Julia Roberts dans le remake de Dans ses yeux

Posté par vincy, le 9 septembre 2014

Julia RobertsAnnoncé au Marché du film du dernier Festival de Cannes, le remake américain du hit argentin Dans ses yeux a complété son casting avec l'arrivée de Julia Roberts. Le film d'Eduardo Sacheri sera transposé aux Etats-Unis par Billy Ray (scénariste de Capitaine Phillips et Hunger Games, réalisateur d'Agent double et du Mystificateur).

Pour The Secret in Their Eyes, titre américain, Chewitel Ejiofor et Gwyneth Paltrow avaient déjà été annoncés dans les rôles respectifs tenus par Ricardo Darin et Soledad Villamil. Roberts incarnera l'amie et ancienne partenaire du personnage d'Ejiofor, transformé dans cette version en ancien agent du MI-5 obsédé par une affaire ancienne non classée. Le tournage débutera en octobre pour une sortie fin 2015.

Dans ses yeux avait reçu l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2010.

Cannes 2014 : Qui est Damian Szifron ?

Posté par vincy, le 17 mai 2014

Damian Szifron
L'INATTENDU

C'est l'inconnu dans la sélection. Damián Szifron, pas encore 39 ans, est un réalisateur et scénariste argentin qui fait ses premiers pas dans un grand festival international avec Relatos salvajes (Les nouveaux sauvages). Ce film "à sketches", coproduit par Pedro Almodovar, met en vedette LA star du cinéma argentin, Ricardo Darin.

Szifron est sans doute la surprise cannoise de l'année avec ce récit gigogne où une trahison amoureuse, le retour du passé, une tragédie ou même la violence d’un détail du quotidien vont servir de détonateurs, poussant ces personnages vulnérables vers le vertige et la perte de contrôle dans un monde imprévisible et trouble.

Cela fait 17 ans que le cinéaste écrit et réalise des films. Des courts métrages pour commencer. Relatos Salvajes n'est cependant que son quatrième film depuis Punto Muerto en 1998. El Fondo del Mar en 2003, une comédie noire, a reçu, entre autres, 10 nominations aux Argentinean Film Critics Association Awards ainsi que le prix du public, le prix du meilleur film hispanophone et le prix de la critique internationale au Festival de Mar del Plata, et le prix de la découverte à Toulouse. Une histoire de jalousie obsessionnelle et d'infidélité.

Deux ans plus tard, il réalise la comédie policière Tiempo de Valientes - 9 nominations aux Argentinean Film Critics Association Awards et un prix du public à Biarritz -, qui suit un flic subissant un mariage malheureux et immergé dans une sombre histoire de meurtre, de drogue et de corruption.

Mais Szifron est avant tout connu pour ses oeuvres télévisuelles : Los Simuladores et Hermanos & Detectives. Los Simuladores, entre suspens et humour, a été considérée comme la meilleure série de la télévision argentine au début des années 2000. Hermanos & Detectives n'a pas failli à sa réputation de storyteller et a également remporté de nombreux prix. Les deux séries ont été déclinées dans de nombreux pays étrangers. Grâce à ces deux créations, il a reçu en 2011 le prix Konex de Platine du meilleur réalisateur de télévision de la décennie 2001-2010.

Gabriel Garcia Marquez, scénariste, cinéphile et critique de cinéma

Posté par vincy, le 18 avril 2014

gabriel garcia marquez

Gabriel Garcia Marquez est mort hier à Mexico, à l'âge de 87 ans. Deuil national en Colombie : il fallait bien cela pour cet immense conteur. Le prix Nobel de littérature colombien (en 1982) écrivait avec une style très visuel et un imaginaire très cinématographique. Aucune surprise de ce côté là pour l'auteur de Cent ans de solitude. Il expliquait que ses histoires, flamboyantes et mélancoliques, comme ces putes tristes qu'il affectionnait tant, étaient toujours inspirés par l'image.

