Festival d’Albi: d’Annie Cordy à Guy Georges, tour d’horizon de la sélection

Posté par cynthia, le 24 novembre 2014

Le 18ème festival des Œillades ou festival du film francophone d'Albi s'est achevé ce weekend. On y était et on a aimé. Retour sur ces quelques jours riches en émotions.

Une mamie stylée et une fille indécise

Au premier jour, le dogme était placée sous le signe des destins et de la jeunesse. Les souvenirs de Jean-Paul Rouve continue sa tournée des festivals. Annie Cordy joue les mamies en pleine rébellion depuis que son fils (Michel Blanc) l'a mise en maison de retraite et ça nous a remué les entrailles. Ajoutons à ça une excellente prestance pour le jeune Michel Spinosi et vous obtenez l'un des coups de cœur du festival. L'humour du romancier David Foenkinos évite le mélo et permet à chacun de retrouver une seconde jeunesse... Le film sort le 15 janvier dans les salles.

Après avoir dévoré de succulent petits four, on nous a offert en plat de résistance le plombant Mon amie Victoria de Jean-Paul Civeyrac. L'histoire d'une jeune fille qui ne sait pas vraiment ce qu'elle veut dans la vie. Sortir avec Thomas ou son frère? N'en faire qu'à sa tête? Le film aurait pu être intéressant sans la voix off monotone et somnolente qui nous conte l'histoire comme une professeur de latin sous antidépresseur.

Quand la musique guide nos pas

Au deuxième jour, le mot d'ordre du festival était la musique. On a commencé par la douce claque d'Alix Delaporte avec Le dernier coup de marteau. Ou comment un jeune adolescent va découvrir la musique classique à travers un père tout juste retrouvé. Un film tendre et mélodieux à l'inverse du suivant qui n'est autre que l'immense Whiplash du francophone Damien Chazelle. Grand prix du dernier festival de Deauville mais aussi prix du public, Grand prix à Sundance, prix du meilleur film selon le magazine Elle, bref, on ne présente plus ce monstre cinématographique qui vous étourdira dès le 24 décembre prochain dans les salles.

Difficile de briller face à lui me direz-vous et pourtant le Baby Balloon de Stefan Liberski a tout de même scintillé dans les salles obscures d'Albi. L'histoire d'une jeune rockeuse en surpoids qui tente de s'imposer. Le film belge est sorti en juillet dernier. Un peu trop sage pour être rock, mais assez pop pour séduire.

Rébellions

Parce qu'il n'y a pas qu'Annie Cordy qui s'est rebellée durant le festival, Raja Amari est venue nous présenter Printemps Tunisien, qui revient sur la révolte tunisienne de 2010. Le film, qui nous a laissé sans voix, sera en diffusion le 18 décembre en exclusivité sur Arte. Drôle, triste et ravageur.

Autre réussite inattendue, le dernier film de Louis-Julien Petit avec sa comédie sociale Discount. Il nous a ému et nous a pris aux tripes. L'histoire de ces caissiers devenus des Robin des bois de la nourriture ne laisse pas de marbre dans cette société de surconsommation.

Ovnis et chocs

La 18ème édition s'est achevée par un véritable ovni cinématographique, Vincent n'a pas d'écailles de Thomas Salvador, et un choc en plein coeur, L'affaire SK1 de Frédéric Tellier.

Le premier est l'histoire d'un homme sans histoire qui voit sa force décupler au contact de l'eau. Il tente tant bien que mal de vivre normalement. Un petit Hulk à sa façon sans effets spéciaux ni costume en cuir moulant, Vincent est le super-héros de campagne qu'on attendait pas. Ce qu'on n'attendait pas non plus c'était la grosse peur qui nous tenaillait après la projection de L'affaire SK1. L'histoire vraie de la plus grande traque des années 90, celle du violeur Guy Georges.

« French touch »: 10 films français qui aiment la musique

Posté par kristofy, le 24 novembre 2014

Avec Eden à l'affiche qui revient sur près de vingt ans de musique électronique, la fameuse « French Touch » musicale, à travers la vie d'un DJ, c’est l’occasion de (re)voir des films (mé)connus où la musique y est autant présente qu’un personnage principal.

L’occasion de constater que la musique en tant que phénomène de société avec ses rites et ses personnages a été trop rarement un sujet de film en France. Bien évidemment notre cinéma produit des biopics sur nos voix les plus célèbres comme Edith Piaf et La Môme (d’ailleurs Marion Cotillard était déjà devenue chanteuse dans Les jolies choses), Serge Gainsbourg et Gainsbourg vie héroïque, Claude François et Cloclo, et prochainement Dalida (avec Nadia Farès dirigée par Lisa Azuelos). Certes, la chanson de variété arrive dans 8 femmes, un voyou découvre le piano dans De battre mon cœur s’est arrêté, on joue au sosie d’une vedette dans Podium, mais la musique a très rarement le premier rôle.

