Des nez qui saignent, des forêts, de l’amour et des morts… florilège de ce qu’on a vu à Cannes 2015

Posté par vincy, le 25 mai 2015

Cannes est un portfolio où des cinéastes venus du monde entier nous proposent une photographie du monde. Si la compétition était tiède, l'ensemble des sélections étaient quand même d'un niveau assez élevé pour ne pas sortir déprimé de cette quinzaine. De Vice-Versa à Mad Max, de Miguel Gomes à Naomi Kawase, d'Apitchapong Weerasethakul à Arnaud Desplechin, il y avait de quoi satisfaire pleinement l'appétit cinéphile.

Cette année, pour sa 68e édition, l'album de la compétition est peu joyeux, même si on ajoute les films hors compétition.

Des arbres

Qu'avons-nous vu finalement lors de ce marathon cinématographique? Des forêts. Ah du bois, du sous-bois et des arbres, il y en avait. Japonaise et morbide dans La forêt des songes, mythologique et remplie de secrets dans Tale of Tales, chemin vers la liberté ou vers la mort dans l'épilogue du Fils de Saul, abritant la maison chic de la famille de Plus fort que les bombes, entourant l'hôtel non moins chic de Youth, lieu de chasse à l'homme dans Macbeth, résidence des "Célibataires" dans The Lobster... Mais si on ne devait en retenir qu'une, ce serait celle de The Assassin, sublimée par Hou Hsiao-hsien, et où l'on y livre un combat magnifique, avec une musique mixant sons électroniques et mélodies folkloriques.

Du sang

Il y a aussi eu beaucoup de nez qui saignent. Symptôme qui traduirait quelques angoisses. Et plus généralement, il y a eu du sang: sur les mains, les visages, les corps... La mort n'était jamais très loin. Ainsi, sur les 19 films en compétition, seuls La Loi du marché, Mon roi et Carol n'ont aucun mort sur la conscience. Des films comme Notre petite soeur, La forêt des songes, Plus fort que les bombes, Dheepan, Macbeth et Valley of Love amorcent leur histoire avec des fantômes, hantées par un enterrement. Le Fils de Saul, film sur les camps de concentration, est un portrait de l'horreur humaine quand il s'agit d'industrialiser la mort. A Cannes on meurt bouffée par les chiens (The Lobster), de maladie ou d'accident (Notre petite soeur, Mia Madre, La forêt des songes, Plus fort que les bombes, Mountains May Depart, Chronic), de décapitation, égorgement ou autres homicide volontaire et peine capitale (Marguerite et Julien, Macbeth, The Assassin, Tale of Tales), à coups de flingues (Sicario), à coups de machettes (Dheepan), ou en se suicidant (Youth, Valley of Love).

De l'amour

Mais rassurez-vous, il y a aussi de l'amour. Si la chair a manqué (on comprend mieux la programmation de Love en séances spéciales), au point de ne retenir que deux scènes de sexe, dans le Haynes et le Donzelli, l'amour était présent. De l'amour passionnel à l'amour parental, de l'amour filial à l'amour intergénérationnel, qu'il soit déviant ou dérangeant, les variations ont été multiples. Il conduit à la folie, la possession, la démence, la déprime, la jalousie dans Tale of Tales, Macbeth, Youth, Mon roi, The Lobster, The Assassin, Marguerite et Julien et même Mia Madre... Qu'il soit entre soeurs, mère et fils, père et fille, roi et reine, frère et soeur, parents divorcés, prof et élève, deux femmes, père et fils handicapé, etc... l'amour a pris toutes les couleurs. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il est rarement serein et que les happy ends sont loin d'être la norme. L'amour est donc plus fort que tout, au point d'être dévastateur le plus souvent.

De la noirceur

Thanatos, Eros (et psyché), cette compétition était aussi un portrait sombre et pessimiste de notre société. Dans Notre petite soeur, les dettes s'accumulent pour la propriétaire du restaurant, dans The Lobster, les individus n'ont d'autres choix que d'être célibataires ou mariés, avec des règles tyranniques dans les deux cas, dans Carol, une femme doit choisir entre la convention et la marginalité, dans La loi du marché, l'emprise de l'entreprise se confronte au chômage et à la précarité qui rendent vulnérables et faillibles les individus, dans Sicario, le trafic de drogue conduit à la guerre et à des actes illégaux de la part des hommes de Loi, dans Mountains May Depart, les mines ferment et les profiteurs du régime s'exilent, dans Dheepan, les cités sont en feu et les immigrants sont malheureux, dans Chronic, les malades sont dépendants de traitements ou choisissent une fin de vie hors périmètre légal... L'Homme est ainsi fragilisé, prisonnier des autres, d'un système ou de la société. Qu'on trouve un rare bonheur dans l'exil, le divorce, une démission, l'amour ou un peu de gloire, l'amertume n'est jamais loin.

