Les années Jajacobbi : Cannes 1999

Posté par vincy, le 24 mai 2014

rosetta emilie dequenneL'année schizophrène

En 1998, Gilles Jacob créé la Cinéfondation, dernière grande pierre à l'édifice Cannois qu'il bâtit depuis 20 ans. L'Atelier de la Cinéfondation sera lancé en 2000. Les prix de la Cinéfondation en 1999 récompensent Emmanuelle Bercot (scénariste de Polisse, réalisatrice d'Elle s'en va) et Jessica Hausner (en sélection officielle cette année).

Dorénavant, le Festival de Cannes s'occupe quasiment de toutes la chaîne du cinéma : de l'écriture du scénario en résidence au montage financier en passant par le marché, la valorisation des classiques restaurés, etc... Cannes prouve en 1999 qu'il est le plus grand festival du monde. En 1997, Cannes avait sifflé Assassins, hué The Brave, quitté la salle pendant Funny Games, applaudit Kiarostami et Imamura, découvert Wong kar-wai, enfin sélectionné... En 1998, l'année du dogme danois, et l'une des plus faibles sélections de Gilles Jacob, c'est Roberto Benigni et sa Vita è bella qui enthousiasment le président Martin Scorsese puis le monde entier, jusqu'aux Oscars, avec rires et larmes.

Mais 1999 va faire revenir Cannes au premier plan. Les stars sont là. Sean Connery fait sensation. Dans deux ans Gilles Jacob prendra la présidence du Festival et délèguera (modérément) la sélection des films, avant de passer définitivement le flambeau à Thierry Frémaux en 2004. Ses deux dernières sélections, en 2000 et 2001, seront à ce titre splendides, avec ce subtil équilibre entre maîtres et révélations, spectacle et intime.

En 1999, le Festival est bipolaire : des oeuvres radicales (à commencer par Pola X de Leos Carax) et des films destinés à un public plus large. Les premières se retrouveront au plus haut niveau du palmarès : Rosetta des Frères Dardenne, première Palme des Belges présentée en fin de Festival et qui les consacre parmi les futurs abonnés du Festival ; L'Humanité de Bruno Dumont, film dérangeant et sans concession, qui séduit le jury de Cronenberg et moins les festivaliers. Les deux films remportent aussi les prix d'interprétation, éliminant de nombreux favoris du palmarès. La rupture entre le jury et les critiques est nette. On parle même d'un divorce. Le jury choisit de récompenser les films d'Oliveira et de Sokurov.

Pourtant, cette année-là il y a le très beau Voyage de Félicia d'Atom Agoyan, le fascinant Ghost Dog de Jim Jarmusch, le lumineux Kadosh d'Amos Gitaï, le touchant (et mémorable) Eté de Kikujiro de Takeshi Kitano, la surprenante et sensible Histoire vraie d'un David Lynch maîtrisant parfaitement son art. Autant de films qui permettront à ces cinéastes d'élargir leur public une fois sortis en salles.

Une seule oeuvre fait consensus entre le jury, les festivaliers et le public. Bien sûr, la Palme d'or aurait été méritée. Il n'y a "qu'un" prix de la mise en scène. Mais n'était-ce pas la plus belle récompense pour un cinéaste qui a tant attendu d'être accueillit à Cannes? Plus de 20 ans après ses débuts, Pedro Almodovar monte enfin les marches, avec Tout sur ma mère, peut-être son plus grand film. Gilles Jacob a longtemps regretté d'être passé à côté de Femmes au bord de la crise de nerfs. Les films suivants lui ont toujours échappé. Il se rattrape sur la fin et fera d'Almodovar l'un des grands cinéastes cannois des années 2000. Avec son mélo flamboyant, Pedro n'avait pas besoin de Cannes (hormis pour satisfaire son immense égo). Mais Cannes ne pouvait pas être le plus grand festival du monde sans lui.

