Cannes 2013 : Qui est Amat Escalante ?

Posté par MpM, le 18 mai 2013

amat escalante

Jusqu’à présent, la carrière d’Amat Escalante ressemble à un sans-faute. A moins de 35 ans, le cinéaste mexicain rencontre le succès partout où il passe et contribue largement au dynamisme et au renouveau du cinéma de son pays.

Il faut remonter à 2003 pour retrouver une première trace de son nom dans les registres internationaux. Il n’a pas 25 ans et présente à Berlin son premier court métrage, Amarrados, où un ado sans domicile fixe sniffe de la colle et tombe dans un cercle vicieux d’abus sexuels. Le film est récompensé et lance la carrière du jeune cinéaste.

Deux ans plus tard, il est doublement présent à Cannes. En compétition, à travers Bataille dans le ciel, le deuxième film de Carlos Reygadas dont il est l’ami et l’assistant réalisateur, et à Un certain regard, avec son propre long métrage (Sangre), justement produit par Reygadas.

Les deux films frappent les esprits et le sien repart avec le Prix de la critique internationale. Sa manière de filmer (tout en plans séquences), ses personnages (un couple au bord de l’implosion, perclus de jalousie et d’incompréhension), son regard sans fard (notamment sur les scènes de sexe) suggèrent immédiatement l’émergence d’un cinéaste atypique, dans la lignée de la nouvelle « nouvelle vague » mexicaine portée par Carlos Reygadas et Julián Hernández, soucieuse de montrer le Mexique dans toute sa complexité.

Escalante dit lui–même à propos du film : "Les différences sociales et économiques dans mon pays ont créé un déséquilibre culturel et humain flagrant. Cela engendre le désenchantement et la frustration d'une population désormais incapable de prendre en charge son propre avenir. Ces gens ont perdu toute capacité et tout désir de communiquer rationnellement avec les autres et particulièrement avec leurs proches." Tout le ferment de son cinéma est là.

Trois ans plus tard, après un passage par la résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes (dans la même promotion que les Argentins Pablo Aguero et Lucia Puenzo), le réalisateur récidive avec Los bastardos, également sélectionné à Un certain Regard. Le film prend en quelque sorte le contrepied de Sangre en s’intéressant à la misère des immigrés clandestins mexicains aux Etats-Unis. Pour survivre, ses deux personnages n’ont d’autre choix que d’accepter le "travail" qu’on leur propose : exécuter une femme.

"Ce film, explique Amat Escalante, traite de la pire tragédie qui puisse arriver à un être humain ou à un pays, celle de devenir délibérément meurtrier. Je ne crois pas qu’il soit dans la nature humaine de commettre un meurtre de sang froid. Je suis persuadé que seule une dégénérescence de celle-ci peut conduire quelqu’un à cette extrémité. Je tiens absolument à différencier les meurtres de sang froid de l’auto-défense et/ou de la vengeance. Ces deux dernières formes ne sont pas les motivations premières des deux personnages du film..." Le regard qu'il porte sur notre époque, de même que son style sans concession, font une nouvelle fois froid dans le dos. Escalante, lui, creuse son sillon.

Après avoir participé au film collectif Revolucion qui célèbre les 100 ans de la révolution mexicaine, il revient à un projet plus personnel, Heli, qu’il présente comme une synthèse de ses deux premiers longs métrages. Au cœur du récit, une famille prise dans un engrenage de violence…

La sélection du film dans la course pour la Palme d’or 2013 coule plutôt de source : c’est à la fois une manière de saluer la vitalité époustouflante du jeune cinéma mexicain (doublement couronné en 2012 avec le prix de la mise en scène à Post tenebras lux de Carlos Reygadas et celui d’Un certain regard à Después de Lucia de Michel Franco) et une continuation logique pour Escalante, dont la carrière s’est jusqu’à présent jouée essentiellement sur la Croisette. S'il confirme l'essai, il pourrait bien devenir l'un de ces "habitués" de la compétition que les organisateurs du festival affectionnent tant.

Cannes 2010 : rencontre avec Kirsten Dunst

Posté par MpM, le 23 mai 2010

Kirsten DunstAprès avoir joué Marie-Antoinette< chez Sofia Coppola et la fiancée de Spider-manchez Sam Raimi, Kirsten Dunst s’offre un nouveau rôle d’envergure, celui de réalisatrice. La Semaine de la Critique a en effet présenté son deuxième court métrage, Bastard, lors de la séance de clôture.

Le lendemain, et alors que la nuit avait été fort courte pour cause de dîner de l’AMFAR, la jeune femme est revenue sur cette nouvelle expérience devant une poignée de journalistes sous le charme.

"C’était formidable, je me disais « je peux faire tout ce que je veux ! ». Bon, dans la limite du budget, bien sûr", explique-t-elle. "Mais comme j’avais fait mon premier court grâce à Glamour magazine, à partir d’une histoire déjà écrite (ce qui était une super expérience pour un premier film), cette fois, tout était sous mon entière responsabilité."

Bastard est une œuvre courte et dense, légérement inquiétante, qui évoque la Nativité. Avec un titre pareil (à traduire par "bâtard" ou "salaud"), Kirsten prend le risque de choquer et en a conscience. "Ce n'est pas ce que je voulais, mais je peux comprendre cette réaction", avoue-t-elle. "En fait, j'ai eu envie de faire un film fort dans lequel on ne sait jamais ce qui va se passer. Certains spectateurs ne voient pas du tout la référence, d'autres pensent que les trois hommes dans la voiture vont faire du mal au jeune couple. Ca m'intéressait de traiter le sujet de manière moderne. C'est une histoire si incroyable, si ça arrivait aujourd'hui, personne n'y croirait."

Pour autant, la jeune femme ne se sent pas encore tout à fait prête pour passer au long métrage. "J'aimerais d'abord réaliser un autre court, peut-être musical. Je suis aussi en train de lire un script mais ce n'est pas sûr que je le tourne moi-même."

Elle évoque d'ailleurs avec des étoiles dans les yeux la relation qu'elle aimerait créer avec un acteur : celle de John Cassavetes avec Gena Rowlands. Une relation basée sur la confiance et à partie de la connaissance unique que l'on a de cette personne.

Elle semble définitivement une grande admiratrice de l'actrice Gena Rowlands puisqu'elle la cite dans son casting idéal, aux côtés de Ryan Gosling, Mark Ruffalo et Kate Winslet. Elle se répand également en compliments sur Charlotte Rampling et Charlotte Gainsbourg, ses deux partenaires du prochain Lars von Trier, Melancholia. Et du cinéaste danois qui a la réputation de maltraiter ses actrices, que pense-t-elle ?

"Je suis très impatiente de travailler avec lui, et aussi très excitée car c'est l'un des réalisateurs les plus importants de notre époque", confie-t-elle. Elle ne semble pas trop effrayée, malgré la tâche ardue qui pourrait l'attendre. Peut-être parce qu'elle peut demander des conseils à son amie Bryce Dallas Howard qui a tourné Manderlay avec Von Trier. "Et puis c'est bien de pousser les acteurs" conclut-elle avec un grand sourire. Si c'est vraiment ce qu'elle pense, elle devrait ne pas être déçue. Résultat à découvrir à Cannes en 2011 ?!

Crédit photo : Marie-Pauline Mollaret