10 films français qui aiment la musique :

Cléo de 5 à 7 de Agnès Varda : Cléo est une jeune chanteuse qui craint d'être atteinte d'un cancer, le film la suit dans son errance avant d’aller chercher le résultat d’un examen médical, durant presque deux heures presque en temps réel. 4 chansons du film ont été écrites par Agnès Varda et mises en musique par le compositeur Michel Legrand, qui y fait également l'acteur.

Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy : C’est la Palme d’or du Festival de Cannes en 1964. Les dialogues en chanson sont de Jacques Demy mises en musique par (toujours) Michel Legrand. On y entend peu la véritable voix des acteurs principaux (Catherine Deneuve, Nino Castelnuovo,...) qui sont doublées par de véritables chanteurs. Le film est entièrement chanté, en-chanté même selon Demy, et témoigne de l’époque du début des années 60 avec les situations conflictuelles d’un jeune homme qui a dû partir faire la guerre en Algérie et une jeune-fille enceinte avant d’être mariée… A noter que Catherine Deneuve s’impose là comme une actrice de premier plan, et que bien plus tard, elle chantera et dansera de nouveau dans un autre film musical qui gagnera une autre palme d’or : Dancer in the dark de Lars Von Trier.

Désordre de Olivier Assayas : Le premier long-métrage d'Assayas (récompensé au festival de Venise en 1986) est aussi son film le plus imprégné de musique. Les jeunes membres d’un groupe de rock pénètrent par effraction dans un magasin pour voler des instruments mais ils provoquent la mort du gérant. En même temps que les personnages grandissent et deviennent adultes, on assiste à la fin de leur passion de jouer ensemble. Olivier Assayas parvient à capter l’esprit des années 80 en pleine mutation musicale, et on peut y voir le chanteur Etienne Daho, symbole de la nouvelle pop française de l'époque.

On connaît la chanson de Alain Resnais : Le scénario est l’œuvre du couple Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, également acteurs dans le film en compagnie de la bande habituelle de Resnais : Sabine Azéma, André Dussollier, Pierre Arditi, Lambert Wilson… L’histoire de différents couples qui se cherchent alterne entre dialogues de fiction et dialogues chantés en play-back. Ils reprennent les refrains les plus populaires de la chanson française. Les paroles les plus connues d'Aznavour, Dutronc, Gall, Sardou, Bécaud, Bashung, Sheila, Bashung, Souchon, Gainsbourg, Hallyday deviennent donc les dialogues des acteurs. Le film a gagné plusieurs César: meilleur film, meilleur scénario, meilleur acteur, meilleur acteur dans un second-rôle, meilleure actrice dans un second-rôle, meilleur montage, meilleur son ; cette compilation de tubes a fait un carton.

Héroines de Gérard Krawczyk : C’est devenu un film culte surtout parce qu’il est devenu quasiment introuvable en vidéo, mais le revoir aujourd’hui montre surtout ses imperfections. Jeanne compose à la guitare et chante avec sensibilité et Johanna l'accompagne. Mais les circonstances font qu’elles ne peuvent se présenter en tant que duo à un concours de talents. C’est la belle extravertie Johanna qui sera sur scène tandis que en coulisse c’est Jeanne qui chante vraiment. Enregistrement d’un disque, passage à la télévision, tournées de concert, et toujours Johanna dans la lumière en tant que starlette alors qu'elle fait semblant de chanter en playback. Leur amitié va devenir de plus en plus fragile au fur et à mesure que Johanna se prend au jeu de la célébrité tandis que leur entourage fera tour pour cacher le secret de leur imposture… On est en 1997 bien avant le phénomène de télé-réalité, et voici un film qui préfigure le star-system people des années 2000. La vedette c’est Virginie Ledoyen et dans l’ombre une véritable chanteuse Maïdi Roth. À noter un petit rôle pour le chanteur Serge Reggiani.

Jeanne et le Garçon formidable de Olivier Ducastel et Jacques Martineau : Depuis une trentaine d’années et Jacques Demy, il n’y avait plus eu de film en forme de comédie musicale, l’acteur ici est d’ailleurs son fils Mathieu Demy , face à Virginie Ledoyen, décidément inspirée quand elle joue les chanteuses (ici en playback doublée par une autre, elle chantera plus tard réellement dans 8 femmes de François Ozon). L’histoire est celle de Jeanne qui rencontre Olivier, ils s’aiment mais lui est séropositif… Le film dramatique est traversé de multiples scènes chorégraphiées et chantées, tout en abordant la maladie du Sida et les manifestations de l’association Act-up.

