6 films que l’on a hâte de voir en 2016

Posté par vincy, le 1 janvier 2016

Midnight Special de Jeff Nichols - MPM

"Le film que j’attends le plus en 2016 ? C’est un film dont je n’ai pas encore entendu parler, dont je n’attends rien, et que je reconnaîtrai le cœur battant en le voyant, parce qu’il me bousculera et me donnera la sensation que le cinéma a encore tout à dire et à inventer. S’il faut absolument citer un titre, ça pourrait être Midnight special de Jeff Nichols, parce qu’il a les capacités pour provoquer ce genre d’émotions."

Batman v Superman de Zach Snyder - Wyzman

"S'il y a bien un film que l'on est en droit d'attendre avec impatience, c'est sans conteste Batman v Superman : L'Aube de la Justice. Le film le plus cher de toute l'histoire réunira en effet les deux plus grands héros de bande dessinée qui soient, ou du moins mes préférés. Réalisé par Zack Snyder (le papa de 300 et Watchmen), ce Batman v Superman devrait être son Réveil de la Force… Ou ne sera pas !"

Carol de Todd Haynes - Cynthia

"Le cru 2016 semble alléchant et devant ces mets cinématographiques qui donnent l'eau à la bouche, mon choix s'est porté sur Carol de Todd Haynes. Comment ne pas être impatient face à un film qui met en scène l'iconique Cate Blanchett et l'étoile montante Rooney Mara et sa légèreté qui lui est propre dans des tenues sublimes des années 50. Ajoutons à cela une histoire d'amour qui fait triompher la différence dans un monde cruellement fermé d'esprit et cela donne un cocktail sulfureux que j'ai hâte de dévorer au cinéma en 2016."

The Neon Demon de Nicolas Winding Refn - Kristofy

"Nicolas Winding Refn a su imposer sa marque (NWR) et son style (l'art est un acte de violence). Après Drive, Only God Forgives et Bronson et la reconnaissance de ses pairs dans le circuit des festivals même si l’adhésion du public n’est pas toujours au rendez-vous, on attend vraiment The Neon Demon avec Elle Fanning, Keanu Reeves, Christina Hendricks, Jena Malone : une jeune mannequin qui sera l'objet de désirs d’autres femmes prêtes à tout pour 'prendre' sa beauté et sa vitalité... Comment sera racontée ce genre d'histoire dans le Los Angeles d'aujourd'hui avec le goût de Nicolas Winding Refn pour une sophistication très graphique ? The Neon Demon sera aussi son premier film où des femmes seront les personnages principaux. Grosse attente pour cette année 2016, avec une présence probable au prochain Festival de Cannes..."

Jodorowsky's Dune d'Alejandro Jodorowsky - Geoffroy

"Puisqu'il est si difficile de ne citer qu'un seul film pour nommer le plus attendu de l'année 2016, celui qui m'inspire le plus, en dehors des quelques événements ciné incontournables, est un film qui ne s'est jamais fait. Ce paradoxe, non rédhibitoire, est l'occasion de visionner sous la forme documentaire la préparation de l'adaptation avortée du roman Dune de Frank Herbert par le réalisateur Chilien Alejandro Jodorowsky. Jodorowsky's Dune relate, bien avant le long-métrage culte de David Lynch, l'incroyable projet - fou dira t-on par la suite - aussi pharaonique que don quichottesque d'un artiste au service de son art."

Julieta de Pedro Almodovar - Vincy

"Trois ans que Pedro Almodovar n'a rien sorti. Après une série d'oeuvres majeures (et dramatiques) au début des années 2000, le cinéaste espagnol a moins convaincu avec successivement un film passionnel et tragique, un thriller glaçant et tendu et une comédie loufoque mais un peu ratée. C'est dire si l'attente est grande avec ce Julieta (anciennement Silencio) qui naviguera entre les années 80, qui lui furent si inspirantes, et aujourd'hui. En allant chercher de nouvelles têtes (muses), en retrouvant un récit mélodramatique et une histoire de femmes (ses deux marottes), on espère forcément voir un grand Almodovar sur les écrans, et sans doute sur les marches à Cannes. Le plus surprenant sera sans doute le style qu'il nous promet plus intime, plus sombre, moins drôle. Le rouge ferait place au vert et au brun. C'est tout ce qu'on souhaite d'un maître du cinéma: qu'il nous étonne encore et toujours."

