La fin de Paris Cinéma?

Posté par vincy, le 14 août 2014

paris cinéma 2014 © paris cinéma11 ans après sa création par Bertrand Delanoë, à l'époque Maire de Paris fraîchement élu, et Christophe Girard, alors adjoint à la culture, le festival Paris Cinéma aurait du plomb dans l'aile. Après quelques années d'hésitation sur sa forme (Paris Cinéma refusait même l'appellation festival à ses débuts), la manifestation avait pourtant pris sa vitesse de croisière, entre événements publics et fédérateurs, rétrospectives avant-premières de films venus du Festival de Cannes et projections d'une sélection art-et-essai assez pointue. Le public a, cette année, couronné le film Party Girl, caméra d'or 2014.

Pourtant, selon Le Monde, Paris Cinéma est menacé. La Ville de Paris cherche à faire des économies budgétaires : la subvention qu'elle octroie à Paris Cinéma est sur la sellette. Un bilan doit être réalisé. Le quotidien explique que les aides municipales ont déjà été réduites de 300 000 euros sur quatre ans (ce qui est énorme pour une manifestation de ce genre). Mais le Festival coûte encore 740 000 euros à Paris (ce qui n'est pas grand chose mais les finances de la ville ne sont pas au beau fixe). Et l'argent récolté par le biais de la billetterie est entièrement reversé aux salles de cinéma participantes (ce qui est une bonne chose sous cet aspect de subventions déguisées).

La baisse des subventions a amené Paris Cinéma à réduire sa programmation pléthorique en divisant le nombre de films projetés par trois et sa durée, raccourcie (un peu). D'autant que les années de Coupe du monde, la fréquentation est toujours en baisse. Si cette année, aucun chiffre n'a été communiqué, on sait, malgré tout, que des séances et des événements ont fait le plein.

Si on a du mal à croire à la fin de Paris Cinéma, sachant que le public et les artistes répondent présents et que les salles de cinéma et les distributeurs sont demandeurs, le festival devrait être remanié. Paris contribue déjà à un Festival de cinéma, Mon premier Festival, pour les enfants, et aide de nombreux autres festivals dédiés au cinéma allemand, israélien, brésilien. La capitale accueille également le récent Champs Elysées Film Festival, les festivals en plein air en été, les festivals thématiques organisés par le Forum des images, le Centre Pompidou ou la Cinémathèque française (Réel, Etrange, Films restaurés)... C'est logique pour une capitale cinéphile mais ce grand embouteillage d'événements n'aide pas à la visibilité des plus fragiles.

Impossible de savoir sous quelle forme pourrait ressembler un futur Paris Cinéma. Sans doute lui manque-t-il une personnalité propre. Absent du transmédia, pas assez virtuel, trop calqué sur le modèle d'autres festivals du même genre sans avoir de réelles primeurs pouvant intéresser les médias, en s'associant à d'autres festivals parisiens tout au long de l'année (Paris Cinéma deviendrait un label), les pistes ne manquent pas pour que Paris Cinéma ait de l'avenir, quitte à réduire sa durée et ses ambitions.

Sommeil éternel pour Lauren Bacall (1924-2014)

Posté par vincy, le 13 août 2014

Une légende s'éteint. Lauren Bacall n'était pas seulement l'une des plus belles femmes d'Hollywood, ni l'un des plus beaux regards du 7ème art - elle était surnommée The Look -, ni même celle qui avait conquis Humphrey Bogart. Elle avait une sacrée personnalité, un franc-parler, un caractère bien trempé. Une grande dame, avec ce qu'il faut de classe, d'impertinence et de clairvoyance. Cette amoureuse du cinéma révélée il y a pile 70 ans dans Le Port de l'angoisse, inoubliable dans des films noirs, sublime dans les comédies, avait tourné pour Howard Hawks, John Huston, Michael Curtiz, Vincent Minnelli, Douglas Sirk, Sidney Lumet, Rob Reiner, Robert Altman, Barbra Streisand, Jonathan Glazer et Lars von Trier. On a fait pire surtout pour une actrice qui, finalement, fut assez rare sur les grands écrans.

