Cannes 2019 : Qui est Antxon Gomez ?

Posté par vincy, le 17 mai 2019

Il y a la mise en scène, le scénario, les comédiens et la musique. Douleur et Gloire frappe aussi le spectateur avec son esthétique. Le style de Pedro Almodovar est sans aucun doute sublimé par le design – décors et objets. Et ce nouveau film du maître espagnol, en compétition cette année à Cannes, n’y déroge pas. Derrière cette splendeur visuelle, il y a Antxon Gomez, basque né en 1952.

Le directeur artistique a obtenu un Goya avec un film présenté en compétition à Cannes, Che de Steven Soderbergh. Pourtant c’est bien sa collaboration avec Pedro Almodovar qui en fait une star du métier. Ils travaillent ensemble depuis Carne Trémula (En chair et en os), en 1997. Autrement dit, c’est à lui qu’on doit la direction artistique de Tout sur ma mère, Parle avec elle, La mauvaise éducation, Etreintes brisées, La piel que habito, Les amants passagers et Julietta, la plupart présentés à Cannes.

Etudiant en chimie, militant communiste durant sa jeunesse, collectionneur  de nature, est arrivé tardivement au cinéma, par l’entremise de Bigas Luna (Macho aka Huevas de oro), en 1993. Cela faisait près de 15 ans qu’il travaillait dans la publicité à Barcelone. Il est décorateur pour des lieux de fête en pleine movida, et pour plus de six cent films publicitaires.

Au cinéma, il apporte sa touche personnelle à Gaudi Afternoon de Susan Seidelman, Chuecatown de Juan Flahn, Le moine de Dominik Moll, Salvador de Manuel Huerga, Tuya Siempre de Manuel Lambadero ou même au documentaire Messi d’Alex de la Iglesia.

Mais il avouait il y a quelques années au Monde : « Je n'aime rien tant que travailler avec Pedro car il accorde beaucoup d'importance aux décors. » De la couleur du carrelage aux sets de table, d’objets qu’il dessine lui-même à des tableaux qu’il collectionne, il s’amuse comme un enfant. Dans Douleur et gloire, on admirera la vaisselle, les azulejos, les portes coulissantes ou encore toutes ces fausses affiches de cinéma savoureuses. C’est pop et moderne, bordélique et pourtant cohérent. Du turquoise séduisant au rouge obligatoire, on a rapidement envie de vivre dans ses lieux imaginés pour le cinéma.

[20 ans de festival] Cannes 2016 : 2008 – Palme in extremis

Posté par MpM, le 17 mai 2016

Il aura fallu attendre le dernier samedi du festival, lors de cette ultime séance de 8h30 qui en fin de festival commence à faire mal aux yeux et à la tête, pour découvrir enfin l’indiscutable pépite de cette édition 2008. Presque miraculeusement, Entre les murs de Laurent Cantet met tout le monde d’accord, à commencer par le jury présidé par Sean Penn et notre rédaction, qui tous saluent "un film engagé intelligent et fort" à la portée éminemment universelle.

Avec un mélange réussi d’humour et d’émotion, le réalisateur fait de la salle de classe un formidable révélateur des maux et des enjeux de nos sociétés contemporaines, où se posent en permanence des questions existentielles fondamentales liées à la quête de soi et au vivre ensemble. Le portrait drôle, grave, intelligent et  percutant à la fois d’une classe de collège filmée dans son intimité et dans ses inimités.

Un "choc" qui balaye in extremis ses concurrents, du plutôt prétentieux Gomorra (grand prix tout de même, hélas) à l’ésotérique Les trois singes (prix de la mise en scène) en passant par le énième Dardenne mou (Le silence de Lorna, prix du scénario) et le classique Echange de Clint Eastwood (prix spécial). On retiendra malgré tout le très réussi Conte de Noël d’Arnaud Desplechin, la fresque historique Che de Soderbergh, le documentaire animé Valse avec Bashir d’Ari Folman, le détonnant Serbis de brillante Mendoza…

Et, surtout, on est bluffé par l’impressionnant Il divo qui confirme le talent de metteur en scène de Paolo Sorrentino, et à qui on aurait bien donné un grand prix tant il réinvente le film noir politique. Son complice Toni Servillo excelle en "inoxydable" homme politique retors et brillant. Une leçon d’histoire, de politique et de cinéma à la fois. Finalement, 2008 n’est pas une si mauvaise année. D’autant qu’elle voit également les débuts du réalisateur Steve MacQueen, caméra d’or avec Hunger.