Mon film de l’année 2015: The Lobster de Yorgos Lanthimos

Posté par vincy, le 30 décembre 2015

2015 restera sans doute comme une année sombre pour les Français. De Charlie Hebdo au Bataclan, les attentats ont marqué l'année et les esprits. Aussi, quand il a fallu choisir un film, parmi les trois cents vus cette année, mon choix aurait pu être un divertissement intelligent (Vice-Versa, Shaun le mouton), une oeuvre formelle sidérante ou séduisante (Le fils de Saul, Tangerine), une fresque politique qui en dit long sur le délitement de la société (Au-delà des montagnes), une comédie de résistance (Taxi Téhéran) ou un drame lucide de rébellion (Much Loved), une oeuvre absurde et poétique (Un pigeon perché sur une branche..., Vincent n'a pas d'écailles), un polar nostalgique (Phantom Boy, Avril et le mondre truqué), un drame dénonciateur (El Club), un film binational bouleversant (Mustang), un poème romantique (Hill of Freedom), un délire jouissif (Les nouveaux sauvages, The Voices) ou même l'un des films cités par les autres rédacteurs d'Ecran Noir. Du contemplatif Apitchapong Weerasethakul au saignant Alberto Rodriguez en passant par le clinique Ruben Östlund, les cinéastes d'ici ou d'ailleurs ont rendu l'année cinéma riche et variée, même si, souvent, les sujets étaient aussi sombres que l'actualité.

Et c'est bien parce que 2015 fut peu joyeuse que je voulais choisir un film qui évoque l'amour. Après tout, c'est encore le seul sentiment qui peut nous faire oublier l'horreur économique ou les peurs de notre époque. Carol aurait été le candidat évident. Mais il ne sort que le 13 janvier. Dans le film de Todd Haynes, l'amour est dévastateur, irrésistible, passionnel et donc irrationnel. Il fait fi de la censure, des carcans, du conservatisme et s'impose comme le seul remède pour s'affranchir, s'émanciper, bref, être libre. Il nous coupe le souffle et nous tire les larmes quand on devine que l'étreinte brisée pourrait se réparer par un simple baiser.

Ce qui peut faire écho à l'autre grand film de l'année, celui qui sera donc mon coup de coeur, The Lobster. Le film de Yorgos Lanthimos est aussi un film romantique, à sa façon. Le cadre est tout aussi autoritaire. Si, dans Carol, la société rejette un amour homosexuel, dénie le droit de vivre hors des conventions, dans The Lobster, la Loi oblige à être en couple. Le cinéaste grec imagine alors une fable parfois surréaliste, parfois allégorique, toujours plus réaliste qu'on ne le croit, sur un vivre-ensemble liberticide. Dans ce monde étrange, un célibataire peut devenir un animal s'il ne trouve pas de partenaire. Il n'a pas le droit de se masturber. Il doit s'obliger à trouver un(e) alter-ego quitte à modifier son comportement ou mentir pour séduire. Question de survie. Avec un humour décalé, quelques situations cocasses, The Lobster dessine la noirceur de notre temps, où le mariage semble un aboutissement évident, où vivre seul est toujours considéré comme une tare. Le célibataire serait un handicapé, bon à revenir à l'état bestial.

Fascinant, le film bascule ensuite dans le camps de ceux qui se révoltent. Les rebelles ont pris le maquis. Mais, par posture, par idéologie, par esprit de contradiction, eux refusent toute idée du couple. Le solitaire est roi dès lors qu'il n'y a aucun "solitaire" (diamant) en jeu. Yorgos Lanthimos réussit à montrer à quel point il est absurde de vouloir dicter les sentiments, de décider à leur place ce qui est bien, au nom du collectif. Mais, comme dans Carol, le film est un hymne à la liberté amoureuse, à cet amour plus fort que tout, à cette émotion si intense qu'on en devient aveugle ou fou, prêt à laisser tomber toute sa vie d'avant. L'amour nous projette dans un avenir qu'on imagine heureux, joyeux, immortel. Cela vaut tous les sacrifices. La satire est acide. La symétrie parfaite. La dialectique habile. La farce cruelle. La fantaisie pessimiste.  Au passage, il égratigne le consumérisme, le repli sur soi, l'idéologie sectaire et donc exclusive. Esthétique, glaçant et glacé, morbide, c'est orwellien, frigide et grinçant.

