu’un comédien se dise tragédien, il n’y a plus que de la comédie. On met des stades de foot en banlieue où le modèle c’est Zidane, donner à la jeunesse des modèles qui ne sont pas culturels c’est une faute politique. En France on a un système pas mal avec le CNC pour le financement où les recettes des gros films peuvent contribuer au budget des petits films. Je fais des films pour environ 2 millions d’euros parce que on ne me donnera pas plus. Pour un film à 15 millions d’euros il faut rendre des comptes aux différents financiers, il n’y a plus de liberté. Alors pour un petit film on se débrouille, on privilégie des décors naturels, on ne loue pas de grue pour des plans en hauteur, des techniciens sont payés 30% en dessous du tarif, tout le monde fait un effort. Moi c’est vrai que j’écris en fonction de mon budget, je n’ai pas de difficulté à écrire en me limitant.

-Volker Schlöndorff : C’est encore pire en Allemagne, il y a moins de cinéphilie, moins de films en version originale, moins d’aides financières. Est-ce qu’on parviendra à redonner sa place au cinéma ? L’âge d’or des années 60-80 quand le cinéma était pris au sérieux est révolu. Maintenant 90% des films sont du divertissement. Il faut éteindre la télé.

-Bruno Dumont : On a le cinéma qu’on mérite. Il faut changer notre culture et notre rapport aux autres, redistribuer les cartes, fermer ça et ouvrir ceci. C’est une décision politique.

-Volker Schlöndorff : C’est un choix de faire du cinéma avec du contenu qui soit aussi divertissant, et parfois ça peut être bien. Mais quand quelqu’un comme Martin Scorsese a fait Shutter Island j’ai été indigné. Faire des films et faire du cinéma ce n’est pas pareil.

-Emily Atef : Un film qui a de bonnes critiques dans un festival quand il est diffusé à la télévision c’est après minuit. Parce que on a peur de perdre l’audience des jeunes.

-Pia Marais : Le cinéma a perdu le contact avec les jeunes générations. Certains ne supportent pas les longs plans, il faut que ça bouge dans tous les sens le plus souvent.

-Bruno Dumont : Les films sont là. Ce sont les médias qui choisissent de ne pas cultiver et d’abrutir le public. Quand Flandres est passé à Cannes mes acteurs n’ont pas été invités à passer à la télévision. A Cannes, Canal+ ne parle pas de cinéma, ils invitent des people comme une femme de footballeur ou un chanteur, pour eux c’est de l’évènementiel. Il m’est arrivé qu’un responsable de France Télévisions me dise que mon film est formidable, mais ils ne l’ont pas produit et il ne le diffuse pas. Il faut diffuser plus de cinéma, il faut éduquer les masses. Il suffit de commencer par Charlie Chaplin, Robert Bresson. Il faut subventionner le cinéma, il ne faut pas viser la rentabilité. Si on veut que le cinéma redevienne un art, il faut le subventionner : gagner de l’argent avec des films c’est de l’industrie. Le poison vient de mélanger l’art et l’argent. Ce qui est grave c’est d’estimer un film en fonction de son nombre d’entrée. Aujourd’hui j’ai réalisé Camille Claudel 1915 avec Juliette Binoche, et là enfin des médias commencent à être excités, beaucoup plus par ce film que par mes films d’avant, mais c’est parce que il y a Juliette Binoche.

-Pia Marais : L’époque de Volker Schlöndorff était révolutionnaire, les gens s’intéressaient au cinéma. J’espère que ça va revenir, j’espère que la prochaine génération sera plus curieuse.

-Bruno Dumont : Il faut accepter la marginalité et accepter les contradictions du système qui fait que des premiers films et des films dits élitistes peuvent avoir une avance avec de l’argent qui vient des tickets vendus par les gros succès commerciaux. Le monde ancien est en mutation, MK2 arrête ses activités de production. Il y a des films qui se font avec 500 000 euros, pour 200 000 euros, pour moins. Il ne faut pas penser à un monde idéal, France Télévisions ne diffusera jamais un film de Jean-Marie Straub à 21 heures. Je pense que aujourd’hui avec le numérique on peut tourner un film pour rien ou pas grand-chose. La jeune génération doit prendre acte des nouvelles technologies, Internet peut diffuser des films sans distributeur de cinéma.

Sophie Dulac devrait distribuer l’Ours d’or début 2014

Posté par vincy, le 18 février 2013

Sous quel titre sortira-t-il? Pozitia Copilului en roumain, Child's Pose en anglais, ... La place de l'enfant ou La position de l'enfant en français?  Sophie Dulac distribuera le film de Calin Peter Netzer, qui a reçu l'Ours d'or à Berlin samedi soir. Le drame roumain ne sortira pourtant que début 2014 selon le distributeur.

Le film était l'un des favoris de la critique internationale, si l'on en croit le tableau de Screen International, qui le plaçait derrière le chilien Gloria.

Avec dans le rôle principal Luminita Gheorghiu (Code inconnu, Le temps du loup, La Mort de Dante Lazarescu, 12h08 à l'est de Bucarest, 4 mois 3 semaines 2 jours, Au-delà des collines), et la réputation du réalisateur, sans compter l'intérêt croissant pour le cinéma roumain, le film devrait trouver son public.

Calin Peter Netzer a déjà remporté plusieurs prix pour son premier long métrage Maria (Grand prix à Bratislava, prix spécial du jury à Locarno, prix Europa) et le suivant Médaille d'honneur (prix du public à turin, prix de la critique internationale à Thessalonique, mention spéciale à Miami).

Le film raconte l'histoire d'une mère de famille aisée ultra-possessive qui cherche à protéger et même exempter (avec son argent et ses réseaux) son fils immature, responsable d'un accident de la route mortel.

Un cinéma roumain adoré dans les Festivals, ignoré dans son pays

C'est la première fois qu'un film roumain gagne l'Ours d'or à Berlin. La Berlinale avait cependant récompensé d'un grand prix du jury If I Want to Whistle, I Whistle en 2010. Le cinéma roumain n'a jamais été récompensé par le prix suprême à Venise (Terminus Paradis avait reçu le Grand prix du jury en 1998). En revanche, Cannes avait décerné la prestigieuse Palme d'or à 4 mois 3 semaines 2 jours en 2007.

Cet Ours d'or arrive à point nommé au moment où les réalisateurs roumains souffrent d’un manque sévère de fonds pour monter leurs projets et pour montrer leurs films (la Roumanie compte environ 240 écrans) face à un gouvernement qui cherche à contrôler de plus en plus la production cinématographique.