Les années Jajacobbi : Cannes 1989

Posté par vincy, le 20 mai 2014

sexe mensonges videoAu fil des années 80, Gilles Jacob a su maintenir l'équilibre entre vétérans (Ferreri, Allen, Godard, Scorsese, Oliveira, Saura, Altman, Polanski, Oshima), les talents prometteurs (Jordan, Jarmusch, Menges, Kaige) et des cinéastes de tous horizons (Spielberg, Blier, Cavalier, Denis, Besson, Kieslowski, Von Trotta, Howard). 1989 sera à ce titre une année symptomatique de Cannes. Quel autre festival peut dérouler le tapis rouge à un tel catsing: Fred Schepisi (première apparition de Meryl Streep à Cannes), Giuseppe Tornatore (Cinema Paradiso, le bijou du Festival), Spike Lee (Do the Right Thing), Emir Kusturica, Denys Arcand (Jésus de Montréal), Shohei Imamura, Patrice Leconte (Monsieur Hire), Jim Jarmusch (désormais abonné), Luis Puenzo (avec le dernier rôle de Gregory Peck, qui reçoit un prix honorifique spécial), Ettore Scola et Bertrand Blier (Trop belle pour toi, son plus beau film).

Oui on se souvient d'images très fortes de ces films. De Josiane Balasko coincée entre Bouquet et Depardieu, de Michel Blanc en voyeur inquiétant, de Noiret à bicyclette, ... On voit bien que le sélectionneur aime l'humour ponce sans rire, défriche le cinéma indépendant américain, adore les films lyriques et universels... Et le jury de Wenders est assez d'accord : Blier, Tornatore, Kusturica, Arcand, Imamura, Meryl Streep... ils sont tous récompensés!

Quelle belle année!

Mais le flair de Jacob cette année-là va bien au-delà. Il repère Jane Campion en 1986 avec son court métrage (Palme d'or au passage) et son premier long métrage, Sweetie, est en compétition. Il choisit un film indépendant américain d'un illustre inconnu, là encore un premier long métrage, en compétition!, celui de Steven Soderbergh. Sexe, mensonges et vidéo. Une Palme écrasante dont Soderbergh ne saura pas quoi faire, explorant le cinéma sous toutes ses coutures, avant de trouver le bon équilibre entre divertissement et singularité. Cette année de la jeunesse, en pleine célébration du bicentenaire de la Révolution française, met à l'honneur un film sur la jeunesse. Une oeuvre générationnelle, entre érotisme et psychologie, qui va avoir une répercussion inespérée : faire de Cannes le grand rendez-vous du cinéma d'auteur américain. L'antichambre des Oscars.