Cannes 2019 : La star du jour… Pedro Almódovar

Posté par wyzman, le 17 mai 2019

A 69 ans, Pedro Almódovar est un habitué de la Croisette. En effet, le réalisateur, scénariste et producteur espagnol fait partie de ceux dont la présence sur les marches n’a plus rien d’une surprise puisqu’il totalise sept sélections officielles.

Membre du jury présidé par Gérard Depardieu en 1992, il n’a pourtant reçu sa première sélection qu’en 1999 avec Tout sur ma mère. Malgré les César et Oscar du meilleur film étranger qui viendront quelques mois plus tard, Pedro Almódovar n’aura raflé à Cannes que le Prix de la mise en scène cette année-là. Viennent ensuite La Mauvaise éducation (2004), Volver (2006, Prix d’interprétation collectif et Prix du scénario), Étreintes brisées (2009), La Piel que habito (2011, Prix Vulcain pour le directeur de photographie José Luis Alcain et Prix de la jeunesse) et Julietta (2016).

Après avoir été président du jury en 2017, Pedro Almódovar nous revient cette année avec Douleur et gloire, l’histoire d’un réalisateur (Antonio Banderas) qui, en croisant différentes personnes de son passé, est confronté à une introspection sur son existence et sa propre panne de création. Sans doute l'un de ses plus beaux films...

Cannes 2019 : Qui est Antxon Gomez ?

Posté par vincy, le 17 mai 2019

Il y a la mise en scène, le scénario, les comédiens et la musique. Douleur et Gloire frappe aussi le spectateur avec son esthétique. Le style de Pedro Almodovar est sans aucun doute sublimé par le design – décors et objets. Et ce nouveau film du maître espagnol, en compétition cette année à Cannes, n’y déroge pas. Derrière cette splendeur visuelle, il y a Antxon Gomez, basque né en 1952.

Le directeur artistique a obtenu un Goya avec un film présenté en compétition à Cannes, Che de Steven Soderbergh. Pourtant c’est bien sa collaboration avec Pedro Almodovar qui en fait une star du métier. Ils travaillent ensemble depuis Carne Trémula (En chair et en os), en 1997. Autrement dit, c’est à lui qu’on doit la direction artistique de Tout sur ma mère, Parle avec elle, La mauvaise éducation, Etreintes brisées, La piel que habito, Les amants passagers et Julietta, la plupart présentés à Cannes.

Etudiant en chimie, militant communiste durant sa jeunesse, collectionneur  de nature, est arrivé tardivement au cinéma, par l’entremise de Bigas Luna (Macho aka Huevas de oro), en 1993. Cela faisait près de 15 ans qu’il travaillait dans la publicité à Barcelone. Il est décorateur pour des lieux de fête en pleine movida, et pour plus de six cent films publicitaires.

Au cinéma, il apporte sa touche personnelle à Gaudi Afternoon de Susan Seidelman, Chuecatown de Juan Flahn, Le moine de Dominik Moll, Salvador de Manuel Huerga, Tuya Siempre de Manuel Lambadero ou même au documentaire Messi d’Alex de la Iglesia.

Mais il avouait il y a quelques années au Monde : « Je n'aime rien tant que travailler avec Pedro car il accorde beaucoup d'importance aux décors. » De la couleur du carrelage aux sets de table, d’objets qu’il dessine lui-même à des tableaux qu’il collectionne, il s’amuse comme un enfant. Dans Douleur et gloire, on admirera la vaisselle, les azulejos, les portes coulissantes ou encore toutes ces fausses affiches de cinéma savoureuses. C’est pop et moderne, bordélique et pourtant cohérent. Du turquoise séduisant au rouge obligatoire, on a rapidement envie de vivre dans ses lieux imaginés pour le cinéma.

Bilan 2018: Une fréquentation en baisse dans l’Union Européenne

Posté par vincy, le 9 mai 2019

Les recettes brutes des salles de l’UE ont chuté de 3,3 % pour s’établir à 6,80 milliards d’euros en 2018, leur plus bas niveau depuis quatre ans. L'Observatoire européen de l’audiovisuel estime qu'il s'agit néanmoins de la quatrième recette la plus élevé de la dernière décennie.