To Have and Have Not, c'était le titre anglais du Port de l'angoisse. Ce sera sa devise. A 19 ans, elle accroche du regard le spectateur. Nous capture. Et c'est plié : quiconque a vu la jeune comédienne dans ce film se souviendra à jamais du pouvoir fascinant d'une lumière cinématographique sur des yeux qui dévorent l'image. Lauren Bacall était une actrice magnétique, irrésistible. Dans Le Port de l'angoisse, sa voix grave et chaude savait s'imposer face à "Boggie" : "Si vous avez besoin de moi, vous n'avez qu'à siffler. Vous savez siffler, Steve ? Vous rapprochez vos lèvres comme ça, et vous soufflez". Là, on aura beau siffler, on sait que Bacall ne reviendra pas. Les légendes ne sont éternelles que si l'on revoit leurs films.

Lire notre portrait

Roman Polanski annule sa venue à Locarno

Posté par vincy, le 12 août 2014

roman polanski le bal des vampires © vincy thomasLe cinéaste Roman Polanski ne se rendra finalement pas au 67ème Festival du film de Locarno (lire notre actualité). Il était invité pour faire une Leçon de cinéma et recevoir un hommage du festival jeudi prochain. Il se réjouissait de participer enfin à cet événement, "très artistique, pas commercial comme Cannes" (ce qui peut être un peu ingrat de la part d'un réalisateur choyé par le Festival de Cannes depuis 50 ans).

"Après avoir constaté que ma présence au Festival de Locarno aurait pu provoquer des tensions et des controverses de la part de personnes qui s'y opposent, mais dont je respecte les opinions, je regrette de vous annoncer que j'ai renoncé à contrecoeur d'y participer", a indiqué le metteur en scène, toujours accusé par certains d'être un criminel. A l'annonce de sa venue à Locarno, les réseaux sociaux se sont emparés du sujet jusqu'à faire gonfler la polémique.

Revendiquant sa liberté artistique, le festival s'est offusqué de cette polémique : "Nous ne pouvons que respecter la décision de Roman Polanski déterminée par les interférences dans les choix artistiques du Festival, que nous continuons à considérer comme inacceptables."

Polanski a des raisons d'être un peu sur ses gardes. la dernière fois qu'un Festival suisse l'avait invité, celui de Zurich en 2009, il s'était retrouvé sous le coup d'un mandat d'arrêt international américain, suite à une une affaire d'abus sexuel datant 1977 contre une jeune fille en Californie, alors âgée mineure (lire notre actualité). Il avait été placé en arrêt domiciliaire dans son chalet de Gstaad avant que la justice suisse ne le remette en liberté pour cause de dossier d'extradition insuffisant. Polanski ne peut toujours pas se déplacer dans certains pays, dont les Etats-Unis, à cause de cette affaire non résolue judiciairement, tandis que la victime, Samantha Geimer, a publiquement affirmé que l'histoire était réglée (financièrement comme humainement).

Roman Polanski travaille actuellement à l'adaptation d'un roman de Robert Harris, D., sur l'Affaire Dreyfus, et la mise en scène de la comédie musicale Le bal des Vampires, d'après son propre film, qui prendra l'affiche au Théâtre Mogador à Paris le 16 octobre (lire notre actualité).

Les plus gros succès de Robin Williams au box office

Posté par vincy, le 12 août 2014

Robin Williams était populaire. Son box office tant nord-américain que français le prouve. Si l'essentiel de ses succès provient des années 90, il a surtout su séduire le grand public avec des films aussi bien dramatiques que comiques.

robin williams mme doubtfireBox office nord-américain : les films (hors seconds-rôles) ayant rapporté plus de 100 millions de dollars (en millions de dollars, recettes ajustées avec l'inflation)

