Les ressorties de l’été 2016 (9) : Les hommes préfèrent les blondes d’Howard Hawks

Posté par MpM, le 24 août 2016, dans Films, L'instant vintage.

Si la perspective de la rentrée vous sape le moral, ou que l'invasion de blockbusters pré-formatés vous déprime, nous avons cette semaine le remède idéal pour toute forme de mélancolie : la ressortie sur grand écran d'un classique culte du cinéma américain des années 50 doublé d'une comédie musicale irrésistible et glamour, le pétillant, ironique et joyeux Les hommes préfèrent les blondes, avec les divines Marilyn Monroe et Jane Russell devant la caméra, et le facétieux Howard Hawks derrière.

Adapté d'une pièce à succès de l'époque (elle-même tirée d'un roman d'Anita Loos et Joseph Fields), le film est une variation audacieuse autour des relations amoureuses et des rapports de force implicites qu'elles induisent entre hommes et femmes. On y découvre ainsi les séduisantes Lorelei Lee et Dorothy Shaw, chanteuses de cabaret, qui sont toutes deux en quête de l'âme sœur. Lorelei ne tombe amoureuse que d'hommes riches tandis que Dorothy s'intéresse plutôt aux muscles et physique de ses partenaires. Hawks aborde ainsi deux grands tabous de l'époque, l'argent et le sexe, et tourne en dérision le mythe de la jeune fille pure aux nobles sentiments romantiques.

Les hommes préfèrent les blondes est aussi une charge cruelle à l'égard des hommes qui, tous guidés par leurs pulsions et désirs plutôt que par leur bon sens, sans parler de leur cerveau, apparaissent comme les systématiques dindons de la farce. Face à eux, les deux héroïnes a priori présentées comme écervelées (jolies, donc forcément idiotes) font preuve d'une malice sans pareille, retournant à leur profit la misogynie ambiante. Les personnages masculins deviennent alors des pantins manipulés ou des hommes objets alors que Lorelei et Dorothy, libres et modernes, n'ont jamais besoin de s'en remettre au prince charmant pour tirer leur épingle du jeu. Leur force réside en elles-même et en leur indéfectible amitié. La séquence finale ne s'y trompe d'ailleurs pas, qui met l'accent sur le formidable couple de cinéma formé par Jane et Marilyn, au détriment des fiancés anecdotiques. Car c'est bien leur duo qui est au cœur du film, et notamment la manière dont elles s'entraident et se protègent, à la surprise des personnages masculins tout étonnés de cette solidarité féminine à leurs dépends.

En plus de ce savoureux sous-texte, qui dénonce mine de rien l'hypocrisie sociale du couple normé tel qu'il est conçu - par les hommes - dans les années 50, Les hommes préfèrent les blondes est une comédie étincelante bourrée de répliques ironiques et de séquences musicales à double sens. Le célébrissime Diamonds are a girl's best friend est un monument du genre, entre parodie flamboyante et démesure faussement outrée. Les comédiennes s'en donnent visiblement à cœur joie, chacune dans son registre, éclipsant sans vergogne leurs malheureux partenaires masculins, pour une fois réduits aux clichés et stéréotypes. L'intrigue en elle-même est délicieusement surannée, mais le ton, lui, ne manque pas de modernité.

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Les hommes préfèrent les blondes de Howard Hawks
Sortie le 24 août en version restaurée
Distribué par Théâtre du temple

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