Avec un prix moyen paneuropéen du billet stable à 7,1 €, la baisse des recettes s’explique par la baisse du nombre de billets vendus: la fréquentation des cinémas de l’UE a reculé de 2,9 % à 956 millions de billets vendus, soit 28,7 millions de moins qu’en 2017. Elles ont augmenté dans 12 territoires de l’UE et diminué dans 11, tout en restant relativement stables dans trois des 26 marchés de l’UE pour lesquels des données provisoires sont disponibles.

Le net recul enregistré en Allemagne (-14,8 %) et les baisse en Italie (-5 %) et en France (-4%) n'ont pas été compensées par les fortes progressions des marchés d’Europe centrale et orientale, notamment en République tchèque (+13,2 %), en Lituanie (+10,0 %), en SIovénie (+10,0 %), en Croatie (+8,0 %), en Hongrie (+6,3 %) et en Pologne (+5,0 %). ârmi les marchés en forte diminution, on note aussi la Bulgarie, la Finlande, la Grèce, le Luxembourg et la Slovaquie.

Hors Russie (202,2 millions d'entrées, -4,7%), la France reste le pays où le nombre d'entrées est le plus important avec 201,1 millions de spectateurs, loin devant le Royaume-Uni (177 millions d'entrées), l'Allemagne (105 millions), l'Espagne (98,9 millions) et l'Italie (92,6 millions).

Pas étonnant, puisque sur les 20 plus gros succès en Europe, tous les films ont été produits ou coproduits par les Américains. On note par ailleurs 4 coproductions chinoises. Et seul trois films (coproduits donc) britanniques et une coproduction minoritaires de la France (Mission:Impossible - Fallout) atténuent cette suprématie. Avengers : Infinity War, Les Indestructibles 2 et Bohemian Rhapsody ont été les trois vainqueurs de 2018. Autre fait marquant: 16 des 20 plus gros succès sont des remakes, reboots, spin-offs ou sequels. Les succès européens, hors du Top 20, ont sinon été, dans l'ordre, La ch'tite famille, Les Tuche 3, le film polonais Kler, Le grand bain et Taxi 5. La France classe en effet dans ce Top 20 des films européens en Europe 8 coproductions majoritaires (et une minoritaires). Les britanniques placent 7 coproductions majoritaires. L'Espagne et la Pologne suivent avec deux films chacun.

Une part de marché en hausse pour les films européens, grâce aux coprods américaines

Malgré cette baisse de la fréquentation des cinémas dans l’UE et cette domination américaine, la part de marché des films européens a augmenté à 29,4% (27,9% en 2017), grâce à la baisse des entrées réalisées par les films US. Faux nez lié aux succès de productions britanniques à capitaux américains (en hausse). La part de marché des films nationaux est au-dessus des 25% au Royaume-Uni (44,8%, grâce aux coprods américaine), en France (39,5%), en Pologne, au Danemark, en Lituanie. En Turquie, elle atteint même les 63,4%! 8 pays ont une part de marché de films étrangers supérieure à 90%.

Enfin, après avoir ralenti pour la première fois en 2017, les niveaux de production de l’UE sont repartis à la hausse l’année dernière, le nombre estimé de longs métrages européens produits en 2018 étant passé de 1 737 à 1 847, un record. Selon les estimations, il s'agit de 1 142 films de fiction (62 %) et de 705 documentaires de long métrage (38 %). L’augmentation de l’activité de production est principalement liée au nombre croissant de coproductions internationales et de documentaires de long métrage.