Cannes 2014 : le Palmarès (et l’anti-Palmarès) d’EcranNoir.fr

Posté par vincy, le 24 mai 2014

2014, année étrange pour la compétition du Festival de Cannes.

Aucun film de la compétition ne méritait d'être rejeté, mais certains n'étaient vraiment pas dignes de la compétition. On aurait bien échangé trois ou quatre d'entre eux par des films plus audacieux ou/et intéressants présentés à Un certain regard.

Mais c'est aussi une année où la plupart des films avaient de grosses qualités comme de sérieux défauts. Ainsi des oeuvres ambitieuses, souvent longues, se sont avérées assez ennuyeuses malgré leur perfection stylistique , une mise en scène impeccable ou une interprétation de haut niveau. A l'inverse, d'autres ont souffert de leur scénario alors que l'ensemble était séduisant.

Notre palmarès a été difficile à établir. Notre anti-palmarès plus facile. Preuve que l'homogénéité de cette compétition laisse entrevoir un palmarès officiel, celui du jury, très ouvert et sûrement surprenant.

Si notre Palme va au Dolan, parce que c'est un coup de coeur mais aussi parce que la Palme récompense un film qui a un fort potentiel populaire, et si nous décernons le Grand Prix à Naomi Kawase, parce que ce prix récompense normalement un film audacieux, ils sont en fait ex-aequo dans nos esprits. Le jury de Jane Campion osera-t-il donner cette Palme à un jeune cinéaste de 25 ans (qui deviendrait le plus jeune cinéaste palmé, battant le record de Soderbergh, 26 ans en 1989, mais aussi le premier canadien à recevoir ce prix)? Ou la seule réalisatrice palmée fera-t-elle entrer une autre femme dans le club des Palmes d'or avec la japonaise Naomi Kawase? A moins que Nuri Bilge Ceylan ne la reçoive. Ce serait la première Palme d'or pour la Turquie depuis 1982 avec Yol.

Le palmarès de V

Palme d’or : Mommy
Grand prix : Still the Water
Mise en scène : Mike Leigh pour Mr. Turner
Scénario : Les nouveaux sauvages
Interprétation féminine : Julianne Moore dans Maps to the Stars
Interprétation masculine : Gaspard Ulliel dans Saint Laurent
Prix du jury ex-aequo : Timbuktu et Sommeil d'hiver

Le palmarès de MpM

Palme d’or : Mommy
Grand prix : Still the Water
Mise en scène : Nuri Bilge Ceylan pour Sommeil d'hiver
Scénario : Les nouveaux sauvages
Interprétation féminine : Mia Wasikowska dans Maps to the Stars
Interprétation masculine : Gaspard Ulliel dans Saint Laurent
Prix du jury ex-aequo : Timbuktu et Adieu au langage

L’anti-palmarès, soit

1) ceux qui pourraient être au palmarès mais pas forcément pour les bonnes raisons.
2) ceux qui ne doivent vraiment pas être au palmarès

Palme introuvable : The Search. Mélo raté, film de guerre réussi. Dialogues ineptes. Direction d'acteur inégale. Et une fin complètement à côté de la plaque. La fin dure quand même 30 mn.

Grand prix du non-dit : Les merveilles. Le misérabilisme, la marginalité, ça plait toujours. Encore faut-il qu'on puisse comprendre les intentions de l'auteur, les trous du récit et les personnages sans avoir à lire le dossier de presse.

Mise en scène paresseuse : Deux jours, une nuit. Les Dardenne ont inventé une histoire improbable, morale et didactique, engagé une star pour toucher un plus large public, mais surtout, comparé à leurs oeuvres précédentes, on cherche le souffle, le réalisme, l'intimité qui faisaient la force de leurs cinéma.

Scénario télévisé : Captives. Atom Egoyan a imaginé une histoire qui voyage dans le temps et tente de nous manipuler avec un montage puzzle. Mais si c'est pour écrire la moitié du film comme s'il s'agissait d'un épisode de FBI portés disparus, on ne voit pas l'intérêt.