Sans doute parce que l'oeuvre est plus terrifiante que romanesque, il s'agit non pas d'une simple critique de notre monde mais d'un appel à refuser la norme. La normalité est aliénante, qu'elle soit conservatrice ou extrêmiste. Refuser l'autre sous prétexte qu'il est différent, détruire l'autre sous prétexte qu'il ne rentre pas dans les cases de sa grille (intellectuelle, sociétale, politique, idéologique). Sous ses allures intrigantes et audacieuses, The Lobster est davantage le portrait de notre désenchantement et de notre impuissance qu'un drame romantique, même si les élans du coeur font pousser des ailes à ceux qui ont trouvé l'amour, le vrai. La seule emprise capable de faire oublier le déclin de nos empires.

Golden Globes 2016: Carol domine The Big Short, The Revenant et Steve Jobs

Posté par vincy, le 10 décembre 2015

On aurait pu le croire distancer depuis sa présentation au Festival de Cannes mais le film de Todd Haynes, Carol, qui sort le 6 janvier en France, est bel et bien un favori pour les Oscars cette année. Après sa belle razzia aux New York Critics Circle Awards, le film empoche 5 nominations aux Golden Globes, dont film, réalisateur, musique et deux nominations fratricides pour ses deux actrices.

Il devance ainsi The Revenant, qui pourrait valoir enfin un Oscar à DiCaprio, The Big Short (Le casse du siècle), la surprise de ces nominations tant il n'apparaissait sur aucuns radars, et Steve Jobs. Ces trois films obtiennent quatre nominations même si le biopic sur le fondateur d'Apple n'est pas retenu parmi les meilleurs films. 5 films décrochent trois nominations et parmi eux seuls Spotlight, Room et Seul sur Mars sont nommés en meilleur film. Mad Max réussit tout de même l'exploit d'avoir deux nominations dans les deux catégories reines: film et réalisateur.

Bien sûr il y a quelques surprises dans la liste des oubliés: Johnny Depp, les acteurs de Spotlight, Tom Hardy, Meryl Streep, pourtant chouchou des Golden Globes, Charlotte Rampling, Elizabeth Banks...

Bref, la compétition est très ouverte entre des favoris des critiques, des succès du box office respectés, et quelques nouveaux chouchous comme Trumbo, favori des Screen Actors Guild Awards. Notons également la double nomination d'Alicia Vikander (actrice et second rôle).
Pour finir, la catégorie du film en langue étrangère a choisit Mustang, Le nouveau testament, Le fils de Saul mais aussi El Club et un film nordique, The Fencer.

Meilleur film (drame): Carol ; Mad Max : Fury Road : The Revenant ; Room ; Spotlight
Meilleur film (comédie): The Big Short (Le casse du siècle) ; Joy ; Seul sur Mars ; Spy ; Trainwreck
Meilleur réalisateur: Todd Haynes (Carol) ; Alejandro G. Inarritu (The Revenant) ; Tom McCarthy (Spotlight) ; George Miller (Mad Max) ; Ridley Scott (Seul sur Mars)
Meilleur scénario: Room ; Spotlight ; The Big Short (Le casse du siècle) ; Steve Jobs ; The Hateful Eight
Meilleur acteur (drame): Bryan Cranston (Trumbo) ; Leonardo DiCaprio (The Revenant) ; Michael Fassbender (Steve Jobs) ; Eddie Redmayne (The Danish Girl) ; Will Smith (Concussion)
Meilleur acteur (comédie): Christian Bale (The Big Short) ; Steve Carell (The Big Short) ; Matt Damon (Seul sur Mars) ; Al Pacino (Danny Collins) ; Mark Ruffalo (Infinitely Polar Bear)
Meilleure actrice (drame): Cate Blanchett (Carol); Brie Larson (Room) ; Rooney Mara (Carol) ; Saoirse Ronan (Brooklyn) : Alicia Vikander (The Danish Girl)
Meilleure actrice (comédie): Jennifer Lawrence (Joy) ; Melissa McCarthy (Spy) ; Amy Schumer (Trainwreck) ; Maggie Smith (The Lady in the Van) ; Lily Tomlin (Grandma)
Meilleur second-rôle masculin: Paul Dano (Love & Mercy) ; Idris Elba (Beasts of No Nation) ; Mark Rylance (Le Pont des espions) ; Michael Shannon (99 Homes) ; Sylvester Stallone (Creed)
Meilleur second-rôle féminin: Jane Fonda (Youth) ; Jennifer Jason Leigh (The Hateful Eight) ; Helen Mirren (Trumbo) ; Alicia Vikander (Ex Machina) ; Kate Winslet (Steve Jobs)
Meilleur film d'animation: Anomalisa ; Le voyage d'Arlo ; Vice-Versa ; Snoopy et les Peanuts, le film ; Shaun le mouton
Meilleur film en langue étrangère: Le tout nouveau testament ; El Club ; The Fencer ;; Mustang ; Le fils de Saul
Meilleure musique originale: Ryuichy Sakamoto, Alva Noto (The Revenant) ; Ennio Morricone (The Hateful Eight) ; Daniel Pemberton (Steve Jobs) ; Carter Burwell (Carol) ; Alexandre Desplat (The Danish Girl)
Meilleure chanson: Love Me Like You Do (Cinquante nuances de Grey) ; One Kind of Love (Love & Mercy) ; See You Again (Fast & Furious 7) ; Simple Sound #3 (Youth) ; Writing’s On The Wall (Spectre)

