Abdellatif Kechiche condamné à verser 180K€ à MK2

Posté par vincy, le 20 mars 2015

kechiche cannes 2013Avouons-le, avec les polémiques sur les conditions de travail sur La Vie d'Adèle, Palme d'or au Festival de Cannes en 2013, on avait oublié que le réalisateur Abdellatif Kechiche était en litige contre MK2, distributeur et producteur de son film Vénus noire.

Selon le site BFMTV.com, la justice a condamné le réalisateur à verser 180 000 euros à MK2, jugeant qu'il n'avait pas respecté ses engagements envers le producteur. Abdellatif Kechiche s'était engagé "à proposer en exclusivité à la société MK2 (...) ses trois prochains films dont Vénus noire, en cours de réalisation", contre une rémunération de 270 000 euros. Le Tribunal de grand instance de Paris considère que "MK2 a subit un préjudice et le défendeur devra l'indemniser en remboursant la somme de 180 000 euros (soit la somme totale payée par MK2, de 270 000 euros, déduction de la part de 90 000 euros, affectée au film Vénus noire), au titre des deuxième et troisième projets de films."

Le cinéaste réclamait de son côté 6,5 millions d'euros "en réparation du préjudice matériel, artistique et professionnel", a été débouté de ses demandes, considérées comme "infondées" et "irrecevables". Il estimait notamment que lorsqu'il était en contrat avec MK2, la pression exercée par la société l'avait empêché de travailler durant quatre ans.

Infidélité

Dans sa décision, rendue le 16 janvier et mise en ligne sur le site BFMTV.com, le tribunal en a jugé autrement et a estimé que le réalisateur avait "commis des manquements à ses obligations" dans le contrat le liant à la société MK2.

Selon les juges, le réalisateur "n'a pas respecté le droit de premier regard qu'il avait accordé à MK2 et n'a proposé à MK2 qu'un seul synopsis", Le Ministre, refusé par MK2. Il a en outre proposé, "sans l'évoquer préalablement avec MK2, de nouveaux projets de films à d'autres producteurs", selon le jugement, qui cite La petite Reine et Quat'sous films.

"Il a également réalisé La vie d'Adèle sans que le synopsis du film n'ait été proposé à MK2, en violation flagrante du texte et de l'esprit du contrat". Le film a finalement été produit par Wild Bunch et Quat'sous films, a remporté la Palme d'or à Cannes en 2013.

Divorce

Après la sortie du film Vénus noire, "les relations entre le cinéaste et le producteur se sont dégradées", note le jugement, évoquant "un désaccord notamment sur sa durée". Le film avait été un fiasco financier, ne séduisant que 220000 spectateurs lors de sa sortie, pour un budget de 12,7 millions d'euros.

Joint par l'AFP, l'avocat d'Abdellatif Kechiche, Me Guillaume Le Lu, a indiqué que "plusieurs synopsis (avaient) été proposés par M. Kechiche à MK2" et qu'ils n'avaient "pas été jugés recevables". "Après Vénus noire, MK2 n'avait en réalité aucune envie de faire un autre film avec M. Kechiche", a-t-il affirmé.

Le cinéaste peut faire appel de la décision. Son prochain film, La blessure, co-écrit avec François Bégaudeau, et interprété par Gérard Depardieu, est produit par Orange Studios.

Kechiche va adapter Bégaudeau

Posté par vincy, le 16 avril 2014

kechiche cannes 2013

Palme d'or en 2013, mais boudé aux Césars et inéligible aux Oscars, La vie d'Adèle a séduit un million de spectateurs en France. Son réalisateur Abdellatif Kechiche avait plusieurs projets sur le feu. Il a finalement opté pour La Blessure, comme le confirme Le film français et l'appel à casting sur Picatnovo, site de la communauté de l'image du Nord-Pas-de-Calais.

