Cinélatino 2014: Opus Dei ou puzzle, chacun sa passion

Posté par Morgane, le 27 mars 2014

marcela saidDocumentaires ou fictions, films gores ou fantastiques, dans La Muestra de CinéLatino cette année tous les genres sont à l’honneur mais ont tous pour point commun d’avoir été réalisés par des femmes. Pour cette édition, « La Muestra, Femmes de Cinéma » fait un tour d’horizon des regards féminins sud-américains sur le monde contemporain.

Petit coup de projecteur sur deux films, le documentaire Opus Dei, une croisade silencieuse de la chilienne Marcela Said et le premier long-métrage de la réalisatrice argentine Natalia Smirnoff, Puzzle.

Opus Dei, une croisade silencieuse - Marcela Said

Marcela Said est née en 1972 au Chili, juste un an avant le coup d’état du général Pinochet et a vécu sous la dictature militaire jusqu’à ses 24 ans. Elle quitte le Chili pour aller s’installer à New York puis à Paris (pendant 10 ans) où elle étudie à la Sorbonne. Elle réalise quatre documentaires, Valparaiso (1999), I love Pinochet (2001) puis Opus Dei (2006) et El Mocito (2011) avec son mari Jean de Certeau. En 2013 elle réalise son premier long métrage de fiction L’été des poissons volants qui sort en salles en France le 23 avril et qui était présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes l’année dernière.

Dans ce documentaire, Marcela Said ne remonte pas à la fondation (1928) de l’Opus Dei mais au jour où son fondateur, le Père José Maria Escriva, vient faire un séjour de 11 jours au Chili en 1974, quelques semaines après le coup d’état de Pinochet. La réalisatrice s’intéresse donc à ce mouvement, tente, avec une caméra discrète, d’en comprendre les rouages, les fonctionnements, de trouver la faille dans les discours de ses membres. Mais la chose est bien difficile tout étant tellement calculé, la parole comme les actes. Rien n’est affiché au grand jour, tout se fait dans l’ombre. L’Opus Dei est officiellement une organisation pauvre qui oeuvre pour les plus pauvres, mais en réalité elle détient de nombreux lieux plus prestigieux et grandioses les uns que les autres (par exemple l’Université de los Andes et sa très fameuse bibliothèque qui a coûté si chère mais dont les rayons sont loin d’être remplis. Rassurons-nous, un professeur nous certifie face caméra que l’Opus Dei n’exerce aucune censure, elle fait juste des « choix » pour orienter l’éducation de ses membres) et ses comptes sont bien garnis même si tout reste dissimulé. Ses membres surnuméraires sont des familles chiliennes très aisées qui reversent 10% de leur salaire à l’organisation. Quant aux membres numéraires choisis par Dieu, ils font promesse de chasteté et vivent en communauté dans les maisons de l’Opus Dei. Leurs lectures sont contrôlées, la flagellation corporelle est chose courante et le prosélytisme fait partie de leur quotidien.

Mais ce qui intéresse particulièrement Marcela Said n’est pas tant ce qui peut se passer dans la sphère privée des membres de l’Opus Dei mais comment ces derniers peuvent interagir dans la sphère publique, quel pouvoir réel ils exercent au sein du gouvernement chilien et quel pouvoir économique ils détiennent!

Ce documentaire d’une petite heure est le résultat d’un travail de longue haleine réalisé sur cinq années. Difficile d’obtenir l’accès aux membres de l’organisation, de se faire ouvrir les portes et tous ceux qui apparaissent à l’écran sont des personnes autorisées par le service de communication de l’Opus Dei à rencontrer Marcela Said. Et le résultat est devant nous, en images; un documentaire fort et poignant qui parait parfois absurde par les dires des membres qui seraient presque comiques s’ils n’étaient pas si réels et si puissants.

Puzzle - Natalia Smirnoff

Natalia Smirnoff est une réalisatrice argentine née elle aussi en 1972. En 2009 elle réalise son premier long-métrage de fiction Puzzle qui remporte l’aide Cinéma en Construction de Cinélatino. Cette année, elle présente également son deuxième long-métrage qui est en compétition, El cerrajero.

Puzzle, prix du meilleur premier film en Argentine, plonge dans la vie d’une femme de milieu modeste qui vient de souffler ses 50 bougies. Entourée de son mari et de ses deux garçons, grands adolescents, elle est femme au foyer, s’occupe de tout et manque cruellement de reconnaissance de la part de ses trois hommes. Elle va alors se réfugier dans une nouvelle passion, les puzzles!