Les Screen Actors Guild Awards révèlent leurs nominations (surprenantes)

Posté par vincy, le 9 décembre 2015

trumbo

Les Screen Acotors Guild Awards ont révélé leurs nominations. Le plus important groupe de votants pour les Oscars a d'ailleurs surpris... Quelques favoris ont été oubliés: Matt Damon et le casting de Seul sur Mars, l'oubli complet de Sicario, Jennifer Lawrence, Will Smith, les comédiens masculins de Spotlight, le casting comme les comédiens de The Hateful Eight, Lily Tomlin et Charlotte Rampling...

Mais il y aussi quelques surprises. La place prépondérante de Trumbo, qui était en dehors des radars jusque là, et qui s'octroie trois nominations, le casting de Straight Outta Compton, Sylvester Stallone, Jacob Tremblay pour Room, Christian Bale et Sarah Silverman.

A coup sûr, pour une fois, les SAG Awards ne prédiront pas l'Oscar du meilleur film, contrairement à l'an dernier. Mais dans les catégories individuelles, n'oublions pas que l'an dernier les primés aux SAG ont tous été oscarisés trois semaines plus tard. Avec une compétition ouverte côté acteurs et seconds rôles, les SAG Awards seront un très bon indicateur. Pour les actrices, en revanche, Brie Larson et Saoirse Ronan partent favorites.

Meilleur acteur: Bryan Cranston (Trumbo) ; Johnny Depp (Strictly Criminal) ; Leonardo DiCaprio (The Revenant) ; Michael Fassbender (Steve Jobs) ; Eddie Redmayne (The Danish Girl)

Meilleure actrice: Cate Blanchett (Carol) ; Brie Larson (Room) ; Helen Mirren (La femme au tableau) ; Saoirse Ronan (Brooklyn) ; Sarah Silverman (I Smile Back)

Meilleur second rôle masculin: Christian Bale (The Big Short) ; Idris Elba (Beasts of No Nation) ; Mark Rylance (Le pont des espions) ; Michael Shannon (99 Homes) ; Jacob Tremblay (Room)

Meilleur second rôle féminin: Rooney Mara (Carol) ; Rachel McAdams (Spotlight) ; Helen Mirrent (Trumbo) ; Alicia Vikander (The Danish Girl) ; Kate Winslet (Steve Jobs)

Meilleur casting: Beasts of No Nation ; The Big Short ; Spotlight ; Straight Outta Compton ; Trumbo

Meilleur casting / cascadeurs: Everest ; Fast & Furious 7 ; Jurassic World ; Mad Max: Fury Road ; Mission:Impossible - Rogue Nation

Prix pour l'ensemble de sa carrière: Carol Burnett

Les critiques de New York succombent au charme de Carol

Posté par vincy, le 2 décembre 2015

Todd Haynes réussit à faire presque aussi bien qu'en 2002 avec Loin du Paradis quand il avait emporté 5 prix à l'issue des votes du cercle des critiques de New York (film, réalisateur, scénario, image - déjà Edward Lachman - et les deux seconds rôles). Cette année, avec Carol, il obtient l'image, le scénario, la réalisation et surtout le titre de meilleur film. Carré d'as. Autant dire qu'il rafle l'essentiel et que Carol est définitivement dans les starting blocks pour les Oscars (l'an dernier Boyhood avait raflé trois prix dont film et réalisateur avant de devenir l'un des films les plus primés de la saison).

Notons aussi une sorte de razzia franco-cannoise (Le fils de Saul, Timbuktu et Sils Maria, tous produits en France), qui, avec Vice-Versa, donne ainsi 8 prix, indirectement aux sélections de Thierry Frémaux.