1. Mme Doubtfire (1993) - 429,4
2. Aladdin (1992) - 427,4
3. Good Morning, Vietnam (1987) - 245,8
4. Good Will Hunting (1997) - 244,6
5. Hook (1991) - 233,8
6. The Birdcage (1996) - 228,8
7. Patch Adams (1998) - 222,8
8. Le cercle des poètes disparus (1989) - 196,8
9. Jumanji (1995) - 186,4
10 Flubber (1997) - 164,1
11. Popeye (1980) - 150,9
12. Jack (1996) - 108,1
13. L'éveil (1990) - 100,8

robin williams le cercle des poetes disparusBox office français (en millions d'entrées) - hors seconds-rôles

1. Le cercle des poètes disparus (6,6 millions d'entrées, leader annuel en 1990)
2. Madame Doubtfire (5,0)
3. Hook ou la revanche du Capitaine Crochet (3,4)
4. Jumanji (2,0)
5. Flubber (1,2)
6. Will Hunting (1,1)

GOOD BYYYYYE ROBIN WILLIAMS!

Posté par vincy, le 12 août 2014

Coup de tonnerre en plein mois d'août. L'acteur Robin Williams a été retrouvé mort à son domicile lundi 11 août: « un suicide par asphyxie », mais il faudra attendre les résultats de l'autopsie pour confirmer la cause du décès.

A 63 ans, dépressif cyclique, jamais à l'abri des tentations comme la drogue et l'alcool, le comique achève son parcours en tragique. Cela faisait plus de dix ans que l'acteur n'avait pas connu un succès ou joué dans un film digne de son talent, hormis des performances vocales toujours sidérante (Happy Feet) ou des seconds-rôles délirants (La nuit au Musée). Ses deux dernières sorties sur grand écran ont été des flops (Boulevard, The Angriest Man in Brooklyn). On se souviendra davantage de lui en président-peintre dans Le majordome ou dans la série The Crazy Ones. Il avait achevé trois tournages (Merry Friggin' Christmas, La nuit au musée 3 et une voix pour Absolutely Anything). La suite de Mme Doubtfire, en cours d'écriture, a été annulée une fois sa mort apprise.

10 films marquants

Sur grand écran, sa carrière commença en 1980 avec Popeye de Robert Altman. Comique génial, acteur dramatique sensible, clown parfois triste ou tragédien toujours un peu décalé, il avait composé une filmographie ponctuée de quelques très beaux films ou d'oeuvres cultes : Le Monde selon Garp de George Roy Hill (1982), Good Morning, Vietnam de Barry Levinson (1987), avec son bonjour radiophonique légendaire, Le Cercle des poètes disparus de Peter Weir (1989), immense succès populaire où il fut le professeur dont tout le monde rêvait, The Fisher King de Terry Gilliam (1991), inoubliable en Madame Doubtfire de Chris Columbus (1993), Harry dans tous ses états (Deconstructing Harry) de Woody Allen (1997), qui le flouta volontairement, Good Will Hunting de Gus Van Sant (1997) et Insomnia, de Christopher Nolan (2002), et Photo Obsession (One Hour Photo) de Mark Romanek (2002), où, dans ces deux derniers cas, il avait pris le risque de devenir un tueur inquiétant. On devrait ajouter son rôle dans le dessin animé de Disney, Aladdin, où sa prestation vocale est sans aucun doute la meilleure de l'histoire du studio.

Williams a également tourné dans de grands succès au box office (Jumanji), dans des films d'auteur (pour Kenneth Branagh dans Dead Again et Hamlet, pour Coppola dans Jack), dans de mauvais remakes (La cage aux folles devenue Birdcage, Neuf mois aussi, Toys), des mélos (L'éveil, Docteur Patch, Au-delà de nos rêves), pour Spielberg (Peter Pan dans Hook), et dans pas mal de productions rarement à la hauteur de son talent.

