Cannes 2019: des lycéens sur le tapis rouge avec Cannes Ecrans Juniors

Posté par kristofy, le 24 mai 2019

Le Festival de Cannes n'est pas que le célèbre tapis rouge, il rassemble les films en sélection officielle et dans les sections parallèles, mais se compose aussi d’autres programmations comme Visions Sociales ou la Semaine du cinéma positif. Ou encore la section Cannes Écrans Juniors qui présente neuf longs métrages internationaux qui présentent un intérêt particulier pour des jeunes à partir de 13 ans car "ils développent des thématiques ou mettent en scène des univers susceptibles de les confronter au monde et aux autres cultures, tout en leur faisant découvrir l’art cinématographique". Les films viennent de France, Argentine, Hongrie, Royaume-Uni, Canada ou encore Australie, et certaines séances sont suivies de débat.

Des lycéens originaires du lycée Edouard Belin de Vesoul (dont certains ont déjà une curiosité particulière de cinéma grâce au Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul) sont arrivés à Cannes pour quelques jours. A leur programme, donc, des films de Cannes Écrans Juniors mais aussi la possibilité de découvrir des films de la sélection officielle. Parmi ces lycéens, nous avons rencontré Adèle qui est en seconde et découvre Cannes pour la première fois :

Quelles ont tes premières impressions du Festival de Cannes, par rapport à ce que tu imaginais et ce que tu as découvert ?
J'imaginais que le Festival de Cannes était quelque chose de très privé, quelque chose qui n'était pas accessible pour tout le monde, pas pour une jeune lycéene de Vesoul comme moi. Arriver ici j'ai simplement réalisé un rêve, j'ai pu voir mes acteurs préférés comme Léa Seydoux, Leonardo Di Caprio, aussi Lupita Nyong'o. J'ai rencontré des gens très intéressants, j'ai vu des films magnifiques de réalisateurs supers que je ne connaissais pas du tout. Je pensais que le Festival de Cannes était fait essentiellement pour les gros films à gros budget et avec un gros casting. Et je me suis rendu compte qu'il y avait énormément de petits films avec des acteurs débutants qui font leurs premières fois au cinéma, et ça ça m'a énormément plu. J'ai totalement changé l'image que j'avais du Festival de Cannes.

Parmi les quelques films que tu as vus lequel t'as le plus marqué ?
On est plusieurs du lycée à avoir pu monter les marches pour Roubaix, une lumière de Arnaud Desplechin, avec Léa Seydoux justement. Le film qui m'a le plus marquée c'est 100 kilos d'étoiles de la réalisatrice Marie-Sophie Chambon avec un très jeune casting, le personnage principal n'avait jamais fait de cinéma jusqu'à présent, c'est une fille à peu près de mon âge. J'ai trouvé ce film très intéressant car il parle  de complexes qu'une jeune fille peut rencontrer à la puberté notamment par rapport à son poids, les obstacles qu'elle peut rencontrer quand elle veut se lancer dans un domaine particulier juste parce qu'elle est une femme. Le jeu des acteurs était prenant, j'ai trouvé ce film très spontané, très vrai.

Cette initiative est également l'occasion pour les lycéens de parler ensemble des films et de s'exercer à la critique. Nous vous proposons de découvrir le texte écrit collectivement par Emma, Gwendoline et Suela au sujet du Jeune Ahmed de Jean-Pierre et Luc Dardenne :

C'est l'histoire dramatique d'un petit garçon musulman influencé par un imam lui imposant les mauvaises valeurs de l'Islam. Sa vie va prendre un tout autre tournant suite à un évènement bouleversant la vie de son entourage. C'est un film très intéressant qui touche l'actualité, et plusieurs jeunes de notre âge. C'est important de véhiculer ces histoires pour toucher tout le monde et faire prendre conscience de ce qui se passe aujourd'hui. Ce film fait preuve d'un grand réalisme, et les réalisateurs ont réussi à nous prouver qu'un personnage avec de mauvaises intentions, qui habituellement serait renié, peut être attachants et susciter de la compassion.

