Le festival de Saint Jean de Luz est « in the loop »

Posté par vincy, le 19 octobre 2009

intheloop.jpgPour sa 14e édition, le Festival international des jeunes réalisateurs de Saint Jean de Luz a consacré In the Loop (meilleur film ET meilleur réalisateur). Le film d'Armando Iannucci sort le 18 novembre en France et a déjà rapporté 2,4 millions de $ au box office nord-américain. Joxean Bengoetxea (Ander) a reçu le prix du meilleur acteur et Pauline Etienne (Le plus bel âge) celui de la meilleure actrice. Le public a préféré donner la Chistera (le nom basque du prix) à Max Meyer pour son bientôt culte Adam. Le prix des jeunes a choisi La reine des pommes.

Présidé par Anne Parillaud, le jury (1) faisait face à une sélection que de nombreux festivals envieraient. Certes, ici, nulle avant-première mondiale, aucune star débarquant en jet privé et lançant un match de foot pour de belles images au JT. Les festivals du Pays-Basque préfère l'ambiance, l'artistique et une forme d'humilité. Tous les films ont des distributeurs, ce qui garantit presque une date de sortie prochaine pour ces oeuvres.

10 films remarqués au fil des mois

En compétition, le festival a sélectionné La grande vie, du comédien Emmanuel Salinger, dont c'est le premier long métrage. In the loop, satire politique britannique, d'Armando Iannucci, qui a fait le tour du monde des festivals depuis son avant-première à Sundance cette année. La famille Wolberg, d'Axelle Ropert, a été vu à Cannes. Lenny & the Kids, des frères Safdie, a aussi été présenté à Cannes. Ander, de Roberto Caston, a reçu un prix à Berlin et deux prix au récent Cinespana de Toulouse.  La reine des pommes, de Valérie Donzelli, avait été sélectionné par Locarno, comme Le plus bel âge (ou L'insurgée), de Laurent Perreau. Huacho, du chilien Alejandro Fernandez Almendras, avait été le NHK Award pour l'Amérique Latine en 2008, récompensant un nouveau talent par continent. Pour l'Europe, cette même année, ce fut La fille la plus heureuse du monde, de Radu Jude, cinéaste très prometteur et multi-récompensé, qui l'emporta, avant de recevoir d'autres prix à Berlin et Sofia.  Adam, de Max Meyer, avait aussi fait sensation à Sundance, puis dans les médias américains, avant de gonfler son box office aux alentours de 2 millions de $, dans très peu de salles.

Hors compétition, Une affaire d'état (thriller), Kerity et la maison des contes (animation) et Gamines (comédie) vairiaent les genres.

Le jury court-métrage, présidé par Sinclair, mettait en avant les premiers pas derrière la caméra des comédiens Audrey Dana, Benjamin Guillard et Grégoire Colin mais aussi ceux d'Olivia Basset, Pauline Bureau, Pauline Pallier, Fabrice O. Joubert, Jean-Christophe Lie. Notons aussi la présence d'Ida Techer, ancienne professionnelle du cinéma (Festival de Cannes, assistante, attachée de presse) avec son deuxième court, celle du premier film d'Eric Raynaud, scénariste de L'Affaire Farewell.

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(1) le jury long métrage était composé des rélaisateurs Christophe Barratier, Ivan Calberac, Bruno Chiche, Luc Jacquet et des comédiennes Laure Duthilleul et Linh-Dan Pham. Le jury court métrage était composé de Stanislas Mehrar, Audrey Marnay, Stéphanie Murat et Salomé Stévenin.

Cinespana 2009 : des films généreux au palmarès

Posté par MpM, le 13 octobre 2009

AnderVoilà, les jeux sont faits. Cette 14e édition du festival de cinéma espagnol de Toulouse s’est achevée après dix jours de convivialité joyeuse, de soleil et de découvertes cinématographiques sur un palmarès globalement en phase avec les préférences des festivaliers. Assez logiquement, la Violette d’or du meilleur film récompense Ander de Roberto Caston, un film sobre et élégant racontant une histoire d’amour entre un agriculteur quadragénaire et son employé péruvien. Retorno a Hansala de Chu Gutierrez, l’autre grand favori qui traite de l’immigration clandestine en Espagne, reçoit pour sa part les prix du meilleur scénario et de la meilleure photographie. Les prix d’interprétation vont à Anna Lizaran (Forasters de Ventura Pons), Irene Visedo (Amores locos) de Beda Docampo et Unax Ugalde (La buena nueva d’Helena Taberna). Enfin, c’est El somni de Christophe Farnarier (un très joli portrait de berger pratiquant sa dernière transhumance) qui a reçu le prix du meilleur documentaire.

L’heure est désormais au bilan. Vitrine de tous les cinémas espagnols (fictions, documentaires, longs et courts métrages), Toulouse offre chaque année un instantané de la Retour à Hansalaproduction ibérique contemporaine. Le cru 2009 a permis une nouvelle fois de constater la vivacité et la variété de cette cinématographie qui, avec environ 170 films produits annuellement, aborde tous les genres et tous les sujets. Le poids de l’histoire, toujours au cœur des préoccupations (et surtout le traumatisme de la guerre civile), n’empêche pas les cinéastes de se pencher sur des questions plus contemporaines, voire plus légères, avec notamment une grosse proportion de comédies romantiques et de réflexion autour du couple. Curieusement, l’autre grande spécificité de l’Espagne (le cinéma de genre) n’était pas tellement représentée à Toulouse cette année. Par contre, la section documentaire a permis de mettre en valeur cette part non négligeable de la cinématographie espagnole (en 2008, environ 50 films sur les 173 produits) où s’expriment toutes les préoccupations propres au pays : le franquisme, la lutte armée, la tauromachie, l’exode politique, le régionalisme…

15% de parts de marché seulement

Un tel dynamisme s’explique sur le papier par une législation avantageuse qui impose des quotas de diffusion en salles du cinéma national ainsi que par différents dispositifs d’aides publiques à la production. Les télévisions sont obligées d’investir 5% de leurs revenus dans le cinéma et depuis la promulgation de la "Ley del Cine", une distinction est faite entre producteurs liés aux chaînes de télévision et producteurs indépendants. Ces derniers sont désormais favorisés par la loi qui redistribue les aides en fonction de critères objectifs. Un dispositif qui pourrait faire rêver certains professionnels français… bien qu’il soit loin d’être la solution miracle. Sur le territoire espagnol, en 2008, le cinéma national obtenait en effet moins de 15% de parts de marché tandis que les films américains se taillaient la part du lion avec plus de 70% des entrées.