Un génie dès qu'il sortait de sa lampe magique

Oscar du meilleur acteur dans un second rôle 1998 pour Will Hunting, trois fois nominé pour la statuette (Good Morning Vietnam, Le Cercle des poètes disparus et The Fisher King), plusieurs fois gagnant d'un Golden Globe (Meilleur acteur pour Good Morning Vietnam, The Fisher King et Madame Doubtfire, pour sa contribution spéciale dans Aladdin, pour l'ensemble de sa carrière en 2005), Robin Williams était un acteur polyvalent, qui crevait souvent l'écran. Populaire et sympathique, il avait réussi à alterner drames et comédies avec succès. Il avait ce génie de pouvoir être burlesque, grotesque, démesuré, outrancier, manipulant notre hilarité avec son auto-dérision déjantée. Et puis il savait être ultra-sensible, à fleur de peau, se laissant couler dans les vagues à l'âme de ses personnages, dans leur part de démence comme on s'accroche à un tic ou un toc. Le jeu de Robin Williams reposait intégralement sur ses failles béantes, capable de tout dès lors qu'on lui laissait l'espace pour dévoiler l'invisible part de la tragi-comédie humaine. L'imprévisible, alors, se déchaînait à l'écran, avec une rare maîtrise. Il y avait du Peter Sellers, des Marx Brothers et du Chaplin en lui.

Pas étonnant qu'Hollywood croule sous les larmes après avoir encaissé le choc de cette nuit. Personne n'a envie de rire à cette sale blague. "Robin était un éclair de génie comique et notre rire était le coup de tonnerre qui le faisait avancer. Il était un ami et je n'arrive pas à croire qu'il ne soit plus là" a commenté Steven Spielberg. Et le président Barack Obama lui-même s'est souvenu que "Robin Williams était un animateur de radio, un médecin, un génie, une nounou, un président, un professeur, un bangarang Peter Pan, et tout ce qu'on peut imaginer d'autre. Mais surtout il était unique".

"On ne vous donne qu'une petite étincelle de folie. Il ne faut pas la perdre" disait-il.

"Capitaine oh mon capitaine", ... le poète a disparu.

Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu dépasse les 100 millions de $ de recettes

Posté par vincy, le 11 août 2014

qqu'est-ce qu'on a fait au bon dieu?Un succès qui ne se dément pas en France

11 558 266 spectateurs en France. Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu? est toujours parmi les cinq films les vus de la semaine, 17 semaines après sa sortie. Sa constance est assez exceptionnelle pour être soulignée. Les 12 millions de spectateurs ne sont plus très loin. Actuellement 21ème film le plus vue depuis 1945, le film de Philippe de Chauveron est désormais certain de dépasser le légendaire Corniaud et même Le jour le plus long. Il se classerait alors 19ème des succès historiques du box office français, 7ème des films français, 5ème des films sortis après 2000 toutes nationalités confondues. Par ailleurs, c'est le 3ème plus gros succès pour Christian Clavier, qui a 4 films au dessus de 10 millions d'entrées dans sa filmographie. Pour le coup, c'est un record puisque De Funès/Bourvil n'en ont que deux, tout comme Charlton Heston.

Plus d'un million de spectateurs à l'étranger

Et à l'étranger, le film fonctionne bien aussi. En Allemagne (478 000 spectateurs en 10 jours) et en Autriche, il est déjà dans les 30 films les plus vus de l'année, en Belgique, il est entré dans le Top 5 annuel, en Grèce, il vient de surclasser Transformers et 'approche des 10 meilleures recettes de l'année, au Liban, il a battu Tom Cruise et Zac Efron, et s'approche du Top 20 de 2014. Seul le public néerlandais a boudé le film, qui a fait ) peine mieux que Ida et un peu moins bien que Grace de Monaco et le dernier Dardenne. Au total, le film a déjà séduit 1,2 million de spectateurs hors de France et rapporté près de 14 millions de $ à l'étranger.
Avec les recettes françaises (94,5 millions de $), le film a donc franchi la barre des 100 millions de $ de recettes dans le monde. C'est mieux que Trancendance. Même s'il reste loin de Lucy (déjà 130M$) ou d'Intouchables (430M$, lire notre actualité), la comédie a encore un beau potentiel. A l'affiche dans 12 territoires seulement, il n'est pas encore sorti en Espagne ni en Italie, deux gros marchés pour le cinéma français. Mais attention, le Bon Dieu n'est pas partout, et le public ne suit pas forcément : au Québec, le film déçoit avec à peine 330 000$ de recettes en 10 jours.