Foon de Les Quiches : Les Quiches sont une bande de 5 actrices et 3 acteurs qui faisaient tous ensembles des courts-métrages et des sketchs. Une parodie de la comédie musicale West side story les amènent à ce long-métrage écrit à 8 et co-réalisé à 4. Être foon ou pas foon, that is the question, les dialogues et chansons du film ont pour originalité d’être en franglais avec de nombreuses expression english. Foon est une comédie délirante qui parodie les codes des films américains de lycées avec en ligne de mire le fameux bal de promo de fin d’année et de nombreux numéros dansés et chantés. Le succès n’a pas été au rendez-vous au ciném,a malheureusement pour eux. A noter que depuis une actrice est devenue chanteuse du duo Brigitte, que le compositeur des musiques du film est aujourd’hui derrière le groupe Lilly Wood and the The Prick, et que l'un des réalisateurs vient de faire un clip pour la chanteuse Hollysiz

Backstage de Emmanuelle Bercot : Une adolescente est fan d’une célèbre chanteuse, qu’une émission de télé va faire arriver chez elle quelques minutes. La rencontre se passe mal, mais la fan va aller  chez la chanteuse et devenir une proche assistante dans son entourage… La fan c’est la troublante Isild Le Besco et la chanteuse, c’est Emmanuelle Seigner en clone de Mylène Farmer. Le film (sélectionné au festival de Venise) montre la curieuse frontière du phénomène entre une fan et son idole, entre une chanteuse et ses fans, avec une dépendance plutôt nocive. Emmanuelle Seigner, depuis, a enregistré des albums et s'est imposée parmi les chanteuses françaises reconnues.

Quand j’étais chanteur de Xavier Giannoli : Un chanteur de bal populaire, qui se produit ici ou là, rencontre une jeune mère célibataire…, ou comment le titre d’une chanson de Michel Delpech et le chanteur de bal Alain Chanone vont inspirer un film avec Gérard Depardieu et Cécile de France (en compétition au Festival de Cannes). Les scènes de bal font entendre des chansons Julio Iglesias, Sylvie Vartan, Serge Gainsbourg, Daniel Guichard, Dalida, Michel Fugain… avec le pouvoir de rapprocher des cœurs. Un hymne à la variété.

Les chansons d’amour de Christophe Honoré : La plus émouvante association entre Christophe Honoré derrière la caméra et Alex Beaupain à la composition des musiques. Ismaël aime Julie et Alice. Un ménage à trois qui se complique quand Erwan tombe amoureux de Ismaël… Les chansons sont autant de récits de différents troubles amoureux dont elles sont le fil conducteur. Le film (en compétition au festival de Cannes) fait de multiples clins d’œil à ceux de Demy dont Les Parapluies de Cherbourg, évidemment...

Festival d’Albi: Printemps Tunisien, un regard intime sur une jeunesse rebelle

Posté par cynthia, le 24 novembre 2014

Printemps tunisienPrintemps tunisien a été présenté en avant-première aux Oeillades, le festival du film francophone d'Albi (18-23 novembre). Une fiction poignante sur le destin de quatre tunisiens quelques semaines avant la chute de Ben Ali. Alors que la Tunisie vient d'élire démocratiquement son nouveau parlement et choisit aujourd'hui son nouveau Président, le film arrive à point nommé.

Printemps tunisien se déroule à Tunis durant l'hiver 2010. Trois amis musiciens - Fathi, Moha et Walid - vivent leur difficile jeunesse. Entre note de musique, amours cachés et déception, ces amis de toujours vont se serrer les coudes dans un pays dirigé par la corruption, la peur et les humiliations.

Walid, sorte de Brad Pitt, se voit entrer dans le cercle très fermé d'un système qu'il méprise. Fathi le plus romantique, met tout en œuvre pour obtenir son concours et faire la fierté son grand amour la rebelle et blogueuse Noura. Et enfin Moha noie sa fureur dans l'alcool et les siestes. Ces trois garçons vont se battre pour s'en sortir et se laisser métamorphosés par la rébellion qui leur pend au nez.