Cannes 2016 : des collégiens sur le tapis rouge avec Cannes Ecrans Juniors

Posté par kristofy, le 20 mai 2016

Le Festival de Cannes attire tout les regards entre la montée des marches des films en Sélection officielle et à Un Certain Regard, les films de La Quinzaine des Réalisateurs, de La Semaine de la Critique et de l’ACID. D’autres programmations parallèles font aussi le plein de spectateurs avides de découvertes, comme par exemple Visions Sociales qui «vise à promouvoir un cinéma d’auteur et de qualité face à la grande distribution et à l’uniformisation des programmes» et dont cette année le parrain est Tony Gatlif revenu présenter ses films Geronimo et Swing.

Mais il y a aussi le cas particulier de la section Cannes Écrans Juniors : «neuf longs métrages internationaux qui présentent un intérêt particulier pour des jeunes de treize à quinze ans. Des films qui évoquent des civilisations, des modes de vie et des pays peu familiers aux jeunes Français, pour leur proposer sur “grand écran” des images qu’ils ne voient guère sur le “petit”», avec des débats après certaines séances et un jury de collégiens (du collège Gérard Philipe de Cannes) parrainé par l’acteur Jean-Luc Couchard.

Parmi les différents groupes de jeunes invités à découvrir pour la première fois ce 69e Festival de Cannes, il y avait 69 lycéens originaires du lycée Edouard Belin de Vesoul (dont certains sont déjà familiers de cinématographies "différentes" grâce au Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul), dont certains ont accepté de nous livrer leurs impressions juste avant une montée des marches.

Idilia : Moi j'ai vraiment bien aimé Jamais contente de Emilie Deleuze. On est les premiers à le voir puisque ça va sortir en octobre. C'était facile de s'identifier au personnage de Aurore qui a à peu près le même âge que nous dans l'histoire. Le film est très bien réalisé et une partie de l'équipe du film était là pour répondre à nos questions. On aimerait bien aussi voir quelques stars qu'on connaît...

Lois : Je trouve exceptionnel d'avoir la chance d'aller à Cannes ! Nous, on voit 2 films chaque jour, et parfois plus avec un film supplémentaire en début de soirée si on a une invitation pour monter les marches. Il faut s'habiller bien, en costume, ça fait bizarre, je n'ai pas l'habitude. Les marches, c'est quand-même impressionnant : j'ai pu monter pour voir le film La Fille Inconnue des frères Dardenne. Dans notre sélection jeunesse, j'aime beaucoup Land of mine réalisé par Martin Zandvliet (sortie en novembre). C'est un film vraiment très psychologique et à aucun moment on est lâché. Il y a du stress et on s’attend à chaque moment à ce qu’il se passe quelque chose : c'est avec une équipe de déminage durant la fin de la seconde guerre mondiale.

Joris : La ville de Cannes, ça me semble très luxueux et aussi très axé sur l'achat, surtout le long de la croisette avec les hôtels et les voitures. Mais voir des films dans le Festival de Cannes, c'est un expérience unique à faire au moins une fois dans notre vie. J'ai vu en séance spéciale Hissein Habré, une tragédie tchadienne de Mahamat-Saleh Haroun, c'est un documentaire sur l'histoire politique du Tchad. On ne connaissait rien du génocide qui s'est passé là-bas, avec la place du bourreau et des victimes. Il y a des soldats qui disent avoir suivi des ordres, ça aide à prendre conscience de l'enfer sur Terre...

Sarah : On a été vraiment très bien accueillis, et c'est la première fois que je voyais la mer ! J'ai beaucoup aimé Chouf réalisé par Karim Dridi. C'est l'histoire d'un jeune homme qui perd son frère à cause d'une embrouille de trafic de drogue. Il va découvrir ce milieu pour le venger et celui qui va l’aider cache quelque chose. Ca se passe à Marseille. On aime bien le cinéma, regarder des films et les analyser après. D'ailleurs pour le film roumain en compétition Baccalauréat de Cristian Mungiu, on sera beaucoup à l'avoir vu, on en parlera ensemble après.