Interprétation féminine comprise dans l'invitation : Marion Cotillard dans Deux jours, une nuit. Jamais deux sans trois? Après De rouille et d'os et The Immigrant, en misant sur les Dardenne, Cotillard semble favorite. Ce serait un peu trop facile et on en soupçonnerait même un deal caché avec le jury. Mais surtout, en comparant avec les actrices de Maps to the Stars et Sils Maria, du Xavier Dolan, et dans une moindre mesure celles de Sommeil d'hiver, c'est loin d'être l'actrice la plus bluffante de la compétition.

Interprétation masculine incohérente : Tommy Lee Jones dans The Homesman. Le film pourrait avoir un prix mais surtout pas celui-là. L'acteur cabotine et fait du Tommy Lee Jones. Steve Carell, Timothy Spall : ça au moins c'est de la performance.

Prix du jury anti-jeune : Mommy. Parce que définitivement, s'il se retrouvait si bas dans le Palmarès, ce serait un scandale. On peut être jeune et doué. Au moins, il se renouvelle (contrairement à la plupart des cinéastes) et reste inventif. Tout ce qu'on demande à un grand film cannois.

Cannes 2014 – les mots de Cannes : films

Posté par MpM, le 24 mai 2014

Si l'on combine tous les mots de Cannes (accred, file d'attente, tapis rouge, etc.), on obtient son unique raison d'être : les films. En dehors d'eux, rien ne compte. Entre une fête et un film, un dîner et un film, deux heures de sommeil supplémentaires et un film, le festivalier pur et dur choisira toujours le film.

De même, dans les files d'attente, les soirées et même au petit déjeuner, les films sont au cœur de toutes les conversations. Ceux qu'on a aimés, ceux qu'on déteste, ceux qu'on a ratés, ceux qui auraient dû être en compétition (ou pas)...

Avec ses amis ou de parfaits inconnus, dans les soirées ou en attendant dans les salles, les films sont le sujet de conversation par excellence. L'un des sports favoris du festivalier est de refaire la sélection à son goût. Par exemple : "Pascale Ferran et Kornel Mundruczo auraient dû être en compétition à la place de Michel Hazanavicis et Alice Rohrwacher."

L'autre passe-temps préféré est de faire ses pronostics sur le palmarès. On décerne la palme d'or à son chouchou, on mesure les chances des outsiders, on réfléchit à la personnalité des jurés pour deviner ce qui a pu leur plaire... C'est bien simple, à partir du 2e jour de Festival, le palmarès est sur toutes les lèvres (sans compter ceux qui ont déjà une idée sur le lauréat avant même d'avoir vu le premier film...). Le jour de la proclamation, c'est l'hystérie. Chacun y va de son tuyau : Jane Campion a cligné de l'œil après la projection de tel film, Sofia Coppola s'est mouchée pendant tel autre, Willem Dafoe déteste tel réalisateur...

L'annonce elle-même est suivie d'un étonnant déferlement d'émotions. C'est presque comme si chaque festivalier repartait chez lui avec un petit morceau de palme d'or chaque fois que son favori est récompensé. À contrario, ceux qui sont déçus commentent le palmarès toute la nuit, et poursuivent parfois la conversation au petit déjeuner. Certains en parlent même encore six mois plus tard. La seule solution pour les faire lâcher prise est alors de lancer le 4e sujet de conversation préféré du estivalier : celui des films susceptibles d'être sélectionnés en compétition l'an prochain.

Cannes 2014 : une Queer Palm fière de Pride, comédie populaire et engagée

Posté par vincy, le 24 mai 2014

Pride Queer Palm

Evident et logique. Il aura fallu attendre le dernier film des 16 qui étaient lice pour la Queer Palm pour que le jury trouve enfin son coup de coeur lesbien, gay, bi, transgenre de ce 67e Festival de Cannes. Contrairement à l'an dernier, où La vie d'Adèle (en compétition) et L'inconnu du lac (Un certain regard) étaient ouvertement deux grands favoris pour ce prix, cette année, toute sélections confondues, le jury - la réalisatrice Anna Margarita Albelo, notre amie journaliste Charlotte Lipinska, le directeur du festival Queer Lisboa João Ferreira, le réalisateur brésilien Ricky Mastro et le président Bruce LaBruce - n'avait pas trouvé son prix la veille des délibérations. Xénia, malgré les problématiques soulevées (extrême droite, homophobie...) n'avait pas convaincu un jury plus séduit par des films qui traitaient de féminisme et de genre que d'homosexualité.

