Cinélatino 2012 : La vida util, réussite exemplaire du programme Cinéma en construction

Posté par MpM, le 27 mars 2012

Avant de sortir sur les écrans ce mercredi 28 mars, La vida util de Federico Veiroj était présenté en avant-première au Festival Cinélatino de Toulouse en présence du réalisateur et de l'acteur principal. Un retour aux sources pour ce film uruguayen qui a bénéficié du programme Cinéma en construction créé en 2002 par le Festival toulousain en association avec celui de San Sebastian pour répondre à la demande de jeunes cinéastes et producteurs latino-américains.

Cinéma en construction permet en effet à des longs métrages arrivés au stade de la post-production, mais manquant de moyens, de compléter leur financement et de voir le jour. En dix ans, ce sont plus de cent films qui ont ainsi été soutenus, parmi lesquels Tony Manero de Pablo Larrain (ensuite remarqué à Cannes),  Historias minimas de Carlos Sorin et donc La vida util de Federico Veiroj.

Ce dernier raconte l'histoire à la fois cocasse et touchante de Jorge, un passionné de cinéma qui travaille à la cinémathèque de Montevideo depuis 25 ans. et dont toute l'existence est remise en cause par la mauvaise santé économique de l'institution. Dans un noir et blanc très atemporel, le film raconte par petites touches le quotidien de Jorge (la présentation des films, la réception des copies, l'émission de radio consacrée au cinéma...) dans lequel surgit parfois la poésie de l'absurde ou l'ironie tragique du destin.

Le format très court du film lui permet de jouer avec un rythme volontairement lent et un scénario plutôt dépouillé qui privilégie l'observation à l'action. Des plus petits détails surgit ainsi le portrait d'un homme dévoué au 7e art, qui a mis sa propre vie entre parenthèse pour mieux se consacrer à ce véritable sacerdoce. L'humour qui émane du personnage n'est jamais moqueur et propose au contraire une mise en abyme tendre et respectueuse, tant Jorge se comporte au quotidien comme un des personnages de cinéma qu'il affectionne tant.

Pensé comme une déclaration d'amour à ceux qui œuvrent dans l'ombre pour faire découvrir et partager le cinéma dans toute sa diversité, La vida util se déguste comme tel, avec une vraie reconnaissance et pas mal de plaisir.

Cinélatino 2012 : les 24e rencontres de Toulouse mettent l’Argentine et l’Uruguay à l’honneur

Posté par MpM, le 21 mars 2012

Pour leur 24e édition, les Rencontres d'Amérique latine de Toulouse changent de nom et deviennent Cinélatino, rencontres de Toulouse, mais le concept, lui, reste le même. Pendant dix jours, c'est bien le cinéma d'Amérique latine dans ce qu'il a de plus riche et varié qui sera mis à l'honneur dans la célèbre ville rose.

Pour ce faire, le festival propose trois compétitions réunissant 14 longs métrages de fiction (dont 9 premier films), 10 courts et 7 documentaires, un panorama qui recouvre toutes les facettes du cinéma sud-américain, des films radicaux de la section Otra Mirada aux longs métrages déjà distribués en France, en passant par des documentaires et une programmation jeune public, et une sélection thématique qui met l'accent sur des cinématographies et des cinéastes spécifiques.

Ainsi, deux pays sont plus particulièrement à l'honneur : l'Uruguay, dont on découvrira les meilleures comédies (Whisky de Juan Pablo Rebella et Pablo Stoll, Les toilettes du pape de César Charlone et Enrique Fernández, Gigante de Adrián Biniez...), et l'Argentine,qui présentera un "autre visage" avec des films produits de manière indépendante et hors des sentiers battus (Historias extraordinarias de Mariano Llinás, Ostende de Laura Citarella, Todos mienten de Matías Piñeiro...)

Par ailleurs, un hommage sera rendu au cinéaste Raoul Ruiz, décédé l'an dernier, avec la présentation de ses derniers films tournés au Chili, un focus sur le directeur de la photographie brésilien Walter Carvalho permettra de (re)découvrir son travail au travers de ses oeuvres les plus marquantes (notamment chez Walter Salles), tandis qu'une rétrospective sera consacrée à Alexandro Jodorowsky au travers de plusieurs de ses longs métrages.