Cannes Ecrans Juniors: Romain et Océanne partagent leurs trois jours de Festival de Cannes

Posté par kristofy, le 27 mai 2015

Le Festival de Cannes polarise l'attention sur les films en Sélection officielle, à La Quinzaine des Réalisateurs et à La Semaine de la Critique; mais d'autres sélections proposent de nombreux films à découvrir. On connaît l'ACID. On connaît moins, Cannes Écrans Juniors, une sélection spécifique qui présentent un intérêt particulier pour des jeunes spectateurs car ils développent des thématiques ou mettent en scène des univers susceptibles de les confronter au monde et aux autres cultures, tout en leur faisant découvrir l’art cinématographique. Cette année, elle était constituée de huit longs métrages internationaux, comme par exemple La Forteresse de Avinash Arun (qui avait déjà reçu un Ours de Cristal et une mention spéciale au Festival de Berlin, et qui sera en salle le 7 octobre).

Plusieurs lycéens venus de Côte d'Azur mais aussi de toute la France ont pu découvrir les films Difret (de Zeresenay Berhane Mehari, Éthiopie), Mateo (de Maria Gamboa, Colombie), Marina (de Stijn Coninx, Belgique), Casa Grande (de Felipe Barbosa, Brésil), Petite sœur (de Sanna Lenken, Suède)... Mais aussi certains films de la Quinzaine des Réalisateurs comme Le tout nouveau testament de Jaco van Dormael, Mustang de Deniz Gamze Ergüven, ou de la Semaine de la Critique comme Dégradé de Tarzan et Arab Nasser, La terra y la Sombra de César Augusto Acevedo (qui a reçu la Caméra d'Or et deux autres prix), Mediterranea de Jonas Carpignano...

Soit une large palette de films très différents qui d'ailleurs sont aussi représentatifs des actions du CNC pour l'éducation à l'image dont la mission vise les jeunes cinéphiles et futurs spectateurs avertis, capables de reconnaître un auteur ou une écriture cinématographique. Parmi ces "juniors", nous en avons rencontré deux élèves du lycée Edouard Belin, à Vesoul, en Franche-Comté, des élèves de 15-16 ans en classe de seconde avec une option Arts Visuels, venus donc quelques jours à Cannes :

Romain : Pour nous des jeunes Vésuliens, venir à Cannes c’est extraordinaire, pouvoir monter les marches c’est exceptionnel, le truc le plus dur c’est de trouver les tickets pour ces séances de gala le soir.

Océanne : Monter les marches c’était un rêve, on en a profité à fond et quand on était assis dans la grande salle, on avait encore du mal à réaliser. On a vu le Pixar Vice-Versa, et on a bien rigolé, il était vraiment bien. On était placé en Corbeille, et on pouvait voir les acteurs. C’est une chance extraordinaire de pouvoir monter les marches parce quand on ne voyait ça qu'à la télé. On se dit qu’on aimerait bien y être, et nous on a réussi à le faire. C’est un cadeau de découvrir le Festival de Cannes

Romain : Monter sur les marches en se disant que des stars sont passées par là, les télévisions partout, on n’en revient pas. On voit tous les flashs qui se projettent sur nous... Notre lycée de Vesoul organise ça depuis sept ans, on aimerait bien revenir pour se dire qu’on a monté les marches plusieurs fois dans notre vie.

Océanne : On a vu le film Marina (qui avait eu le Magritte du Meilleur film flamand) qui nous a vraiment beaucoup touchés; c’est à propos d’une histoire vraie, alors ça apporte encore plus d’émotion. Tout le monde l’a aimé dans notre groupe, on a mis 9 sur 10 de moyenne. On est deux groupes, certains voient deux films par jour et les plus de 16 ans en voient 3.

Romain : On est là trois jours, c’est court, mais on voit tellement de choses... Dans la journée après deux films, on a aussi été à la plage et on s’est même baignés. À Vesoul, il fait un peu frais, ça change. D’habitude on est habillé normalement, en jean-basket. Mais ici avec le costume on est classe.

Oceane : Pour monter il faut porter la belle robe, c’est obligatoire. Nous aussi, on est habillés comme les stars, en fait comme tout le monde est comme ça le soir, c'est très chic. On a eu la chance vite fait de croiser Norman, c’était cool..