Unanimité du jury

Vendredi 23 mai, 10h, Quinzaine des réalisateurs : les cinq jurés voient Pride, film de clôture de la Quinzaine, où un groupe activiste gay et lesbien londonien mobilise la communauté LGBT pour venir en aide aux mineurs en grève (on est sous Thatcher). Typique comédie britannique, croisement entre Billy Elliot et un épisode de Queer As Folk, ce film réalisé par Matthew Warchus grand public (que Pathé sortira en salles en octobre) fait rire et réfléchir, prône la solidarité et l'ouverture aux autres, hétéros ou homos. Le jury décernera sa Queer Palm à l'unanimité douze heures plus tard sur la Plage de la Quinzaine.

Cette comédie est aux antipodes du cinéma underground du président du jury Bruce LaBruce. Mais Pride le méritait à plus d'un titre. D'abord, il correspond parfaitement à la définition du prix, qui récompense un film pour son traitement des thématiques altersexuelles (homosexuelles, bisexuelles ou transsexuelles). Ensuite, depuis les débuts de la Queer Palm, c'est assurément celui qui a le plus fort potentiel populaire, qui peut s'adresser au plus grand nombre.

Party Girl et Bande de filles

"Le débat fut animé, soulevant plusieurs questions essentielles au cinéma : l’art contre la politique; la visibilité queer contre une expression indirecte ou ambigüe des sexualités alternatives ; l’avènement d’une nouvelle sensibilité queer contre la représentation de faits ou de personnages historiques" comme l'a expliqué Bruce LaBruce dans son discours.

"Bien que nous ne les ayons pas récompensés, deux films se sont distingués pour leur esprit queer par l’affirmation de l’autonomisation des femmes et de leur résistance aux conventions sociales et sexuelles, ainsi qu’à la domination masculine. Ces films sont Party Girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis (Un Certain Regard) et Bande de filles de Céline Sciamma (Quinzaine des Réalisateurs).

Finalement, le film que nous avons choisi – basé sur des faits historiques – est une histoire importante et pertinente à raconter aujourd’hui vu le climat d’intolérance et de violence dirigé contre ceux d’entre nous dont la sexualité questionne les normes de la culture dominante. Ce film nous rappelle que les luttes politiques, sexuelles ou sociales contre les pouvoirs réactionnaires et conservateurs sont nées d’un activisme direct. Ce film nous rappelle que le mouvement gay prend ses racines dans des questionnements plus larges que lui-même : la conscience des classes, l’égalité sociale et la liberté d’expression. Ce film évoque l’ensemble de ces problématiques dans une forme assez classique mais sans jamais succomber aux stéréotypes ni à la simplification. Le film dépeint ses personnages et ses situations avec subtilité et compassion, tout en nous rappelant que notre lutte continue."

Au 67e Festival de Cannes, ça vomit de partout…

Posté par vincy, le 24 mai 2014

Très peu de sexe (un plan à trois chez Cronenberg, un couple qui fornique dans la cave suggéré par Zvyagintsev, une rapide petite affaire dans Mr. Turner, deux hommes nus prêts à baiser dans Saint Laurent) cette année dans la compétition de ce pudique festival de Cannes. Les films préféraient le scato (Adieu au langage, Les merveilles, Maps to the Stars) ou la perversité de relations non-assumées par les personnages ou l'image (Foxcatcher, Saint Laurent, Mommy, ...).