Le titre original Rompecabezas, littéralement « casse-têtes », montre bien le côté prenant et obsédant qu’exerce le puzzle sur cette femme. Mais Maria del Carmen aborde cette nouvelle passion de manière très légère… C’est tout d’abord pour elle une chose dans laquelle elle va se révéler, se redécouvrir et pouvoir se retrouver malgré les incompréhensions qui l’entourent, notamment de la part de son mari.

Alors comme ça, sur le papier, un film sur une femme de 50 ans qui se découvre une passion pour les puzzles, ça ne fait pas forcément rêver. Eh bien, détrompons-nous! Car bien sûr derrière c’est tout autre chose qui est abordé, le rôle de la femme à la maison, la liberté intérieure, la place de l’inutile dans une société où tout est consommation et rapidité… Lorsque le générique apparait sur l’écran, on est surpris et on en redemande.

Premier long-métrage de la réalisatrice, celui-ci ne souffre quasiment d’aucune maladresse. On s’identifie très bien à cette femme, même si dans la réalité, on s’en sent très éloigné. La caméra glisse sur elle, tourne autour d’elle, délivre peu à peu la féminité qu’elle retrouve à petits pas, révèle la confiance en elle qu’elle réapprend et filme aussi, tout en subtilité, cette femme qui en se retrouvant semble échapper petit à petit à son quotidien qui ne lui appartenait plus pour s’en créer un nouveau dans lequel elle se place au milieu. Un film sur une redécouverte, une sorte de renaissance qui, comme l’a dit un spectateur à l’issue de la projection « est un moment de grand bonheur. »

Cinélatino 2014 : coup de coeur pour un film chilien

Posté par Morgane, le 26 mars 2014

marcela saidPour L'été des poissons volants - qui a reçu l’aide de Cinéma en Construction à CinéLatino en 2012 et a été présenté à Cannes dans la section de la Quinzaine des réalisateurs l’année dernière - la réalisatrice chilienne Marcela Said abandonne le documentaire pour se lancer dans son premier long métrage de fiction, mais reste néanmoins en territoire chilien.

Son film était présenté dans deux sélections : en ouverture de Cinéma en construction et en Panorama. Ce film est né d’une expérience personnelle. Lors d’un voyage, Marcela Said s’est rendue dans une très belle propriété du sud du Chili où il y avait une lagune. Elle souhaitait s’y baigner mais une femme le lui a interdit lui donnant comme explication que cette lagune était remplie de carpes et que son père y avait mis des explosifs pour les éliminer mais que cela n’avait pas fonctionné… Trouvant l’histoire hallucinante, Marcela Said décide alors de la transposer sur grand écran mais ne pouvant le faire sous forme de documentaire, qu’à cela ne tienne elle en profite pour se lancer dans sa première fiction.

La réalisatrice aborde ici encore un sujet hautement politique et  très contemporain de son propre pays. Mais elle a décidé de ne pas l'aborder sous la forme du documentaire pour l'approcher avec une plus grande liberté.

Pancho, grand propriétaire terrien, vit avec sa famille en plein territoire mapuche. La propriété se trouve au bord d’un lac plein de carpes qui obsèdent Pancho qui n’a alors qu’une idée en tête, s’en débarrasser! Manena, sa fille aînée, supporte de plus en plus mal l’attitude de son père vis-à-vis de la population locale mapuche.

La brume épaisse qui étreint le film du début à la fin et vient se poser doucement sur la surface du lac tout en s’accrochant tendrement aux cimes des montagnes et des arbres donne un aspect magique au film accentuant à la fois le côté pesant, métaphore du conflit en arrière-plan, jamais explicite mais toujours bien présent.

L’actrice qui interprète Manena est toute en justesse. Elle incarne à merveille cette jeune fille qui, comme toutes les filles de son âge, est confrontée au premier amour, au premier chagrin, au conflit avec ses parents, et se découvre en même temps une certaine conscience politique, de plus en plus en opposition avec les positions de ses parents et de son père en particulier.

Quant à la photographie elle est tout simplement sublime et c’est avec bonheur que l’on se laisse envelopper dans cette forêt épaisse mais qui n’a ici rien d’effrayant.

Le film sort le 23 avril en France, distribué par Cinémadefacto.