"La colère est toujours là"

''Ce n'est pas un film sur la révolution mais elle constitue la toile de fond de parcours individuels traversés par ce basculement politique'' confie Raja Amari lors de son passage au Festival d'Albi. Et pour cause sa réalisatrice, nous dévoile le portrait de trois jeunes dans une Tunisie qui s'embrase. Très loin du film révolutionnaire classique, Raja Amari (Satin rouge, Les secrets) signe un film bouleversant qui sait mêler à la fois l'humour et l'émotion. Elle ne se contente pas de centrer son récit sur le Printemps Arabe qui a changé la Tunisie il y a 4 ans, mais elle dresse à la perfection le portrait d'une jeunesse à la recherche de liberté, de plaisir charnel, de respect et de réussite. On est séduit puis pris à la gorge dans ce tourbillon de soleil, d'amour, de musique et de rébellion.

"Grâce au scénario d’Omar Ladgham, j’ai pu pleinement m’approprier le projet. En effet, c’est par le prisme de l’intime qu’il abordait l’événement. (...) . Et il est précieux de regarder dans le rétroviseur, de rappeler sans dogmatisme ce qu’était la dictature, le régime policier de Ben Ali d’autant que de nombreux problèmes ne sont pas résolus et la colère est toujours là" explique la cinéaste.

Printemps Tunisien sera diffusé sur Arte le 18 décembre prochain en attendant qu'un distributeur cinématographique ouvre les yeux sur ce petit bijou bien épicé.

Festival d’Albi: Discount, drôle de casse à Leader Price

Posté par cynthia, le 23 novembre 2014

discountLa comédie Discount, présenté en avant-première aux Oeillades, le festival du film francophone d'Albi (18-23 novembre), se déroule dans un modeste magasin agroalimentaire. Le film est réalisé par Louis-Julien Petit et met en scène les comédiens Olivier Barthelemy, Corinne Masiero, Pascal Demolon, M'Barek Belkouk et Zabou Breitman.

Humain, déroutant et drôle, Discount est une fresque sur l'humanité et l'entraide dans la galère de l'agroalimentaire. ''Solidaires!''

Gilles, Christine, Momo, Alfred et Emma sont tous employés dans un supermarché Hard Discount. Entre mise en rayon et encaissement des produits, le quotidien de ces gens normaux semble sans ombre, jusqu'au jour où leur patronne leur annonce qu'ils risquent d'être remplacés par des caisses automatiques. C'est là que le combat va commencer.

Tous ces personnages, qui doivent se mettre en compétition vont, au contraire, se lier et créer leur propre discount alternative avec la nourriture jetée par les centres commerciaux. Un peu l'inverse de Deux jours, une nuit des frères Dardenne. Est-ce du vol? Du sens social? Le film soulève beaucoup de questions à commencer par celles sur le gaspillage industriel et de la solidarité à tout prix.

Parlons-en justement de cette solidarité! Omniprésente dans le film, mais si rare dans la vraie vie. Elle est la lumière du film ainsi que son moteur. Face à cette bande de collègues/potes qui vont voler de la nourriture pour se faire de l'argent pour finalement aider les familles dans le besoin. Des sortes de Robin des bois de la nourriture qui préfèrent réaliser un casse alimentaire plutôt qu'un casse à la banque.
On est touché par ce groupe solidaire jusqu'au bout des ongles et on en vient à espérer qu'ils ne se fassent pas prendre dans leur soif controversée de sauver leur peau et celle des autres.

Discount est une comédie sociale émouvante, comme on aimerait en voir beaucoup plus dans le paysage français. Et terriblement d'actualité. Rappelons que Les Restos du coeur célèbrent leur trentième anniversaire cette année.

Le film sort le 21 janvier prochain, distribué par Wild Bunch.

Les films de Cannes brillent dans les festivals en Europe

Posté par vincy, le 22 novembre 2014

snow therapy force majeure amour fou party girl cannes 2014

Trois festivals en Europe ont récemment couronné des films en sélection officielle au dernier Festival de Cannes. Particulièrement significatif, cinq films de la sélection Un certain regard ont récolté de nouveaux lauriers.

