Cannes 2017: le palmarès de la sélection Un certain regard

Posté par vincy, le 27 mai 2017

Etrangement, le favori de la critique dans Un Certain Regard (le film russe Une vie étroite) a été oublié du palmarès du jury d'Uma Thurman et de son jury.

Le film iranien Lerd (Un homme intègre) de Mohammad Rasoulof a remporté le Prix Un Certain Regard. Le film sera distribué par ARP. Il s'agit de l'histoire de Reza, installé en pleine nature avec sa femme et son fils. Il mène une vie retirée et se consacre à l’élevage de poissons d’eau douce. Une compagnie privée qui a des visées sur son terrain est prête à tout pour le contraindre à vendre. Mais peut-on lutter contre la corruption sans se salir les mains ?

Le Prix de la mise en scène a été décerné à l'Américain Taylor Sheridan pour son premier film en tant que réalisateur, Wind River, à la fois enquête policière et état des lieux de la situation des Amérindiens. Le film sort le 30 août en France.

Le Prix du jury est revenu au mexicain Michel Franco pour Les filles d'Avril, prévu en salles le 26 juillet. Un autre Prix du jury a distingué une "performance", celle de l'actrice italienne Jasmine Trinca dans Fortunata (qui en effet porte le film avec son rôle de mère seule et combative dans un environnement pas forcément bienveillant).

Enfin, saluons le drôle de prix récompensant Barbara de Mathieu Amalric, film d'ouverture la section, qui reçoit le Prix spécial de la poésie du cinéma.

Vesoul 2017 : Des femmes et des bébés au palmarès

Posté par kristofy, le 15 février 2017

Le 23ème Festival des Cinémas d’Asie de Vesoul s'est terminée avec sa chaleureuse convivialité habituelle et beaucoup de promesses pour le rendez-vous de l'année prochaine. La manifestation prend de plus en plus d'ampleur localement (avec des lycéens, d'autres salles dans d'autres villes proches, incluant même un débat en duplex, et une programmation post-festival à Paris et ailleurs) et à l'international (au festival de Busan en Corée, on parle autant de Vesoul que de Berlin, pour beaucoup d'invités la ville vosgienne restera leur première étape de découverte de la France...), tant et si bien que de nombreuses séances ont affiché 'complet'. Sur une semaine il y a eu tout de même environ 150 séances et il a fallu en rajouter pour satisfaire la demande.

Nos films préférés

C'est au FICA de Vesoul que l'on voit en avant-première des films comme Tunnel de Kim Seong-hun (sortie le 3 mai), Après la tempête de Kore-eda Hirokazu (découvert à Cannes, sortie le 26 avril), The Bacchus Lady de Lee Je-yong (en ce moment au festival de Berlin), et surtout la riche sélection des films en compétition dont la plupart n'ont pas encore de distributeurs.

Parmi nos préférés il y avait Hotel Salvation de Shubhashish Bhutiani (Inde), Reseba-The Dark Wind de Hussein Hassan (Irak), Baby Beside Me de Son Tae-gyum (Corée du Sud), et 500m 800m de Yao Tian (Chine), ce dernier étant d'ailleurs étrangement complémentaire avec un des films les plus fort d'une autre sélection Blind Mountain de Li Yang...

Le prix du public pour Reseba-The Dark Wind

Comme on le pressentait déjà Reseba-The Dark Wind a fait forte impression sur les festivaliers et repart avec deux prix : prix du public et prix des lycéens.

Mais c'est 500m 800m de Yao Tian qui a gagné le Cyclo d'or du jury international (la cinéaste iranienne Rakhshan Bani-Etemad comme présidente, la réalisatrice géorgienne Rusudan Chkonia, le réalisateur sri lankais Vimukthi Jayasundara et la réalisatrice mongole Byambasuren Davaa) : ce film chinois risque d'ailleurs de ne pas être vu dans son propre pays tant il critique la politique de l'enfant unique en Chine (qui a été assouplie depuis 2016).