Non cette année, à Cannes on avait la nausée. Les comédiens ont sorti leurs tripes. Jusqu'à la cuvette des wc. Ça gerbait de partout. Symptomatique d'une société malade? On vomit empoisonné chez Damian Szifron, parce qu'on s'est gavé de bouffe chez Bennett Miller, parce qu'on ingurgite n'importe quoi chez David Cronenberg, parce qu'on ingurgite trop de Vodka, de Xanax, etc... Et il n'y a pas qu'en compétition que le vomi c'est invité : dans Loin de mon père, à Un certain regard, une boulimique se met les doigts dans la bouche pour se vider les boyaux.

Avant, c'était plutôt le spectateur qui avait l'envie d'aller aux wc à force de voir des travellings en caméra à l'épaule suivre un personnage de dos (grande tendance ces dernières années). Maintenant ce sont les comédiens qui acceptent de se montrer sur le trône ou la tête dedans.

Faut-il y voir une signification particulière? Est-ce un hommage aux Festivaliers, qui généralement finissent la nuit pliés en deux, la main sur un mur, la bouche dégueulant des litres d'alcools mélangés (c'est gratuit, pourquoi se priver)? On est juste heureux qu'avec toutes ces séquences de tubes se dévidant, l'odorama ne se soit pas généralisé.

L’instant Glam: Uma Thurman, Kristen Stewart, John Travolta, Quentin Tarantino, Juliette Binoche, Chloë Grace Moretz…

Posté par cynthia, le 23 mai 2014

quentin tarantino uma thruman red carpet cannes 2014Oyé oyé cinéphiles! Et tel le diabolique réveil qui nous sort d'un doux songe, nous voici au dernier jour de la compétition de ce 67e Festival de Cannes . Autant vous dire que l'émotion était à son comble!! Et quoi de mieux que la bonne humeur pour exprimer ses émotions. Danses, retrouvailles et complicités étaient au rendez-vous en ce neuvième jour du festival de Cannes.

The Queen Catherine Deneuve est revenue monter les marches, plus décontractée que pour le film de Téchiné, mercredi. Une robe chemise montrait bien que le Festival touchait à sa fin. Des allures de vacances donc sur les marches? Ce n'est pas l'équipe de Pulp Fiction, venue fêter le vingtième anniversaire du film palmé, qui nous fera penser le contraire. Quentin Tarantino a offert à ses fans une danse suave devant les photographes. Suivis de très près par les mouvements de vagues de John Travolta et les petits rebonds d'Uma Thurman. S'il n'y avait pas le soleil à Cannes, il aurait fallu regarder la robe jaune et resplendissante d'Uma Thurman. La Kill woman était un vrai soleil sur le tapis rouge. Elle aurait dû monter les marches lorsqu'il pleuvait la veille, ça aurait remonté le moral des troupes usées par l'alcool, le manque de sommeil et des heures passées dans les salles. On avait qu'une seule envie, celle de les rejoindre sur ce dancefloor improvisé le temps de la montée des marches. C'était jour de fête puisque Madame Doubtfire a aussi dansé sur le tapis en attendant l'arrivée de l'équipe de Sils Maria. Les festivaliers ont des drôles de façon de nous faire patienter.