Meilleur film: Carol
Meilleur réalisateur: Todd Haynes (Carol)
Meilleur acteur: Michael Keaton (Spotlight)
Meilleure actrice: Saoirse Ronan (Brooklyn)
Meilleur film d'animation: Vice-Versa
Meilleur documentaire: In Jackson Heights
Meilleur scénario: Phyllis Nagy (Carol)
Meilleure image: Edward Lachman (Carol)
Meilleur second-rôle masculin: Mark Rylance (Le Pont des espions)
Meilleur second-rôle féminin: Kristen Stewart (Sils Maria)
Meilleur film étranger: Timbuktu
Meilleur premier film: Le fils de Saul
Prix spécial: William J. Becker (1927-2015), patron du distributeur Janus Films
Prix spécial: Ennio Morricone (pour la musique de The Hateful Eight)

Independent’s Spirit Awards: Carol, Spotlight, Beasts of No Nation, Anomalisa et Tangerine grands favoris

Posté par vincy, le 25 novembre 2015

Carol est en tête des nominations aux Independent's Spirit Awards avec 6 nominations, devançant ainsi Beasts of No Nation et Spotlight (5 chacun), Tangerine et Anomalisa (4 chacun).

Pour ces Oscars du cinéma indépendants, qui seront remis le 27 février, le choix est donc ouvert entre le film de Todd Haynes en compétition à Cannes (avec prix d'interprétation et Queer Palm à la clé),  le film de guerre de Cary Joji Fukunaga, doublement récompensé à Venise, l'histoire vraie primée par un Pulitzer adaptée par Thomas McCarthy, lui aussi doublement primé à Venise et et grand gagnant des Gotham Awards, le micro-budget filmé avec un iphone de Sean Baker, prix du jury à Deauville, et le dessin animé de Charlie Kaufman, Grand prix à Venise.

En clair, comble de l'ironie, le festival de Sundance, temple des révélations du cinéma indépendant américain, a été clairement ignoré cette année. Bien sûr certains des films présentés à Sundance grappillent quelques nominations, mais on peut en dire autant de films présentés ailleurs comme Mediterranea et It Follows (Semaine de la critique à Cannes), Room (Telluride et Toronto), Love & Mercy (Toronto et Berlin), The Look of Silence (Venise)... Quatre des cinq films en langue étrangères viennent tout droit de la Croisette. L'autre de la Lagune. Les cinq sont des coproductions ou productions françaises, dont Bande de filles, réalisée par Céline Sciamma, et Mustang et Le Fils de Saul, signés de deux réalisateurs ayant fait leurs études en France.

Autre particularité, le renouvellement. Les cinq acteurs principaux en finale n'ont jusque là jamais été nominés en premier ou en second rôle, et aucun ne fait parti du gratin hollywoodien. Côté seconds rôles masculins, en revanche, trois d'entre eux ont déjà été cités par le passé. Pour les actrices, on note d'abord la double nomination pour les deux interprètes de Carol, Cate Blanchett et Rooney Mara. On salue aussi la première nomination pour deux comédiennes transsexuelles (Kitana Kiki Rodriguez et Mya Taylor). Certes, Brie Larson a déjà été nominée et Cate Blanchett a été récompensée en 2007 (second rôle) et 2013 (rôle principal), en plus d'une nomination en 2004 (second rôle). Mais pour les trois autres, c'est bien une première toutes catégories confondues. En second-rôle, on constate ce même renouvellement puisque seule Jennifer Jason Leigh a déjà été nominée (2 fois en tant qu'actrice, une fois comme second rôle, une fois comme productrice/réalisatrice et une fois comme scénariste), en plus de partager son trophée pour un prix récompensant un casting (2009).

Meilleur film
Anomalisa
Beasts of No Nation
Carol
Spotlight
Tangerine

Meilleur réalisateur
Sean Baker, Tangerine
Cary Joji Fukunaga, Beasts of No Nation
Todd Haynes, Carol
Charlie Kaufman & Duke Johnson, Anomalisa
Tom McCarthy, Spotlight
David Robert Mitchell, It Follows

Meilleur scénario
Charlie Kaufman, Anomalisa
Donald Margulies, The End of the Tour
Phyllis Nagy, Carol
Tom McCarthy & Josh Singer, Spotlight
S. Craig Zahler, Bone Tomahawk

Meilleur premier film
The Diary of a Teenage Girl
James White
Manos Sucias
Mediterranea
Songs My Brothers Taught Me