Yao Tian, fils unique, Cyclo d'or

Le réalisateur Yao Tian qui était présent à Vesoul avait expliqué que «Je suis né dans les années 80 et je n'ai pas eu de petit frère ou petite sœur à cause de cette injonction de l'enfant unique. Ce n'était pas possible car sinon il y avait une très grosse amende impossible à payer, de plus pour qui avait un travail de fonctionnaire c'était le renvoi de cet emploi. Si jamais une seconde grossesse arrivait tout de même c'était comme dans le film 500m 800m, pas possible de donner naissance à un deuxième enfant, il n'y avait pas vraiment de limite au nombre de mois de grossesse pour un avortement (ndlr : comme une séquence marquante du film). Cette politique de l'enfant unique a durer longtemps et au bout d'un moment il y a eu un vieillissement de la population, c'est pourquoi ça a été changé début 2016 avec l'autorisation d'un deuxième enfant. »

Le titre du film 500m 800m évoque deux endroits voisins où s'est construit le barrage des Trois Gorges : dans le village rural à plus de 800 mètres d'altitudes un second enfant était permis sous certaines conditions (si le premier enfant était une fille, il fallait attendre 3 ans après sa naissance...) mais ses habitants apprennent qu'on leur ordonne de déménager pour être reloger ailleurs, dans des logements plus modernes, plus bas, sous 500 mètres d'altitude... La décision de tout quitter pour les plus âgés est dure, les autres sont séduits par l'avantage d'avoir enfin une école. Une femme du village au dessus des 800 mètres déjà maman d'une petite fille se retrouve enfin enceinte d'un second enfant (ce qui est permis) et la famille bon gré-mal gré déménage donc, mais là où ils arrivent c'est l'application stricte de la politique de l'enfant unique : il lui est interdit de garder son bébé à naître...

reseba the dark windGrossesses, viols, avortements, traditions, maternité: la femme dans tous ses états

A noter que la grossesse était un sujet de société et un sujet de débat dans de nombreux films du FICA de Vesoul cette année, dont certains se retrouvent dans le palmarès. En Chine dans 500m 800m il y a des avortements forcés dans le cadre de la politique de l'enfant unique, dans Blind Mountain il y a des jeunes femmes qui sont vendues et retenues prisonnières et violées pour enfanter dans certains villages avec une majorité d'hommes qui désirent eux une descendance... Le viol est d'ailleurs un drame collatéral en période de guerre comme dans This is my moon de Asoka Handagama ou dans Reseba-The Dark Wind de Hussein Hassan. Dans La belle-mère de Samanishvili de Edgar Shengelaia le remariage d'un patriarche implique un futur bébé possible et donc la menace que son héritage soit divisé: on lui cherche une femme stérile. À l'inverse dans The Hunt de Vasantha Obeysekere un bébé né d'une liaison incite une femme à retrouver l'homme géniteur pour l'obliger à sa promesse de se marier avec elle. Quand une femme d'un certain âge se retrouve de nouveau enceinte cela provoque beaucoup de questionnements chez ses proches dans Emma (Mother) de Riri Riza et même des scandales dans Walls Within de Prasanna Vithanage. C'est donc compliqué de décider d'avoir ou pas un enfant, d'ailleurs le débat sur l'avortement est le thème central du film iranien Being Born de Mohsen Abdolvahab , Grand prix du jury, avec en balance des dépenses supplémentaires, le poids de la religion, un épanouissement contrarié... Certaines femmes n'arrivent pas à assumer leur bébé, confié à l'adoption dans The Bacchus Lady de Lee Je-yong parce que sa mère prostituée coréenne a accouché d'un bébé métis suite une relation avec un soldat américain..., dans Baby Beside Me de Son Tae-gyum, Prix Emile Guimet, une mère disparaît du foyer en abandonnant son bébé à son compagnon qui ayant un doute sur sa réelle paternité envisage de le faire adopter.

