2018 dans le rétro : des minorités de plus en plus visibles

Posté par wyzman, le 4 janvier 2019

Après vous avoir dit pourquoi 2018 était une année remplie de films LGBT plus ou moins marquants, un autre constat s’impose à nous. 2018 était une année où acteurs et réalisateurs de couleur ont pris la lumière, réalisant parfois des scores exceptionnels au box-office.

Films populaires et énormes blockbusters

Un an après l’oscarisé Moonlight, Black Panther était le grand film noir qu’il faisait bon d’avoir vu. Premier film Marvel réalisé par un homme noir (Ryan Coogler) et porté par un casting principal presque exclusivement noir, il se murmure que le plus gros carton américain de l'année (700 millions de dollars de recettes) pourrait atterrir dans la catégorie meilleur film des prochains Oscars.

Quatre ans après le succès surprise Equalizer, tonton Denzel Washington rempile dans le rôle de Robert McCall. La dynamique est la même dans Equalizer 2 mais la sensation de fraîcheur a disparu. A l’inverse, Spike Lee avait rarement été aussi inspiré que sur son BlackKklansman. L’histoire de Ron Stallworth, le premier officier Noir américain à avoir infiltré le Ku Klux Klan a fait beaucoup de bruit. Et ce, dès son passage sur la Croisette où le film porté par John David Washington, Adam Driver, Laura Harrier et Topher Grace est reparti avec le Grand prix.

Toujours à Cannes, Burning de Lee Chang-dong était présenté en sélection officielle. Lauréat du prix FIPRESCI, le film de 148 minutes a permis de découvrir Steven Yeun dans un rôle à des années-lumière de celui qu’il campe dans The Walking Dead. Et parce que la Croisette nous a offert de belles surprises cette année, impossible de ne pas mentionner Whitney de Donald MacDonald. Le documentaire centré sur la diva aux 200 millions d’albums vendus a permis de mettre en lumière l’homophobie et la misogynie propres à la communauté noire américaine. Un film qu’il faut avoir vu !

Quoi de plus logique que d’évoquer le premier gros film hollywoodien porté par un casting 100% asiatique depuis 1993 ? Crazy Rich Asians de Jon M. Chu a reboosté les carrières respectives de Constance Wu et Michelle Yeoh tandis que le grand public a fini par craquer pour le beau Henry Golding. Le film a rapporté près de 8 fois son budget, d'où l'idée d'en faire une suite !

Cinq ans après 12 Years A Slave, Steve McQueen effectuait son grand retour avec un film de braquage aux accents féministes. Sans surprise, sa collaboration avec Viola Davis, Michelle Rodriguez, Cynthia Erivo et Daniel Kaluuya a donné naissance à un nouveau grand film : Les Veuves. Enfin, notez que l'adaptation d'A tous les garçons que j'ai aimés, la comédie de Netflix qui a vu briller Lana Condor et Noah Centineo aura également droit à une suite. Eh oui, l'idylle scénarisée entre l'idole Americano-vietnamienne et le petit ami d'Internet aux origines italiennes et hollandaises en a ému plus d'un.

Entre choix subtiles et gros ratages

Le casting presque exclusivement asiatique de The Outsider s’explique par son pitch : un Américain (Jared Leto) reste au Japon après avoir été libéré d’un camp de prisonniers durant la Seconde guerre mondiale. Le film de Martin Zandvliet est disponible depuis mars sur Netflix mais n’évite pas quelques écueils et clichés sur les Yakuzas. Dommage !

Du côté de Disney, l’adaptation d’Un raccourci dans le temps était très attendue. Malheureusement, avoir Oprah Winfrey au casting et Storm Reid en tête d’affiche n’a pas empêché le film d’Ava DuVernay (Selma) de faire un bide : seulement 132 millions de dollars de recettes pour un film qui en a coûté autant si l’on inclut le marketing…

Après avoir ravi la critique et le public avec l’excellent Dernier train pour Busan, Sang-Ho Yeon était de retour en avril avec Psychokinesis. L’histoire d’un homme ordinaire qui se découvre des super-pouvoirs qu’il utilise pour défendre sa fille hyperactive n’a peut-être pas généré le buzz espéré mais les fans de films fantastiques venus du Corée du Sud étaient comblés.

Spider-Man : New Generation n’est certainement pas un film noir ou particulièrement porté sur la diversité. Mais les présences au casting (pour les voix françaises) de Stéphane Bad (Spider-Man) et du footballeur Presnel Kimpembe (Le Scorpion) étaient rafraîchissantes. Pour rappel, Shameik Moore, Mahershala Ali, Brian Tyree Henry et Luna Lauren Velez faisaient partie de l'équipe de doublage de la version originale !

De son côté, après avoir fait ses armes du côté du cinéma d’horreur (Saw, Insidious, Conjuring), James Wan s’est offert un nouveau blockbuster. Il nous avait déjà surpris sur Fast and Furious 7 mais son Aquaman vaut davantage le détour. Avec un budget de 160 millions de dollars, le réalisateur malaisien et australien s’est fait plaisir. Et ce n’est pas son acteur principal, l’Hawaïen Jason Momoa qui dira le contraire. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le film a d’ores et déjà rapporté 846 millions de dollars dans le monde.

Et les autres ?

Un peu plus discret, Kings de Deniz Gamze Ergüven aurait mérité une meilleure couverture médiatique. Porté par Halley Berry et Daniel Craig, le film raconte comment, en 1992, le procès Rodney King va avoir une incidence sur le quotidien d’une mère de famille. De son côté, David Diggs peut se vanter d’avoir participé à l’un des films les plus utiles de l’année dernière. Blindspotting de Carlos Lopez Estrada est en effet une belle incursion dans cette Amérique remplie de jeunes hommes en liberté conditionnelle constamment confrontés à des bavures policières. Un drame comme on les aime.

Et pour refermer cette liste non-exhaustive des films qui ont fait la part belle aux minorités, intéressons-nous brièvement au cas particulier de Back to School. Cette comédie portée par Kevin Hart et Tiffany Haddish aurait pu faire un carton en France si le premier ne s’était pas retrouvé au coeur d’une polémique mêlant Oscars et vieux tweets homophobes. Ne reste qu’un film de Malcolm D. Lee potache mais furieusement drôle !