Cinélatino 2014 : les femmes à l’honneur dans la ville rose

Posté par Morgane, le 22 mars 2014

affiche de cinélatino 2014Toulouse accueille cette année, et pour 10 jours (20 au 30 mars), la 26e édition du festival du cinéma latino-américain, Cinélatino. De nombreux lieux, de nombreux films et de belles rencontres au programme!

Cette année, le thème principal est dédié aux "Femmes de Cinéma". Sont à l'honneur Maria Rondon (réalisatrice et productrice vénézuélienne), Marcela Said (réalisatrice chilienne), Lila Stantic (productrice et réalisatrice argentine), Celina Murga (productrice et réalisatrice argentine), Natalia Smirnoff (productrice et réalisatrice argentine) et Catalina Villar (productrice et réalisatrice argentine). La Muestra "Femmes de Cinéma" donnera donc l'occasion de découvrir un regard féminin et latino-américain sur le monde d'aujourd'hui (rappelons que le Brésil, l'Argentine et le Chili sont présidés par des femmes), aussi bien à travers des fictions que des documentaires.

Cinélatino ce sera aussi un palmarès : il faudra choisir parmi les 14 longs-métrages de fiction en compétition, les 7 documentaires et les 8 courts-métrages. Le festival offre également un panorama de films du continent sud-américain, à voir ou à revoir, des avant-premières, des rencontres, des débats, de nombreux réalisateurs/trices présents, des concerts et du tango.

Et pour commencer en beauté, Cinélatino a fait son ouverture en plein air avec le concert de Liubila suivi de la projection d'un programme de courts-métrages. 10 jours de fête et de découvertes aux couleurs de l'Amérique latine dans la ville Rose de Nougaro... celui-là même qui chantait "Sur l'écran noir de tes nuits blanches...".

Pour plus de renseignements, rendez-vous sur le site du festival.

Après No, Pablo Larrain veut faire un film sur le poète Pablo Neruda

Posté par vincy, le 12 février 2014

Sorti dans les salles françaises en mars dernier, nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2013, No s'intéressait à la chute du régime Pinochet, par la voie des urnes. Le film de Pablo Larrain avait conquis la critique, séduit le public. Pour son nouveau film, le cinéaste va remonter un peu plus le temps dans l'histoire du Chili pour s'intéresser à Pablo Neruda, poète national et prix Nobel de littérature (1971), mort mystérieusement deux semaines après le Coup d'Etat de Pinochet (1973).

Neruda sera son prochain film. Il se concentrera sur deux années de la vie du poète, quand il était sénateur communiste du Chili, entre 1946 et 1948. A cette période, il combat politiquement l'emprisonnement de mineurs en grève. C'est aussi à cette époque qu'il écrit son recueil le plus célèbre, composé de 231 poèmes, Canto General. Menacé d'arrestation, il devra s'exiler en 1948, en Europe notamment.

Ecrit par Larrain et l'auteur de théâtre Guillermo Calderon, Neruda est en cours de financement : le projet a été présenté à Berlin, il devrait être "bouclé" à Cannes.

Patricio Guzman à l’honneur au cinéma la clef

Posté par MpM, le 25 mars 2012

Du 28 mars au lundi 9 avril, le cinéma La Clef propose la première rétrospective française de l’œuvre du réalisateur documentariste chilien Patricio Guzmán, qui vit désormais en France.

C'est au milieu des années 70 que Patricio Guzman se fait connaître avec la trilogie documentaire La Bataille du Chili pour laquelle il collabore avec Chris Marker. Ce triptyque imposant fondera les bases de son cinéma, qui revient sans cesse sur l'histoire de son pays. Le cinéaste se caractérise d'ailleurs lui-même comme un "passeur de mémoire" ne cessant jamais d'interroger le passé et le présent pour mieux envisager l'avenir.

Au programme de la rétrospective, on pourra donc découvrir ses huit longs métrages (dont La Bataille du Chili, le documentaire sur Salvador Allende et son dernier film Nostalgie de la lumière), 5 moyens métrages et 5 courts qui complètent Nostalgie de la Lumière. Par ailleurs, deux longs métrages documentaires qui s'inscrivent en parallèle de son oeuvre seront également présentés : Aracana de Cristobal Vicente (Chili) et Les fantômes de Victoria de Ronnie Ramirez (Belgique/Chili).

A l'issue des séances, le public aura l'occasion de débattre avec Patricio Guzman lui-même, ainsi qu'avec des spécialistes de l'histoire contemporaine du Chili et des représentants d'associations chiliennes.