Le sixième film de Kechiche est librement adapté du roman de Frédéric Bégaudeau, à qui l'on doit déjà Entre les murs autre Palme d'or cette fois-ci réalisée par Laurent Cantet. Le roman, La blessure, la vraie, est paru en janvier 2011 chez Verticales. Il se déroule durant l'été 1986. Un adolescent décide de trouver une fille, échafaude des stratégies, joue de malchance, puis s'engage dans une relation amoureuse imprévie. Des détours accidentels et des contretemps malheureux compliquent son douloureux apprentissage. Au bal du 14 Juillet, tout s'accélère et tourne au cauchemar. 25 ans plus tard, la plaie est toujours vive. Le livre avait reçu le Prix du Cercle littéraire de Canal+ Cinéma. Ici la Vendée de Bégaudeau sera remplacée par la Tunisie.

Pour son tournage, qui doit commencer cet été, Kechiche recherche actuellement des filles et des garçons d'origine maghrébine de 14 à 22 ans, notamment dans la région Nord.

Césars 2014 : 10 nominations pour le premier film de Guillaume Gallienne

Posté par vincy, le 31 janvier 2014

La liste des nominations

guillaume gallienne les garçons et guillaume à table

Dix nominations pour Les Garçons et Guillaume, à table!. Voilà le verdict des nominations aux Césars, dont on connaîtra les gagnants le 28 février au soir. Il devance La vie d'Adèle et L'inconnu du lac (8 nominations), La Venus à la fourrure (7 nominations), 9 mois ferme et Michael Kohlhaas (6 nominations) et Suzanne (5 nominations). Hormis Neuf mois ferme, tous les films ont été présentés au Festival de Cannes. Un jack-pot pour les sélectionneurs de la Croisette. Notons que Catherine Deneuve obtient sa douzième nomination comme meilleure actrice, égalisant le record d'Isabelle Huppert (qui cumule 14 nominations au total).

Le 2e tour de vote commencera le 10 février. La soirée des Césars rendra hommage à Patrice Chéreau et à Henri Langlois (à l'occasion du centenaire de la naissance de la Cinémathèque française).

Peu de surprises émaillent de cette liste des nominations. Dans certaines catégories, aucun favori ne se détache (documentaire, second rôle masculin comme féminin, film étranger, long métrage d'animation). Cela relèvera un peu le suspense d'une soirée qui devrait couronner La Vie d'Adèle dans au moins quatre catégories : film, réalisateur, actrice, espoir féminin. Kechiche a déjà été césarisé deux fois. S'il gagnait, il égaliserait le record de Polanski (trois fois césarisé). Gallienne devrait repartir avec au moins deux Césars : acteur et premier film.

François Ozon et son Jeune & Jolie, Quai d'Orsay et Grand Central ont été snobés et ne récolte que quelques cacahouètes. De même Le Loup de Wall Street, Au bout du conte, Möbius, Le géant égoïste, Lincoln ou encore Tip Top, pour n'en citer que quelques uns ont été complètement zappés. Le scandale est évidemment du côté d'Adèle Exarchopoulos, oubliée dans la catégorie de la meilleure actrice (et reléguée en simple espoir féminin).

On peut se féliciter de la variété des genres qui ont été reconnus par les professionnels de la profession. Comédie, drame, polar, les Césars vont faire l'éloge de la diversité du cinéma français, même si l'avantage est donné à un certain type de films, ceux du milieu, qui coûtent entre 4 et 10 millions d'euros.

Le prix Louis-Delluc 2013 pour La Vie d’Adèle

Posté par vincy, le 17 décembre 2013

abdellatif kechiche adele exarchopoulos lea seydoux

La Vie d'Adèle, Palme d'or au dernier festival de Cannes, a reçu le Prix Louis-Delluc 2013. Abdellatif Kechiche entre ainsi dans le club très fermé des réalisateurs ayant obtenu ce prix plus d'une fois, aux côtés de Claude Sautet, Louis Malle, Michel Deville et Alain Resnais. Kechiche avait été récompensé par le Delluc en 2007 pour La Graine et le mulet.

"C'est un metteur en scène qui a un talent rare pour recréer la vérité, c'est l'esprit français, c'est la tradition depuis Jean Renoir jusqu'à Kechiche en passant par Pialat", a déclaré le président du jury Gilles Jacob après avoir annoncé le nom du lauréat.