BIFFF 2019 : l’Espagne a son super-héros avec SuperLopez

Posté par kristofy, le 15 avril 2019

Le réalisateur Javier Ruiz Caldera est populaire en Espagne, mais aussi à Bruxelles en tant que fidèle du BIFFF. Du côté françai,s on est un peu à la traine côté distribution de ses films (comme pour de nombreux cinéastes espagnols d’ailleurs). En 2003 le Festival était surpris par sa comédie fantômatique Ghost Graduation :  il y rempote le Grand Prix (ce qui est plutôt rares pour une comédie) doublé du Prix du Public. Il y est revenu en 2006 avec Spy Time qui lui a valu encore une fois le Prix du Public. Cette année, il est l’un des favoris, une fois de plus, avec son SuperLopez.

Sur une planète lointaine où règne un dictateur, deux scientifiques ont conçu un bébé avec des super pouvoirs qui pourrait être une arme pour le contrer. Pour le cacher, ils l'envoient vers la Terre. Le dictateur réplique en envoyant sa propre fille qui doit capturer et neutraliser ce bébé. Cependant la capsule du bébé est accidentellement déviée vers l’Espagne où elle tombe dans un petit village. Les Lopez, un couple de garagistes, vont adopter cet enfant un peu particulier. Voila pour l’ouverture du film, 30 ans plus tard, il est devenu un employé de bureau. Il cache ses quelques pouvoirs de rapidité et de force et voit débarquer une nouvelle collègue, qui lui plaisait à l’université. Un problème de métro sans frein l’incite à intervenir pour la première fois comme super-héros, et il est désormais repéré par ceux qui le cherchaient depuis longtemps…

Les première minutes du film SuperLopez évoque un peu Superman, puis on bascule très vite dans l’univers habituel et rigolo de Javier Ruiz Caldera : c’est encore une fois un anti-héros qui devient un héros presque malgré lui, avec les complications que ça engendre vis-à-vis de ses proches. L’acteur Dani Rovira incarne ce héros qui doit gérer une vie secrète (comme dans Ghost Graduation et Spy Time), Alexandra Jimenez hérite du rôle de la fiancée avec du caractère, et c’est la géniale Maribel Verdu qui joue ici la méchante (elle est aussi l’héroïne de Crime Wave au BIFFF). L’histoire s’amuse autant avec des quiproquos romantiques (il y a un triangle amoureux) qu’avec la figure d’un super-héros espagnol que personne n’imagine croyable ("il va combattre quoi, la ponctualité ?"), tandis que la planète même serait menacée…

Pour Javier Ruiz Caldera,  "Le film s’inspire de la bande-dessinée SuperLopez mais ne se veut pas être en compétition avec elle, ce n’est pas une traduction de la BD mais beaucoup plus une adaptation très libre du personnage. Dans la BD on le découvre quand il a déjà 30 ans, pour le film on a décidé avec mes scénaristes de commencer par sa naissance et son origine, on a totalement inventé un passé à ce personnage. On a glissé dans le film notre humour à propos de certains clichés de l’Espagne, et puis des choses qui me sont plutôt personnelles. Par exemple pendant un tournage ma mère me demande si j’ai assez mangé, certaines choses de la mère dans le film viennent de ma maman. Je me suis aussi demandé qui avait fait le costume de super-héros et c’est donc la mère de SuperLopez qui le lui a fait."


"On voulait surtout développer le personnage qui dévoile ses pouvoirs avec ses rapports à sa famille et à ses amis, sans porter l’accent sur une accumulation de scènes d’action. Evidemment, on n’avait pas le budget pour en faire des dizaines mais on a pu faire plusieurs grosses séquences d’action qui sont très spectaculaires et un peu drôles aussi. Il y a quelques plans qui sont un hommage direct au film Superman. Superman dans la vie c’est un peu un loser mais quand il met son costume et sa cape c’est un vrai super-héros, SuperLopez même avec le costume il reste un peu un loser. En Espagne SuperLopez a eu du succès et on a même gagné un Goya pour les effets spéciaux, ça m’a fait plaisir que ce film reçoive un Goya. » En remportant ce Goya, Lluís Rivera & Laura Pedro, c'est aussi la première fois qu'une femme superviseur des effets visuels est récompensée dans cette catégorie technique, à 28 ans.