Le Palmarès du Fica de Vesoul 2017 :

- Cyclo d'Or : 500M 800M de Yao Tian (Chine)
- Grand prix du Jury International : BEING BORN de Mohsen Abdolvahab (Iran)
- Prix du Jury International : GOING THE DISTANCE de Harumoto Yujiro (Japon)
- Mention spéciale du Jury International : Hiromi Hakogi dans HER MOTHER de Sato Yoshinori (Japon)

- Prix du Jury NETPAC : GOING THE DISTANCE de Harumoto Yujiro (Japon)
- Prix de la critique : HOTEL SALVATION de Shubhashish Bhutiani (Inde)
- Prix Emile Guimet : BABY BESIDE ME de Son Tae-gyum (Corée du Sud)
- Coup de cœur du Jury Guimet : GOING THE DISTANCE de Harumoto Yujiro (Japon)
- Prix INALCO : EMMA (Mother) de Riri Riza (Indonésie)
- Coup de coeur INALCO : 500m  800m de Yao Tian (Chine)

- Prix du public du film de fiction : THE DARK WIND de Hussein Hassan (Iraq)
- Prix du Jury Lycéen : THE DARK WIND de Hussein Hassan (Iraq)
- Prix du Public du film documentaire : UN INTOUCHABLE PARMI LES MORTS de Asil Rais (Inde)
- Prix du Jury Jeune : LE CRI INTERDIT de Marjolaine Grappe & Christophe Barreyre (France / Chine)

Le cinéaste iranien Keywan Karimi en prison

Posté par vincy, le 24 novembre 2016

On se focalise à juste titre sur la Turquie qui emprisonne journalistes, écrivains et enseignants. Il ne faut pas oublier la situation en Iran, avec un Jafar Panahi toujours "séquestré" par décision judiciaire. L'Iran a encore frappé hier : le cinéaste iranien Keywan Karimi a été arrêté et incarcéré mercredi 23 novembre dans son pays, a annoncé à l'AFP son producteur français François d'Artemare. En appel, au printemps dernier, il avait été condamné à 223 coups de fouet, une amende de 600 euros et un an de prison ferme pour un film sur les graffitis à Téhéran. Le premier jugement, il y a un an, l'avait condamné à six ans de prison et 223 coups de fouet.

"Le cinéaste iranien indépendant Keywan Karimi a commencé mercredi 23 novembre à purger sa peine d'un an de prison à la prison d'Evin", a indiqué la société de production de François d'Artemare, Les Films de l'Après-midi, dans un communiqué. Son dernier film, et premier long métrage, Drum, a été présenté à la Semaine de la critique à Venise en septembre dernier et doit sortir prochainement en France.

Keywan Karimi, musulman sunnite originaire du Kurdistan iranien, a été condamné pour avoir réalisé un documentaire sur les graffitis politiques des murs de Téhéran, Writing on the City, réalisé en 2012. Le documentaire est présenté depuis quelques mois dans des festivals internationaux. Il a notamment reçu une mention spéciale au Festival du film documentaire de Navarre à Punto de Vista (Espagne).

Keywan Karimi a aussi réalisé un court métrage de fiction, Zan va shohar Karegar (The Adventures of a Married Couple) en 2013 et un court métrage documentaire, Marze Shekaste (Broken Border) en 2011.

Tous les nuages et les images de Jafar Panahi au Centre Pompidou

Posté par vincy, le 7 octobre 2016

jafar panahi

A partir d'aujourd'hui, vendredi 7 octobre, et jusqu'au 13 novembre, les cinémas du Centre Pompidou proposent une rétrospective intégrale et une exposition autour du cinéaste iranien Jafar Panahi. La rétrospective passera par Bruxelles et Genève cet automne. L'événement est réellement exceptionnel.

Condamné à résidence depuis 2010, avec interdiction de filmer durant vingt ans, pour avoir participé à de nombreuses manifestations suite à la victoire controversée de Mahmoud Ahmadinejad aux élections présidentielles et pour avoir assisté à une cérémonie organisée à la mémoire d'une jeune manifestante tuée, le réalisateur a traversé une période de dépression avant de renaître par l'image (et obtenir en 2015 un Ours d'or pour Taxi Téhéran). " Je n’ai pas tout de suite compris l’ampleur de la condamnation, ce que ces interdictions signifiaient pour moi. Heureusement, les caméras numériques et les autres facilités offertes par la technologie permettent de filmer sans avoir besoin de demander des autorisations, de manière discrète et bon marché. J’ai pu me remettre à filmer."

