Le Narcisse Noir (reprise) : des femmes et des Dieux

Posté par Claire Fayau, le 13 décembre 2010

L'histoire : Une congrégation de religieuses britanniques est chargée de se rendre dans un ancien harem situé sur les contreforts de l’Himalaya, pour y établir un dispensaire. Autour du palais, le vent souffle continuellement et la nature propage une poignante beauté. Les sœurs sont aidées dans leurs tâches par Dean, un agent anglais installé dans la région depuis longtemps. Rapidement, la sœur supérieure Clodagh s’offusque de la conduite grossière et dissolue de ce dernier. Au sein de la communauté, les tensions s’exacerbent et les nonnes traversent des épreuves pesantes, aussi bien pour le corps que pour l’esprit…

Reprise : Le Narcisse noir ressort en salles le 15 décembre 2010. Sorti en  1947 , le film de Michael Powell et Emeric Pressburger  précède de quelques années leur autre chef-d'oeuvre, Les Chaussons Rouges.

"Qu'est ce que çà mange , un nonne ?". Réponse du général indien à la question posée plus haut - "Des saucisses", les  nonnes vont manger des saucisses car "les Européens en raffolent". Ici l'humour se mélange à l'exotisme. Et le charme des sœurs (Deborah Kerr en tête, mais aussi Flora Robson et Jean Simmons) contribue à nous séduire.

Au-delà, il s'agit d'une œuvre profonde, presque spectrale par certains aspects et intense. Le personnage torturé de Kerr permet tout un éventail d'émotion, de la peur au doute.  Entre crise de foi et actes de résistance, ces femmes amènent aussi une suavité salutaire dans un monde violent, à la fois effrayant, horrible et juste adouci par les magnifiques décors. Même si l'Himalaya a été entièrement reconstitué en studio.

Le film reçu d'ailleurs deux Oscars : la meilleure direction artistique (qui comprenait alors les décors) et la meilleure image. Le technicolor a exigé des prouesses techniques pour le directeur de la photographie, Jack Cardiff, qui s'est inspiré des peintures de Vermeer. Les arrières plans, des photographies en noir et blanc, ont été ainsi repeintes avec des couleurs pastels, qui donnent à l'ensemble une allure kitsch. De même il fallait prévoir des centaines de bougies pour éclairer correctement certaines séquences.

Deborah Kerr fut aussi citée comme meilleure actrice par les Critiques de New York.