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Du mercredi 28 mars au lundi 9 avril 2012
Cinéma La Clef
34 rue Daubenton
75005 Paris
Programme et horaires sur le site du cinéma.

Un prix Louis-Delluc pour l’étrange Mister Ruiz et ses Mystères de Lisbonne

Posté par vincy, le 18 décembre 2010

On attendait Des Hommes et des Dieux, voire en outsider le Polanski, The Ghost-Writer, mais les jurés du prix Louis-Delluc (créé en 1937) ont opté pour un choix plus radical. Le plus étonnant fut sans doute que les trois favoris du jury n'était aucun des deux films précités puisque Claire Denis (White Material) et Olivier Assayas (Carlos, version longue) faisaient davantage hésiter les votants.

Plus en phase avec l'esprit de cette récompense élitiste, prestigieuse, qui valorise aussi bien un film pour sa dimension artistique qu'un cinéaste pour son parcours artistique, le Delluc est allé à  un film hors-normes par sa durée (4h30), un cinéaste transfrontalier mais intègre depuis 40 ans avec ses choix (risqués) cinématographiques : Mystères de Lisbonne, de Raoul Ruiz. Lui qui adapta Proust, offrit des thrillers psychanalytiques et symbolistes, des histoires étranges où les objets ont autant d'importance que des comédiens, voit ici son oeuvre sacralisée avec un film pour le moins singulier, sélectionné aux Festivals de Toronto, de New York, de Vienne, de Vancouver, de Londres, de Turin et de São Paulo.

"Un rendez-vous d'amour"

A peine 25 000 entrées presque deux mois après sa sortie : l'adaptation du roman portugais de Camilo Castelo Branco (qui sera édité en mars chez Michel Lafon, avec une préface de Raoul Ruiz) dans une Lisbonne du 19è siècle n'a touché qu'une poignée de cinéphiles, courageux, prêts à affronter l'équivalent de deux à trois films en une séance.  Le chilien Ruiz, 69 ans, n'était pas là pour recevoir le "Goncourt du cinéma", car il met en scène actuellement une pièce de théâtre. C'est donc le producteur Paulo Branco qui a reçu le prix des mains du président du jury, Gilles Jacob (qui l'a sélectionné quatre fois en sélection officielle à Cannes).

Tout le monde a donc relayé les éléments de langage du jour : "risque", "audace", "juste". Rebecca Zklotowski, primée par le Prix Louis-Delluc du premier film pour Belle-Epine, en remerciant les jurés, a quelque part mieux résumé le contraste entre cette attente du public insatisfaite (son film a aussi échoué au box office) et cet amour des critiques pour des films "à la marge" : "Quand on fait un film, on doute de tout, on a peur de ne pas être aimée... Quand la critique vous regarde, c'est une grande chance et comme un rendez-vous d'amour".

Mystères de Lisbonne (avec son budget plus que modeste de 1,5 millions d'euros) a reçu un accueil critique très favorable de la part de la presse écrite (Ecran Noir s'incluant dans le concert de louanges). Il fut snobé par les télévisions (pas assez grand public), remarqué par les radios publiques. Mais, avec une combinaison de salles trop faibles, il ne pouvait pas faire de miracle, étant réduit à trois séances par jour.

Paulo Branco (en photo avec Ruiz), un de ces rares producteurs qui méritent encore le titre, avait pris l'initiative en envoyant à son compère Ruiz la trilogie romancée. Le cinéaste est enthousiaste mais il ne veut pas répéter l'horreur de l'adaptation du Temps retrouvé, dix ans plus tôt, et considère qu'il s'agit d'un projet davantage destiné pour le petit écran, avec une vingtaine d'heures au compteur. Il demande, cependant, au scénariste Carlos Saboga (par ailleurs le traducteur de la future édition française du livre) de rendre le projet plus adapté au format du cinéma. Ce qui exige un remodelage complet.

"Chaque jour était une conquête."

Comme pour le Carlos, d'Assayas, le projet est alors présenté sous deux formats : le cinéma et la télévision (en une série de six épisodes, à découvrir l'an prochain). Ruiz est d'ailleurs assez excité à l'idée d'expérimenter le deuxième genre. Évidemment on retrouve dans cette production, tout ce que son style apprécie : une absence de construction classique en terme de narration, une éviction de conflits centraux et de déterminisme (le film ne va nulle part et ne s'axe sur rien), une forte nécessité de plans séquence pour donner de l'ampleur et de l'atmosphère à des troubles intimes, et ces mélanges de chronologie qu'il affectionne tant et qui rendent les repères temporels confus.