Robert Downey Jr, l’homme le plus puissant d’Hollywood

Posté par vincy, le 10 août 2014

robert downey jrIl est non seulement l'acteur le mieux payé, mais il est également le plus puissant selon le magazine Forbes. Iron Man, aka Robert Downey Jr, est même la seule star hollywoodienne à se classer dans le Top 10 des 100  personnalités les plus "puissantes" du monde (qui se résume essentiellement aux Etats-Unis dans ce classement, à l'exception de sportifs).

Dans ce top 10, on retrouve, en reine, Beyonce Knowles, certes parfois comédienne, Le Bron James, Dr Dre, Oprah Winfrey, elle aussi comédienne par intermittence, Ellen DeGeneres, présentatrice des Oscars, Jay-Z, Floyd Mayweather, Rihanna, Katy Perry et donc Downey Jr. Plus généralement la musique, la télévision et le sport se taillent la part du lion de ce Top 100.

Par catégories, Steven Spielberg domine aisément les réalisateurs (11ème), devant Peter Jackson (48ème), Michael Bay (50ème), Tyler Perry (56ème), Joss Whedon (68ème), J.J. Abrams (71ème) et Seth MacFarlane (86ème).

Côté acteurs (on retiendra ceux dont la carrière se fait essentiellement sur le grand écran), on retrouve Dwayne Johnson (23ème), Bradley Cooper (48ème), Leonardo DiCaprio (52ème), Matthew McConaughey (52ème), Mark Wahlberg (60ème), Hugh Jackman et Ashton Kutcher (63ème ex-aequo), Vin Diesel (66ème), Ben Affleck (67ème) et Will Smith (75ème).

Les actrices prennent davantage de pouvoir : Jennifer Lawrence mène la danse (12ème) devant Jennifer Lopez, qui certes combine sa carrière de chanteuse avec celle de comédienne (33ème), Sandra Bullock (36ème), Angelina Jolie (73ème), Scarlett Johansson (76ème), Jennifer Aniston (77ème), Gwyneth Paltrow (89ème), Meryl Streep (92ème), Cameron Diaz (97ème) et Natalie Portman (100ème). Notons que Kerry Washington (93ème) et Zooey Deschanel (96ème) profitent surtout de leur présence sur le petit écran.

Le classement est établi à partir de plusieurs données : nombre de mentions dans les médias, nombre de fans sur les réseaux sociaux, revenus encaissés dans leur métier, revenus publicitaires, impact dans l'industrie culturelle et populaire...

Clap de fin pour Menahem Golan (1929-2014)

Posté par vincy, le 9 août 2014

menahem golan locarno 2010

Menahem Golan est mort le 8 août à Jaffa, près de Tel Aviv en Israël, à l'âge de 85 ans. Producteur légendaire, mais aussi réalisateur, scénariste et un peu acteur, il était l'un des derniers nababs d'Hollywood, caractère épouvantable inclus, avec sa société Cannon Films, même s'il avait quitté les Etats-Unis depuis des années pour revenir dans son pays de naissance.

Avec son cousin Yoram Globus, qui tenait les finances, il a été l'instigateur d'un certain cinéma de genre, avec des acteurs bodybuildés, des armes à foison et des réalisations approximatives mais efficaces. Un cinéma typique des années Reagan, où la puissance de l'Amérique était glorifiée à travers des stars comme Sylvester Stallone, Chuck Norris, Dolph Lundgren, Jean-Claude Van Damme, qu'il révèle, ou Charles Bronson. Mais pas seulement.