A la dernière cérémonie des Goya (les César espagnols) SuperLopez avait reçu deux autres nominations (meilleur scénario adapté, meilleure direction artistique). Pour découvrir le film en France il faudra se tourner vers Netflix

Berlinale 2019: polémiques à cause de la présence de Netflix dans la sélection officielle

Posté par vincy, le 14 février 2019


Désormais, avec une petite musique, c'est un grand N qui s'affiche et non plus la marque au complet, Netflix. La plateforme a récemment fait son entrée parmi les studios en adhérant à la MPAA (Motion Picture Association of America), le puissant comité de censure américain, jusque là club réservé aux six grands studios américains : Paramount Pictures, Sony Pictures Entertainment, Twentieth Century Fox, Universal City Studios, Walt Disney Studios Motion Pictures et Warner Bros. Entertainment.

La MPAA régule la classification des œuvres (G, PG, PG-13, R-Rated, NC-17) et combat le piratage.

Netflix, un studio comme les autres? A Berlin, comme à Cannes et à Venise, la polémique a continué. Si on remarque que les journalistes font moins "bouh" à l'arrivée du logo (il y a même désormais des applaudissements), les exploitants allemands ont critiqué le Festival d'avoir sélectionné des films de la compagnie alors qu'elle se réserve toujours le droit de ne pas les montrer dans les salles de cinéma.

160 exploitants allemands ont adressé une lettre ouverte adressée à la direction de la Berlinale et à la ministre de la Culture, Monika Grütters, pour réclamer le retrait de la compétition du nouveau film d'Isabel Coixet, Elisa y Marcela. Mais personne ne s'est offusqué de la présence hors-compétition, dans le cadre des soirées "Galas" de celle d'un autre film Netflix: The Boy Who Harnessed the Wind (Le garçon qui dompta le vent), premier long métrage du comédien Chiwetel Ejiofor (déjà présenté à Sundance).

Le Festival a répliqué que Elisa y Marcela sortirait en salle en Espagne, ce qui ne contrevient pas au règlement du festival.

Le directeur artistique de la Berlinale, Dieter Kosslick, qui fait sa dernière année de mandat, a déclaré que les festivals internationaux devraient emprunter à l'avenir une position commune afin de savoir comment gérer les films de cinéma destinés aux plateformes. Venise a décerné son Lion d'or à un film Netflix (Roma, un des favoris pour l'Oscar du meilleur film). Cannes a du abandonner la sélection de films de la plateforme, puisque son règlement ne permet plus leur place dans la Compétition.

Il y a urgence à faire un choix. Non pas que les films de Netflix soient meilleurs que les autres. Mais la plateforme, qui revendique désormais rien qu'en France 5 millions d'abonnés, a signé quelques uns des prochains projets d'auteurs réputés et primés, à commencer par Martin Scorsese, David Michôd et Noah Baumbach. Netflix, acteur désormais incontournable, s'invite aussi sur les marchés en prenant les droits internationaux de films étrangers (dernier en date: Le chant du loup). Il va être difficile d'ignorer ces films en festivals, surtout quand ces festivals (à l'instar de Berlin) s'offre une sélection dédiée aux séries ... télévisées.

On a souvent regretté qu'en France la chronologie des médias (qui n'est clairement pas en faveur de Netflix, Amazon et Apple) empêche la distribution dans quelques salles d'un film comme Roma, qui méritait amplement une diffusion sur grand écran. Roma, comme d'autres films Netflix, ont pourtant pu être montré en salles durant une courte durée. A défaut de changer les règles, les festivals permettent au moins de profiter pleinement d'une projection grand écran.

La Berlinale a fait ce choix. Festival public plus que critique, il a projeté le nouveau film d'Isabel Coixet et celui de Chiwetel Ejiofor, tous deux inspirés d'une histoire vraie, dans de grandes salles.