Le Festival du cinéma européen de Séville (Espagne), qui se tenait du 7 au 15 novembre, a remis son Giraldillo d'or à Force majeure (Snow Therapy) du suédois Ruben Östlund, qui a également reçu le prix du meilleur scénario Le film avait déjà le Prix du jury Un certain regard à Cannes. Il est en course pour le European Film Award du meilleur film. Il sort le 25 janvier 2015 en France.
Le jury présidé par le réalisateur espagnol Carlos Vermut a donné le Giraldillo d'argent L'institutrice de Nadav Lapid, qui avait été présenté à la Semaine de la critique à Cannes. Grand prix du jury sur la Croisette, Les Merveilles d’Alice Rohrwacher a reçu le Prix spécial du jury et le prix de la meilleure actrice pour Maria Alexandra Lungu (ex-aequo avec Arielle Holmes dans Heaven Knows What).
Autre film cannois primé,  Mr Turner: prix du meilleur réalisateur pour Mike Leigh et prix du meilleur acteur pour Timothy Spall, déjà primé pour son interprétation à Cannes. Avec Leviathan, prix du scénario sur la Croisette, le russe Andrei Zvyagintsev a été distingué pour la photographie.
Le prix du public a été décerné au film italien de Paolo Virzi, Les Opportunistes, sorti cette semaine en France. Rare film non cannois à avoir été couronné. D'autant que c'est le Grand prix Un certain regard, White God du hongrois Kornel Mundruczo qui a emporté le Prix Eurimages de la meilleure coproduction européenne.

Pas très loin de l'Andalousie, le Festival du film de Lisbonne et d'Estoril (Portugal) se tenait du 7 au 16 novembre. Amour fou de Jessica Hausner, sélectionné à Un certain regard en mai dernier, a remporté le Prix du meilleur film. Le jury a aussi récompensé Phoenix de l'Allemand Christian Petzold (qui avait reçu le prix de la critique internationale à San Sebastian) et Heaven Knows What des Américains Joshua et Ben Safdie (primé à Séville, Venise et surtout Grand prix à Tokyo). Ingrid García Jonsson a été choisie comme meilleure actrice (La Belle Jeunesse de Jaime Rosales, qui était lui aussi dans la sélection Un certain regard à Cannes. L'actrice a été récemment primée pour son interprétation à Cinespana à Toulouse.

Enfin, en Europe centrale le Festival international du film de Bratislava (Slovaquie), du 7 au 14 novembre, a distingué le cinéma français. Le Grand Prix de la compétition internationale a sacré Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis pour leur premier long métrage Party Girl. Angélique Litzenburger est repartie de son côté avec le prix d'interprétation féminine. A cela ajoutons le Prix du jury étudiant. Le film cumule les lauriers: prix d'interprétation (pour l'ensemble de ses acteurs) par le jury d'Un Certain Regard et Caméra d'or au Festival de Cannes, et le Grand prix au Festival du film de Cabourg. Il est aussi en lice pour le European Film Award du meilleur premier film.

Le jury de Bratislava a donné le prix de la meilleure réalisation à Nguyen Hoang Diep (Flapping in the Middle of Nowhere) et le prix du meilleur acteur à Fabrício Boliveira (Brazilian Western).

Le cinéma du Québec débarque à Paris du 21 au 26 novembre

Posté par vincy, le 21 novembre 2014

Le 18e Festival Cinéma du Québec à Paris s'ouvre aujourd'hui au Forum des Images, et se tiendra jusqu'au 26 novembre. Alors que le dernier film de Xavier Dolan a séduit plus d'un million de Français dans les salles, en plus de recevoir un prix du Jury à Cannes en mai, c'est l'occasion de découvrir d'autres facettes d'un cinéma résistant à l'envahisseur anglo-saxon.
Carole Laure en est la présidente d'honneur et viendra présenter en ouverture son nouveau film, Love Project. la clôture sera assurée par Denys Arcand, avec son nouveau long métrage présenté en avant-première, Le règne de la beauté.

Outre les films, Cinéma du Québec à Paris proposera une Leçon de musique avec Lewis Furey, compositeur, metteur en scène et réalisateur, des Rencontres de Coproduction francophones, dont c'est la 11è édition et une soirée de lectures et d'échanges, "Engagement" autour du poète Gaston Miron, qui fait l'objet d'un documentaire passionnant sur son oeuvre poétique et son engagement politique.

Le festival a sélectionné des fictions et des documentaires (par ordre chronologique des projections).

Qu'est-ce qu'on fait ici? de Julie Hivon qui confronte une bande d'amis à un décès brutal d'un des leurs.

La petite reine d'Alexis Durant-Brault, gros succès dans la belle province qui raconte l'histoire d'une vedette du cyclisme qui doit affronter un scandale de dopage.

Québékoisie de Mélanie Carrier & Olivier Higgins, documentaire sur une réserve amérindienne et les habitants de la Côte-nord du Québec.

Rythmes for Young Ghouls de Jeff Barnaby, qui nous immerge dans le quotidien d'une communauté amérindienne sur fond de thriller et de trafic de marijuana.

Félix et Meira de Maxime Girous, autre joli succès en salles qui fait rencontrer un célibataire excentrique et une jeune maman de la communauté hassidique.