La vie d'Adèle avait face à lui 7 autres films (voir la sélection) et devient ainsi l'incontournable favori des prochains Césars. Le film est nominé aux prochains Golden Globes et aux Independent Spirit Awards. Il a également remporté le prix FIPRESCI à Cannes, le prix du meilleur film étranger aux British Independent Film Awards, le prix FIPRESCI du film de l'année.

Le prix Louis-Delluc du premier film a été décerné à Vandal, de Helier Cisterne, sorti en octobre dernier sur les écrans français, après son avant-première au festival de Namur.

Deux muses de Kechiche réunies dans M

Posté par vincy, le 28 septembre 2013

Elles se disent M. Comme un emblème. Adèle Exarchopoulos va jouer dans le premier long métrage de la comédienne double césarisée Sara Forestier, selon les informations du Film Français.

La vie d'Adèle croise ainsi L'Esquive. Forestier et Exarchopoulos ont en effet été révélées par le même cinéaste, Abdellatif Kechiche, à 9 ans d'intervalle.

Pour Exarchopoulos, 20 ans, il s'agit du deuxième film dans lequel elle s'engage depuis que La vie d'Adèle a reçu la Palme d'or, après Qui vive de Marianne Tardieu.

Pour Forestier, c'est avant tout sa première réalisation. Selon l'hebdomadaire professionnel, M est un drame qui raconte l'histoire de Lila, une jeune bègue complexée, réfugiée dans le silence. Sa vie bascule lorsqu'elle tombe amoureuse de Mo, pilote kamikaze qui risque sa vie à chacune de ses courses automobiles clandestines. À son contact, Lila s'extirpe de son mutisme et Mo va tenter, non sans mal, d'arrêter ses défis sportifs suicidaires.

Le tournage est prévu pour le printemps 2014. Le film est produit par Archipel 33>35 à qui l'on doit L'exercice de l'Etat, mais aussi les films des frères Dardenne et ceux d'Ursula Meier.

Russie : régime à deux vitesses pour les films exposant « des relations sexuelles non traditionnelles »?

Posté par vincy, le 20 septembre 2013

Manifestation anti homophobieLa Russie est un pays complexe. D'un côté on apprend, avec un certain soulagement, que La vie d'Adèle, Palme d'or, d'Abdellatif Kechiche, devrait sortir "normalement" le 7 novembre prochain dans le pays. L'AFP rapporte les propos du directeur général de Wild Bunch, producteur du film, Brahim Chioua : "La demande de visa, pour un film interdit aux moins de 18 ans, vient d'être déposée et le distributeur attend la réponse. Il est plutôt confiant quant à son obtention". En étant interdit aux moins de 18 ans, le film, qui raconte une histoire d'amour entre deux femmes, avec quelques scènes très explicites, respecte ainsi la nouvelle loi russe qui "vise la protection des mineurs" (lire aussi notre article du 11 août dernier qui précise les contours de cette Loi).

De l'autre côté, la chaîne TV de cinéma Evrokino a reçu un avertissement pour avoir diffusé Les chansons d'amour, de Christophe Honoré, considérant que le film fait la propagande de relation sexuelle non traditionnelle devant mineurs. Le film est l'histoire d'un ménage à trois où la bisexualité est banalisée. D'après le Hollywood Reporter, "c'est la première fois qu'une chaîne russe se voit recevoir un avertissement pour avoir montré des relations entre personnes du même sexe" depuis l'entrée en vigueur fin juin en Russie de cette loi, considérée comme homophobe.

"Je crains que s'il s'obstine à effacer de leurs écrans tout film montrant 'des relations sexuelles non traditionnelles', le régime russe risque de priver sa population de tout un pan de la production cinématographique mondiale", comment Christophe Honoré à l'AFP.

Cannes 2013 : Lettre à Jafar Panahi – jour 12

Posté par MpM, le 27 mai 2013

abdellatif kechiche adele exarchopoulos lea seydouxCher Jafar,

Ca y est, le festival est terminé. Une clôture de toute beauté avec la remise de la Palme d'or au réalisateur Abdellatif Kechiche et à ses deux actrices Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux.

En récompensant La vie d'Adèle, le jury présidé par Steven Spielberg a ouvertement voulu mettre en avant un cinéma profond, courageux, engagé et éminemment romantique. Au-delà de la bouleversante histoire d'amour entre Adèle et Emma, le film aborde en effet des thématiques sociales fortes comme la nécessaire transmission du savoir, la lutte contre toutes les formes d'intolérance et les dangers de clivages sociaux trop importants.