Des femmes

On s'attendait à une édition véritable féminine et même féministe. En fait il n'en est rien. Enfin, n'exagérons pas. Mais, à l'instar de la Palme d'or, la compétition était surtout virile, pleine de testosérone. Mettons de côté Woody Allen, Mad Max, Le petit prince et Vice-Versa, qui ont mis au coeur de leur histoire une femme ou une fillette, le sexe faible reste encore affaiblit ou parfois, pire, amoché, par les cinéastes.

Il y a quelques exceptions. Notre petite soeur, Tale of Tales, The Lobster, Mia Madre, Carol, Mountains May Depart, Dheepan, The Assassin et Valley of Love proposent tous un ou plusieurs personnages féminins forts: des décideuses, des dirigeantes, des déterminées, des dominantes. Mais à l'inverse on va continuer de se désoler de voir qu'une femme est forcément hystérique (Mon roi), alcoolique (La forêt des songes), suicidaire (Plus fort que les bombes) quand ses amours vont mal. Ne parlons pas de Lady Macbeth, réduite au rôle de simple conseillère dans Macbeth. Quand elle n'est pas tout simplement malade et dépendante des hommes (Chronic, La forêt des songes). La femme forte de Sicario se mue en observatrice passive qui regarde les hommes jouer aux soldats sans elle. Même chez Sorrentino, elle n'est qu'un faire valoir des désirs masculins: Miss Univers (qui en a dans la tête quand même), fille de (qui ne semble pas avoir d'existence autre) ou égérie.

La femme reste souvent l'épouse d'un mâle, névrosée la plupart du temps. En cela, les jeunes femmes de Notre petite soeur, les célibataires de The Lobster, la réalisatrice de Mia Madre, les amoureuses de Carol, la super flic de Sicario, les héroïnes de Mountains May Depart, la combattante de The Assassin font exception. La vie dans l'ombre d'un homme n'est pas forcément signe d'une aventure heureuse. Au moins, ici, les personnages féminins ne tombent pas dans un cliché d'une autre époque.

Cannes 2015: un palmarès très socio-politique et un peu romanesque

Posté par redaction, le 24 mai 2015

Pas de Cate Blanchett (incompréhensible) aux côtés de Rooney Mara. Pas de Sorrentino ni de Moretti (favori de la critique française). Pas de Jia Zhang-ke. Bref, comme toujours, il y a de gros oublis, des choix étranges dans le classement, et même des injustices. On se félicitera de quelques récompenses pour The Lobster, Vincent Lindon (enfin!), Hou Hsiao-hsien, le premier film de Laszlo Nemes... Le cinéma français est arrivé en force ce soir. Le jury des frères Coen a surtout donné une tonalité socio-politique à son palmarès: l'immigration et les cités chez Audiard, les camps de concentration chez Nemes, la diplomatie plutôt que la guerre chez HHH, les chômeurs et précaires chez Brizé, la fin de vie chez Franco.

Trois parcours romanesques ont pu quand même séduire les jurés: dans un monde dicté par des normes tyrannique, on cherche le grand amour chez Lantimos, l'amour est transgressif et pudique chez Haynes, passionnel et douloureux chez Maïwenn.

Mais ce qu'on retiendra de cette 68e édition, c'est l'absence d'un très grand film et la multiplication de bons films aux regards acérés et esthétiques assumés. Quitte à prendre de forts risques qui ont souvent divisé les festivaliers.

Palme d'or: Dheepan de Jacques Audiard

Grand prix du jury: Le fils de Saul de Laszlo Nemes

Prix de la mise en scène: Hou Hsiao-hsien pour The Assassin

Prix d'interprétation masculine: Vincent Lindon pour La loi du marché. "C'est la première fois que je reçois un prix dans ma vie."