Elisa y Marcela est le récit de deux femmes qui s'aiment dans l'Espagne conservatrice et catholique du début du XXe siècle. En noir et blanc, il raconte l'hostilité et l'homophobie qu'elles subissent, jusqu'à ce que l'une d'elles décide de se travestir en homme et de se marier avec sa compagne à l'église. Et ce plus d'un siècle avant la légalisation du mariage pour tous. Isabel Coixet rate complètement son sujet, en le dévitalisant et en frôlant le grotesque à certains moments. Ses bonnes intentions sont bousillées par un scénario répétitif et une mise en scène vaniteuse. Il n'empêche, on aura appris quelque chose : ce mariage lesbien n'a jamais été annulé par l'Eglise, ce qui en fait le premier mariage entre personnes du même sexe de l'histoire.

Netflix ou pas Netflix, ce film n'aurait jamais du être dans une compétition comme celle de Berlin, affaiblissant un peu plus la Berlinale cette année.

En revanche, Le garçon qui dompta le vent a fait forte impression aux spectateurs qui ont applaudit à la fin du film. A juste titre. S'il est très classique dans sa narration et ne révolutionne en rien la réalisation, le film s'avère très efficace et touchant. Entièrement tourné au Malawi, avec le réalisateur Chiwetel Ejiofor et Aïssa Maïga comme seules vedettes, cette histoire s'inspire d'un jeune garçon d'un village africain (aujourd'hui très diplômé y compris aux USA) qui va entreprendre la construction d'une éolienne pour apporter l'électricité à une pompe à eau permettant d'irriguer les champs infertiles pour cause de sècheresse. De l'écologie aux bons sentiments, en passant par les drames familiaux et les personnages réellement attachants, tout y est. Et c'est typiquement le film qui peut trouver son public en salles.

On pourra le voir chez soi, sur Netflix, à compter du 1er mars.

Les premières images du nouvel Almodovar en cadeau de Noël

Posté par vincy, le 24 décembre 2018

Ce sera l'un des événements de l'année 2019. Le nouveau film de Pedro Almodovar, tourné cet été. Douleur et Gloire rassemble Antonio Banderas, Asier Etxeandía, Leonardo Sbaraglia, Nora Navas, Julieta Serrano, César Vicente, Asier Flores, en plus de la participation exceptionnelle de Penélope Cruz.

Le film raconte une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d’autres par le souvenir, dans la vie d’un réalisateur en souffrance. Premières amours, les suivantes, la mère, la mort, des acteurs avec qui il a travaillé, les années 60, les années 80 et le présent. L’impossibilité de séparer création et vie privée. Et le vide, l’insondable vide face à l’incapacité de continuer à tourner.

Les premières photos ont été envoyées à la presse aujourd'hui. Un beau cadeau de noël, non?

3 raisons d’aller voir Quién te cantará

Posté par vincy, le 24 octobre 2018

Le pitch: Lila Cassen, ancienne star de la chanson des années 90, prépare son grand retour sur scène. Mais un accident la rend alors amnésique. Avec l'aide de Violeta, sa plus grande fan et imitatrice, Lila va apprendre à redevenir qui elle était.

Une atmosphère mystérieuse qui rappelle Lynch, De Palma, Hitchcock. Sur cette plage espagnole, le climat est brumeux, grisâtre, pas vraiment chaleureux. Et en ville, c'est la nuit qui règne. Carlos Vermut a plongé son nouveau film dans un faux huis-clos (une villa isolée sert de noyau aux différentes strates du film). L'héroïne est amnésique depuis qu'elle a été retrouvée sur la plage, inconsciente. On s'interroge tout au long du film : thriller, drame psychologique ou film noir. La réponse n'est pas si évidente puisque le film contourne chacun de ces genres tout en les assumant.