Cinélatino propose également une plate-forme professionnelle d’échanges avec les cinéastes et producteurs latino-américains et de mise en réseau des professionnels du cinéma. Trois temps forts prendront ainsi place pendant le festival : Cinéma en construction 21, qui aide des projets arrivés au stade de la post-production mais manquant de financement, cinéma en développement 7, qui propose des rencontres entre réalisateurs ayant un projet en cours et professionnels susceptibles de les accompagner, et Cinémalab 4, un atelier qui soutient la diversité de l’offre cinématographique par le biais d’une formation et d’une mise en réseau des professionnels de la diffusion.

Autant dire que cette édition 2012 de Cinélatino s'annonce d'une rare richesse, en terme de découvertes cinématographiques et de rencontres, mais aussi d'initiatives contribuant au dynamisme, à la diffusion et à la reconnaissance du cinéma latino-américain. Fidèle à son engagement auprès des vrais amoureux du cinéma, Ecran Noir sera de la partie pour vous faire vivre en direct ce grand moment de partage et de vitalité !

En attendant, Parisiens et Franciliens peuvent avoir un avant-goût de l'ambiance toulousaine en assistant à la pré-ouverture du festival qui se tiendra le 22 mars au cinéma Majestic Passy, dans le cadre d'Espagnolas en Passy. Au programme : le court métrage Hors-Saison de Victoria Saez et l'avant-première de La vida Util de Federico Veiroj, suivis d'une discussion avec les équipes du film et d'une dégustation de produits espagnols et uruguayens.

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Cinélatino, du 23 mars au 1er avril 2012
Programme et informations sur le site du festival

Soirée spéciale à Paris le 22 mars dans le cadre d'Espagnolas en Passy.

Les 23e Rencontres Cinémas d’Amérique Latine de Toulouse sous le signe du Mexique

Posté par MpM, le 18 mars 2011

rencontres de cinéma d'Amérique latineLes 23e Rencontres Cinémas d'Amérique Latine se transformeraient-elles, le temps d'une édition, en Rencontres du cinéma mexicain ? Non, bien sûr, tant les cinématographies du continent sud-américain ont toutes leur place à Toulouse.

Toutefois, cette année, le Mexique sera particulièrement mis à l'honneur au travers de plusieurs hommages (le réalisateur Carlos Carrera, les comédiens Damián Alcázar et Gabino Rodríguez), d'un véritable tour d'horizon du cinéma local (fantastique, animation et films mettant en scène un "Mexico customisé") et de la présentation en compétition officielle de cinq longs métrages mexicains (sur les quinze sélectionnés).

Enfin, la production cinématographique mexicaine sera également très présente dans les autres sections du festival, comme le Panorama, la sélection documentaires, celle de courts métrages et la programmation jeune public. Même le ciné-concert propose un classique mexicain, El automóvil gris (1919), qui sera revisité par le DJ-producteur Maria y José !

Après la polémique sur l'année du Mexique en France, Toulouse a choisi son camp et emboîte le pas du Festival travelling de Rennes qui a très clairement pris position contre la position officielle française et notamment la décision de dédier cette année du Mexique à la Française Florence Cassez. La bonne nouvelle pour les festivaliers, c'est que la programmation a ainsi pu être maintenue. La jeune femme, elle, est toujours en prison, mais son dossier pourrait être réexaminé suite à un rebondissement judiciaire.

Mais concrètement, que verra-t-on pendant ce festival ? Des films, bien sur : environ 200, courts, longs, documentaires, fiction et animation confondus. On vous recommande par exemple le touchant et subtil Puzzle de Natalia Smirnoff, La barra d'Oscar Ruiz Navia, parenthèse contemplative et ténue dans un monde en train de disparaître , et surtout Santiago 73 post mortem de Pablo Larrain, formidable observation de la société chilienne au moment du coup d'état contre Salvator Allende en 1973, injustement passé inaperçu lors de sa sortie il y a plusieurs semaines. Et puis bien sûr il y a les inédits de la compétition, parmi lesquels beaucoup de premiers films qui réservent surprises, découvertes stylistiques et coups de coeur !