L'équipe du film d'Olivier Assayas est enfin arrivée. Juliette Binoche, Chloë (Grace) Moretz et Kristen Stewart étaient au bras d'Olivier Assayas. Le trio de femmes était vêtue de blanc. De loin, on se serait cru dans le clip Partir un jour des 2be3. Chloë Moretz portait une robe à plumes qui faisait penser davantage à un bal de promo de fin de lycée qu'au Festival de Cannes. Etant donné qu'elle est encore jeune, on lui pardonne. A ses côtés une boule à facette triste... ah non c'est juste Kristen Stewart, qui a snobé avec une grâce qui ferait pâlir Surya Bonaly, les journalistes de TV festival (et le photocall du matin). L'idole des adolescents faisait comme à son habitude la tête. Lui décrocher un sourire serait comme décrocher la lune. Ah attendez... elle se mordait les lèvres comme Bella Swan lorsqu'elle regarde son vampire de chéri... Serait-elle possédée par son rôle dans la saga Twilight? La belle (parce que tout de même elle est belle) portait un costume blanc pailletée qui laissait entrevoir une envie de disco, de danse, de fête et donc de sourire. Kristen as-tu des problèmes? Veux-tu en discuter autour d'un thé? Bon, Kristen comme je l'ai fait pour ton (ex?) petit copain Robert Pattinson, je vais te conseiller pour ta prochaine montée des marches. Parce que tu vois, ça m'attriste de te voir dépressive. Cannes c'est magique, c'est prestigieux, c'est glamour, c'est un grand événement et il y a des filles qui vendraient leur cheveux pour être à ta place, alors, la prochaine fois, fais travailler tes zygomatiques. Souris au public, souris aux photographes, souris aux marches, souris même à ton portier une fois rentrée dans ton hôtel! Profite du moment présent, tu es à Cannes! Carpe Diem quoi. Prend exemple sur ta partenaire Juliette Binoche: elle n'arrêtait pas de sourire à tout le monde.

Plus tard, dans la soirée ,c'est l'équipe du film  Léviathan qui, tout sourire (regarde bien et apprend Kristen) a monté les marches du Festival de Cannes. Ils ont su fermer avec classe et dignité (pas de tétons, de trous ou de culottes qui dépassent) la compétition de cette 67e édition. Il ne reste plus, nous pauvres mortels, qu'à attendre la grande cérémonie qui sera, sans nul doute, remplit de glamour, de beauté et de faux pas.

Cannes 2014 : un palmarès bien vu pour Un Certain regard

Posté par vincy, le 23 mai 2014

white god cannes 2014Présidé par Pablo Trapero, le Jury d'Un Certain regard du 67e Festival de Cannes n'a pas récompensé de mise en scène ou une actrice en particulier. Mais le palmarès de cette section ne comporte aucun faux pas. Le Jury se dit "honoré et ravi d’avoir pu visionner pendant 10 jours tant d’excellents films témoignant de la diversité et de la vitalité de la cinématographie mondiale d’aujourd’hui" et se dit "impressionné par la force et l’originalité des œuvres présentées".

De fait, d'Hongrie, de Suède, de France, d'Allemagne ou d'Australie, comédiens amateurs ou véritable aborigène, fiction politique ou exercice de style séduisant autour du couple, les films récompensés sont un condensé d'un cinéma mondial non formaté, tout en étant divertissant et intéressant.

PRIX UN CERTAIN REGARD : White God de Kornél Mundruczó (qui avait reçu le prix de la Critique internationale pour Delta en en 2008 alors qu'il était en compétition).

PRIX DU JURY : Force majeure (Turist) de Ruben Östlund.

PRIX SPECIAL DU CERTAIN REGARD : Le sel de la terre de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado.

PRIX D’ENSEMBLE : Party Girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis (un premier film).

PRIX DU MEILLEUR ACTEUR : David Gulpilil pour Le pays de Charlie (Charlie's Country) de Rolf de Heer

Cannes 2014 : 3 questions à Jim Mickle

Posté par MpM, le 23 mai 2014

Jim MickleJim Mickle est de retour à la Quinzaine des réalisateurs exactement un an après sa première sélection pour We are what we are en 2013.

Cette fois, il présente Cold in July (Juillet de sang) une adaptation inspirée du roman éponyme de Joe R. Lansdale, avec Michael C. Hall, Don Johnson et Sam Shepard. Un polar drôle et brillant qui mêle les genres avec virtuosité et finesse.

L'occasion d'une nouvelle rencontre avec un réalisateur à suivre absolument .