Meilleur premier scénario
Jesse Andrews, Me and Earl and the Dying Girl (This is not a Love Story)
Jonas Carpignano, Mediterranea
Emma Donoghue, Room
Marielle Heller, The Diary of a Teenage Girl
John Magary, Russell Harbaugh, Myna Joseph, The Mend

Meilleur acteur
Christopher Abbott, James White
Abraham Attah, Beasts of No Nation
Ben Mendelsohn, Mississippi Grind
Jason Segel, The End of the Tour
Koudous Seihon, Mediterranea

Meilleure actrice
Cate Blanchett, Carol
Brie Larson, Room
Rooney Mara, Carol
Bel Powley, The Diary of A Teenage Girl
Kitana Kiki Rodriguez, Tangerine

Meilleur second rôle masculin
Kevin Corrigan, Results
Paul Dano, Love & Mercy
Idris Elba, Beasts of No Nation
Richard Jenkins, Bone Tomahawk
Michael Shannon, 99 Homes

Meilleur second rôle féminin
Robin Bartlett, H.
Marin Ireland, Glass Chin
Jennifer Jason Leigh, Anomalisa
Cynthia Nixon, James White
Mya Taylor, Tangerine

Meilleur documentaire
(T)error
Best of Enemies
Heart of a Dog
The Look of Silence
Meru
The Russian Woodpecker

Meilleur film étranger
Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence...
L'étreinte du serpent
Bande de filles
Mustang
Le fils de Saul

Meilleure image
Beasts of No Nation
Carol
It Follows
Meadlowland
Les chansons que mes frères m'ont apprises

Meilleur montage
Heaven Knows What
It Follows
Manos Sucias
Room
Spotlight

Prix John Cassavetes (Meilleur film avec un budget inférieur à $500,000)
Advantageous
Christmas, Again
Heaven Knows What
Krisha
Out of My Hand

Prix Robert Altman Award (Meilleur casting)
Spotlight

Prix Kiehl’s Someone to Watch
Chloe Zhao (productrice, réalisatrice, scénariste Les chansons que mes frères m'ont apprises)
Felix Thompson (réalisateur, scénariste King Jack)
Robert Machoian & Rodrigo Ojeda-Beck (réalisateurs, scénaristes, God Bless the Child)

Prix des Producteurs -Piaget
Darren Dean (Tangerine)
Mel Eslyn (Lamb)
Rebecca Green & Laura D. Smith (It follows)

Les Oscars piochent déjà dans les films cannois

Posté par vincy, le 8 juin 2015

Cannes est à peine terminé, Venise comme Toronto n'ont même pas encore annoncé leurs premiers films que les professionnels américains pensent déjà aux Oscars. Ainsi va l'industrie. Un événement chasse l'autre.

Pour Hollywood, Cannes 2015 fut un bon cru et un réservoir à nominations pour les Oscars. A commencer par Carol, de Todd Haynes, favori de la critique internationale sur la Croisette, qui peut viser plusieurs nominations: réalisateur, scénario, décors, costumes, image, montage et bien entendu actrices. C'est le seul dilemme du film: Cate Blanchett et Rooney Mara seront-elles dans la même catégorie (meilleure actrice) ou l'une des deux aura le droit à la catégorie reine et l'autre à celle du meilleur second-rôle. Durant le Festival, beaucoup imaginait le scénario suivant: Cate Blanchett en actrice, Rooney Mara en second-rôle féminin. Mais depuis le prix d'interprétation féminine à Cannes pour Mara, le choix pourrait être inversé.

Autre favori, Vice-Versa, qui vise une nomination dans la catégorie animation, au minimum. Celle-ci semble assurée. Le Petit Prince parait également profiter du buzz cannois pour s'inviter dans la compétition animée. Du côté de Mad Max Fury Road, certains fantasment sur une nomination en meilleure actrice pour Charlize Theron, et d'autres, plus pragmatiques imaginent surtout une razzia dans les catégories techniques.

Parmi les comédiens en compétition à Cannes, beaucoup misent sur Michael Caine, Tim Roth et Michael Fassbinder dans la catégorie acteur, tandis que Rachel Weisz, Emily Blunt et Marion Cotillard seraient de bonnes possibilités pour la catégorie actrice.

C'est évidemment du côté des films en langue étrangère que la compétition est la plus féroce. Pour la Hongrie, Le fils de Saul semble incontestable. La Grèce ne pourra pas choisir The Lobster (en anglais), tout comme Chronic de Michel Franco pour le Mexique et Youth de Paolo Sorrentino pour l'Italie. Le cinéma italien peut compter sur Mia Madre de Nanni Moretti.

