Jess Franco (1930 – 2013) : le maître du fantastique s’en est allé

Posté par kristofy, le 3 avril 2013, dans In memoriam.

jess francoLe réalisateur espagnol Jesus "Jess" Franco, qui a marqué de son nom l’histoire bis du cinéma fantastique avec presque 200 films (certains sous différents pseudonymes), est mort le 2 avril à l’âge de 82 ans.

Pour la plupart, ses films ont été produits avec un budget minimal, et ses histoires de vampires ou de femmes en prison avec des séquences érotiques ont beaucoup alimenté les circuits de films d’exploitation des cinémas de quartier.

Mais Jess Franco n’était pas seulement un réalisateur recherché dans les vidéo-clubs, c’était aussi un auteur admiré qui fait référence.

Un cinéaste célébré : des films à (re)voir...

Il se fait connaître en 1961 avec son 5e film, L'Horrible Docteur Orlof, un premier jalon du cinéma fantastique espagnol qui raconte l’histoire d’un chirurgien qui fait enlever des jeunes filles pour leur retirer la peau afin d’essayer de rendre sa beauté à sa fille défigurée… Ce film (inspiré par Les Yeux sans visage de Georges Franju) aura en 1987 une version différente pour laquelle il réunit Brigitte Lahaie, Caroline Munro et Stéphane Audran : Les prédateurs de la nuit.

Après ces débuts, Jess Franco devient progressivement un cinéaste recherché pour ses expérimentations, et il commence à adapter des récits fantastiques ou déviants plus complexes qui deviendront ensuite des films cultes : Vampire Lesbos, La comtesse perverse, Venus in furs ou encore Necronomicon, sélectionné au Festival de Berlin en 1968. Il met également en scène certains films inspirés de mythes de la littérature, adaptations qui font toujours référence : Les nuits de Dracula (d’après Bram Stocker), Justine (d’après Sade), Jack l’éventreur...

Par ailleurs, Jess Franco fut un proche collaborateur d'Orson Welles pour Falstaff (récompensé au Festival de Cannes 1966), et ses autres projets L'Ile au Trésor et Don Quichotte. Il aura aussi dirigé devant sa caméra de nombreux grands acteurs de son temps comme Klaus Kinsky, Jack Palance,  Christopher Lee…, et aussi les plus belles femmes comme Soledad Miranda, Alice Arno et Lina Romay, rencontrée en 1972, et qui allait ensuite jouer dans la plupart de ses films. Elle fût dès lors sa collaboratrice et aussi sa compagne pendant quarante ans (elle est décédée l’année dernière en février 2012).

Un cinéaste culte : des films régressifs ou transgressifs ?

Dans la plupart des films de Jess Franco, on voit se dévoiler de manière généreuse le corps d’actrices dont le talent était moins de jouer la comédie que leur aisance à courir, couvertes de sang, et à crier, ou à embrasser (et plus) un(e) autre partenaire (ou plus)… Des scènes de nu arrivaient souvent gratuitement sans beaucoup de rapport avec le récit, et quantités de films de série B ou films Z émaillent sa longue filmographie.

Toutefois il en profitait aussi pour aborder différents tabous et autres interdits de l’époque pour aller à l’encontre de la censure que subissait l’Espagne. Travaillant pour diverses productions européennes, il est devenu le réalisateur espagnol le plus prolifique en nombre de films tournés, par exemple 10 rien que pour l’année 1973.

La Cinémathèque Française avait rendu hommage au cinéma de Jess Franco en 2008 en programmant une grande rétrospective avec 69 de ses films. L'année suivante, il avait été récompensé en Espagne par un Goya d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.

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