Ecran Noir : Le film mêle des genres cinématographiques très codifiés, comme le polar, le film de vengeance, la comédie… Etait-ce une sorte de défi ?
Jim Mickle : C’était un challenge que le résultat soit satisfaisant à la fin ! Mais faire le film était très amusant. J’aime ces différents genres avec leurs styles spécifiques, et les réunir était fun. C’est ce qui m’a plu la première fois lorsque j’ai lu le livre. J’étais très excité : "J’adorerais faire ce genre de film ! Or, j’adorerais aussi faire cet autre genre de films, etc." Par contre, ça a été difficile dans la salle de montage. Il fallait s’assurer que l’ensemble serait cohérent. On avait prévu que tout soit perçu à travers le personnage principal interprété par Michael [C. Hall]. Cela devait donner l’impression d’un homme confronté à un univers complètement fou.

EN : En me référant à ce que vous nous disiez en 2013 au sujet de We are what we are, notamment sur la double lecture des films de genre, je me suis demandé ce qui, dans le roman de Joe R. Lansdale, vous avait intéressé d’un point de vue social et politique ?

JM : Pour l’aspect social, c’est la relation entre le père et le fils qui m’avait d’abord attiré lors de la lecture et qui me revenait constamment en tête. On n’était pas dans un thriller ordinaire, les rapports entre le père et le fils avaient une grande importance. En revanche, la raison pour laquelle on a choisi de garder le film dans les années 80, c’était justement pour que l’aspect politique ne soit pas trop important. Si j’avais gardé ce qui était dans le roman et que j’avais fait un film qui se déroulait aujourd’hui, ça aurait été d’une certaine manière une défense complaisante de la possession d’armes à feu et de la possibilité pour chacun de se défendre. Donc je l’ai laissé dans les années 80, ce qui m’a permis d’avoir les armes non pas comme quelque chose qui viendrait appuyer une légitimité de self-defense mais comme quelque chose qui avait à voir avec la mentalité de cow-boy de cette région-là.

EN : On peut aussi y voir la question du mal : qu’est-ce qui est acceptable, et à partir de quel moment il est impossible de ne pas agir ? Et curieusement, cela fait écho à votre film précédent, où la question des origines du mal était déjà posée…

JM : La question du mal, c’est aussi la question d’où vient ce mal. Est-ce qu’on naît avec ? Est-ce qu’il a à voir avec les conditions dans lesquelles on a été élevé ? C’est fascinant, et je trouve que cela fait partie des thèmes propres au western. Ce qui était particulièrement chouette, c’est que lorsque Sam Shepard est arrivé sur le film, immédiatement, c’est quelque chose qu’il a compris. Il n’y a même pas eu besoin d’en parler. Mais ce qui est le plus étrange pour moi, c’est, une fois que les films sont faits, de constater ce que j’ai fait : il faut bien reconnaître que dans mes 4 longs métrages, j’ai parlé de l’importance de la famille, mais aussi de son caractère maléfique ! Je ne sais pas d’où ça vient. Je ne fais pas de thérapie… Les films sont peut-être la thérapie !

Les années Jajacobbi : Cannes 1996

Posté par vincy, le 23 mai 2014

mike leigh secrets and liesL'année culte

Ceux qui étaient à Cannes en 1996 se souviendront d'une bataille passionnelle entre partisans et opposants autour de deux films : Secrets et mensonges de Mike Leigh et Breaking the Waves de Lars Von Trier. Le premier repart avec la Palme d'or, le second avec le Grand prix du jury. Le président du jury Coppola a appliqué strictement le règlement : la Palme revient à un film qui peut toucher le plus grand nombre, le Grand prix récompense une audace.

C'est cruel de départager deux grandes oeuvres, transcendées par leurs comédiennes, signées de cinéastes au sommet de leur talent. Leigh a réalisé ce film dans l'improvisation, sans scénario. Il en ressort une histoire bouleversante. Von Trier a poussé ses comédiens jusqu'à leurs limites. L'expérience bouscule. Les deux déshabillent de leur caméra les secrets les plus enfouis, déchirent les cicatrices jamais guéries, entrainent leurs personnages dans les abîmes.