Prix du jury: The Lobster de Yorgos Lanthimos

Prix d'interprétation féminine: Emmanuelle Bercot pour Mon Roi et Rooney Mara pour Carol

Prix du scénario: Michel Franco pour Chronic (Mexique)

Palme d'honneur: Agnès Varda, "Palme de résistance et d'endurance". "Cette palme dorée sera placée dans un placard à côté de celle de Jacques [Demy]".

Caméra d'or du meilleur premier long métrage: La tierra y la sombra de César Augusto Acevedo (Colombie)

Palme d'or du court métrage: Waves'98 de Ely Dagher (Liban)

Cannes 2015: Carte postale d’Iran

Posté par vincy, le 24 mai 2015

Pour terminer notre série "Carte postale de Cannes", nous avons choisi l'Iran. A Cannes, Berlin, Venise, le cinéma iranien n'a jamais été en manque de reconnaissance. Et dès que la censure ou la justice de ce pays malmène les cinéastes, on peut compter sur les trois grands festivals pour défendre ou offrir une tribune aux réalisateurs iraniens, et bien entendu sélectionné leurs oeuvres.

depuis près de 25 ans, l'Iran s'invite à Cannes. Depuis plusieurs décennies, Venise et Berlin lui servaient de vitrine. Mohsen Makhmalbaf, Abolfazl Jalili, Babak Payami, Reza Naji, Parviz Kimiavi, Sohrab Shahid Saless, Shirin Neshat, Saman Salvar, Abolfazl Jalili, Hassan Yektapanah, Bahman Ghobadi, Niki Karimi sont autant de cinéastes primés ici et ailleurs. A Cannes, l'exilée Marjane Satrapi et Samira Makhmalbaf ont reçu le prix du jury. La Caméra d'or à été décernée à Mohsen Amiryoussefi (2004), Hassan Yektapanah (2000), Bahman Ghobadi (2000), Jafar Panahi (1995). Kiarostami (Palme d'or mais aussi Leopard d'or à Locarno), Asghar Farhadi (Ours d'or à Berlin) et bien sûr Jafar Panahi (Ours d'or, Lion d'or à Venise, Caméra d'or et Carrosse d'or à Cannes et Léopard d'or) sont les trois grandes figures du cinéma iranien contemporain.

Les deux premiers préfèrent aujourd'hui tourner à l'étranger. Le troisième est devenu l'emblème d'un cinéma persécuté. Cinéaste condamnée à rester chez lui, à ne plus filmer, il contourne sa sanction judiciaire en tournant clandestinement. Son dernier film, le magnifique Taxi Téhéran, prouve une fois de plus que le cinéma n'est pas une question de moyens mais de regard. La censure a toujours été contournée d'une manière ou d'une autre, par un formalisme (allégories) ou par des métaphores. Lui va beaucoup plus loin en bravant le pouvoir iranien, et en tournant dans des lieux "clos", tout en dénonçant l'absurdité du jugement qu'il subit.

L'Iran est un grand pays de cinéma, mais il reste liberticide. Il y a bien un cinéma d'auteur international, produit périlleusement, avec l'appui de partenaires étrangers, souvent interdits dans le pays (mais tacitement et hypocritement accepté, au nom d'une forme de gloire chauvine) et un cinéma grand public, acceptée voire financée par l'Etat dès qu'il s'agit de prosélytisme. Des films comme Une séparation sont l'exception. Quant au cinéma farsi, des romances simples avec des scènes de bagarre ou de danse, ils restent les plus populaires.

Car le cinéma iranien est loin d'être mort. Il renaît même, dans une certaine mesure. On y produit entre 70 et 90 films par an, mine de rien. De nouvelles salles s'ouvrent. Et si les films étrangers se passent sous le manteau, en version piratée, les Iraniens continuent d'aller en salles. Certains films dépassent le million d'entrées.

Cannes 2015: Carol, Queer Palm distinguée

Posté par vincy, le 24 mai 2015

La Queer Palm 2015 a été décernée au Silencio samedi 23 mai, dans une salle bondée (open bar en bonus).

Le jury de la Queer Palm présidé par l’actrice et réalisatrice américaine Desiree Akhavan a récompensé Carol, de Todd Haynes, film de la compétition dans le cadre de la Sélection officielle. C'est la première fois qu'un film en lice pour la Palme d'or emporte la Queer Palm. Carol a reçu le prix "pour ses performances à fendre le cœur, pour sa mise en scène soignée et distinguée, pour sa maîtrise impressionnante de l’art cinématographique."