"Gabo" était également journaliste et critique de cinéma (notamment pour le journal de Bogota, El Espectador). Il a fondé la prestigieuse École Internationale de Cinéma et de Télévision (EICTV) de Cuba, et il y animait de nombreux ateliers d'écriture. Dans ses nombreux articles de presse, il défendait la culture caribéenne. Il a aussi présidé la Fondation pour un nouveau cinéma latino-américain. Il fut même membre du jury du Festival de Cannes en 1982, cinq mois avant d'être nobélisé.

Et puis Gabriel Garcia Marquez a écrit quelques scénarios, originaux ou adaptés de ses propres ouvrages: El gallo de oro de Roberto Gavaldón (1964), Lola de mi vida de Miguel Barbachano-Ponce (1965), Tiempo de morir d'Arturo Ripstein (1966), meilleur film mexicain cette année-là, et son remake de Jorge Alí Triana (1986), 4 contra el crimen de Sergio Véjar (1968), Presagio de Luis Alcoriza (1975), primé à San Sebastian, María de mi corazón de Jaime Humberto Hermosillo (1979), El año de la peste de Felipe Cazals (1979), qui valu le prix du meilleur scénario à l'écrivain aux Césars mexicains, Eréndira de Ruy Guerra (1983), en compétition à Cannes, Un señor muy viejo con unas alas enormes de Fernando Birri (1988), en compétition à Venise, Fábula de la Bella Palomera de Ruy Guerra (1988), Milagro en Roma de Lisandro Duque Naranjo (1989), Cartas del Parque de Tomás Gutiérrez Alea (1989) et Los ninos invisibles de Lisandro Duque Naranjo (2001), primé à Montréal.

chronique d'une mort annoncée

Evidemment, son oeuvre a surtout inspiré de nombreux réalisateurs pour le petit comme pour le grand écran: En este pueblo no hay ladrones d'Alberto Isaac (1965) est primé à Locarno, La viuda de Montiel de Miguel Littin (1979), en compétition à Berlin, Adieu l'arche de Shûji Terayama (1984), d'après Cent ans de solitude, en compétition à Cannes, Chronique d'une mort annoncée de Francesco Rosi (1987), en compétition à Cannes, Oedipo alcalde de Jorge Alí Triana (1996), Pas de lettre pour le Colonel de Arturo Ripstein (1999), primé à Sundance et en compétition à Cannes, O Veneno da Madrugada de Ruy Guerra (2006), L'amour au temps du choléra de Mike Newell (2007), avec Javier Bardem, Del amor y otros demonios d'Hilda Gidalgo (2009) et Memoria de mis putas tristes de Henning Carlsen (2011), scénarisé par Jean-Claude Carrière, d'après son dernier roman "Mémoire de mes putains tristes" (paru en 2004).

Cannes 2014 : Pablo Trapero présidera le jury Un Certain Regard

Posté par vincy, le 8 avril 2014

pablo traperoPablo Trapero, sera le Président du Jury Un Certain Regard du 67e Festival de Cannes.

Dans le communiqué diffusé par le Festival, le scénariste, producteur et réalisateur argentin a déclaré : « Je suis très fier d’être le Président du Jury du Certain Regard. Fier de participer à l’aventure cannoise d’une autre manière. Le Certain Regard, où j’ai présenté trois de mes films, est une sélection toujours passionnante. On y trouve de grands maîtres, de jeunes promesses, les nouveaux pays et les formes nouvelles du cinéma. »

Trapero, 42 ans, avait reçu le Prix de la Critique à Venise en 1999 avec son premier long métrage Mundo Grúa. Avec son film suivant, El Bonaerense, en 2002, il est sélectionné à Un Certain regard au Festival de Cannes. Depuis, il ne quittera pas la Croisette : en compétition avec Leonera en 2008, à Un Certain Regard avec Carancho en 2010 et Elefante blanco en 2012.

Avec sa société Matanza Cine, il a produit des cinéastes comme Lisandro Alonso, Albertina Carri, Enrique Bellande, Ezequiel Acuña et Raúl Perrone.

Cette année Prix Un Certain Regard sera décerné le vendredi 23 mai 2014. La sélection des films sera annoncée le 17 avril.

