Cannes 2019 : Il était une fois… Etre vivant et le savoir, reflet d’un film qui n’a pas pu être tourné

Posté par MpM, le 16 mai 2019, dans Cannes, Festivals, Personnalités, célébrités, stars.

C’est forcément avec une émotion particulière que l’on s’apprête à découvrir Etre vivant et le savoir, le nouveau film d’Alain Cavalier présenté en séance spéciale lors de cette édition 2019 du Festival de Cannes. Pour sa sixième sélection sur la Croisette (trois fois en compétition et deux fois à Un Certain Regard), le réalisateur propose en effet un film qui n’aurait jamais dû voir le jour, mais qui remplace à sa manière celui qui n’a jamais pu être tourné.

En 2013, la romancière et scénariste Emmanuèle Bernheim publie Tout s’est bien passé, dans lequel elle raconte le suicide assisté de son père, le collectionneur d'art André Bernheim, qui avait choisi de mourir après qu’un accident vasculaire cérébral l'avait laissé diminué. Alain Cavalier, avec lequel elle partage alors une amitié de près de trente ans, décide d’adapter le livre en film, et d’interpréter lui-même ce père disparu qui avait, au moment de sa mort, exactement son âge. Il propose à l’auteure de jouer son propre rôle, à ses côtés. D'abord réticente, elle finit par se prendre au jeu. "L’acceptation vient avec le plaisir du travail", explique Alain Cavalier. "Adapter tous les deux son livre, choisir ceux qui vont nous accompagner."

Le projet, malheureusement, ne verra jamais le jour. Un matin d’hiver, Emmanuèle Bernheim appelle Alain Cavalier et lui annonce que "le tournage devra être retardé jusqu’au printemps. Elle va être opérée d’urgence." Ainsi le film ne se fera pas. En tout cas pas sous la forme qu’ils avaient imaginée ensemble. Car hors de question pour le cinéaste de laisser mourir son amie une seconde fois. Il reprend le projet, retravaille des images de son fameux journal vidéo, témoin à sa façon de leur amitié, et ajoute de nouvelles séquences.

Une nouvelle fois, il se fixe comme mission d’empêcher les êtres disparus de disparaître tout à fait, en les évoquant intensément par le biais des images et du souvenir filmé. "Je souhaite aboutir à un récit aussi fort que celui préparé par Emmanuèle et moi" explique-t-il. "Nos joies et nos peines ont la présence vitale d’avoir été enregistrées en direct. Mon acceptation de l’ordre des choses, affermie par le courage d’Emmanuèle et de son père, éclaire d’une lumière apaisante ce que je propose au spectateur."

Ce que l’on découvrira sur grand écran à Cannes, puis dans les salles de cinéma à partir du 5 juin, ne sera ainsi pas tout à fait un hommage, pas tout à fait une adaptation, pas tout à fait un récit intime, pas tout à fait une conjuration de la mort, mais un peu tout cela à la fois.

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