Steven Spielberg (enfin) Président du jury du Festival de Cannes

Posté par vincy, le 28 février 2013

steven spielbergLe bruit courait depuis quelques jours. La question était de savoir si le réalisateur américain le plus populaire de ces 40 dernières années allait accepter le rôle, avec ou sans troisième Oscar du meilleur réalisateur. Les doutes sont effacés : le 66e Festival de Cannes sera bien présidé par Steven Spielberg, 67 ans. Autant dire que c'est un événement en soi. De tous les cinéastes qui ont émergé à la fin des années 60 et au début des années 70 - Coppola, Scorsese, ... - il était le seul à ne pas avoir reçu cet honneur.

« Mon admiration pour la façon inébranlable dont le Festival de Cannes défend le cinéma international est totale. Car Cannes est le plus prestigieux de tous les festivals, ce qui lui permet de continuer à affirmer que le cinéma est un art qui transcende les cultures et les générations » explique le réalisateur dans le communiqué diffusé par le Festival ce matin. « Le souvenir de mon premier Cannes remonte déjà à plus de 31 ans, a-t-il également déclaré au Festival, mais ça reste l’un des moments les plus forts de ma carrière. Depuis plus de six décennies, Cannes est une plate-forme incomparable destinée à faire découvrir des films extraordinaires venus du monde entier. C’est pour moi un grand honneur et un immense privilège de présider le jury d’un Festival qui ne cesse de prouver, inlassablement, que le cinéma est le langage du monde. »

« Comme on dit outre-Atlantique, précise Gilles Jacob, Président du Festival de Cannes, "regular" de Cannes : Sugarland Express, La couleur pourpre. Mais c’est E.T. que j’ai montré en 82 en première mondiale, qui a tissé des liens qu’on n’oublie pas. Depuis, j’ai souvent demandé à Steven de présider le jury, mais à chaque fois, il me répondait qu’il tournait. Aussi cette année, quand on m’a dit E.T. phone home, j’ai compris et j’ai répondu : enfin !».

Après avoir enchaîné les films, Spielberg n'a plus aucun projet actuellement, repoussant Robopocalypse. Aucune excuse pour refuser le "poste".

« Steven Spielberg nous a donné un accord de principe il y a deux ans, déclare Thierry Frémaux, Délégué général du Festival. Il a su se rendre disponible cette année pour être le nouveau Président du Jury. Plus je l’ai rencontré ces dernières semaines, plus j’ai senti que la tâche l’enthousiasmait. Ses films mais aussi son engagement tous azimuts font de lui, année après année, l’égal des plus grands cinéastes d’Hollywood. Nous sommes fiers de l’accueillir. »

Sugarland Express, sélectionné au Festival de Cannes en 1974, a remporté le Prix du scénario. E.T. l'extra-terrestre (1982) a été présenté en clôture du Festival de Cannes, pour la dernière séance du Palais Croisette. Une des séquences émotion les plus mémorables de l'histoire du Festival. En 1986, La couleur pourpre monte les marches, hors-compétition. Il ne revient qu'en 2008 pour l'avant-première mondiale d'Indiana Jones et le Royaume du crane de cristal, toujours hors-compétition (et l'une des rares séances de presse où les journalistes même civilisés se bousculaient).

Son dernier film, Lincoln, est toujours à l'affiche : il réussit l'exploit de signer un drame historique et politique (12 nominations aux Oscars) qui séduit le grand public : le film a rapporté 250 millions de $ dans le monde ; en France, il a séduit 1 million de spectateurs.