Tout se professionnalise à Cannes. Dans un an, Internet va faire son entrée : quelques journalistes web venus d'outre-atlantique, un site pour le Festival. En attendant, le cinéma s'offre une orgie aux saveurs variées : Ruiz, Desplechin, Russell, Lee, Altman, Kaurismaki, Taviani, Bertolucci, Cimino, Kaige, De Heer, Frears, Audiard... Le Crash de David Cronenberg fait scandale, mais lui permet d'acquérir ses lettres de noblesse. Le Fargo des frères Coen fait rire, et leur permet de se propulser dans la course aux Oscars. Daniel Auteuil s'offre un doublé avec le sensible film de Jaco Van Dormael, le Huitième Jour, et le polar trouble d'André Téchiné, Les voleurs, où Deneuve émeut en lesbienne. Le cinéma français est dans tous ses états avec le fabuleux documentaire Microcosmos et une ouverture pleine d'esprit, Ridicule. Miramax achète le film de Patrice Leconte pour un million de dollars, un record pour un film européen à l'époque.

C'est une année où l'amour est entier, qu'on soit blanc, noir, homosexuel, handicapé, mutilé, intellectuel, croyant... Un jeune comédien vient défendre The Pillow Book de Peter Greenaway à Un certain regard et Trainspotting de Danny Boyle hors compétition. Ewan McGregor était inconnu du public, le voici starisé par les montées des marches. L'acteur est brillant (et totalement nu) dans le film érotique de Greenaway, il est constamment juste dans le film générationnel de Boyle, qui deviendra culte, même si on a oublié qu'il a fait son avant-première internationale sur la Croisette.

Sans doute parce que 1996, c'est aussi l'année de Marcello, celui-là même qui sert d'icône au 67e Festival de Cannes qui s'achève dans deux jours. Mastroianni a présenté 25 films en sélection officielle, reçu deux fois le prix d'interprétation masculine. On ne le sait pas encore mais il fait cette année là son ultime montée des marche, avec sa fille, Chiara. Magique. La chaleur qu’il dégage efface la maladie qui le ronge. Il rejoindra Fellini à la fin de l'année. Eux qui avaient imaginé Le voyage de G. Mastorna, ce film jamais réalisé où un violoncelliste se retrouvait dans l'au-delà. Ciao Marcello.

Cannes 2014 – les mots de Cannes : Coupe

Posté par MpM, le 23 mai 2014

© vincy thomasAprès plus d'une semaine à démonter les clichés cannois, il est temps d'avouer que l'image traditionnelle de festivaliers parlant de films une coupe de champagne à la main n'est pas totalement infondée. "On demande toujours une coupe, à Cannes", confirme un éminent journaliste qui arpente la Croisette pour la 18e année consécutive.

Et de fait, la plupart des événements (remises de prix, conférences, inaugurations, soirées, etc.)  s'accompagnent de bulles. Une légende veut même qu'il soit possible de ne boire que ça pendant toute la quinzaine (à condition de le faire avec modération, bien sûr). Certains ont tenté l'expérience les années précédentes lorsque les bouteilles d'eau et autres boissons étaient systématiquement confisquées à l'entrée des salles. Quand on a soif, on boirait n'importe quoi, et a fortiori du champagne bien frais (si cette excuse ne vous convient pas, on en trouvera une autre).

Il semblerait tout de même que, l'an passé, tout ce champagne soit monté à la tête de certains journalistes, notamment ceux qui ont encensé le très moyen Ma vie avec Liberace et descendu Jim Jarmusch pour son merveilleux Only lovers left. Cela avait peut-être même contaminé le jury (donner un prix d'interprétation à Bérénice Bejo ?!).

Quoi qu'il en soit, pour cette 67e édition, le festival a prudemment décidé de faire machine arrière. Bouteilles d'eau admises dans toutes les salles du Palais et fontaines disposées dans les endroits les plus fréquentés. Pour la coupe de champagne devant le film, en revanche, il faudra encore attendre.