La France devra choisir entre Dheepan et La Loi du marché, en la jouant valeur sûre, entre de multiples films potentiels. Le Japon a lui aussi le choix: An, Vers l'autre rive et Notre petite soeur. Tout comme la Colombie aura à départager avec La tierra y la sombra et El abrazo de la serpiente. Taiwan enverra évidemment The Assassin. Moins certain: Mountains May Depart peut ne pas représenter la Chine. Le trésor (Roumanie), Hrutar (Islande) et Soleil de Plomb (Croatie), tous primés à Un certain regard, devraient concourir pour la pré-selection.

Mais d'ici là, de Venise à Telluride, de Toronto à New York, les autres festivals préparent leurs propres oscarisables. Sans oublier les quelques films marquants du dernier Festival de Berlin, à commencer par Taxi Téhéran de Jafar Panahi et El Club de Pablo Larraín.

Cannes 2015: un palmarès très socio-politique et un peu romanesque

Posté par redaction, le 24 mai 2015

Pas de Cate Blanchett (incompréhensible) aux côtés de Rooney Mara. Pas de Sorrentino ni de Moretti (favori de la critique française). Pas de Jia Zhang-ke. Bref, comme toujours, il y a de gros oublis, des choix étranges dans le classement, et même des injustices. On se félicitera de quelques récompenses pour The Lobster, Vincent Lindon (enfin!), Hou Hsiao-hsien, le premier film de Laszlo Nemes... Le cinéma français est arrivé en force ce soir. Le jury des frères Coen a surtout donné une tonalité socio-politique à son palmarès: l'immigration et les cités chez Audiard, les camps de concentration chez Nemes, la diplomatie plutôt que la guerre chez HHH, les chômeurs et précaires chez Brizé, la fin de vie chez Franco.

Trois parcours romanesques ont pu quand même séduire les jurés: dans un monde dicté par des normes tyrannique, on cherche le grand amour chez Lantimos, l'amour est transgressif et pudique chez Haynes, passionnel et douloureux chez Maïwenn.

Mais ce qu'on retiendra de cette 68e édition, c'est l'absence d'un très grand film et la multiplication de bons films aux regards acérés et esthétiques assumés. Quitte à prendre de forts risques qui ont souvent divisé les festivaliers.

Palme d'or: Dheepan de Jacques Audiard

Grand prix du jury: Le fils de Saul de Laszlo Nemes

Prix de la mise en scène: Hou Hsiao-hsien pour The Assassin

Prix d'interprétation masculine: Vincent Lindon pour La loi du marché. "C'est la première fois que je reçois un prix dans ma vie."

Prix du jury: The Lobster de Yorgos Lanthimos

Prix d'interprétation féminine: Emmanuelle Bercot pour Mon Roi et Rooney Mara pour Carol

Prix du scénario: Michel Franco pour Chronic (Mexique)

Palme d'honneur: Agnès Varda, "Palme de résistance et d'endurance". "Cette palme dorée sera placée dans un placard à côté de celle de Jacques [Demy]".

Caméra d'or du meilleur premier long métrage: La tierra y la sombra de César Augusto Acevedo (Colombie)

Palme d'or du court métrage: Waves'98 de Ely Dagher (Liban)

Cannes 2015: Carol, Queer Palm distinguée

Posté par vincy, le 24 mai 2015

La Queer Palm 2015 a été décernée au Silencio samedi 23 mai, dans une salle bondée (open bar en bonus).

Le jury de la Queer Palm présidé par l’actrice et réalisatrice américaine Desiree Akhavan a récompensé Carol, de Todd Haynes, film de la compétition dans le cadre de la Sélection officielle. C'est la première fois qu'un film en lice pour la Palme d'or emporte la Queer Palm. Carol a reçu le prix "pour ses performances à fendre le cœur, pour sa mise en scène soignée et distinguée, pour sa maîtrise impressionnante de l’art cinématographique."

Une mention spéciale a été attribuée à un autre film de la compétition, The Lobster de Yorgos Lanthimos, "un film qui ne contient aucun élément “gay”, mais qui se démarque par la manière dont il se moque des normes sociales absurdes et des conventions sur les relations sexuelles. Une allégorie parfaite, qui fait écho à un manque de représentation ouvertement gay à Cannes."