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Lire aussi notre entretien avec Pablo Trapero

Cannes 2014 – les prétendants : d’Australie au Chili en passant par l’Afrique

Posté par vincy, le 31 mars 2014

mr kaplan d'alvaro brechner

Thierry Frémaux prépare sa sélection officielle du 67e Festival de Cannes. Il ne s'agit pas de faire des pronostics - vains - mais plutôt de repérer les films potentiels. Certains seront en compétition, d'autres recalés, d'autres encore à Un certain regard, et parfois dans les sélections parallèles. Passage en revue. D'Afrique, d'Amérique du sud ou d'Océanie : ce sont les régions souvent les moins représentées sur la Croisette et celles dont on ignore souvent l'avancée des films. On peut se douter que le cinéma brésilien ne sera pas oublié cette année. D'autant que les grands cinéastes argentins sont toujours en tournage.

- Lisandro Alonso, Film sans titre. Avec Viggo Mortensen, Ghita Nørby. Jamais sélectionné dans un des trois grands festivals européens, Alonso pourrait séduire les sélectionneurs avec cette histoire d'un père et d'une fille qui les mène du Danemark aux fins fonds de la civilisation.

- Vicente Amorim, Guillermo Arriaga, Stephan Elliott, Sang-soo Im, Nadine Labaki, Fernando Meirelles, José Padilha, Carlos Saldanha, Paolo Sorrentino, John Turturro, Andrucha Waddington, Rio je t'aime. Sur le modèle de Paris je t'aime, présenté à Cannes, cette déclaration d'amour à la future ville olympique, réalisée par de nombreux fidèles de Cannes, pourrait faire son avant-première mondiale sur la Croisette.

- Álvaro Brechner, Mr Kaplan (photo). Avec Héctor Noguera, Néstor Guzzini, Rolf Becker. Caméra d'or en 2009 avec Sale temps pour les pêcheurs, le cinéaste uruguayen s'est intéressé à la communauté juive qui réside en Amérique du sud. L'histoire de la vie d'un vieil homme un peu ronchon et lassé par la vie qui va suspecter un vieil allemand d'être un ancien nazi en fuite.

- Niki Caro, McFarland. Avec Kevin Costner, Maria Bello, Morgan Saylor. Jane Campion au jury, pourquoi pas une de ses consoeurs sur la Croisette? Mais cette histoire sportive de la réalisatrice de Paï semble très éloignée des sujets habituellement choisis par les sélectionneurs.

- Russell Crowe, The Water Diviner. Avec aussi Jai Courtney, Olga Kurylenko Premier film de la star, il s'agit du récit d'un homme qui part en Turquie retrouver ses trois fils disparus après la bataille de Gallipoli.

- David Michod, The Rover. Avec Guy Pearce, Robert Pattinson. Après Animal Kingdom, difficile de croire que Michod ratera les marches avec ce drame psychologique qui se déroule dans l'outback australien.

- Lyès Salem, L'Oranais. Son film Mascarades avait été nommé aux Césars. Un film algérien qui raconte les premières années euphoriques après l'indépendance du pays : deux amis, Djaffar et Hamid, sont promis à un bel avenir dans cette Algérie libre jusqu'au jour où la trahison les sépare.

- Sebastian Silva, Nasty Baby. Avec Kristen Wiig, Alia Shawkat, Mark Margolis. Un an après la sélection à la Quinzaine des réalisateurs de Magic Magic, Silva sera-t-il promu avec cette histoire new yorkaise autour d'un couple gay qui a un bébé?

- Abderrahmane Sissako, Le chagrin des oiseaux. Avec Hichem Yacoubi, Abel Jafri, Kettly Noël. Tourné cet automne, le film produit par Sylvie Pialat pourrait permettre à Sissako de revenir à Cannes, 8 ans après Bamako.

Cinélatino 2014: un palmarès très brésilien

Posté par Morgane, le 30 mars 2014

o homem das multidoes cinélatinoAprès 10 jours, le festival Cinélatino touche à sa fin. C’est donc le temps des palmarès! Et cette année, le cinéma venu du Brésil a eut le vent en poupe en recevant 4 des 7 prix avec 3 films différents.