La gang des hors-la-loi de Jean Beaudry, film pour les enfants, avec un jeune héros de douze ans passionné de baseball.

Appel à l'anxiété générale! d'Hélène Klodawsky, documentaire sur deux membres du Thee Silver Mt. Zion Memorial orchestra.

1987 de Ricardo Trogi, où le titre correspond à une année cruciale de l'adolescent Ricardo qui veut perdre sa virginité, entrer dans les bars, avoir une voiture et se faire de l'argent rapidement.

Tu dors Nicole de Stéphane Lafleur, où deux amies en vacances sont perturbées par l'arrivée d'un groupe de musicien, conduisant à l'insomnie du personnage principal.

Alex marche à l'amour de Dominic Lelcerc, documentaire visitant le Nord québécois à 4 km/h, accompagné d'un poème de Gaston Miron.

Miron: Un homme revenue d'en dehors du monde de Simon Beaulieu, documentaire composé d'images d'archives sur le Québec d'autrefois sur le poète Gaston Miron.

Jésus de Montréal de Denys Arcand, prix du Jury à Cannes en 1989 et prix Génie du meilleur film canadien en 1990.

Le règne de la beauté, premier long métrage de Denys Arcand depuis 2007, où un homme qui vit une vie de rêve s'aventure dans une liaison adultère tandis que sa femme, malade, veut se suicider.

Mike Nichols (1931-2014) rejoint Mrs Robinson

Posté par vincy, le 20 novembre 2014

mike nichols

Le réalisateur Mike Nichols est mort aujourd'hui à l'âge de 83 ans. Mikhail Igor Peschkowsky de son vrai nom, Mike Nichols était né en Allemagne en 1931.

Il est l'un des rares artistes a avoir réussi le carré d'as Oscar (1967)/Grammy (1961)/Tony (1964)/Emmy (2001). Audrey Hepburn, Whoopi Goldberg et Mel Brooks font partie de ce club très fermé. Il a également été nominés aux Oscars comme producteur des Vestiges du jour, réalisateur de Working Girl et du Mystère Silkwood.

Fils d'émigrés russes juifs, le new yorkais Mike Nichols a réalisé quelques un des films les plus marquants d'Hollywood au cours de ses quatre décennies d'activité: de Qui a peur de Virginia Woolf ? en 1966 à La Guerre selon Charlie Wilson en 2007, le prince de l'ironie, celui qui donnait ses lettres de noblesses à la comédie transgressive, ce grand observateur des moeurs et des classes sociales, a filmé les plus grandes stars, séduites par son élégante écriture, que ce soit dans le thriller, le drame social, la comédie ou la satire politique. Nichols était avant tout un conteur qui aimait gratter l'Amérique là où ça la démangeait: le féminisme et la parité (les femmes avaient souvent le rôle des puissantes), la corruption en politique, l'absurdité de notre civilisation, l'infidélité et la tentation sexuelle... Il aimait dépeindre la cruauté humaine, jamais trop méchamment, plutôt avec dérision. Cela ne doit pas occulter ses drames: certains de ses films sont même tragiques et sombres. Mais il avait surtout le talent de créer des plans iconiques, de ceux dont on se souvient même sans avoir vu le film. C'est avec délectation mais néanmoins gravité qu'il aimait dépeindre les nantis "décadents" comme les classes laborieuses, les ultraconservateurs comme les candides, les ambitieux comme les honnêtes gens. Son cinéma, parfois subversif, souvent romantique, toujours réaliste, a influencé de nombreux cinéastes. Il avait le sens du rythme, un don pour la direction d'acteur, et ne s'est jamais compromis (hormis pour Le jour du dauphin, qu'il considère comme le film le plus idiot qu'il ait fait). L'image devait toujours être classe. la musique avait une importance déterminante (ses BOF sont parmi les plus soignées et comportent quelques très grands noms). Mais ce sont souvent les silences qui rendaient ses scènes inoubliables. un comble pour un aussi bon dialoguiste. Son objectif était une forme d"pure : le bonheur ne souffre pas d'angles ou d'accidents. Il est fluide, circulaire.

