Cannes 2016 : Qui est Soko ?

Posté par MpM, le 11 mai 2016

Soko aurait-elle tous les talents ? Cette trentenaire singulière, de son vrai nom Stéphanie Sokolinski, mène depuis le milieu des années 2000 une carrière parallèle de chanteuse et d’actrice, alternant albums, concerts, contributions et incursions sur grand écran avec une jolie régularité.

Côté musique, on l’a découverte en 2007 avec Not SoKute, un EP comprenant cinq titres, dont le tube I’ll kill her, qu’elle a produit avec Thomas Semence, guitariste de Jean-Louis Aubert.
Côté cinéma, elle apparaît d’abord dans des téléfilms (Clara, cet été-là), plusieurs courts métrages (L’escalier, Ben et Thomas), et des comédies comme Au secours j’ai 30 ans de Marie-Anne Chazel et Madame Irma de Didier Bourdon. En 2006, on commence à la remarquer aux côtés de Léa Seydoux dans Mes copines de Sylvie Ayme, puis dans Dans les cordes de Magaly Richard-Serrano.

C’est finalement grâce à Xavier Giannoli, qui lui confie un rôle secondaire dans A l’origine (2008) aux côtés de François Cluzet et Emmanuelle Devos, qu’elle obtient la reconnaissance de la profession à travers une nomination au César du meilleur espoir féminin. Il faudra toutefois attendre 2012 pour la voir exploser coup sur coup dans deux rôles excessifs et habités, celui d’une adolescente internée en hôpital psychiatrique dans Bye-Bye Blondie de Virginie Despentes (elle y incarne Béatrice Dalle jeune, en toute simplicité) puis d’une jeune fille atteinte d’hystérie dans Augustine d’Alice Winocour, face à Vincent Lindon en professeur Charcot. La légende veut qu’elle ait harcelé la production du film pendant des mois pour obtenir le rôle. Chez elle, le goût du challenge est un moteur irrésistible.

Résultat : une moisson de prix, du Swan d’or de la révélation féminine à Cabourg pour Bye-Bye Blondie au prix Romy Schneider, en passant par le prix d’interprétation féminine à Mar del Plata et le Lumière du meilleur espoir féminin pour Augustine. Pourtant, la musique la happe à nouveau (I Thought I Was an Alien en 2012, My Dreams Dictate My Reality en 2015) et le cinéma ne lui offre que le rôle un peu stéréotypé d’une jeune femme libre, insouciante et engagée dans Les interdits d’Anne Weil (2013).

Heureusement, 2016 est clairement l’année de son retour sur grand écran, avec deux films sélectionnés à Cannes, tous deux en section Un certain Regard : Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin et La danseuse de Stéphanie di Giusto. Dans le premier, elle est une soldate de retour d’Afghanistan qui essaye d’"oublier la guerre" avant de rentrer chez elle. Dans le second, où elle partage l’affiche avec Mélanie Thierry, Gaspard Ulliel et Lily-Rose Depp, elle est Loïe Fuller, danseuse américaine pionnière de la danse moderne. Deux rôles en apparence aux antipodes qui ont en commun de placer la jeune femme dans sa situation favorite : en position de relever quelques défis.

Cannes 2015: Qui est Alice Winocour?

Posté par vincy, le 15 mai 2015

alice winocour3 courts métrages, un premier long et dès le deuxième film, elle est en sélection officielle à Cannes, à Un certain regard. Alice Winocour, 39 ans, scénariste issue de la Fémis promo 2002, prend son temps entre chaque projet, mais assure son ascension dans le cinéma français.

Avec Maryland, elle change de trauma et de sujet. Matthias Schoenaerts y incarne un soldat revenu d‘Afghanistan avec des troubles posttraumatiques. Incapable de retourner au combat, il se retrouve chargé d’assurer la sécurité dans la villa luxueuse d’un homme d’affaires libanais, Imad Whalid, marié à Jessie (Diane Kruger). Une histoire de paranoïa...

Ce n'est pas si loin d'Augustine, son premier long métrage, avec Vincent Lindon et Soko. Présenté à la Semaine de la Critique il y a trois ans, le film traitait de l'hystérie féminine, à la manière d'un David Cronenberg, entre érotisme clinique et crises existentielles, science et nature. Il y a avait de la perversité, du voyeurisme, du sado-masochisme, de la domination. Un film cérébral, mais pas forcément sensuel.

Il fut nominé aux César. Kitchen, son premier court, il y a dix ans, avait reçu quelques prix, suivi de Magic Paris et Pina Colada. Chez Winocour, les relations amoureuses ne sont jamais simples. Les individus sont poursuivis par leurs démons. Le désir est toujours troublé... Il y a toujours un soupçon de transgression mais surtout une ambition réellement féministe dans son cinéma. Dans Augustine, elle exposait la manière dont les hommes, bourgeois, dominants, se servaient des femmes, nues, considérées comme malades. Le psyché la fascine. Tout comme la peur.