Une mention spéciale a été attribuée à un autre film de la compétition, The Lobster de Yorgos Lanthimos, "un film qui ne contient aucun élément “gay”, mais qui se démarque par la manière dont il se moque des normes sociales absurdes et des conventions sur les relations sexuelles. Une allégorie parfaite, qui fait écho à un manque de représentation ouvertement gay à Cannes."

Enfin, la Queer Palm du court-métrage est revenue au film chilien Locas Perdidas (Lost Queens) d’Ignacio Juricic Merillan, qui a aussi reçu le 2e prix de la Cinéfondation.

Après deux heures de cérémonie, les fidèles de la Queer Palm ont terminé le Festival au Vertigo, avec la légendaire Miss Koka.

Cannes 2015: notre palmarès idéal et celui de nos cauchemars

Posté par redaction, le 24 mai 2015

Imaginons un anti-palmarès cannois. Ceux qu'on ne veut pas voir dans certaines catégories.

Voilà ce que cela donnerait après une 68e édition assez tiède et sans grand favori évident.

Anti-palmarès

- Palme d'or: Dheepan ou à La forêt des songes
- Grand prix du jury: Plus fort que les bombes
- Prix de la mise en scène: Justin Kurzel (Macbeth) au style pompier ou Gus Van Sant qui n'a plus de style
- Prix d'interprétation féminine: Naomi Watts qui fait du Naomi Watts dans La Forêt des songes
- Prix d'interprétation masculine: Vincent Cassel qui fait du Vincent Cassel dans Mon roi
- Scénario: La forêt des songes ou Notre petite soeur
- Prix du jury: Mia Madre

Mais bon, nous avons aussi aimé des films, malgré leurs défauts pour certains ou leur radicalisme pour d'autres. Et si nous étions jurés, voilà ce que nous aurions choisi.

Palmarès de Vincy

- Palme d'or: The Lobster
- Grand prix du jury: Le fils de Saul
- Mise en scène: Paolo Sorrentino (Youth)
- Actrices (ex-aequo): Cate Blanchett et Rooney Mara pour Carol
- Acteur: Vincent Lindon (La loi du marché)
- Scénario: Mountains May Depart
- Prix du jury: The Assassin

Palmarès de MpM

- Palme d'or: Le fils de Saul
- Grand prix du jury: The Assassin
- Mise en scène: Paolo Sorrentino (Youth)
- Actrice: Rooney Mara pour Carol
- Acteur: Vincent Lindon (La loi du marché)
- Scénario: The Lobster
- Prix du jury ex-aequo: Chronic / Marguerite et Julien

L’instant Glam’: ce n’est qu’un au revoir…

Posté par cynthia, le 24 mai 2015

Oyé Oyé cinéphiles! Sortez vos mouchoirs, la compétition touche à sa fin ainsi que le festival. Marion Cotillard et Michael Fassbender clôturent la compétition avec MacBeth. Résumé de cette "dernière" montée des marches de la Compétition.

Du glamour, des horreurs... la routine en somme

Nous commençons notre petit tour des invités avec Marion Cotillard jolie à souhait dans une robe courte et brillante. La star mondiale qui meurt comme personne a su perpétuer une réputation de fashionista en s'affichant avec brio dans une robe lumineuse. Niveau coiffe c'est bien mieux qu'hier, puisqu'elle a laissé sa chevelure dans le vent. Pas de plaqué raté pour ce soir... oh mon Dieu, aurait-elle lu l'instant Glam' d'hier?

Celui qui devrait le lire par contre c'est Xavier Dolan, fraîchement débarqué sur le tapis rouge avec un costume indéfinissable à mi-chemin entre la nappe de mamie et la couverture de papy. Couvert de croix partout il nous a donné envie de jouer au morpion sur son corps... et plus si affinités! Même désarroi face à la tenue de Sienna Miller un genre de rideau de cuisine des années 30, tout comme Alice Vikander en robe argentée façon aluminium (dites donc, c'est un vrai pique-nique) et celle de Rossy De Palma prête pour Halloween six mois à l'avance. À l'inverse de ce bal des horreurs qui devraient renvoyer les stylistes à leurs études, nous trouvons la belle Elizabeth Debicki. Découverte dans Gatsby le magnifique, l'actrice australienne a coupé le souffle des festivaliers dans une robe blanche somptueuse.

