Edito: En novembre, fais ce qu’il te plait
Dernier créneau avant la sortie des mastodontes (007, Katniss, Arlo, Han Solo...). L'occasion pour les films d'auteur de profiter cette semaine de l'absence de blockbusters. A commencer par Le Fils de Saul, premier film ayant reçu le Grand Prix au dernier Festival de Cannes.
En filmant le quotidien d'un Sonderkommando, ces prisonniers juifs qui devaient aider les Allemands à génocider juifs, homos, communistes, handicapés et roms, Laszlo Nemes a opté pour un sujet tabou: la représentation de la Shoah au cinéma. Adoubé par le gardien du temple, Claude Lanzmann, Le fils de Saul est devenu "ce qu'il faut faire pour filmer les chambres à gaz et les camps de concentration". On ne contestera pas, de notre côté, la force, l'intensité du film. Emotions intenses, formalisme juste, cette expérience aussi bien sensorielle que philosophique est à voir. Quitte à être choqué. Mais au moins, une fois vu, on peut débattre du film et de cette proposition cinématographique.
Car Lanzmann ou pas, on peut, on doit débattre. Il ne s'agit pas de comparer Le Fils de Saul avec d'autres films sur le sujet (La Liste Schindler, La vie est belle, Bent...) mais bien de comprendre pourquoi Le Fils de Saul serait plus légitime, plus juste que les autres alors qu'il s'agit d'une fiction, donc d'une manipulation du réel, à l'inverse de Shoah, documentaire. On le voit, cet épisode de l'histoire remue encore et continue d'être un tabou.
Ne serait-ce que pour l'avoir transgressé lui aussi, au plus près, et pour réveiller nos mémoires, assoupies, on peut au moins remercier Laszlo Nemes de ne pas avoir eu peur d'affronter ce moloch du 7e art, ce monstre de l'Histoire.
Tags liés à cet article : claude lanzmann, débat, L'édito d'Ecran Noir, László Nemes, Le fils de Saul, saul fia, shoah.