Zoriah Miller, photographe de guerre: « Juliette Binoche est vraie, c’est une vraie professionnelle »

Posté par cynthia, le 12 mai 2015, dans Films, Personnalités, célébrités, stars.

Très occupé par son travail de photographe spécialisé dans l'humanitaire, c'est par mail que nous avons eu la chance d'échanger avec Zoriah Miller, célèbre photographe de guerre qui a coaché Juliette Binoche sur le tournage du film L'Épreuve (en salles depuis mercredi).

Écran Noir: Comment êtes-vous arrivé à ce travail de photojournaliste?
Zoriah Miller: C'est une histoire assez longue mais voici la version condensée: après la fac, j'ai dirigé un petit magasin de disque à l'est de la ville de New York. J'adorais ce job mais je voulais vraiment trouver une profession qui me permette de voyager, de vivre des aventures, de l'excitation et aussi d'aider les plus démunis. Le 11 Septembre, j'ai été très proche des tours jumelles du World Trade Center, à New York, et cet évènement m'a réellement affecté.
J'ai donc passé un an et demi à étudier la gestion des catastrophes et l'aide humanitaire dans les pays en développement. Je me suis retrouvé à travailler durant une courte durée avec La Croix Rouge mais j'ai vraiment détesté. Je ne savais pas combien de paperasserie et de bureaucratie étaient impliqués et ce n'était tout simplement pas quelque chose que je pouvais traiter.
J'ai acheté un appareil photo d'occasion et un billet d'avion, puis je me suis documenté sur les catastrophes dans les pays du tiers monde, dans l'espoir d'ouvrir les yeux de l'occident sur la souffrance qui se passe dans le monde. Mon champ a rapidement été élargi. Je suis passé des catastrophes aux questions sociales telles que le SIDA, les orphelins, la pauvreté et enfin la guerre.

EN: Racontez-nous une journée type?
ZM: Et bien, ma journée la plus type n'est pas du tout type. Un jour je peux me réveiller dans une tente dans un camp de réfugiés et trois jours après dans un superbe hôtel à préparer mes conférences universitaires. Il y a peu de constance dans ma vie mis à part les aéroports où je passe une grande partie de ma vie. Je travaille normalement dans environ 20 pays par an. Je passe le reste de mon temps à voir ma famille entre deux avions. Je prends beaucoup de photos, je passe beaucoup de temps sur mon ordinateur et j'enseigne cinq à six fois par an à l'université.

EN: Comment avez-vous dirigez Juliette Binoche sur le tournage?
ZM: J'ai passé beaucoup de temps à discuter avec Juliette Binoche avant de la rencontrer sur le tournage. Nous avons passé de nombreuses heures au téléphone et elle était désireuse de comprendre ma vie, mon travail et ma lutte. Le premier jour au Maroc nous sommes sortis dans la rue pour photographier des personnes réelles dans des situations réelles. Je pensais que ça devait être important pour elle de ressentir ce que c'est de soulever un appareil face à un étranger. J'étais sur le tournage tous les jours afin de répondre à ses questions et lui montrer comment je pouvais gérer un certain type de situation dans la vie réelle. Nous nous rencontrions le soir après le tournage afin de discuter davantage.
Juliette a été au-delà d'une simple interprétation. Elle est vraie, c'est une vraie professionnelle. Elle comprends comment utiliser un appareil mieux que n'importe quel professionnel lorsque nous avons commencé à tourner. Chaque détail était important pour elle et c'est pour cela que le film est aussi bien et réaliste.

EN: Quel est le meilleur, le pire de votre travail?
ZM: Je pense que le meilleur dans mon travail, ce sont les expériences que j'ai pu avoir. De plusieurs façons, mon travail a été mon passeport pour voir et pour comprendre des choses que je n'aurais jamais pu imaginer. J'ai été assez chanceux pour rencontrer des gens incroyables et voir des choses magnifiques. Je ne pense pas que j'ai raté quelque chose dans ma vie.
Mais c'est aussi l'une des pires choses de ce travail. J'ai vu des choses que j'aimerais oublier mais que je ne peux pas oublier. J'ai vu certaines choses que personne n'a pu voir et de ce fait, cela créer un fossé entre les gens et moi. Parfois, je sens que j'en ai trop vu.

EN: Voudriez-vous faire un film sur votre vie?
ZM: Non, ma vie me semble inintéressante... Je préférerais plutôt entendre parler de la vie des autres que de la mienne.

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