Visiblement ému, le réalisateur a dédié son film à "cette belle jeunesse de France (...) qui [lui] a beaucoup appris sur l'esprit de liberté et du vivre-ensemble" ainsi qu'à "une autre jeunesse", celle de la révolution tunisienne, "pour leur acte extraordinaire, la révolution tunisienne, et pour leur aspiration à vivre eux aussi librement, s'exprimer librement et aimer librement".

Bel hommage, mais qui serre le cœur, quand on sait que les Tunisiens ont peu de chance de découvrir La vie d'Adèle sur leurs écrans. Le directeur général du cinéma tunisien Fathi Kharrat a déjà souligné que le film s'adresse à "un environnement particulier" et que des réactions violentes seraient à craindre en cas de projection en salles. Les censeurs, tu ne le sais que trop, trouvent toujours des justifications justes et nobles à l'exercice de leur art.

Toutefois, comme le relève l'organisateur du festival de cinéma américain indépendant Views of America, Hisham Ben Khamsa, le vaste circuit de vidéoclubs et surtout la puissante industrie du piratage en Tunisie seront probablement d'une aide précieuse pour aider à la diffusion de La vie d'Adèle dans les foyers tunisiens. On n'a jamais fait mieux que la vente sous le manteau pour contourner la censure !

En revanche, Abdellatif Kechiche n’échappera pas à une autre polémique, celle lancée par des techniciens ayant participé au tournage de son film, et qui lui reprochent des conditions de travail difficiles ainsi que plusieurs manquements au Code du Travail (voir l'article du Monde le 24 mai). On parle d'horaires volumineux et fluctuants, de travail bénévole, de tarifs au rabais, d'exigences intenables...

Pour le moment, le cinéaste ne s'est pas exprimé sur cet aspect de son travail. Mais il est certain que cela va à l'encontre de son image d'artiste social engagé et que, quel que soit son talent, ce genre de pratiques est difficilement acceptable. Il faut avouer que cela gâche même franchement la fête. Mais parce qu'il vaut mieux en rire, un tumblr spécial vient de voir le jour : ça s'appelle La vraie vie d'Adèle, et ce n'est pas tendre envers le tout nouveau lauréat de la sacro-sainte Palme d'or.

Cannes 2013 : Steven Spielberg et son jury succombent aux désirs d’Adèle et d’Emma

Posté par vincy, le 26 mai 2013

abdellatif kechiche adele exarchopoulos lea seydoux

Le palmarès cannois aurait pu être pire. Même si, pour nous, il manque des films dont l'esthétisme (voire le formalisme) et le propos nous ont davantage séduits, reconnaissons à Steven Spielberg et son jury d'avoir eu du cran : Une Palme pour Adèle, fallait oser. Lui Président a décidé de provoquer un acte culturel (et donc politique) majeur en remettant l'un des plus grands prix du 7e art à un film dont certaines séquences (sexualité frontale, nudité, homosexualité)  l'empêcheront d'être vu dans de nombreux pays (y compris les USA) et dont la durée limitera l'intérêt des exploitants. Avec ce prix, il oblige les exploitants à s'adapter à une création hors-normes...

La Palme d'or à La vie d'Adèle, malgré nos quelques réserves sur le film, est largement justifiée tant l'oeuvre (3h) est captivante et émouvante. Hymne à l'amour et sà la liberté, l'adaptation de la BD "Le bleu est une couleur chaude" aura enthousiasmé journalistes, festivaliers, professionnels. Steven Spielberg n'a pas oublié de décerner la Palme aux deux actrices Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos. "Nous avons été privilégiés de voir ce film, et non gênés" explique le cinéaste en conférence de presse. "C'est l'histoire d'un amour profond, magnifique. Le réalisateur n'a pas du tout bridé le récit. Nous étions sous le charme du film, avec des actrices formidables. Le réalisateur a permis aux personnages de prendre réellement vie" a-t-il poursuivi.