Ces dix jours sous le signe du cinéma sud-américain seront également l'occasion de rencontrer de nombreux invités comme Carlos César Arbelaéz qui ouvre la manifestation avec Les couleurs de la Montagne et Carlos Sorin à qui le festival consacre une soirée spéciale lors de laquelle sera projeté l'un de ses films les plus emblématique, Bonbon el perro.

Heureux Toulousains à qui le meilleur du cinéma d'Amérique latine tend les bras : surtout, ne le repoussez pas !

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23e Rencontres Cinémas d'Amérique Latine de Toulouse
Du 18 au 27 mars
Programme et informations sur le site de la manifestation

Le Palmarès des Rencontres Cinémas d’Amérique latine de Toulouse s’invite à Paris

Posté par Morgane, le 29 mars 2010

Après dix jours de festival au coeur de la ville rose, le Grand Prix Coup de Coeur de ces 22e rencontres a été remis à un film brésilien réalisé par Karim Aïnouz et Marcelo Gomes, Viajo porque preciso, volto porque te amo. Ce Prix est un prix d’aide à la distribution en France, d’une valeur de 6100 euros.

Et pour ceux qui n’ont pas pu se déplacer à Toulouse, le festival vient à Paris le mardi 30 mars au Nouveau Latina et proposera deux séances. Celle de 20h vous permettra de découvrir Viajo porque preciso, volto porque te amo, Grand  Prix Coup de Coeur. Celle de 22h vous donnera l’occasion de voir El vuelco del cangrejo, à la fois Prix découverte de la critique française et Rail d’Oc.

Le Jury était composé de?: Ivan Giroud, Président du Jury, directeur du Festival de La Havane (Cuba), Laurent Crouzeix, Festival de Clermont-Ferrand (France), Ignacio Duran, spécialiste du cinéma latino-américain (Mexique), Kleber Mendonça Filho, réalisateur (Brésil), et Nicolas Pereda, réalisateur (Mexique).

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Le Prix du Public Intramuros a été attribué, ex-aequo, aux films El hombre de al lado de Gastón Duprat et Mariano Cohn (Argentine) et El ultimo verano de la boyita de Julia Solomonoff (Argentine).

Le Prix découverte de la critique française a été remis à El vuelco del cangrejo d’Oscar Ruiz Navia (Colombie). Une Mention spéciale est attribuée à La tigra, chaco de Ferderico Godfrid et Juan Sasiain (Argentine).

Le Prix Fipresci de la première oeuvre revient à Alamar de Pedro Gonzales Rubio (Mexique).

Le Prix Signis du documentaire a été attribué à Quebradeiras d’Evaldo Mocarzel (Brésil) tandis que celui du cour-métrage a été attribué à Marina la esposa des pecador de Carlos Hernandez (Colombie).

Le Prix «Courtoujours»?: El reino animal de Ruben Mendoza (Colombie) et une mention spéciale a été dédiée à Teclopolis de Javier Mrad (Argentine).

Le Rail D’Oc, dont le Jury était composé de cheminots cinéphiles?: El vuelco del Cangrejo.

Le Prix Cinéma en Construction 17?: Los colores de la Montana de Carlos César Arbelaez (Colombie).

Le Prix Spécial «Ciné Cinéma» en construction Toulouse?: Asalto al cine de Iria Gomez Concheiro (Mexique).

