Léa de Bruno Rolland : si chères études

Posté par Sarah, le 6 juillet 2011

« -Bah une fois que tu es à poil, il ne reste plus grand-chose à faire... tu danses, quoi. »

L'histoire : Léa vit au Havre, va à la fac, s’occupe seule de sa grand-mère et, pour boucler les fins de mois, travaille comme serveuse dans une boîte de nuit. Mais Léa rêve d’une autre vie. Son admission à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris va précipiter ses décisions, mais cela coûte cher. Elle décide alors de devenir strip-teaseuse. Le jour, elle apprend à Sciences Po les « vertus de l’économie libérale ». La nuit, dans une boite de strip-tease Parisienne « chic », elle les pratique.

Notre avis : Léa (Anne Azoulay) est une étudiante pas comme les autres. Elle vit au Havre chez sa grand-mère et après avoir interrompu ses études pendant un temps - on ne saura pas pourquoi - elle décide de postuler à Sciences po Paris. Le soir, elle travaille dans un bar pour payer ses études. On ne lui connait pas de mère et le père est une figure aussi éloignée qu'imprégnée d'une aura quasi biblique. Lorsque Léa décroche une place dans l'école parisienne, elle place sa grand-mère dans une maison de retraite et se trouve un nouveau boulot d'étudiante.

Pour son premier long-métrage, Bruno Rolland, qui a co-écrit le scénario avec Anne Azoulay (Tout le plaisir est pour moi), aborde les thématiques de la solitude, la précarité et celle de la condition des femmes d'aujourd'hui. On voit Léa déjà broyée par la vie, qui tente vainement de recoller les morceaux. Elle est tour à tour froide, distante, chaude et entreprenante. En effet, à Paris elle devient strip-teaseuse. L'image de l'étudiante qui donne de son corps pour payer ses études reste peu abordé par le cinéma, même si le sujet revient régulièrement dans l'actualité, ce qui a le mérite d'être signalé. Le film joue sur la césure entre la vie de Léa en tant qu'étudiante, et celle qu'elle mène le soir. Les petites tenues, voire la nudité, s'opposent aux cols roulés, jeans et baskets qu'elle porte en journée. Mais tout son univers paraît vide, glacé, comme figé dans un temps passé qui ne s'est jamais développé.

La nudité est abordée de façon frontale dans le film. Tout d'abord avec les séquences de spectacles dans les clubs. Mais aussi dans les scènes d'amour entre Léa et un barman parisien. Dans les deux cas de figure, on ne voit qu'une seule chose : une jeune femme qui tente par tous les moyens de se protéger des autres, même si elle est nue. La fracture entre sa génération et celle de sa grand-mère, qui tente d'empêcher sa petite-fille de faire des études jugeant que ce n'est pas là la place d'une jeune femme, est très bien illustrée. Par ailleurs, on sent toute la tendresse, presque maternelle, mais aussi parfois l'exaspération, que la petite-fille porte à sa grand-mère. Le film est très aride, tant dans sa forme que dans son propos, et gagnerait à donner plus de clefs de compréhension sur le personnage principal.