Tiens tiens, votre bassin commence à remuer sur votre fauteuil, vous avez des sueurs froides et vous vous frottez à vos meubles tel un chat sur vos jambes... tout ce qu'il y a de plus normal puisque Michael Fassbender est sur le tapis rouge. Beau, sexy et classe, il mériterait un tapis rien que pour lui tant l'acteur illumine notre soirée. Nous avons juste envie de (re)voir le film Shame histoire d'en (re)voir un peu plus...

Demain aura lieu la remise des prix qui récompensera les films nommés (nous prions pour Carol) et ce sera la fin. Une année de plus qui s'achève, les meilleures choses ont une fin, nous devons nous quitter...pour mieux nous retrouver l'année prochaine.

Cannes 2015 : Un certain regard se porte sur l’Islande, l’Asie et l’Europe de l’Est

Posté par MpM, le 23 mai 2015


"L'expérience d'avoir visionné dix-neuf films, en provenance de vingt et un pays différents reste en notre mémoire. Nous avons l'impression de prendre un avion et de survoler notre planète et ses habitants... N'importe quel anthropologiste nous envierait." C'est avec ces quelques mots qu'Isabella Rossellini, présidente du jury Un certain regard, a résumé les dix jours qui viennent de s'écouler.

Elle a également tenu à "exprimer personnellement [sa] gratitude envers le festival pour avoir choisi [sa] mère Ingrid Bergman pour l'affiche du 68e Festival de Cannes". "Mamma plane au-dessus de nous tous, réalisateurs et cinéphiles, tel un ange gardien", a-t-elle souligné.

Le jury de la section Un certain regard a récompensé six des dix-neuf longs métrages qui concourraient cette année, privilégiant les films venus d'Asie (trois sur six) et d'Europe de l'Est (2 sur 6). Le prix principal a été accordé à Hrutar de Grimur Hakonarson (Islande) qui met en scène deux frères éleveurs de moutons fâchés depuis quarante ans. Le réalisateur Kiyoshi Kurosawa, habitué du festival de Cannes où il a présenté Jellyfish en compétition en 2003, a également été distingué pour la mise en scène de Vers l'autre rive.

Le palmarès, équilibré, récompense ainsi tous les styles cinématographiques, du film fantastique à la chronique plus intimiste en passant par la fable sociale, et fait la part belle aux jeunes cinéastes en décernant un prix spécial à deux premiers films : Masaan de Neeraj Ghaywan (Inde) et Nahid d'Ida Panahandeh (Iran).

Prix un Certain Regard
Hrutar (Rams) de  Grimur Hakonarson

Prix du jury
Zvizdan (The High Sun) de Dalibor Matanic

Prix de la mise en scène
Kiyoshi Kurosawa pour Kishibe no tabi (Vers l'autre rive)

Prix Un Certain Talent
Comoara (Le trésor) de Corneliu Porumboiu

Prix de l'avenir ex aequo
Masaan (Fly away solo) de Neeraj Ghaywan
Nahid d'Ida Panahandeh

Cannes 2015: Carte postale d’Australie

Posté par vincy, le 23 mai 2015

cinéma en plein air à Broome en Australie

C'est loin l'Australie. Il n'y a même pas de vols directs en provenance d'Europe. Cela n'empêche pas de voir de plus en plus de films en provenance de ce pays-continent. D'autant plus qu'il souffle un vent nouveau du côté des auteurs.

Cependant, tout n'est pas rose "Down Under". Le pays est un coproducteur international important, un lieu de tournage pour Hollywood. Mais à peine 50 films (les très grandes années) y sont produits. La part de marché des films australiens est même famélique, dépassant rarement les 10%. Le dernier gros triomphe date de 1986 avec Crocodile Dundee. Bien sûr quelques films ont fait exception plus récemment, comme Australia, Happy Feet ou Moulin Rouge! Des arbres qui cachent le désert.

On est loin du faste des années 75-95, avec des succès comme Mad Max, Babe, Muriel's Wedding, Priscilla folle du désert et des auteurs exportés à Hollywood tels Peter Weir, George Miller, Phillip Noyce, Russell Mulcahy, Bruce Beresford, Alex Proyas et Fred Schepisi. Sans oublier le chef opérateur de Wong Kar-wai, Christopher Doyle (récompensé à Cannes par le Grand prix de la Commission Supérieure Technique pour In the Mood for Love).