Locarno ouvre ses portes à l’Amérique latine

Posté par MpM, le 16 août 2008

Chaque année, le Festival de Locarno organise avec le soutien de la Direction du développement et de la coopération suisse l’ "Open doors factory", un laboratoire de coproduction permettant d’aider réalisateurs et producteurs à trouver des partenaires et des moyens pour finaliser leur film. Cette année, la session était consacrée au cinéma d’Amérique latine, avec 12 projets sélectionnés parmi les 322 reçus. En quatre jours, 550 rendez-vous professionnels se sont donc tenus dans le cadre du "workshop" des Open doors, avec à la clef des rencontres et des projets de collaboration. Plusieurs prix ont par ailleurs été décernés, dont deux bourses de soutien au développement et à la production (50 000 francs suisses) pour Alejandro Fernandez Almendras (Chili) et Laura Amelia Guzman et Israel Cardenas (République dominicaine / Mexique) et une bourse d’aide au développement d’un projet (7 000 euros) remis par le Centre national français de la Cinématographie à Alejo Crisostomo (Guatemala).

La 61e édition de Locarno privilégie l’Europe et l’Amérique latine

Posté par MpM, le 17 juillet 2008

Le Festival de Locarno, qui se tiendra du 6 au 16 août prochains a dévoilé la tonalité de sa 61e édition. C’est le réalisateur israélien Amos Gitai qui se verra cette année décerner un léopard d’honneur tandis que l’Italien Nanni Moretti fera l’objet d’une rétrospective. Autres personnalités honorées : l’actrice Anjelica Huston (avec un Excellence award pour l’ensemble de sa carrière) et la productrice Christine Vachon (Prix Raimondo Rezzonico du meilleur producteur).

Côté sélections (le festival en compte six : Piazza grande, compétition internationale, compétition cinéastes du présent, compétition du léopard de demain, Ici et ailleurs, Play forward), la manifestation suisse mise sur de nombreuses premières mondiales, avec une domination appuyée de l’Europe dans le programme de la piazza Grande (cinq co-productions françaises, 5 germanophones, deux anglaises) et des pays latins dans la compétition cinéastes du présent (Argentine, Chili, Brésil, Espagne, Portugal, Italie…), tandis que la compétition internationale se distingue par le présence de nombreux jeunes réalisateurs (6 premiers films et 4 deuxièmes). On attendra plus particulièrement Plus tard tu comprendras d’Amos Gitai, avec Jeanne Moreau et Emmanuelle Devos, Palombella rossa de Nanni Moretti avec Asia Argento, La fille de Monaco d’Anne Fontaine avec Fabrice Luchini et Roschdy Zem, Back soon de Solveig Anspach ou encore Un autre homme de Lionel Baier avec Bulle Ogier.

Les quatre jurys chargés de départager les quelques quatre-vingt courts et long métrages en lice comprennent des personnalités de tous les horizons : Rachida Brakni (France), Masahiro Kobayashi (Japon), Goran Paskaljevic (Serbie), Paolo Sorrentino (Italie), Cao Guimarães (Brésil), Bertrand Bonello (France) ou encore Eran Kolirin (Israël).

Biarritz accueille l’Amérique latine

Posté par MpM, le 3 juillet 2008

Festival des cinémas et cultures d’Amérique latineCet automne, si l’aller et retour Paris-Montevideo est au-dessus de vos moyens,  l’Uruguay et les cultures d’Amérique latine, en revanche, sont tout à fait à votre portée. Pour la 17e année consécutive, la ville de Biarritz accueille en effet le Festival des cinémas et cultures d’Amérique latine.

Au programme, trois sections compétitives composées de films inédits et récents (documentaires, longs et courts métrages), un panorama du cinéma uruguayen (en présence d’André Pazos, l’interprète principal de Whisky de Juan Pablo Rebella et Pablo Stoll), et un hommage à l’école de cinéma brésilienne Universidade Federal Fluminense en présence de Nelson Pereira dos Santos, son fondateur.

Mais aussi  des expositions (photos péruviennes et affiches argentines de films français), des concerts gratuits (chaque soir, avec des groupes venus de tout le continent) et des rencontres littéraires (Antonio Skarmeta, Mempo Giardinelli, Fabrizio Mejia Madrid…). Soit une occasion unique d'embrasser en un seul lieu toute la diversité et la richesse des cultures sud-américaines.