Cannon Films, créée en 1979, était une société à l'image de son fondateur : schizophrène. Au Festival de Cannes, les magazines professionnels étaient envahis de ses publicités pour des films d'auteur et des films d'action, promus au même niveau, de la même manière. Des films low-cost aux allures de blockbusters et des grands noms du cinéma qui trouvaient là du cash pour des films ambitieux.

Mais le modèle économique devenait fragile, à trop jouer la surenchère : en surpayant ses stars, en dépensant de l'argent pour insuffler davantage d'adrénaline à l'écran, les budgets explosaient, sans que la qualité ne suivent forcément. Cannon Films crashe logiquement à la fin des années 80 et conduira Golan, après deux autres grosses faillites, à retourner en Israël pour produire, entre autres, des comédies musicales et des films qu'il réalisait, dans l'indifférence critique et publique.

Roger Corman

C'est en Israël que tout avait aussi commencé pour lui avec sa première société, Noah Films. Il avait d'ailleurs produit Sallah Shabati, nominé aux Oscars et primé aux Golden Globes en 1964, et d'autres films qui ont connu des succès critique à l'étranger (notamment en 1976, Lemon Popsicle). En 1979, il produit et réalise son meilleur film, Opération Thunderbolt, qui retrace le raid des commandos de Tsahal sur l'aéroport ougandais où un commando palestinien retenait des civils en otage.

Quand Globus l'a rejoint, Golan a opéré un virage du film d'auteur vers le film de genre, tout en conservant parfois l'envie de produire des films d'art et d'essai.

En travaillant aux côtés de Roger Corman, à son arrivée aux Etats-Unis, il a adopté le mode de fonctionnement de son mentor : des films produits rapidement, avec des budgets faibles et des histoires simples. N'hésitant pas tout au long de sa carrière à faire des coups, pour opportunément gagner beaucoup d'argent. Il signait ainsi des contrats pharamineux et se retrouvait souvent dans des imbroglios judiciaires polémiques.

De Cassavetes à Godard, de Tobe Hooper à Meryl Streep

Cela ne l'empêche pas de produire de grands cinéastes : John Cassavetes en 1984 avec Love streams, alors que le réalisateur était snobé par Hollywood, Andreï Konchalovsky avec Maria's Lovers puis Runaway Train et Le Bayou, Robert Altman avec Fool For Love, Jean-Luc Godard et son King Lear, Franco Zeffirelli et son Othello, Barbet Schroeder avec Barfly... Mais à vouloir trop être présent sur les tournages et dans les salles de montage, Golan se fâche à chaque fois avec eux.

A son actif, on retiendra une version médiocre de L'Amant de lady Chatterley, des Ninjas, un Bolero très érotique, des tas de films de guerre (Portés disparus, The Delta Force, Cobra) et de flics (Le justicier de minuit, Un justicier dans la ville II, Le Justicier de New York), de l'aventure et de l'action de série B (Allan Quatermain et les Mines du roi Salomon, Over the Top), des Tobe Hooper (L'invasion vient de Mars, Massacre à la tronçonneuse 2) et un Romero (La nuit des morts vivants), un Ovni écolo-musical (Powaqqatsi), des adaptations (Captain America, Hansel et Gretel, Le fantôme de l'opéra), des films mythologiques (Hercule, Aladin, Sinbad) et même un film avec Meryl Streep (Un cri dans la nuit).

Le culte après la déchéance

Depuis Final Combat en 2003, dernier film exploité à l'étranger, il réalisait des films en Israël, à l'écart du monde. Hollywood l'avait oublié. On ne retenait souvent que les scandales financiers ou judiciaires qui avaient pollué sa carrière. En 2010, le Festival de Locarno lui décernait le Prix Raimondo Rezzonico, honorant un producteur et la prestigieuse Film Society of Lincoln Center lui rendait hommage à travers une rétrospective, “The Cannon Films Canon."

En mai dernier au Festival de Cannes, le documentaire The Go-Go Boy, retraçant la carrière de Golan et Globus était présenté hors-compétition, en présence du producteur, qui savourait son triomphe. Il était devenu culte. Un autre documentaire Electric Boogaloo : The Wild, Untold Story of Cannon Films sera à l'affiche du Festival de Toronto en septembre.