Lorsqu'il a reçu son prix, Abdellatif Kechiche a dédié son prix "à cette belle jeunesse de France qui m'a beaucoup appris sur l'esprit de liberté", "le vivre-ensemble". Ce film est pour "une autre jeunesse, de la révolution tunisienne, pour leur aspiration à vivre eux aussi librement, et aimer librement", a déclaré le cinéaste.

Le suspens pour les César 2014 est mort ce soir.

le jury du 66e festival de cannes 2013 spielbergExceptions culturelles

Défendant l'exception culturelle, Steven Spielberg en a fait la ligne directrice de son palmarès : des films iranien (avec une actrice d'origine argentine), chinois, japonais, américains et mexicain. Le jury a privilégié des mélodrames, et tous les films primés ont de belles qualités. Jia Zhang-ke a offert cette année sa production la plus ambitieuse, entre vengeance personnelle sanglante et tragédie humaine ; Kore-eda Hirokazu n'a peut-être pas réalisé son plus grand film mais l'histoire filiale ne pouvait que séduire des cinéastes comme Spielberg et Lee qui en on fait des thèmes récurrents dans le cinéma ; le grand Bruce Dern permet à le très bon Nebraska de ne pas repartir les mains vides grâce à un personnage mémorable de vieux lunatique et taiseux ; les Coen ont manqué de peu la double Palme d'or mais leur film, l'un des chouchous des festivaliers, ont confirmé leur grand retour grâce à un blues musical qui ne manque pas de dérision : Nebraska comme Inside Llewyn Davis devraient refaire parler d'eux aux prochains Oscars ; enfin, plus surprenant, le jury a préféré un jeune metteur en scène mexicain, Amat Escalante avec son essai très soigné et plutôt réussi (quoique déjà vu) sur la violence, Heli, pour le prix de la mise en scène : c'est la deuxième fois consécutive qu'un mexicain remporte ce prix. Concluons avec le prix d'interprétation féminine pour la franco-argentine Bérénice Bejo : deux ans après la projection de The Artist (prix d'interprétation masculine), la comédienne césarisée est désormais consacrée pour son rôle dramatique dans Le passé. Ironiquement, son personnage devait être incarné par Marion Cotillard, qui doit s'en mordre les doigts.

Après avoir vu tous ses films primés, constatons que l'image, les cadrages et la musique y sont souvent sublimes. Du drame intimiste au film de genre, tout le cinéma est représenté, illustrant une 66e édition prônant haut et fort le souci de la diversité et l'envie de séduction. Mais à voir la liste, c'est surtout un certain cinéma "vérité" qui a été honoré : un regard franc sur le monde, nostalgique ou cruel.

Cannes 2013 : Qui est Adèle Exarchopoulos ?

Posté par MpM, le 24 mai 2013

Adèle ExarchopoulosDe son propre aveu, Adèle Exarchopoulos "ne [rêvait] pas" de cinéma… Heureusement, le cinéma, lui, rêvait d’elle. La toute jeune fille, inscrite dans un cours de théâtre, passe sa première audition par hasard, après avoir été repérée par une directrice de casting. Elle n’est pas retenue pour le rôle (dans Le cou de la girafe de Safy Nebbou) mais a la satisfaction d’avoir passé plusieurs tours qualificatifs… et surtout d’avoir essayé.

Très vite, une autre opportunité se présente, et cette fois ce sera la bonne. Elle est la "Martha" du moyen métrage éponyme de Jean-Charles Hue, puis enchaîne avec Boxes de Jane Birkin. Elle a 11 ans et le cinéma devient une évidence dans sa vie.

En 2007, elle est à l’affiche des Enfants de Timpelbach de Nicolas Bary, où elle incarne l’une des "meneuses" du groupe d’enfants qui dispute le contrôle du village à un autre clan. Joli succès public.

Suivent Tête de turc de Pascal Elbé (qui lui vaut une pré- nomination au César du meilleur espoir féminin), Chez Gino de Samuel Benchetrit (où elle joue la fille de José Garcia et Anna Mouglalis) et Carré blanc de Jean-Baptiste Leonetti (dans lequel elle interprète le personnage de Julie Gayet jeune).

Mais c’est surtout sa prestation dans La rafle de Roselyne Bosch qui marque les esprits, puisqu’elle y est la petite Anna Traube, l’une des rares survivantes du Vel d’Hiv.