Cet ancien assistant réalisateur de télénovelas chiliennes trouve ici son aboutissement avec un soap opéra cinématographique, mais autrement plus profond par sa dimension épique et littéraire.

Surtout Ruiz a souvent cru que ce serait son dernier film, qu'il bouclerait la boucle. Il a du subir une greffe du foie durant les quatre mois de tournage (il y a un an), incertain de survivre à une telle opération. Il avoue qu'il mis dans chacun de ses plans "quelque chose d'inéluctable", un "dramatisme", lié au sentiment que "chaque jour était une conquête."

On est presque heureux que le Delluc ne lui soit pas remis de façon posthume. Et avouons-le, si le prix n'aura pas un énorme impact sur le film, ni sur le public, il a le mérite de contribuer à la reconnaissance d'un certain cinéma, entre métissage et ambition, originalité et diversité. Mais il prouve, aussi, que ce cinéma là, indispensable à la variété du 7e art, tend à se "muséifier", subissant les lois d'une industrie de plus en plus dominante, et peu défendue par une cinéphilie de moins en moins résistante.

En ce sens, il y a bien un sentiment d'inéluctabilité, un dramatisme à souligner. Chaque film de ce type est une conquête.

Les 33 mineurs chiliens bientôt héros de cinéma

Posté par vincy, le 19 septembre 2010

Première affiche de Los 33

Après les rescapés d'un crash d'avion devenus anthropophages dans la Cordillère des Andes, l'Amérique du sud tient un autre sujet "incroyable" qui ne pouvait que séduire les producteurs de cinéma. "Les 33" comme on les appelle maintenant sont ces mineurs bloqués dans une mine du Chili depuis l'éboulement du 5 août dernier qui les a "enterrés" à 700 mètres de l'air libre. Une épopée en soi qui va durer encore quelques mois, le temps de pouvoir creuser le tunnel qui les évacuera.

Rodrigo Ortuzar (Mujeres unfieles, All inclusive) a décidé d'en faire un film, Les 33. Tiré d'une histoire vraie. L'affiche est déjà prête. Il a déjà stocké les images des familles et des secours, filmé les environs du "Camp Espoir". Il attend désormais le sauvetage, prévu à la fin de l'année, et leur retour à la vie normale.

La production mêlera en effet fiction et réalité. Les prises de vues actuelles seront sans doute recréées. Mais le scénario reste encore dépendant de l'aboutissement de cette histoire.

Alors, opportunisme ? L'idée peut paraître déplacée quand un pays entier respire au rythme de la survie précaire de 33 hommes. Ortuzar a donc annoncé qu'il donnerait les recettes dans les salles chiliennes à une fondation dédiée aux enfants des mineurs.

Le cinéaste prépare aussi deux autres films à partir de drames réels :  l'un sur le séisme et le tsunami de février (521 morts), l'autre sur la "tragédie d'Antuco", lorsque 45 jeunes militaires ont péri dans les Andes, pris dans une violente tempête de neige, au cours d'une marche de 25 km en 2005.

Le film devrait sortir fin 2012, sans doute à l'occasion d'un anniversaire (leur découverte ? leur libération ?). Il durera une heure et 33 minutes.

Locarno ouvre ses portes à l’Amérique latine

Posté par MpM, le 16 août 2008

Chaque année, le Festival de Locarno organise avec le soutien de la Direction du développement et de la coopération suisse l’ "Open doors factory", un laboratoire de coproduction permettant d’aider réalisateurs et producteurs à trouver des partenaires et des moyens pour finaliser leur film. Cette année, la session était consacrée au cinéma d’Amérique latine, avec 12 projets sélectionnés parmi les 322 reçus. En quatre jours, 550 rendez-vous professionnels se sont donc tenus dans le cadre du "workshop" des Open doors, avec à la clef des rencontres et des projets de collaboration. Plusieurs prix ont par ailleurs été décernés, dont deux bourses de soutien au développement et à la production (50 000 francs suisses) pour Alejandro Fernandez Almendras (Chili) et Laura Amelia Guzman et Israel Cardenas (République dominicaine / Mexique) et une bourse d’aide au développement d’un projet (7 000 euros) remis par le Centre national français de la Cinématographie à Alejo Crisostomo (Guatemala).