À la Une du New York Times : Déclin et fin de l’Empire romain

Posté par vincy, le 23 novembre 2011

N'hésitez pas une seconde et courez en salle : A la une du NY times est un documentaire exceptionnel, par sa qualité et son propos. « Déclin et fin de l'Empire romain » c'est ainsi qu'aurait pu se sous-titrer ce film. Au lieu de cela, le réalisateur Andrew Rossi choisit la devise du journal, depuis 1896 : « Toutes les informations qui se doivent d'être imprimées. » Et effectivement, le New York Times connaîtra-t-il un jour une fin ? Depuis le temps que des Cassandre prédisent sa mort....

Le documentaire se plonge pendant un an dans la rédaction du plus célèbre journal des États-Unis, et disons-le tout net, du monde. S'appuyant sur une généalogie prestigieuse, une histoire hallucinante de profondeur et d'implication sociale, le film soulève à peine un coin du rideau recouvrant cette statue monumentale, à l'heure où Internet vient bouleverser la donne. Andrew Rossi est un habitué des sujets polémiques : Al Jazeera, mariage gay, etc.. mais il s'attaque ici à un sujet aussi vaste qu'un continent : la douloureuse mutation d'un géant de l'information, à l'heure où tout va très vite, et au-delà, la notion-même de pouvoir dans l'information.

Les protagonistes du documentaire semblent des personnages, tant ils sont incroyables : David Carr, ex-junkie, plume brillante et estimée ; Tim Arango, jeune chien fou en partance pour Bagdad ; Brian Stelter, petit jeune gros et chauve, tête pensante majeure de la blogosphère, et Bruce Headlam, chargé de gérer cette crew. On se croirait presque dans le tiers des douze salopards.

Au-dessus de cette brigade, l'ombre tutélaire du journal, qui pèse lourd au moment où les ventes s'étiolent. Comment se placer face à un marché qui se délite ?  Commet réagir face à Wikileaks, qui déverse un flot continu d'informations gratuites, explosives, brûlantes ?  Comment continuer à exercer un métier primordial et fascinant quand la bataille s'est déplacée de la vérité vers la survie ? On reste scotché face à de telles interrogations, liées, on le sent, à des problématiques de premier plan. On retrouve le respect éprouvé devant les équipes d'investigation, de n'importe quel journal,, telles qu'elles sont dépeintes dans Les Hommes du président ou Zodiac. Un très grand film, passionnant sur le IVe pouvoir. Un miroir qui peut prolonger notre fantasme du journalisme. Ou nous renvoyer le reflet d'une époque qui a, plus que jamais, besoin de contre-pouvoirs.