Cannes 2015 : La légende de la Palme d’Or, 60 ans, un docu et des témoignages prestigieux

Posté par kristofy, le 17 mai 2015, dans Cannes, Festivals, Films, Prix.

Cette année c’est le 68e Festival de Cannes, mais ce n'est que le 60e anniversaire de la Palme d’Or. Le plus prestigieux des trophées du cinéma est à la fois un objet de fantasme et symbolise un film considéré comme un chef-d’œuvre. La Palme d’Or et son histoire (surtout récente) est l’objet d’un documentaire qui vient donc d’être découvert dans son berceau, le Festival de Cannes, en séance spéciale. L’objet a changé de design et de présentation. Depuis quelques années, il est en or 18 carats élaboré par le joaillier Chopard, à la fois partenaire du festival et mécène de ce documentaire. On y voit quelques séquences à propos de la fabrication (jusqu'à l’extraction de l’or en Colombie).

La légende de la Palme d’Or réalisé par Alexis Veller est d’ailleurs en lice cette année à la fois pour le prix de la Caméra d’Or (c’est un premier film) et pour le prix l’œil d’Or du documentaire. A la projection, il y avait donc le jury emmenés par Sabine Azéma (avec aussi Delphine Gleize, Yann Gonzelez…) et celui de Rithy Panh (avec aussi Nicolas Philibert, Irène Jacob…). Dans la salle étaient aussi présents d’autres invités comme le producteur Harvey Weinstein et le chanteur Robbie Williams.

Ce documentaire invite une poignée de réalisateurs à faire part de leurs souvenirs à propos de leur Palme d’Or à eux. Témoignages, en vrac.

Wim Wenders, Palme d’Or 1984 pour Paris-Texas, évoque un fardeau qui l'aurait empêché de tourner durant 3 ans. En 1989 quand il était à son tour président du jury, il a remis ce trophée à un tout jeune cinéaste inconnu de 26 ans : Steven Soderbergh pour Sexe, Mensonge et Vidéo.
Steven Soderbergh révèle l'anecdote savoureuse à propos du destin : cette année là Wenders était président à la place de Francis Ford Coppola initialement prévu, et son film était d’abord à Un Certain Regard avant d’être placé en compétition officielle à la place d’un film de Dennis Hopper...
Emir Kusturica est lui l’un des rares cinéastes à avoir gagné deux Palme d’Or (en 1985 avec Papa est en voyage d’affaire, puis en 1995 pour Underground). Absent lors de la clôture pour sa première Palme, le prix avait été pris sur scène par son producteur que beaucoup ont confondu avec lui. C’est Kusturica devenu à son tour président qui fera des frères Luc et Jean-Pierre Dardenne les récipiendaires d’une deuxième Palme d’Or (en 2005 pour L’enfant, après celle en 1999 pour Rosetta).
Ils nous apprennent que c’est la direction du Festival de Cannes qui, le dernier jour après les délibérations du jury, les prévient par téléphone que leur présence est souhaitée pour la cérémonie de clôture, sans préciser pour quel prix.
Nanni Moretti confie qu’il aurait bien aimé avoir un autre prix après sa Palme d’Or en 2001 pour La chambre du fils, mais en 2006 pour Le Caiman il a attendu vainement un coup de téléphone qui n’est jamais arrivé. Le cinéaste italien avait d’ailleurs pris soin de garder sa palme avec lui dans l’avion. Mais en arrivant chez lui, il s’est aperçu qu’il avait en fait oublié le sac dans l’aéroport (qu'il a vite retrouvé).
En général la plupart des cinéastes interrogés confie avoir rangé ce trophée à l’abri, dans un placard de leur bureau. Sauf Apitchatpong Weerasethakul qui lui en fait don à la cinémathèque de Thaïlande. Ainsi en 1994 Quentin Tarantino avait été prévenu de ne pas repartir de Cannes. Une rumeur évoquait Trois couleurs : Rouge de Kieslowski, alors il pensait avoir un prix du scénario ou celui de la mise en scène ou alors un prix d’interprétation pour John Travolta ou un prix spécial au fur et à mesure de l’énonciation des différents prix. Puis est venue l’annonce de la Palme d’Or : le jury de Clint Eastwood et Catherine Deneuve avait choisi Pulp Fiction ! Il entrait ainsi dans le panthéon des meilleurs cinéastes du monde.
Seule femme à avoir gagné ce prix, Jane Campion (en 1993 pour La leçon de piano) évoque un souvenir plus douloureux : à l’époque du festival elle était enceinte, mais son bébé est décédé quelques jours après sa naissance. Elle a mis du temps à reconsidérer cette récompense.
Martin Scorsese se rappelle de sa Palme d’Or (en 1976 pour Taxi Driver) et considère sa récompense comme la plus précieuse, celle qui symbolise un encouragement à devenir plus audacieux dans ses films suivants.

C’est Emir Kusturica qui aura la phrase qui résume le pouvoir de la Palme d’Or : « ce n’est pas comme les Oscars, la Palme d’Or c’est un jugement esthétique ».

Et enfin, une devinette : quel acteur américain est au générique de trois films qui ont gagnés la Palme d’Or ?

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