Compétition long-métrage:

*Le Grand Prix Coup de Coeur - O Homem Das Multidoes de Marcelo Gomes et Cao Guimaraes (Brésil, 2013).

Le film suit deux personnages : Juvenal, conducteur de métro, et Margo, qui contrôle le flux des trains. Chacun vit, à sa manière, un état de profonde solitude au sein d’une ville densément peuplée. Peu à peu, cependant, leurs routes vont se croiser. Librement inspiré d’une nouvelle éponyme d’Edgar Allan Poe, ce film fait appel à toute une série de situations inédites, à la frontière du réel. Le film avait déjà récolté le prix de la mise en scène au festival de Rio de Janeiro.

Mention spéciale attribuée à Atlantida de Ines Maria Barrionuevo (Argentine-France, 2014). Ce film était en sélection au Festival de Berlin 2014.

*Le Prix du Public La Dépêche du Midi - Casa Grande de Fellipe Barbosa (Brésil, 2014). Ce film était en sélection au Festival de Rotterdam 2014.

*Le Prix CCAS, prix des électriciens gaziers - Somos Mari Pepa de Samuel Kishi Leopo (Mexique, 2013). Ce film était en sélection au Festival de Berlin 2014.

*Le Prix Fipresci, prix de la fédération internationale de la presse cinématographique - Casa grande de Fellipe Barbosa (Brésil, 2014)

*Le Prix découverte de la critique française - Casa grande de Fellipe Barbosa (Brésil, 2014)

*Le Rail d’or, prix des cheminots - La ninas Quispe (Les soeurs Quispe) de Sebastian Sepulveda (Chili, France, Argentine, 2013). Ce film sort le 4 juin en France. Il a reçu le prix de la meilleure image à la Semaine de la Critique à Venise en 2013.

Compétition court-métrage:

*Le Prix « courtoujours » - El rama de Mena Duarte (Argentine, 2013)

*Le Prix Signis du court-métrage - O Caminho de Meu Pai de Mauricio Osaki (Brésil, Vietnam, 2013)

Ont aussi été remis les Prix pour la compétition Documentaire ainsi que le Prix Cinéma en Construction.

Palmarès Documentaire:

Pour le Prix documentaire rencontres de Toulouse sous l'égide des médiathèques de Midi-Pyrénées, sont ex-aequo, Le grill de César de Darío Aguirre et La muerte de Jaime Roldos de Lisandra I. Rivera et Manolo Sarmiento.
Le prix a été décerné par un jury de médiathécaires de Midi-Pyrénées et de professionnels du cinéma européen et latino-américain.

Le grill de César de Dario Aguirre a également remporté le Prix SIGNIS (créé en 2003, il est remis par SIGNIS, Association Catholique Mondiale pour la Communication) ainsi que le Prix lycéen (prix remis par une classe du lycée agricole Beaulieu-Lavacant d'Auch, suite à la résidence de la documentariste María-Isabel Ospina.

Prix Cinéma en Construction:

Le Prix Cinéma en Construction (organisé conjointement entre les festivals de Toulouse et de San Sabastian) a pour objectif d'aider à la finalisation, la distribution et/ou la promotion de films latino-américains qui rencontrent des difficultés lors de la phase de postproduction. Six films en cours de finalisation ont donc été montrés à un public de professionnels exclusivement susceptibles d'apporter leur contribution pour que ces oeuvres puissent arriver jusqu'à leur public.

Cette année il a été attribué à Aurora de Rodrigo Sepulveda (Chili).

Cinélatino 2014: Fin de journée avec les nerfs à vif

Posté par Morgane, le 29 mars 2014

affiche de cinélatino 2014En cette fin de journée toulousaine au Festival Cinélatino, les nerfs sont mis à rude épreuve avec les projections de Matar a un hombre d’Alejandro Fernandez Almendras (chilien) et Historia del miedo de Benjamin Naishtat (argentin), deux films de la compétition.

