Berlin 2016 : les frères Coen rendent hommage au cinéma avec Ave, César

Posté par MpM, le 11 février 2016

ava cesar

Quoi de mieux en ouverture d'un grand festival comme celui de Berlin qu'une déclaration d'amour flamboyante au cinéma dans tous ses états ? C'est en tout cas le pari réussi de cette édition 2016 dont le coup d'envoi a été donné par Ave, César des frères Coen dans lequel George Clooney, Channing Tatum ou encore Scarlett Johanson campent des acteurs hollywoodiens des années 50. Josh Broslin, silhouette de détective privé désabusé, incarne l'homme chargé de les chapeauter, c'est-à-dire de régler les multiples problèmes qu'ils génèrent, ou auxquels ils font face, d'une demande de rançon à la sauvegarde de la réputation d'une starlette.

Pensé comme une plongée ironique dans le milieu du cinéma hollywoodien, le film donne parfois l'impression qu'il se contente de juxtaposer des séquences diverses sans réel fil conducteur.  Certaines ont beau être extrêmement réussies (visuellement comme scénaristiquement), il résulte de cette construction un aspect décousu qui rend le récit poussif. On passe un peu artificiellement d'un ballet aquatique à un western, d'une comédie musicale au péplum... tous les genres cinématographiques étant ainsi conviés à tour de rôle pour des hommages plus ou moins appuyés qui finissent par donner l'impression d'un catalogue.  Les deux réalisateurs font revivre sans nostalgie un âge d'or révolu, mais sous la forme d'un exercice de style qui manque singulièrement d'élan.

Heureusement, comme toujours chez les Coen, il y a d'excellentes idées de scénario (comme le "groupe d'études" qui enlève la star du studio ou la reconversion express d'un acteur habitué aux rôles de cow-boy), des personnages truculents et un sens inné de la comédie, mais aussi un fond plus introspectif qui apporte une véritable profondeur à certaines parties du récit. Cette fois, c'est la condition des auteurs dans la grosse machinerie hollywoodienne, la fabrique artificielle des stars, la dictature du studio... De quoi mettre en perspective passé et présent, et offrir un deuxième niveau de lecture au vitriol sur "l'industrie" actuelle.

Mais plus généralement, Ave Cesar vante bien sûr l'indicible plaisir de faire (et de voir) du cinéma. Malgré ce qu'il en coûte, dit-il en substance, les films sont encore ce qu'il y a de plus important au monde. Et sur ce terrain-là, on ne contredira pas les deux frères.