Une histoire d'identités qui se troublent au fil du récit. Une chanteuse célèbre "à la retraite" qui est amnésique. Une autre qui la "copie" dans une boîte de nuit. Sans oublier l'ombre de la mère. Le film tient sur un phénomène d'usurpation: la fille qui reprend les chansons de sa mère, l'imitatrice qui devient plus réelle et même meilleure que l'original. Dans ce jeu d'échanges et cet échange de "je", on comprend vite qu'à défaut d'être qui on est, on peut devenir quelqu'un d'autre. Une femme peut en cacher une autre... On retrouve ici ce qui semble être la "patte " du cinéaste, après son film La nina del fuego: l'instabilité psychologique, la manipulation et la confusion des identités. Le réalisateur a voulu écrire une "histoire de mimétisme, de mémoire, de métamorphose : comment à force de vouloir ressembler à une personne et de courir après une chimère, on finit soi-même par devenir un fantôme. Le fantôme de sa vie, en somme."

Des actrices et des chansons qui rappellent les films noirs d'Almodovar. Najwa Nimri (20 centimètres, Les amants du cercle polaire, la méthode) en ex-star paumée et Eva Llorach (#Realmovie, La nina de fuego) en mère dépassée et artiste frustrée, sont les deux héroïnes, qui peuvent être étonnement ressemblantes, de ce film. On peut y ajouter Carme Elias dans le rôle de la manageuse/amie, et Natalia de Molina dans le rôle de la fille instable. Un quatuor qui dévoile différentes facettes de la femme, mais surtout qui reflète diverses composantes du courage féminin (et par conséquent, de leur vulnérabilité aussi). On rajoute à ça la B.O. élégante et vénéneuse d'Alberto Iglesias, compositeur attitré d'Almodovar et, en effet, on sent bien l'influence du maître espagnol sur Vermut.

Cannes 2018: Qui est Barbara Lennie ?

Posté par vincy, le 8 mai 2018

Il n'y a pas que Penelope Cruz, Javier Bardem et Ricardo Darin au générique du nouveau film, Everybody Knows, de Asghar Farhadi, qui ouvre la compétition cannoise cette année. On y trouve, parmi de multiples acteurs hispanophones, Barbara Lennie, en épouse de Javier Bardem.

La comédienne madrilène se paye même le luxe d'être à l'affiche de Petra, de Jaime Rosales, qui sera présenté à la Quinzaine des réalisateurs jeudi.

A 34 ans, Barbara Lennie connaît déjà un peu Cannes. Elle était Cristina dans La piel que habito de Pedro Almodovar (2011), dans un petit rôle de vendeuse lesbienne. Il faut pourtant remonter à 2005 pour trouver les premières traces de sa reconnaissance, qui font d'elle, aujourd'hui, l'une des plus talentueuses comédiennes de son pays. Obaba, le village du lézard vert de Montxo Armendáriz, est un drame rural initiatique qui lui fait obtenir sa première nomination aux Goyas (catégorie révélation). Son premier grand prix d'interprétation (San Jordi Award), elle le reçoit en 2010 pour le thriller Los condenados d'Isaki Lacuesta, film récompensé par la critique à San Sebastian.

Elle devient omniprésente. Au théâtre, elle remporte un gros succès avec la pièce La función por hacer, jouée trois saisons, et Veraneantes, pour laquelle elle sera distinguée par un prix. Sur le petit écran, elle brille dans trois longues séries, Cuenta atrás (2007-2008, 29 épisodes), Amar en tiempos revueltos (2009-2010, 139 épisodes) et Isabel (2011-2013, 12 épisodes), qui la rendent très populaire.

Au cinéma, deux films sortis en 2014 font grimper sa cote: El nino de Daniel Monzón, qui lui vaut une deuxième nomination aux Goyas (catégorie second-rôle, on progresse) et Magical Girl (La niña de fuego) de Carlos Vermut, où elle incarne une belle femme vénéneuse et psychologiquement instable dans un jeu d'échecs fatal. Cette fois-ci elle gagne le Goya de la meilleure actrice. Elle sera de nouveau nommée aux Goyas en 2016 avec Maria (y los demas) de Nely Reguera, avec un personnage de trentenaire confrontée au mariage de son vieux père avec son infirmière.