Entre Football et Dictature

Posté par geoffroy, le 31 mars 2008

Dernière journée du festival 7ème Rencontres avec le cinéma d’Amérique Latine et de la Caraïbe pour Ecrannoir. Premier film de fiction. Sortie en décembre 2007 sur les écrans français, L’année où mes parents sont partis en vacances raconte, non sans tendresse, le parcours initiatique d’un jeune adolescent brésilien abandonné dans la ville de Sao Paulo par des parents contraints de fuir précipitamment l’oppression militaire d’un régime dictatorial. Nous sommes en 1970. La coupe du monde de football se rapproche et le Brésil retient son souffle. Une de ses plus belles équipes s’apprête à écrire l’histoire et rythmera les aventures de cet enfant livré à lui-même.

Cao Hamburger signe un film intimiste, tout en retenu, dans la fraîcheur oppressante d’une vie bouleversée par le contexte sociopolitique d’un pays en crise. Convenu dans son traitement, le réalisateur soigne son écriture pour aborder les différents sujets traités – vie dans un quartier de Sao Paulo, communauté juive, coupe du monde de football, émancipation du jeune garçon, réalité politique – entre légèreté et gravité. Si l’aspect politique n’est pas abordé frontalement, cette dimension reste néanmoins palpable dans ce nouvel environnement, au départ tendu, mais que le jeune adolescent devra apprivoiser. Et c’est sans doute la plus grande réussite de ce petit film sans prétention qui transpose parfaitement la confrontation d’un garçon de 12 ans dans un monde sans repère qui ne fonctionne plus comme prévu. Entre le décès de son grand-père, la relation avec son voisin de palier (vieux monsieur de confession juive) et les liens d’amitiés qu’il tisse avec les habitants du quartier, le film capte dans le silence des craintes et des joies éphémères, la pesanteur d’une société qui s’autorise encore à vivre, à espérer, à aimer.

Si l’enchaînement des situations et autres évènements reste convenu jusqu’au dénouement classique d’un film évitant habilement tout pathos, la relation qu’entretient le garçon avec les différents personnages nous touche sincèrement. A la fois drôle et pudique, L’année où mes parents sont partis en vacances est un écho profond au Brésil de Pelé dans sa ferveur populaire et son amour de la liberté.

Alternative pacifique

Posté par geoffroy, le 21 mars 2008

Continuité. Telle pourrait être le parti pris d’une sélection engagée qui prône le thème de la lutte comme réponse aux évènements qui meurtrissent l’Amérique Latine. De lutte il en est justement question dans le documentaire de Juan José Lozano, Hasta la Ultima Piedra (Jusqu’à la dernière pierre).

Alors que la Colombie est toujours sous l’emprise d’une terrible guerre civile opposant la République colombienne et les différentes guérillas (dont les rebelles FARC), de « simples » paysans décidèrent de créer en 1997 des zones de neutralité appelées communautés de paix. Posture courageuse se réclamant d’une stratégie de paix alternative, ces communautés refusent de cautionner toute action par les armes. Soutenues par de nombreuses ONG,
celles-ci furent pourtant la cible de la folie sanguinaire des guérilleros et des forces paramilitaires. Les tortures, enlèvements, assassinats, actes de barbarie etc. obligèrent les paysans à quitter les villages. Ils existent aujourd’hui environ 60 villages (regroupant 5000 membres) totalement autonomes, cultivant la terre à partir d’un fonctionnement collectif d’entraide et de non implication dans les luttes armées.

Filmé avec une sobriété d’école, ce documentaire est un témoignage troublant de ce que doivent entreprendre les peuples afin de garantir un minimum de sécurité et d’espérance. Initiative « de la main qui travaille », ce chemin de « croix » contre la violence des hommes est une belle leçon de résistance pacifique contre la guerre. Par la prise de parole des uns et les actions de ceux qui en sont les garants, le film démontre à tous ceux qui pourraient en douter encore le niveau de conscience politique d’une population qui ne demande que sécurité, éducation, assistance et soutien. Les villages deviennent ce havre de paix salutaire au cœur des affrontements. Mais pendant combien de temps ?