Basé sur des faits réels, et récemment couronné par le Grand prix du jury au Festival de Sundance, Matar a un hombre (To Kill a Man) débute par l’agression d’un homme et l’engrenage qui s’en suit. Le réalisateur filme tout en retenue une famille modeste harcelée par un voyou et sa bande de leur quartier. On suit le cheminement et l’évolution pas à pas de cette violence vers une issue qui apparait comme inévitable.
La tension est digne d’un thriller mais le film n’en est pas un. Proche du fait divers, il respire la cruauté et transpire la peur qui peut malheureusement, comme c’est le cas ici, faire partie du quotidien.
Le réalisateur dépeint le portrait d’un homme lambda qui finalement ne voit (et n’a pas semble-t-il) d’autre moyen pour s’en sortir que d’avoir recours à une violence extrême.
Le film est dur, le film est noir, mais en même temps il sonne juste. La colère, la tristesse, le désemparement puis la résolution d’un homme à faire le nécessaire sans pour autant pouvoir vivre avec…

Matar a un hombre et Historia del miedo se rejoignent dans une certaine mesure. Tous deux évoluent dans un univers oppressant et angoissant. Mais là où dans Matar a un hombre cette violence a un visage bien réel, dans Historia del miedo, elle est certes quotidienne aussi, mais elle également latente. Jamais on n'en voit le véritable visage.

En compétition au dernier Festival de Berlin, Historia del miedo est un film beaucoup moins classique de par sa forme et sa narration. Il n’y a ni « début » ni « fin » mais plutôt des situations, un contexte, un climat de peur, quasi de terreur, que le réalisateur met en lumière à travers plusieurs scènes, parfois très métaphoriques. Les personnages très éparpillés semble-t-il au départ finissent tous par se croiser mais les liens restent parfois flous. Le seul point commun qu’ils ont tous est cette Peur.

Le contexte du film lui est bien réel. Il se déroule dans un quartier sécurisé dans la banlieue de Buenos Aires où vivent des gens très aisés ou de milieux plus modestes « protégés » par une sorte de milice privée. Ces familles qui ont peur de la ville se sont barricadées dans des sortes de ghettos qui se trouvent souvent à côté de bidonvilles. Ici la peur est donc une peur sociale. Le contexte est ici latino-américain mais pour le réalisateur cette peur sociale s’éprouve à l’échelle mondiale.

Film ancré dans une certaine réalité il n’en parait pas moins parfois irréel dans sa forme et donne fortement à réfléchir. Mais film politique, film engagé? Pour Benjamin Naishtat, non. Il dit d’ailleurs: « je ne crois plus au cinéma engagé mais je crois aux gens qui s’engagent ». En attendant, son film sème de nombreuses pistes de réflexion sur lesquelles il faut laisser passer quelque temps avant de les voir se dessiner réellement. Un film intrigant qui ne laisse certainement pas indifférent!

Cinélatino 2014: Opus Dei ou puzzle, chacun sa passion

Posté par Morgane, le 27 mars 2014

marcela saidDocumentaires ou fictions, films gores ou fantastiques, dans La Muestra de CinéLatino cette année tous les genres sont à l’honneur mais ont tous pour point commun d’avoir été réalisés par des femmes. Pour cette édition, « La Muestra, Femmes de Cinéma » fait un tour d’horizon des regards féminins sud-américains sur le monde contemporain.

Petit coup de projecteur sur deux films, le documentaire Opus Dei, une croisade silencieuse de la chilienne Marcela Said et le premier long-métrage de la réalisatrice argentine Natalia Smirnoff, Puzzle.

Opus Dei, une croisade silencieuse - Marcela Said

Marcela Said est née en 1972 au Chili, juste un an avant le coup d’état du général Pinochet et a vécu sous la dictature militaire jusqu’à ses 24 ans. Elle quitte le Chili pour aller s’installer à New York puis à Paris (pendant 10 ans) où elle étudie à la Sorbonne. Elle réalise quatre documentaires, Valparaiso (1999), I love Pinochet (2001) puis Opus Dei (2006) et El Mocito (2011) avec son mari Jean de Certeau. En 2013 elle réalise son premier long métrage de fiction L’été des poissons volants qui sort en salles en France le 23 avril et qui était présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes l’année dernière.

