Cannes 2014 : Jean-Luc Godard ne vient pas

Posté par vincy, le 20 mai 2014

jean luc godardGilles Jacob a tweeté. "GODARD ne vient pas, j'en étais sûr. Il a compris que son show brillantissime éclipsait son propre film. Une autre époque. So long, Jean-Luc." Et en effet Jean-Luc Godard ne viendra pas présenter son film Adieu au langage, en compétition au 67e Festival de Cannes. On s'en désole. Il s'est expliqué à la télévision suisse (l'entretien est disponible en vidéo).

« Parce que j'y suis déjà allé. Il n'y a qu'à regarder le film et dire si vous le trouvez bien, et puis voilà » explique-t-il. Il va plus loin : il aimerait ne recevoir aucun prix : « Par esprit de contradiction, j'aimerais mieux qu'il n'y ait aucun prix. Qu'ils ne soient pas obligés de donner un petit prix, en général pour sa carrière, ou des choses comme ça, que je sens un peu désobligeantes aujourd'hui. ». Il n'en a plus besoin. « A d'autres époques, il y a trente ou quarante ans, j'eus souhaité avoir la Palme ». Godard et Cannes c'est tumultueux. Gilles Jacob fut le premier à le sélectionner. Le Festival était passé à côté des chefs d'oeuvre du cinéaste. Il a fallu attendre Sauve qui peut (la vie) en 1979 pour le voir en compétition. Il est revenu avec Passion (1982), Détective (1985), le film collectif Aria (1987), Nouvelle Vague (1990) et Eloge de l'amour (2001).

Les années Jajacobbi : Cannes 1979

Posté par vincy, le 15 mai 2014

La belle année

L’une des plus belles années de Gilles Jacob, selon Gilles Jacob. Et, de facto, à y regarder de près, 1979 est en effet une année flamboyante pour le cinéma. Cannes ouvre avec Hair de Milos Forman, pour  clore une décennie folle et dissolue. Une ouverture musicale et jeune, dans l'air di temps.

Mais on reste impressionner par la liste des cinéastes qui se bousculent sur la Croisette, certains venus pour la première fois à Cannes, d'autres déjà récompensés: Claude Lelouch (A nous deux), Andrzej Wajda (Sans anesthésie), Dino Risi (Cher papa), Francesc Rosi (Eboli), Terence Malick (Les moissons du ciel, avec le jeune et beau Richard Gere), Luigi Comencini (Le grand embouteillage), André Téchiné (Les soeurs Brontë, même si Huppert et Adjani ne sont pas venues), Jacques Doillon (La drôlesse), Martin Ritt (Norma Rae, avec une formidable Sally field), Federico Fellini (Répétition d'orchestre), Alain Corneau (Série noire, avec un sublime Patrick Dewaere), James Bridges (Le syndrome chinois, film anti-nucléaire produit par Michael Douglas), James Ivory (The Europeans), John Huston (Le malin), Werner Herzog (Woyzeck)...

Sans oublier Woody Allen. Même si le réalisateur n'est pas venu, c'est à Cannes que Manhattan, l'un de ses plus grands films, sera montré au monde entier. Des minutes entières d’applaudissements devant un rideau tombé.

Et pour compléter l'anthologique année 1979, les deux Palmes d'or. Cette année-là ne pouvait pas se contenter d'une seule. Françoise Sagan, présidente du jury adore Le Tambour de Volker Schlondorff et défend ce film jusqu’au bout. Elle clame partout que Le Tambour est le seul vrai choix du jury. Elle se plaint de pressions exercées sur le jury pour l'autre film... Le Tambour partage donc la Palme d'or avec Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, qui devient ainsi le premier double palmé de l'histoire du Festival. Le film de Coppola est encore aujourd'hui la Palme d'or la plus populaire en nombre d'entrées dans le monde.

Le film de Coppola, venu en famille, était encore en montage. Il est présenté en l'état. Il devait être présenté hors-compétition mais le cinéaste exigea la compétition. C'est aujourd'hui un grand classique du cinéma. On en oublierait presque le tournage tumultueux, le financement périlleux, le montage interminable. La Palme d'or panse toutes les plaies.