Peu à peu, elle multiplie les rôles et les expériences. Cette année, on l’a ainsi découverte en ado caméra au poing dans Des morceaux de moi de Nolwenn Lemesle avant de la retrouver dans I used to be Darker de Matthew Porterfield (sélectionné à Berlin) et surtout dans La vie d’Adèle de Abdellatif Kechiche, l’adaptation de la bande dessinée Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh. La voici plongée dans la compétition cannoise avec un des cinéastes les plus réputés du cinéma français.

La jeune actrice y incarne une adolescente d’une quinzaine d’années qui ressent une attirance violente pour une jeune femme aux cheveux bleus interprétée par… Léa Seydoux. Vu le talent de Kechiche pour révéler et lancer les jeunes comédiennes avec lesquelles il travaille (Sara Forestier, Hafsia Herzi), il y a fort à parier que 2013 soit définitivement l’année d’Adèle Exarchopoulos. Avec une pluie de prix d’interprétation à la clef ?

Cannes 2013 : Qui est Sabrina Ouazani ?

Posté par vincy, le 17 mai 2013

Sabrina Ouazani25 ans. 10 ans de carrière. Et une montée des marches à Cannes avec l'équipe du film d'Asghar Farhadi, Le passé. Sabrina Ouazani n'a pas chômé ces dernières années. Repérée par Abdellatif Kechiche qui l'enrôle pour faire partie de L'Esquive (pour lequel elle est nommée dans la catégorie meilleur espoir féminin aux Césars), aux côtés de Sara Forestier, cette jeune et belle franco-algérienne essaie progressivement de sortir des rôles étiquetés "beurette de banlieue". Elle est, avec Leïla Bekhti et Hafsia Herzi, l'une des comédiennes les plus demandées dans cette "catégorie" dont elles veulent toutes, à juste titre, échapper.

Franche et émotive, Ouazani jouera pourtant souvent, au cinéma comme à la télévision, des Fadela, Radhija, Yamina, Assia, Farida et autres Rachida (dans Fauteuils d'orchestre, comédie "chorale" bling-bling des beaux quartiers). Mais c'est une fois de plus Kechiche qui la remet sur les bons rails avec La graine et le mulet en 2007. Christophe Honoré embraye en lui proposant un personnage lumineux pour Dans Paris, présenté à la Quinzaine des réalisateurs. Elle continuera dans cette veine avec Adieu Gary, sélectionné à la Semaine de la Critique, face à Jean-Pierre Bacri.

Sabrina Ouazani vante le dialogue fluide et sans préjugés entre les cultures méditerranéennes. Française affirmée, algérienne par ses parents, fiers de sa réussite, la fracture n'est pas un problème. La blessure est ailleurs : dans la perte accidentelle et brutale de son fiancé. Un deuil dont elle ne s'est pas vraiment remise...

Alors elle bosse, comme pour compenser le vide, avec Jérôme Bonnell comme avec Jean-Loup Hubert. On la voit dans le succès Tout ce qui brille, elle est la femme dans un monde d'hommes dans Des hommes et des Dieux, primé de Cannes aux Césars, elle tourne pour le petit écran la série Les Vivants et les Morts, elle s'aventure dans La source des femmes, en compétition à Cannes... Sabrina Ouazani se fait sa place. Avec le carton de la comédie policière rafraîchissante De l'autre côté du périph', où elle incarne une flic pas commode se rebellant contre le racisme ordinaire, elle séduit un peu plus. Elle gagne même un prix Jutra (les Césars québécois) pour son second-rôle dans Inch'Allah, prix de la critique internationale à Berlin. Actuellement à l'affiche de Mohamed Dubois, comédie populaire avec Eric Judor, elle n'en finit pas d'intriguer les médias qui y voient une gloire montante du cinéma de demain.

De Farhadi à Kechiche, d'Honoré à Beauvois, elle ferait presque oublier qu'elle est drôle, et sait répliquer à des monstres du rire comme Omar Sy. Elle triomphe d'ailleurs sur scène avec la comédie romantique Amour sur place ou à emporter. Nous on veut bien l'emporter...