Les films s'enchainent, comédie, drame ou thriller (Contratiempo aka L'accusé est une pépite dans le genre). En France, elle est actuellement en tête du générique de Notre enfant de Diego Lerman, où, prête à adopter l'enfant qui lui était promis, elle doit se confronter à la mère biologique. Agustin Diaz Yanes l'a enrôlée pour son film d'aventures Oro, six fois nommé aux Goyas cette année, au pitch assez proche de Lost City of Z. A Tribeca cette année, elle était le premier rôle de La enfermedad del domingo de Ramon Salazar, qui en faisait une mère retrouvant sa fille durant deux semaines, après trente ans de séparation.

Malchanceuse (au cinéma) côté vie familiale ou vie de couple, elle réussit un parcours sans faute jusqu'à présent, jamais là où on l'attend, préférant les femmes un peu dérangées aux protagonistes trop sages. Cela ne l'empêche pas d'être glamour. Sur les tapis rouges, elle sait briller, même en pantalon (elle est souvent "shootée" en fute). Barbara Lennie est bien l'actrice espagnole à suivre de près.

Penélope Cruz et Antonio Banderas retournent chez Pedro Almodovar

Posté par vincy, le 17 avril 2018

Le prochain film de Pedro Almodovar, Dolor y Gloria, qui se tournera cet été, va réunir, de nouveau, Antonio Banderas et Penélope Cruz. Ils ont déjà joué ensemble pour Almodovar dans la séquence d'ouverture des Amants passagers. Mais évidemment ce sont aussi deux des acteurs fidèles du réalisateur. Depuis Le Labyrinthe des passions en 1982, Banderas a tourné 7 films pour le cinéaste espagnol. Il lui doit sa notoriété internationale, tout comme l'actrice. Cruz, depuis En chair et en os en 1997, a joué cinq fois pour le réalisateur.

Au générique, on retrouvera également Asier Etxeandia (la série Velvet, La novia) et une fidèle du réalisateur, Julieta Serrano, qui jouait, notamment, Lucia dans Femmes au borde de la crise de nerfs et Alma dans Attache-moi!.

Dolor y Gloria sera un film "masculin". Ce sont les deux acteurs qui porteront les rôles principaux. L'histoire tourne autour de la création, cinématographique et théâtrale, et de la difficulté de séparer cette création de la vie privée. Le scénario s'annonce ambitieux. dans son communiqué, Almodovar affirme qu'il traitera des premiers amours, de la maternité, de la mortalité, du vide et de l'incapacité à réaliser des films, des liens entre un acteur et un réalisateur, le tout dans un spectre s'étalant des années 1960 à aujourd'hui, avec une série de rencontres et des allers-retours dans le temps.

Le 21e film d'Almodovar sera-t-il le plus autobiographique?

Penélope Cruz, à l'affiche demain de Escobar, fera l'ouverture du festival de Cannes le 9 mai avec Everybody Knows d'Asghar Farhadi. Elle devrait aussi tourner le prochain film de Todd Solondz, Love Child. Antonio Banderas vient de terminer le tournage de Life itself de Dan Fogelman et sera au générique de The Voyage of Doctor Dolittle, l'an prochain.

BIFFF 2018 : 3 films pour comprendre que la fin du monde sera catastrophique…

Posté par kristofy, le 9 avril 2018

Le BIFFF, aka le Bruxelles International Fantastic Film Festival, fait aussi la place au cinéma qu'on appelait autrefois d'anticipation. Désormais les catastrophes sont de plus en plus proches (réchauffement climatique, surpopulation...) : la fin du monde. On peut en rire, s'en inquiéter, ou carrément paniquer, et c'est justement ce que fait le cinéma fantastique.