Dans ce documentaire, Marcela Said ne remonte pas à la fondation (1928) de l’Opus Dei mais au jour où son fondateur, le Père José Maria Escriva, vient faire un séjour de 11 jours au Chili en 1974, quelques semaines après le coup d’état de Pinochet. La réalisatrice s’intéresse donc à ce mouvement, tente, avec une caméra discrète, d’en comprendre les rouages, les fonctionnements, de trouver la faille dans les discours de ses membres. Mais la chose est bien difficile tout étant tellement calculé, la parole comme les actes. Rien n’est affiché au grand jour, tout se fait dans l’ombre. L’Opus Dei est officiellement une organisation pauvre qui oeuvre pour les plus pauvres, mais en réalité elle détient de nombreux lieux plus prestigieux et grandioses les uns que les autres (par exemple l’Université de los Andes et sa très fameuse bibliothèque qui a coûté si chère mais dont les rayons sont loin d’être remplis. Rassurons-nous, un professeur nous certifie face caméra que l’Opus Dei n’exerce aucune censure, elle fait juste des « choix » pour orienter l’éducation de ses membres) et ses comptes sont bien garnis même si tout reste dissimulé. Ses membres surnuméraires sont des familles chiliennes très aisées qui reversent 10% de leur salaire à l’organisation. Quant aux membres numéraires choisis par Dieu, ils font promesse de chasteté et vivent en communauté dans les maisons de l’Opus Dei. Leurs lectures sont contrôlées, la flagellation corporelle est chose courante et le prosélytisme fait partie de leur quotidien.

Mais ce qui intéresse particulièrement Marcela Said n’est pas tant ce qui peut se passer dans la sphère privée des membres de l’Opus Dei mais comment ces derniers peuvent interagir dans la sphère publique, quel pouvoir réel ils exercent au sein du gouvernement chilien et quel pouvoir économique ils détiennent!

Ce documentaire d’une petite heure est le résultat d’un travail de longue haleine réalisé sur cinq années. Difficile d’obtenir l’accès aux membres de l’organisation, de se faire ouvrir les portes et tous ceux qui apparaissent à l’écran sont des personnes autorisées par le service de communication de l’Opus Dei à rencontrer Marcela Said. Et le résultat est devant nous, en images; un documentaire fort et poignant qui parait parfois absurde par les dires des membres qui seraient presque comiques s’ils n’étaient pas si réels et si puissants.

Puzzle - Natalia Smirnoff

Natalia Smirnoff est une réalisatrice argentine née elle aussi en 1972. En 2009 elle réalise son premier long-métrage de fiction Puzzle qui remporte l’aide Cinéma en Construction de Cinélatino. Cette année, elle présente également son deuxième long-métrage qui est en compétition, El cerrajero.

Puzzle, prix du meilleur premier film en Argentine, plonge dans la vie d’une femme de milieu modeste qui vient de souffler ses 50 bougies. Entourée de son mari et de ses deux garçons, grands adolescents, elle est femme au foyer, s’occupe de tout et manque cruellement de reconnaissance de la part de ses trois hommes. Elle va alors se réfugier dans une nouvelle passion, les puzzles!

Le titre original Rompecabezas, littéralement « casse-têtes », montre bien le côté prenant et obsédant qu’exerce le puzzle sur cette femme. Mais Maria del Carmen aborde cette nouvelle passion de manière très légère… C’est tout d’abord pour elle une chose dans laquelle elle va se révéler, se redécouvrir et pouvoir se retrouver malgré les incompréhensions qui l’entourent, notamment de la part de son mari.

Alors comme ça, sur le papier, un film sur une femme de 50 ans qui se découvre une passion pour les puzzles, ça ne fait pas forcément rêver. Eh bien, détrompons-nous! Car bien sûr derrière c’est tout autre chose qui est abordé, le rôle de la femme à la maison, la liberté intérieure, la place de l’inutile dans une société où tout est consommation et rapidité… Lorsque le générique apparait sur l’écran, on est surpris et on en redemande.

