Welcome to New York : film vidéo amateur qui décevra les mateurs

Posté par kristofy, le 19 mai 2014, dans Avant-premières, Cannes, Critiques, Films.

depardieu welcome to new york

Le film Welcome to New-York est à voir sur internet sur différentes plateformes de Vidéo à la Demande, mais le Festival de Cannes a été l’occasion d’une avant-première : la projection a eu lieu en dehors du festival, dans une petite salle en centre-ville. Et Ecran Noir a été parmi les heureux "privilégiés".

L’équipe était bien présente avec Abel Ferrara, Gérard Depardieu, Jacqueline Bisset, Marie Mouté ; et parmi les spectateurs on y a vu Mickey Rourke et Gaspar Noé. Et comme il y a 3 ans, quand l'affaire du Sofitel avait parasité la couverture du Festival, le film de Ferrara a court-circuité médiatiquement les films sélectionnés. Un abus de pouvoir clair et net quand on enregistre une trentaine de dépêches AFP pour ce seul film en quelques jours.

Les première images sont précédées non pas de la traditionnelle phrase basé sur une histoire vraie mais plutôt d’un avertissement du style ce film est inspiré d’une affaire judiciaire dont les phases publiques ont été retransmises et commentées par les médias du monde entier, mais les personnages du film et les séquences les représentant dans leur vie privée relèvent de la fiction.  Il s’agit donc d’un homme qui a un poste à haute responsabilité dans la finance, dont la vie va être chamboulée suite à une accusation de viol d’une femme de chambre dans un hôtel de New-York. Mais il s’appelle Deveraux et sa femme Simone. Cette précaution est relativement inutile tant l’ossature du film est une suite de séquences qui illustrent en image ce que les télés et les journaux ont raconté sous forme d’épisodes pendant plusieurs semaines à propos de Dominique Strauss-Kahn et sa femme Anne Sinclair.

Orgies et réalité

On découvre donc cet homme qui arrive dans un hôtel. Il prend possession de sa chambre, où déjà, il y est attendu par deux amis qui sont en compagnie de trois prostituées. Deveraux va en prendre une comme un sauvage avec des grognements d’animal : on voit qu’il est un habitué des relations tarifées. La soirée se poursuivra entre les trois hommes et les trois femmes avec un jeu où tous seront recouverts de crème glacée et de champagne. L’orgie se termine au petit matin, mais quelques heures plus tard deux autres call-girls arrivent dans la chambre rien que pour Deveraux, où encore une fois il va se satisfaire avec des grognements. Plus tard quand elles seront reparties, une femme de chambre arrive pendant que lui sort de la douche… A partir de ce moment-là, le film va imiter la réalité de ce que l’on a appris par médias interposés. Deveraux retrouve sa fille dans un restaurant pendant que la femme de ménage témoigne de ce qui c’est passé devant des policiers, Deveraux va à l’aéroport prendre l’avion, mais prévient l’hôtel qu’il y a oublié son téléphone portable. Il se fera arrêté par des agents qui vont lui passer les menottes… Images connues.

Le premier tiers du film est plutôt réussi. Du moins, il offre ce que l’on pouvait espérer d’une collaboration entre Abel Ferrara derrière la caméra et Gérard Depardieu devant. Ferrara montre des filles qui n’ont pas froid aux yeux pour se qui est de faire monter la température. Il laisse la caméra tourner, sans couper, pour garder une impression de voyeurisme porno. Depardieu lui redevient le ‘gros gégé’ qu’il a pu être dans Mammuth ou dans Quand j'étais chanteur. Il joue un personnage tout en étant beaucoup lui-même. L’ogre Gérard Depardieu se confond ainsi avec l'orgiaque Deveraux : cette ambivalence participe d’ailleurs à l’intérêt du film, dont tout nous semble familier.

Fulgurances et amateurisme

L’idée même du film est de capitaliser sur un fait divers dont la popularité est telle que les producteurs peuvent parier d’avance sur une certaine curiosité de la part des spectateurs, que le film soit bon ou raté d’ailleurs. Pour l’odeur de souffre la réputation du réalisateur Abel Ferrara suffit, sa façon de filmer atypique, à la limite de l’improvisation peut amener aussi bien des fulgurances créatives qu’une impression d’amateurisme regrettable, et malheureusement c’est cette impression qui restera ici.

L’histoire du film est celle d’un homme confronté à la justice et aux médias. Hélas, des séquences hors sujet (l’affaire avec Tristane Banon, la cassette Jean-Claude Méry, et l’origine de la fortune de la famille Sinclair- sont ajoutées de manière décousues. Le public international n’y comprend rien. Le film débute plutôt bien sous la forme d’une reconstitution puis Abel Ferrara se perd sans savoir quoi raconter ni comment : un long monologue en voix-off sur Dieu et le salut, une insulte face caméra, quand le couple se parle ils s’expriment tantôt en anglais ou en français sans raison (et dans une même scène). Le film ne va pas pas beaucoup plus loin après la sortie de prison de Deveraux (avec une assignation à résidence), et cette affirmation : «est-ce un crime de vouloir se sentir jeune ? ».

Si le film est vraiment une déception, il est porté par l’énorme présence de Gérard Depardieu qui cabotine et et s'exhibe sans pudeur. Cette présence est le véritable intérêt de Welcome to New-York. L’affaire DSK est moins devenue un film avec Depardieu mais plus un sujet pour faire tourner Depardieu.

Pas de sortie en salles mais une diffusion en VàD. Au final, c'est logique : Welcome to New-York n’est pas un film de cinéma mais bien une longue vidéo pour le web.

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