Les années Jajacobbi : Cannes 1987

Posté par vincy, le 19 mai 2014

gérard depardieu maurice pialat sous le soleil de satanLe désir avant tout

40e Festival. Liz Taylor débarque en star. Fellini a le droit à tous les honneurs. Lady Di monte les marches. Lilian Gish, star du cinéma muet, doyenne hollywoodienne, accompagne son ultime film, Les baleines du mois d'août, 75 ans après son premier film. La télévision, et particulièrement Canal +, vole la vedette au cinéma. Pourtant c'est à Cannes que l'on découvre les premières images du nouveau Bernardo Bertolucci, Le dernier Empereur, qui n'est pas prêt, hélas. Le cirque médiatique s'accélère cette année là, une année charnière.

Le 7e art n'a pas dit son dernier mot. A cette époque, Mickey Rourke et Faye Dunaway ne sont pas encore transformés par la chirurgie esthétique mais ils sont déchirés par l'alcool dans Barfly. Francesco Rosi adapte un chef d'oeuvre de la littérature de Gabriel Garcia Marquez, avec un Anthony Delon superbe de beauté dans Chronique d'une mort annoncée. On rend hommage à Fellini, qui vient présenter Intervista. Marcello Mastroianni est primé pour son interprétation dans un film de Nikita Mikhalkov qui nous éblouissent avec Les yeux noirs. Stephen Frears entre dans le monde des grands avec Prick Up Your Ears. Woody Allen nous fait swinguer avec Radio Days. les Coen nous font délirer avec Arizona Jr. Jonathan Demme, Andreï Kontchalovski, les Taviani, Souleymane Cisse, Shohei Imamura montrent que Cannes est encore et toujours le coeur du cinéma du monde.

Pour ce 40e anniversaire, Gilles Jacob a mis les petits plats dans les grands : Paul Newman, Peter Greenaway, Ettore Scola montent les marches avec leur nouvelle réalisation. Wim Wenders revient avec un sublime poème en noir et blanc, Les ailes du désir. Le favori du Festival. Mais Cannes c'est une histoire de passion et souvent de désirs frustrés.

Et quand Maurice Pialat reçoit la Palme d'or pour Sous le Soleil de Satan, la première Palme française depuis Lelouch en 1966,  c'est encore une image qui nous imprime les yeux : celle du poing levé du cinéaste, à côté du duo du Sauvage, la remettante Catherine Deneuve et Yves Montand, président du jury. La Palme est accueillie par les sifflets, contestée. "Si vous ne m’aimez pas je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus" clame-t-il. Il y a aussi des bravos. C'est à l'image du film : Glacial, entre ciel et terre, Dieu et Diable. Un film en clair obscur et sans concession.

Les ailes du désir ne reçoit aucun prix.