Premier long-métrage de la réalisatrice, celui-ci ne souffre quasiment d’aucune maladresse. On s’identifie très bien à cette femme, même si dans la réalité, on s’en sent très éloigné. La caméra glisse sur elle, tourne autour d’elle, délivre peu à peu la féminité qu’elle retrouve à petits pas, révèle la confiance en elle qu’elle réapprend et filme aussi, tout en subtilité, cette femme qui en se retrouvant semble échapper petit à petit à son quotidien qui ne lui appartenait plus pour s’en créer un nouveau dans lequel elle se place au milieu. Un film sur une redécouverte, une sorte de renaissance qui, comme l’a dit un spectateur à l’issue de la projection « est un moment de grand bonheur. »

Cinélatino 2014 : les femmes à l’honneur dans la ville rose

Posté par Morgane, le 22 mars 2014

affiche de cinélatino 2014Toulouse accueille cette année, et pour 10 jours (20 au 30 mars), la 26e édition du festival du cinéma latino-américain, Cinélatino. De nombreux lieux, de nombreux films et de belles rencontres au programme!

Cette année, le thème principal est dédié aux "Femmes de Cinéma". Sont à l'honneur Maria Rondon (réalisatrice et productrice vénézuélienne), Marcela Said (réalisatrice chilienne), Lila Stantic (productrice et réalisatrice argentine), Celina Murga (productrice et réalisatrice argentine), Natalia Smirnoff (productrice et réalisatrice argentine) et Catalina Villar (productrice et réalisatrice argentine). La Muestra "Femmes de Cinéma" donnera donc l'occasion de découvrir un regard féminin et latino-américain sur le monde d'aujourd'hui (rappelons que le Brésil, l'Argentine et le Chili sont présidés par des femmes), aussi bien à travers des fictions que des documentaires.

Cinélatino ce sera aussi un palmarès : il faudra choisir parmi les 14 longs-métrages de fiction en compétition, les 7 documentaires et les 8 courts-métrages. Le festival offre également un panorama de films du continent sud-américain, à voir ou à revoir, des avant-premières, des rencontres, des débats, de nombreux réalisateurs/trices présents, des concerts et du tango.

Et pour commencer en beauté, Cinélatino a fait son ouverture en plein air avec le concert de Liubila suivi de la projection d'un programme de courts-métrages. 10 jours de fête et de découvertes aux couleurs de l'Amérique latine dans la ville Rose de Nougaro... celui-là même qui chantait "Sur l'écran noir de tes nuits blanches...".

Pour plus de renseignements, rendez-vous sur le site du festival.

Jeu concours – Le médecin de famille : gagnez 4 DVD!

Posté par redaction, le 5 mars 2014

Le Médecin de famille de Lucia Puenzo sort en DVD le 7 mars.

Le film, présenté à Un Certain Regard au dernier festival de Cannes, a remporté 10 "Oscars" argentins (sur 15 nominations) dont meilleur film, meilleure réalisatrice et meilleur acteur.

C'est l'histoire d'un médecin allemand qui croise une jeune fille argentine à Bariloche, en Patagonie. Nous sommes en 1960 et Lilith a 12 ans mais elle ne grandit pas. Le médecin, dont on ne sait rien de son passé, charismatique et élégant, savant et riche, convainc la famille d'exercer des test génétiques sur la jeune fille pour que sa croissance démarre. Mais bientôt, l'identité de cet étrange homme va être révélée à toute la communauté.

Lucia Puenzo avait d'abord écrit cette histoire sous forme de roman (publié chez Stock en France). Elle en a fait un film tendu, émouvant et captivant.

Pyramide Vidéo vous offre 4 DVD. Il suffit de répondre par courriel à la question suivante (en mentionnant votre nom et vos coordonnées postales) : de quel grand cinéaste argentin, primé à Cannes et nominé aux Oscars, Lucia Puenzo est-elle la fille?