Terry Gilliam rêve de nouveau à Don Quichotte

Posté par vincy, le 8 août 2014

gilliam rochefort lost in la mancha don quichotteCela va bientôt faire 20 ans qu'il est obsédé par ce projet. Terry Gilliam sait qu'il est maudit. Mais il s'entête. Son adaptation de Don Quichotte, le roman mythique de Miguel Cervantes, revient dans l'actualité. Dans une interview au magazine The Wrap, affirme qu'il a enfin bouclé le financement du film. "Je le croirais quand je le verrais" explique-t-il, espérant pour voir lancer la production au début 2015.

Dans le documentaire Lost in La Mancha, Gilliam avait voulu de garder une trace de sa première tentative. Le tournage de The Man Who Killed Don Quixote en 1998-2001 avait enchaîné les bévues et mauvais choix. Gilliam s'obstina pendant trois ans, en vain. L'accident de cheval de son acteur principal, Jean Rochefort, scella définitivement son destin. Johnny Depp et Vanessa Paradis pouvaient rentrer chez eux. Depuis, Gilliam tente désespérément de pouvoir faire le film, différemment, en y intégrant des éléments autobiographiques. Il a réessayé en 2009 (lire notre actualité du 15 mai 2009), avec Robert Duvall et Ewan McGregor en têtes d'affiche, sans plus de réussite.

Il va devoir désormais s'attaquer au casting. Ce film est selon ses propres termes une "obsession désespérée, pathétique, idiote. Comme un tumeur qui est en moi et que je dois absolument évacuer si je veux survivre".

A 73 ans, Gilliam vient de remonter sur scène pour une dizaine de dates. Il a reformé la bande des Monty Python, aux côtés de John Cleese, Eric Idle, Terry Jones et Michael Palin. 20 000 tickets se sont vendus en moins d'une minute!

Son dernier film The Zero Theorem a été un flop, mais son précédent, L'Imaginarium du Docteur Paranassus, hors compétition à Cannes, avait récolté 62 millions de $ dans le monde. Comme acteur, on l'a croisé dans Neuf mois ferme d'Albert Dupontel et il sera au générique de Jupiter Ascending de Lana et Andy Wachoswski, décalé à février 2015.

Deux Gaumont parisiens en chantier

Posté par vincy, le 8 août 2014

cinéma gaumont conventionLa rive Gauche perd deux complexes pour un certain temps. Le Gaumont Convention et le Gaumont Alésia sont tous deux en chantier, respectivement depuis 4 mois et 3 semaines. Le premier ne réouvrira qu'à l'automne 2015, le second un peu après. C'est donc une perte totale de 13 salles pour le sud de la capitale.

Le Gaumont Convention a fait l'objet d'une pure et simple démolition. Tout sera reconstruit, avec une façade contemporaine mariant le verre et l'acier. Il s'agrandira de 3 salles pour en proposer 9, soit un total de 1280 fauteuils (une capacité en hausse de 18%), dont deux grandes salles de 200 à 300 fauteuils. Le cinéma, créé en 1919, a subit de nombreuses modifications depuis, notamment dans les années 70 où il est passé d'une salle unique à 4 salles, puis six.

Le Gaumont Alésia ne subit qu'un lifting. Sa rénovation  n'empêchera pas son agrandissement. De 7 salles, il passera à 8, en gagnant sur les sous-sols, avec une offre de 1392 fauteuils, dont une grande salles de 400 places. Ce vieux cinéma, l'ancien Montrouge Palace (1921), avait déjà été rénové il y a 10 ans. Gaumont le possède depuis 1930 et transforme la salle unique en 4 salles en 1972 puis en 7 salles en 1986.

Pour patienter, les habitants des deux zones d'achalandage peuvent se rapatrier sur le Gaumont Aquaboulevard, les salles de Montparnasse et le tout nouveau Pathé Beaugrenelle, tous situés à quelques stations de métro.