Voilà trois films sur le sujet qu'il est recommandable de voir avant... la fin du monde :

Survival Family, de Shinobu Yaguchi (Japon).
Comme d'habitude dans cette famille japonaise, le soir, le père rentre de ses trop longues heures de travail fatigué, avec comme seule envie de regarder la télé ou de se coucher. Le fils rentre avec le casque sur les oreilles sans même un bonjour pour se connecter à son ordinateur et la fille reste dans sa chambre avec l'écran de son smartphone, alors que la mère a essayé de faire plaisir à tous en faisant les courses pour un diner qui ne sera pas partagé autour de la table. Une situation familière ? Un matin il n'y a plus d'électricité, tout ce qui est électrique ne fonctionne plus! Plus d'ascenseur pour la quinzaine d'étages du logement, plus de télévision/ordinateur/téléphone, plus de trains ni de voitures ni d'avions, plus de profs à l'école, les portes de bureaux de travail restent fermées, plus de distributeurs de billets... Et en plus il n'y a plus d'eau dans les robinets. C'est le chaos qui se profile avec plus rien à manger. Alors l'idée est de rejoindre en vélo un grand-père à plusieurs centaines de kilomètres en bord de mer : la famille va apprendre à de nouveau communiquer et s'entraider au fur et à mesure de leur multiples péripéties.

Human, Space, Time and Human, de Kim Ki-duk (Corée du Sud).
Il semble loin le temps où presque chaque année il y avait un film de Kim Ki-duk qui sortait dans nos salles ou en DVD. Depuis 10 ans, il alterne entre drame poignants d'antan (et donc sortie au cinéma, comme Pieta Lion d'or à Venise en 2012, Entre deux rives en 2017) et une nouvelle forme de violence bien plus radicale (invisible en France mais vus au BIFFF pour Moebius et One on one). Son 23ème film Human, Space, Time and Human étant au BIFFF il s'inscrit dans cette seconde catégorie : son morceau de consistance étant "manger avant d'être mangé". Oui il y a un peu de cannibalisme puisque c'est une situation de fin du monde. Le film est rythmé en quatre parties inégales (les quatre mots du titre). La première présente en fait les différents personnages sur un bateau : un sénateur et son fils, un voyou chef de bande, un couple en lune de miel, l'équipage, des prostituées, quelques autres passagers. Il y aura une femme violée par plusieurs hommes... L'histoire prend son envol ensuite quand le bateau se retrouve tout seul dans une immensité sans pouvoir communiquer avec la terre ferme. Le constat est vite fait que ça va durer beaucoup plus longtemps que les réserves de nourritures et qu'un rationnement va être nécessaire. C'est le sénateur aidé des voyous qui prend le contrôle de la nourriture. Eux mangent bien tandis que tout les autres auront droit à une demi-portion certains jours : les diverses manigances et tentatives de mutineries sont punies, mais ceux qui ont pris le pouvoir envisagent de tuer tous les autres! Et quand il n'y aura plus du tout de nourriture, l'inévitable tabou moral arrive : manger de la chair humaine... L'audace de Kim Ki-duk va loin dans ce film entre récit survivaliste violent et allégorie à propos de l'humanité : "la vie c'est satisfaire nos désirs jusqu'à la mort".

Matar a Dios, de Caye Casas et Albert Pintó (Espagne).
C'est le réveillon du nouvel an chez ce couple sans enfant en crise - le mari soupçonne une infidélité de sa femme -, où sont invités le frère tout juste plaqué par sa compagne et le père malade. Le repas avance quand arrive un visiteur imprévu : il ressemble à un nain ventripotent qui jure et boit du vin mais annonce être Dieu ! Et il le prouve en faisant mourir puis revenir à la vie le père de famille. Il est venu pour demander une seule chose : dans quelques heures sonnera la fin du monde puisque tous vont mourir. Il n'y aura plus aucun humains vivants à l'exception de deux individus. Et ce sont les quatre membres de cette famille qui doivent choisir les deux survivants... Avec comme base cette situation surréaliste portée par des comédiens extraordinaires, le film est un déroulé d'humour noir et féroce qui dézingue à la fois le couple, la famille, le machisme des hommes, et la religion. Le film a déjà reçu le Prix du public au festival de Sitges et ses réalisateurs sont désormais considérés comme des héritiers de Alex de la Iglésia. Comment choisir 2 survivants ? Les quatre membres de cette famille vont s'affronter de plus en plus ouvertement et même envisager de tuer Dieu, mais la fin du monde approchant il faudra bien choisir ...