Les années Jajacobbi : Cannes 1980

Posté par vincy, le 16 mai 2014, dans Cannes, Festivals, Films, Personnalités, célébrités, stars.

kagemushaGuerre et morts

L'édition cannoise de 1980 commence avec un deuil. Quelques jours avant le début du 33ème Festival, le 29 avril, Sir Alfred Hitchcock est mort. Il avait ouvert le premier Festival de Cannes en 1946. En urgence, le Festival décide de lui rendre hommage avec un mini -film, monté jour et nuit, à partir d’extraits de pellicules directement coupés dans les copies.

1980 pourrait être considérée comme terne. Le cinéma change. Hollywood mise de plus en plus sur les blockbusters et se détourne du festival. La fréquentation des salles baisse partout dans le monde. Pourtant, Peter Sellers, à quelques mois de son décès, est là pour faire rire. Et après la une provocatrice d'un journal italien clamant la "mort" artistique  de Fellini, un scandale éclate sur la Croisette. Jacob réussit malgré tout à mélanger nouveaux talents et vétérans. Jean-Luc Godard, Maurice Pialat, Alain Resnais symbolisent l'excellence française. Le cinéma italien est toujours en force.

La véritable star, finalement, c'est Isabelle Huppert, à l'affiche du Godard (Sauve qui peut la vie) et Pialat (Loulou), mais aussi du film de Màrta Mészàros (Les héritières). Une année un peu fraîche? Outre le scandale autour de Fellini, la guerre froide s'est aussi invitée sous les palmiers.

Stalker de Tarkovski est en effet présenté en film-surprise. Surprenant. En fait les Soviétiques ne voulaient pas que le film soit montré à Cannes. Les bobines sont donc arrivées avec comme titre "J’irai cracher sur vos tombes", célèbre roman controversé de Boris Vian. Personne ne savait quel film allait être projeté. Dès les premières images, la délégation d’URSS (reconnaissant le film) est ortie de la salle. Première étape: la cabine de projection (fermée à clé). Ensuite, le bureau de Gilles Jacob qui veut gagner du temps. On fait croire aux russes que c’est du ressort du Président du festival. Qui les invite à boire et à parler...

Mais une vraie guerre va bien avoir lieu du côté du jury de Kirk Douglas.

Au milieu de ce pugilat mondain : All that Jazz de Bob Fosse, Kagemusha d'Akira Kurosawa et Mon oncle d'Amérique d'Alain Resnais. Cela finira avec une double palme (Fosse et Kurosawa, deux fresques picturales sur le dédoublement) et un Grand prix spécial (Resnais). Jugement de Salomon qui fut justifié ainsi par le jury: «dans son esprit, comme dans celui du Festival, la palme d’or et le prix spécial du jury, de vocation différente, sont du même niveau.»

Gilles Jacob n'aura de cesse de modifier le règlement pour éviter que pareille situation ne se reproduise. Ou que certains films cumulent les prix.

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