Robert De Niro, Président du 64e Festival de Cannes

Posté par vincy, le 6 janvier 2011

C'est une longue histoire d'amour entre Cannes et De Niro. Elle débuta en 1976, de la meilleure manière : une Palme d'or, et encore aujourd'hui son plus grand succès en France : Taxi Driver. L'acteur débarque alors sur la Croisette avec le rôle d'un psychopathe qui laissera longtemps des traces dans nos mémoires de cinéphiles. C'est aussi le sacre d'un couple mythique du 7e art : Scorsese et lui. Une naissance glorieuse qui fera de l'acteur une icône du cinéma de ses 40 dernières années, entre auteurs audacieux, choix culottés, succès populaires et aussi le passage à la réalisation, la production et même la création, il y a dix ans, d'un Festival à New York, Tribeca. "Il est pour toujours le dernier nabab, Vito Corleone, Jack la Motta, Sam “Ace” Rothstein…" s'enflamment les organisateurs. Ce n'est pas faux. Deux fois oscarisé (et au total six fois nommé aux Oscars),

"En tant que co-fondateur des festivals de Tribeca et de Doha, j’ai acquis une grande estime pour les jurys qui jouent un rôle décisif en distinguant des films de la plus haute qualité. Les festivals favorisent les connections au sein de la communauté cinématographique internationale et ont un impact culturel pérenne" a ajouté Robert De Niro: "Ayant été par deux fois président de jury dans les années 80, je sais que ce ne sera pas une tâche facile pour mes amis jurés et moi-même mais je suis honoré et heureux du rôle qui m’est confié par le Festival de Cannes."

Comme le disent si bien Gilles Jacob et Thierry Frémaux, il est "doté d'une plasticité de caméléon, il compose ses personnages sans qu'on sache s'il prend la mesure du rôle ou si le rôle s'adapte à ses mesures".

En 1976, il est aussi à Cannes pour 1900, de Bernardo Bertollucci, hors compétition. Il revient en 1983 dans un autre Scorsese, La Valse des Pantins, en compétition. L'année suivante, il porte sur ses épaules l'épique Il était une fois en Amérique, hors-compétition. En 1986, avec Jeremy Irons, il est de l'aventure de The Mission, de Roland Joffé. Une deuxième Palme d'or à son actif, cas plutôt rare. Cinq ans plus tard, retour à la compétition avec La Liste noire. En 1993, il monte les marches, hors-compétition, pour Mad Dog and Glory. Et il fera la clôture de Cannes 2008 dans What Just Happened? de Barry Levinson.

Autant dire qu'il n'a pas présenté à Cannes ses meilleurs films dans les vingt dernières années, plutôt réservés à Berlin. En même temps, depuis Jackie Brown en 1997, aucun de ses choix n'a été artistiquement marquant. Mais il a toujours été un fervent fidèle du festival, remettant la Palme d'or en 2008 à Entre les murs, décerné par le Président du jury, son ami Sean Penn. Car, étrangement, Cannes a encore choisit une star américaine pour son jury. C'est la cinquième fois depuis les années 2000, la troisième fois en quatre ans.

Avec De Niro, Cannes donne une fois de plus le trône à un enfant doué du cinéma américain, l'un de ceux qui, grâce à son statut, oeuvre pour la préservation d'une diversité qui nous est chère.

Cannes 2010 – la phrase du jour : Jean-Claude Van Damme

Posté par vincy, le 16 mai 2010

Je ne sais pas si mon ami François-Pier Pélinard Lambert (rédacteur en chef adjoint du Film Français) l'a retranscris mot pour mot, mais les quelques réponses de l'inimitable Jean-Claude Van Damme sont à la hauteur de la réputation du comédien belge. Il revient ainsi sur le film présenté il y a deux ans à Cannes, JCVD. En toute humilité, tel quel : "Quand tu commences à faire de bons films, c'est un boulversement intérieur. Tu perds ta protection et tu deviens quelqu'un d'autre. Quand le tournage est terminé, tu te sens nu."

On a hâte de voir ça en 3D...