Malgré son découpage classique, un peu statique et redondant, le documentaire de Juan José Lozano est doté d’une discrétion qui l’honore et laisse ainsi entrevoir par ses plans intermédiaires la fragilité de ces villages. Nous respirons cette angoisse permanente et palpons le danger aux alentours. Si la joie semble avoir abandonné ces contrées, la volonté est là tout comme le droit d’un peuple de vivre en paix.

Hasta la Ultima Piedra témoigne d’une réalité qui, comme l’indique l’un des protagonistes, se doit d’être « une lutte pour un homme nouveau et un monde différent ».

Lutte et espérance

Posté par geoffroy, le 19 mars 2008

Première journée de la 7ème édition des Rencontres avec le cinéma d’Amérique Latine au Magic cinéma de Bobigny. En présence des officiels de l’association, deux films documentaires sont présentés. Deux films pour souligner l’importance de la lutte au service de la liberté, la démocratie et la solidarité. Deux éclairages sur un continent qui tangue, vacille mais reste uni dans sa recherche de vérité, d’apaisement et d’égalité.

L’encrage des deux documentaires sur le terrain de ceux qui façonnent par leur travail et leur ténacité une société plus solidaire, n’est pas / plus de l’utopie, mais un constat – sera-t-il durable ? – qui établit un nouveau rapport de force des peuples à prendre en main leur destin. Hartos Evos aquí hay, Les cocaleros du Chapare, raconte comment les paysans du Chapare (département du Cochabamba en Bolivie) ont joué un rôle déterminant dans la victoire historique du premier président Indien Carlos Morales lors de l’élection présidentielle du 18 décembre 2005. Le film de Hector Ulloque et Manuel Ruiz Montealegre n’est pas didactique, les réalisateurs ne traitant pas des enjeux politiques au sens classique du terme. Ils préfèrent axer leur démonstration sur un double symbole – feuille de coca, élection du premier président indien – qu’ils vont étendre comme condition nécessaire à la revendication d’un contre pouvoir abordant une ligne politique et culturelle différente. Documentaire assez fermé dans sa géopolitique, il séduit par son traitement de « terrain », filmé à hauteur d’homme et de femme. La parole libre, instinctive et pensée montre une sociologie par ceux qui font la « révolution ». Ces visages remplacent alors les commentaires des journalistes en revendiquant à voix haute devant la caméra le droit au respect, à la reconnaissance et à la démocratie pour tous.

The Take, documentaire canadien de Naomi Klein, poursuit de façon parallèle la démarche du premier documentaire. Pour elle, il s’agit de donner la parole au peuple, à ceux qui travaillent, qui font marcher l’économie et qui, le plus souvent, sont les premiers touchés par la crise. En suivant pas à pas des ouvriers décidés à ne pas baisser les bras, la réalisatrice met en perspective les conséquences de la situation engendrée par la crise financière en Argentine au cour de l’année 2001. Véritable chaos social, la récession est d’une telle ampleur que les usines doivent arrêter de produire, gelant les salaires et mettant sur la paille des millions de salariés. Pourtant la lutte s’installe et un mouvement sans précédant voit le jour. Il faut occuper, résister et produire ; coûte que coûte. Pour la dignité et l’honneur. Alors des centaines d’ouvriers au chômage investissent les usines. Le mouvement en marche se veut une réponse sociale aux errements des gouvernants, à l’irresponsabilité des banques et à l’inflexibilité du FMI. Les ouvriers sont déterminés et iront jusqu’au bout afin d’obtenir l’expropriation des patrons. Si le commentaire off nuit parfois à la fluidité des témoignages, la simplicité du montage rend compte de la souffrance de ces hommes et de ces femmes trompés par un gouvernement avide de pouvoir. Sur fond d’élection présidentielle, le documentaire ouvre son spectre didactique en multipliant les points de vue, entre patrons, politiques et ouvriers. S’ils sont tous liés, les uns ne demandent que le droit au travail pour produire de l’activité et racheter, en quelque sorte, les erreurs d’une politique inflationniste corrompue d’un pays qu’ils aiment pourtant profondément.