Depuis quelques années, le cinéma australien, vieux de 109 ans, connaît une véritable renaissance et une reconnaissance internationale. Ainsi, Warwick Thornton ramène au pays une Caméra d'or en 2009 avec Samson et Delilah. Une première depuis 1996 et Love Serenade de Shirley Barrett. Le vétéran Rolf de Heer a été récompensé deux fois à Un certain regard, en 2006 et l'an dernier. De Justin Kurzel à David Michôd, d'Andrew Dominik à James McTeigue, une nouvelle génération apparaît sur les écrans, principalement dans des films de genre.

Cannes 2015 : Hommage à Roger Deakins, chef op des frères Coen, de Denis Villeneuve et de Sam Mendès

Posté par kristofy, le 23 mai 2015

Pour sa 3e édition, le Prix Pierre Angénieux Excellens in Cinematography, remis hier au Festival de Cannes, a rendu hommage à un directeur de la photographie. Après Philippe Rousselot et Vilmos Zsigmondn c'est le britannique Roger Deakins, directeur de la photographie de Barton Fink la Palme d'or des frères Coen, qui a été honoré. Cette année, Deakins est en compétition en tant que directeur de la photographie de Sicario, réalisé par Denis Villeneuve.

12 fois nommé à l'Oscar, Commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique en reconnaissance de son travail depuis ses débuts en 1975, Deakins a été directeur de la photographie de films comme 1984 de Michael Radford, Les évadés de Frank Darabont, La dernière marche de Tim Robbins, Kundun de Martin Scorsese, Un homme d’exception de Ron Howard, Le village de M. Night Shyamalan, Jarhead et Les noces rebelles de Sam Mendès, L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford de Andrew Dominik, Dans la vallée d'Elah de Paul Haggis, Rango de Gore Verbinski, Invincible de Angelina Jolie, et de 11 films de Joel et Ethan Coen. Les images du James Bond Skyfall n c’est aussi lui.

Pour cet hommage à Cannes plusieurs invités qui ont travaillé avec lui se sont succédés sur scène pour évoquer une anecdote sur le chef opérateur:  Irène Jacob, Dennis Villeneuve, Jake Gyllenhaal, Frances McDormand, les frères Coen. Un montage d’extraits de ses films a été montré durant la cérémonie prouvant que Roger A. Deakins a su créé un style visuel, très léché, presque perfectionniste, de nombreux films que l'on a tous vus, avec une manière sans pareil de capter les ombres d'un visage et de magnifier n'importe quel paysage.

Cannes 2015: le nouveau Prix du documentaire L’Œil d’Or pour Allende, Mi Abuelo Allende

Posté par vincy, le 23 mai 2015

Le nouveau prix créé par la Scam et destiné à récompenser les documentaires présentés dans toutes les sélections du Festival de Cannes, L'Œil d'Or, a été remis ce midi. Cette année le jury était présidé par Rithy Panh qui avait 14 films à voir (lire également notre article sur la création du prix).

L'Œil d'Or 2015 est décerné à Marcia Tambutti Allende pour son film Allende, Mi Abuelo Allende (Au-delà d'Allende, mon grand père), présenté à la Quinzaine des réalisateurs. La jeune cinéaste chilienne essaie de rompre le silence qui pèse depuis des décennies dans sa propre famille sur le personnage légendaire qu'était son grand-père. "Un travail délicat qui explore l’intimité d’une famille avec une grande pudeur" selon le communiqué de la Scam.

Le jury a aussi donné une mention spéciale à Stig Björkman pour Je suis Ingrid Bergman, projeté dans le cadre de Cannes Classics en sélection officielle. "Le jury a été ému par le montage de ce journal intime, construit à partir d’archives visuelles familiales et artistiques. Une femme qui a traversé une époque de cinéma inoubliable avec une liberté et une inspiration profonde réinventant un chemin personnel bien au-delà des frontières culturelles artistiques et familiales" explique le communiqué.

La Scam s'est également réjouit de voir l'importance accordé au film documentaire cette année: la séance de clôture de la Sélection officielle sera assurée par le film de Luc Jacquet, La Glace et le ciel, portrait du scientifique et explorateur Claude Lorius. Une Palme d'honneur est attribué à la réalisatrice Agnès Varda. L'Acid a sélectionné trois documentaires parmi ses longs métrages.