Evidemment son film le plus marquant est Le Lauréat, qui révéla Dustin Hoffman et consacra Anne Bancroft, cougar avant l'heure. Mrs Robinson et ses ce plan inoubliable d'un "puceau" interdit devant une jambe aguicheuse reste sans aucun doute l'un des symboles d'un cinéma américain illustrant la révolution sexuelle des années 60.

mike nichols julia roberts closerUn casting cinq étoiles compose sa filmographie: Elizabeth Taylor (oscarisée pour Qui a peur de Virginia Woolf ?) et Richard Burton, Jack Nicholson (Ce plaisir qu'on dit charnel, avec Candice Bergen, La bonne fortune, avec Warren Beatty, La brûlure, Wolf, avec Michelle Pfeiffer), Meryl Streep (Le mystère Silkwood, avec Cher et Kurt Russell, La brûlure, Bons baisers d'Hollywood, avec Gene Hackman, Shirley MacLaine et Dennis Quaid), George C. Scott (Le jour du dauphin), Harrison Ford (Working Girl, avec Melanie Griffith et Sigourney Weaver, A propos d'Henry, avec Annette Bening), Mathhew Broderick et Christopher Walken (Biloxi Blues), Gene Hackman (The Birdcage, remake de La cage aux folles), John Travolta et Emma Thompson (Primary Colors, qui ouvrit le Festival de Cannes en 1999), Natalie Portman, Jude Law, Clive Owen et Julia Roberts (Closer, entre adultes consentants), Tom Hanks et Philip Seymour Hoffman (La guerre selon Charlie Wilson, avec Julia Roberts de nouveau).

On lui doit aussi l'immense série TV sur les années Sida, Angels in America (avec Al Pacino, Emma Thompson et Meryl Streep).

Mike Nichols s'était fait connaître en 1957, aux côtés d'Elaine May, avec qu'il il forme pendant 4 ans le duo Nichols et May.

En 2010, il a reçu un Life Achievement Award décerné par l'American Film Institute pour l'ensemble de sa carrière. Il a aussi gagné un Golden Globe, un prix du jury à Berlin et deux prix de la Director's Guild (en plus d'un prix honorifique).

Jean Dujardin prépare la suite de Brice de Nice (et rêve d’un nouvel OSS)

Posté par vincy, le 20 novembre 2014

Dans un entretien pour Allociné, Jean Dujardin se verrait bien à la tête de deux franchises: OSS 117 et Brice de Nice.
Pour cette dernière, c'est plus inattendu. L'acteur oscarisé avoue "avoir des envies de Brice de Nice". "Je n'ai aucune raison de le faire et donc je vais le faire" explique-t-il, annonçant que l'écriture de la suite des aventures du surfeur loser était commencée. Est-ce bien raisonnable vu son âge (42 ans) de rendosser sa marque jaune? En tout cas, la suite de Brice de Niiiiice s'appellera "Brice 3 parce que je casse le 2". "Cassééééé!" est devenu le "Okaaaay" des années 2000. Sorti en 2005, le film avait attiré 4,4 millions de spectateurs en France.

Autre envie de Jean Dujardin, reprendre son personnage d'Hubert Bonisseur de la Bath, alias OSS 117. "On me dit OSS 3 et je dis demain. Mais ça dépend aussi de Michel Hazavanicius. Je ne conçois pas de faire le (numéro) 3 sans lui. Comme lui j'espère" précise le comédien.

Le réalisateur de The Artist et The Search a donc répondu, toujours sur Allociné: "Je serais dingue, et lui aussi, de ne pas vouloir retourner à ce personnage-là". Mais pour l'instant, ce n'est qu'une idée: aucun scénario n'est en cours. "Ça passera par un désir fort, une bonne idée et du travail. L'envie théorique, on l'a. C'est un personnage en or massif, avec un acteur en or massif" et "je n'imagine pas faire OSS sans lui", "Quoique..." ajoute-t-il avec ironie.

OSS 117: Le Caire nid d'espions (2006) et OSS 117: Rio ne répond plus (2009) ont enregistré respectivement 2,3 et 2,5 millions d'entrées en France.

Jean Dujardin est actuellement en promotion pour le film La French. Bankable, l'acteur a eu 17 films millionnaires en France. Son dernier véritable flop remonte à 2009 (Un homme et son chien).

Chris Hemsworth, premier héros Marvel élu « homme le plus sexy de l’année »

Posté par vincy, le 19 novembre 2014

crhis hemsworthPeople a rendu son verdict: Chris Hemsworth, l'acteur australien connu pour son personnage de Thor" a été élu "homme le plus sexy du monde" pour l'année 2014. Les deux autres finalistes sont Chris Pratt et Idris Elba.

A 31 ans, ce titre honorifique ne lui rapportera rien d'autre qu'un peu plus de notoriété. Marié à l'actrice espagnole Elsa Pataky, il a confié en réaction à ce prix "marrant": "Maintenant, je peux lui dire: c'est l'opinion de la majorité, alors je n'ai plus à faire la vaisselle ou à changer les couches. Je suis au-dessus de ça."