Enfin, la Queer Palm du court-métrage est revenue au film chilien Locas Perdidas (Lost Queens) d’Ignacio Juricic Merillan, qui a aussi reçu le 2e prix de la Cinéfondation.

Après deux heures de cérémonie, les fidèles de la Queer Palm ont terminé le Festival au Vertigo, avec la légendaire Miss Koka.

L’instant Glam’: un dimanche habituel à Cannes

Posté par cynthia, le 17 mai 2015

Grosse paire de seins,  flashs insistants et encore et toujours des traînes, le dimanche à Cannes est loin de ressembler à un dimanche habituel.

Un dimanche habituel: Vous vous levez la tête dans un étau (il faut se remettre la soirée de la veille), partez faire votre jogging de la semaine au parc afin de vous déculpabiliser de la part de gâteau supplémentaire d'hier, vous prenez une douche en deux secondes, sortez boire un verre avec des amis, reprenez le métro où vous êtes compressez comme une paire de testicule dans un string, vous rentrez chez vous gaiement jusqu'à ce qu'un vieillard édenté vous fasse la cour puis vous poursuivez votre journée devant les téléfilms de RTL 9 en pyjama avec un pot de glace presque vide.

Nous sommes bien loin d'un dimanche à la croisette et pour cause ce dimanche a été lumineux...

Un dimanche au Festival de Cannes: Vous vous levez avec un grand sourire (malgré les soirées arrosées de la veille), cheveux au vent vous vous la jouez Alerte à Malibu et partez faire votre jogging sur la Croisette avant de sauter sous la douche et de vous préparer pour une séance matinale en attendant d'arpenter le tapis rouge en fin de journée. Alors, vêtu de votre plus belle tenue (ça vient de Zara mais vous dites à tout le monde que c'est signé Oscar De La Renta), vous vous rendez au palais des festivals. Vous croisez Benicio Del Toro, sexy et fringué comme un membre des blues brothers et répondant aux journalistes avec ferveur "je rêverai d'être Alain Delon" au détour d'une question. Benicio Delon... cela donnerait un sacré mélange! Mais vous avez à peine le temps d'imaginer la chose, qu'une horde de mannequins arrivent sur la croisette: une robe qui ne cache rien, un kimono... un kimono??? On aura tout vu...

Vous avancez timidement vers le tapis rouge et là vous apercevez Salma Hayek. Et Dieu qu'il y a du monde au balcon... trop de monde! La belle s'affiche aux bras de son époux, sponsor du Festival, avec un décolleté qui laisse peu de place à l'imagination. Même ce pauvre Didier Allouch a été perturbé "il y avait son mari, j'ai fait attention de ne pas regarder!" Oh Didier, fais-toi plaisir, tu bosses dur toute l'année. Salma est sexy, il ne faut pas se mentir et ce n'est pas le brailleur derrière vous qui va vous contredire. "SALMAAAAAAAAAAAA"!!! Serait-ce un appel ou un orgasme? Avec les photographes cannois on ne sait jamais.

En continuant votre balade cannoise vous croisez Manuel Valls, une femme vêtue d'une robe couverte de pellicule (on ne sait pas de quel film cela provient... Vu son tour de taille ça doit être un court-métrage). Eva Longoria sublime, Mélanie Thierry radieuse qui se fait hurler dessus par un photographe qui trouve qu'elle ne se place pas bien sur le tapis rouge "La face...LA FACE...". Vous croisez aussi Rossy De Palma qui manque de spoiler le dernier Woody Allen, Jake Gyllenhaal qui vous fait exploser un ovule sur son passage, mais aussi Sienna Miller bras dessus bras dessous avec Xavier Dolan... Sienna tu nous files ta place ???

Avec tout ce monde vous ne savez même plus pour quel film vous êtes sur le tapis... Ah oui Carol! Ce film au casting quatre étoiles que vous attendiez depuis la montée des marches prévécdentes (Mon Roi). D'ailleurs l'équipe du film arrive enfin: Todd Haynes et son noeud de papillon de travers (à la mode à Hollande), Cate Blanchett et sa robe graphique, couleur de nuit, aussi impressionnante que sa prestation dans Carol et enfin Rooney Mara en robe blanche et fluide, virginale et rayonnante. Le matin au Photocall, elles avaient aussi joué sur le contraste: Cate en noir et Rooney en immaculée conception.

Et dire que tout ça ce passe en moins d'une heure! Il n'y a pas à dire le dimanche à Cannes c'est plus palpitant que le dimanche chez la belle-famille!