A l'instar de Céline Sciamma ou Rebecca Zlotowski, Alice Winocour trace un chemin singulier, au féminin, dans le cinéma français. Une voie où les corps, les sons, l'oppression et la revanche sont fusionnés. Elle a le cinéma dans le peau, et n'a qu'une envie : écrire et tourner le film suivant.

Ce qui ne l'empêche pas de participer à d'autres scénarios: le très beau Ordinary People de Vladimir Perisic (Semaine de la critique, 2009) ou Home d'Ursula Meier (Semaine de la critique, 2008). Des histoires d'exil. Loin des récits intimes et même intérieurs de ses propres oeuvres.

Le jour le plus court 2011 : Kitchen de Alice Winocour

Posté par kristofy, le 21 décembre 2011

Le 21 décembre, c'est le Jour le plus court ! Ecran Noir s'associe à cet événement national et vous propose une semaine de courts métrages.

Après Il fait beau dans la plus belle ville du monde de Valérie Donzelli, voici Kitchen de Alice Winocour.

Retenez son nom car elle réalise en ce moment même son premier long-métrage et celui-ci pourrait bien être une des belles surprises de 2012 : Augustine avec dans les rôles principaux Vincent Lindon et Soko. On sera en 1885 dans un hôpital, au moment où le professeur Charcot essaye de comprendre une maladie encore inconnue qui serait l’hystérie féminine. Une jeune bonne internée, Augustine, est son d’objet d’étude et va devenir objet de désir…

Alice Winocour est diplômée de la Fémis, section scénario, et elle a collaboré à ceux de Home réalisé par Ursula Meier et de Ordinary men réalisé par Vladimir Perisic. Elle a aussi réalisé de son côté plusieurs courts-métrages dont Magic Paris primé au festival de Cabourg, et Kitchen qui avait été sélectionné en compétition officielle au festival de Cannes 2005.

Une jeune femme prépare une recette de homard. Les crustacés se débattent et résistent, elle essaye de les tuer le plus proprement possible dans une spirale d’angoisse…

Attention, dans le cadre du Jour le plus court, ce film ne sera visible que jusqu'au 21 décembre.

Vincent Lindon incarne le docteur Charcot dans un premier film

Posté par vincy, le 20 novembre 2011

Demain débutera le tournage du premier film d'Alice Winocour (38 ans), Augustine. Le film de cette diplômée de la Fémis (scénario) avait été sélectionné par le programme Emergence en 2010, ce qui lui avait permis de tourner quelques séquences de son futur film (voir le site d'Emergence). Il a été retenu cette année à l'Atelier du Festival de Cannes, dans le cadre de la Cinéfondation, pour boucler son financement d'un peu poins de 5 millions d'euros.

Vincent Lindon, actuellement à l'affiche de Toutes nos envies, interprétera le docteur Charcot, et Soko, nominée au César 2010 de meilleur espoir féminin pour A l'origine, l'une de ses patientes, Augustine. Nous sommes en 1885. Augustine est une jeune bonne qui est internée à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris. Dans cette cité des femmes, le professeur Charcot, neurologue et clinicien de génie essaye de comprendre une maladie encore inconnue : l’hystérie. Augustine, qui présente tous les symptômes de la maladie, ne tarde pas à attirer l’attention du Maître. D’objet d’étude, Augustine devient vite objet de désir. Le professeur est chaque jour plus troublé par ce corps débordant de sexualité, qui échappe à la règle. Elle devient son cobaye favori, le sujet exclusif de ses recherches, son obsession… Au  fil des examens, une intimité commence à se créer entre eux. Mais plus Charcot s’approche d’?Augustine, plus il la désire. Et plus il la regarde, plus il la rend malade.

Le film, produit par Dharamsala, aux côtés d'ARP sélection, qui sera le distributeur, et France 3 cinéma, a bénéficié de l'avance sur recettes du CNC, du soutien de la région Île-de-France et d'aides de la Fondation Gan, partenaire financier d'Emergence.

Alice Winocour a déjà réalisé les courts métrages Kitchen, déjà produit par Dharamsala, en compétition à Cannes en 2005, Magic Paris et Pina Colada. Elle collaboré aux scénarios de Ordinary People, de Vladimir Perisic, sélectionné à la semaine de la Critique en 2009, primé à Miami, Sarajevo et Trieste, et Home, film remarqué à la Semaine de la Critique à Cannes en 2008, d'Urusula Meier. Le film, trois fois nommé aux Césars, avait été primé à Angoulême et Reykjavik, et avait reçu trois prix aux Césars suisses, dont celui du meilleur scénario.

Augustine devrait logiquement être sur la Croisette en 2012 ou 2013...

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L'illustration représente le Docteur Charcot en pleine démonstration. Elle est issue de l'encyclopédie Larousse.