"Grâce à vous, je vais pouvoir rouler des mécaniques pendant au moins deux semaines à la maison", se moque-t-il dans People. C'est le troisième Australien à emporter le titre. Mais c'est aussi le premier héros Marvel distingué.

L'an prochain, Chris Hemsworth sera à l'affiche de Avengers: L'ère d'Ultron avec Robert Downey Jr. (jamais gagnant du magazine People), Blackhat de Michael Mann et In the Heart of Sea de Ron Howard. Il tourne actuellement Vacation de John Francis Daley et Jonathan M. Goldstein et prépare The Huntsman de Frank Darabont avec Charlize Theron. On le retrouvera également dans le troisième épisode de Thor (Thor: Ragnarok) en 2017.

People décerne ce prix très médiatique tous les ans depuis 1985. Deux James Bond, quatre double vainqueurs, quelques quinquas... Voici les vainqueurs années après années:
Mel Gibson (Premier gagnant), Mark Harmon (sérieux?), Harry Hamlin (qui ça?), John F. Kennedy, Jr. (Gagnant le plus jeune et le seul qui n'est pas un acteur), Sean Connery (à 59 ans il est le gagnant le plus âgé), Tom Cruise, Patrick Swayze, Nick Nolte (à 51 ans), Richard Gere ET Cindy Crawford (devenu le seul « Couple le plus sexy », une exception), Brad Pitt (lauréat 1995), Denzel Washington (seul gagnant Afro-americain), George Clooney (lauréat 1997), Harrison Ford (à 56 ans), Richard Gere (premier double vainqueur), Brad Pitt (deuxième double vainqueur), Pierce Brosnan (deuxième James Bond), Ben Affleck, Johnny Depp (lauréat 2003), Matthew McConaughey (déjà), George Clooney (troisième double vainqueur), Matt Damon, Hugh Jackman (deuxième australien), Johnny Depp (quatrième double vainqueur), Ryan Reynolds, Bradley Cooper, Channing Tatum et l'an dernier Adam Levine (premier chanteur).

Le Festival du film asiatique de Deauville annulé en 2015

Posté par vincy, le 18 novembre 2014

"Les contraintes financières liées essentiellement à l'insuffisance des financements publiques (à l'exception de celui de la ville, principal partenaire) et privées nous amènent à le reformater, le modifier, le réorganiser" explique le communiqué du Public Système Cinéma pour justifier l'absence d'une 17ème édition du Festival du film asiatique de Deauville en 2015. Le Public Système Cinéma organise plusieurs festivals dont celui du Festival du film américain toujours à Deauville, qui lui-même est fragile.

Dans Le Figaro, Bruno Barde, patron de la manifestation précise que "Cela fait des années que nous produisons à perte, malgré la qualité de talents présents chaque année. Nous cherchons d'autres partenaires, mais dans la culture, il s'agit surtout de sponsors privés." L'annulation est temporaire. Une année 2015 sans ce festival.

Selon lui, "Le cinéma asiatique demeure un marché difficile, qui ne représente qu'1% des entrées en France. La réalité économique nous rattrapent. (...) La décision a été unanime entre les différents partenaires: la ville de Deauville, le Centre International de Deauville et nous."

"Plus personne ne soutient ce qui est exigeant de nos jours. Tout le monde confond notoriété et talent"

Mais Bruno Barde ne veut pas y voir qu'une affaire d'argent. A juste titre, dans l'entretien, il déplore "qu'on ne parle que de Nabilla ou de vedettes" à la télévision. "Malheureusement, un réalisateur comme Kurosawa ne reste connu que par les spécialistes. L'Asie produit énormément: Hong Sangsoo, Park Chan-Wook... Les médias ne parlent que de Takeshi Kitano et de Wong Kar Waï! Et encore... Le problème, mais cela ne devrait pas en être un, c'est que le cinéma asiatique ne se repose pas sur des vedettes." Et il ajoute : "Plus personne ne soutient ce qui est exigeant de nos jours. Tout le monde confond notoriété et talent. Le premier est constamment honoré. Si le talent se voyait soutenu, nous aurions plus de publicité et donc plus de sponsors. Malheureusement, le talent passe à la trappe."

De plus en plus de festivals sont fragilisés depuis la crise de 2007/2008. A commencer par Paris Cinéma dans la capitale. Et les sponsors privés préfèrent se concentrer sur les gros événements (récemment le Festival de Cannes a signé un contrat pluri-annuel avec le groupe de Pinault, Kering).

Si le cinéma asiatique disparaît de la côte normande, on peut toujours se consoler: le plus grand événement du genre en Europe, le Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul tiendra sa 21ème édition du 10 au 17 février prochain.