L'exposition Nuages est une série de 26 photographies inédites. Jafar Panahi a commencé photographier des nuages, de la fenêtre de son appartement puis à l'occasion de ses déplacements en Iran. C'est la première fois que ses photographies sont exposées: 19 d'entre elles rejoindront les collections du musée. "Je dispose donc de beaucoup de temps libre. Un jour où je tournais en rond, j’ai regardé par la fenêtre de mon appartement et j’ai vu les nuages. […] J’ai pris mon appareil et j’ai commencé à les photographier. J’ai aimé le résultat et j’ai continué" explique-t-il à Jean-Michel Frodon.

Le moment fort sera sans aucun doute la rencontre virtuelle le 22 octobre (à 17 heures) entre Jafar Panahi et Jean-Michel Frodon, coauteur du livre (avec Clément Chéroux), Jafar Panahi, images / nuages. Le cinéaste offre également au Centre Pompidou un court-métrage en forme d'autoportrait, en exclusivité, qui rejoint la collection "Où en êtes-vous?" du musée. Il sera projeté durant la soirée d'ouverture, en présence de sa fille Solmaz Panahi et de son collaborateur Pooya Abbasian.

Mais assurément, le cadeau du Centre Pompidou est de proposer la filmographie intégrale du cinéaste - Le ballon blanc, Ceci n'est pas un film, Le cercle, Hors-jeu, Le miroir, Pardé, Sang et or, Taxi Téhéran - y compris les courts et moyens métrages (souvent inédits) - L'accordéon, L'ami, Le dernier examen, Deuxième regard, Les têtes blessées, Untying the Knot.

Le vent emporte Abbas Kiarostami (1940-2016), Palme d’or en 1997

Posté par vincy, le 4 juillet 2016

Abbas Kiarostami est mort, selon une annonce de l'agence Isna. Palme d'or pour Le goût de la cerise en 1997, il avait 76 ans. Il était atteint d'un cancer, diagnostiqué il y a quelques mois.

Emblème d'un cinéma iranien ouvert sur le monde, il est né en 1940 à Téhéran. Il a d'abord étudié la peinture à l'Université de la capitale iranienne et a débuté en réalisant plusieurs publicités. Il entre dans le cinéma en 1969 en dirigeant le département du film du Centre pour le développement intellectuel des enfants et jeunes adultes, le Kanun, où il a travaillé durant deux décennies. Par ailleurs, il réalise des courts et des moyens métrages.

Le résident iranien

Il faut attendre 1977 pour qu'il signe son premier long métrage, Le rapport, en plein avènement de la révolution de Khomeini. Il doit alors composer avec la censure et préfère rester dans son pays, malgré l'oppression sur les artistes. Pour lui, le déracinement était synonyme de perte de personnalité, d'authenticité.

Suivent Cas numéro un, cas numéro deux en 1979, Le Concitoyen en 1983, deux films de moins d'une heure, Les premiers en 1984. Avec Où est la maison de mon ami ? en 1987 il amorce sa trilogie appelée Koker. Il emporte un Léopard de bronze à Locarno, ce qui l'installe parmi les cinéastes à suivre au moment où le cinéma iranien réémerge sur la scène internationale. Après Devoirs et Close-up, il tourne le deuxième volet, Et la vie continue, en 1992, entre documentaire et fiction, expérimentation qui l'a toujours fasciné, sur les effets dévastateurs du tremblement de terre qui frappa son pays en 1990. Il achève le cycle avec Au travers des oliviers, en 1994, sélectionné en compétition à Cannes.

Le couronnement international

Parallèlement, il écrit de nombreux scénarios et produits des films de ses compatriotes, notamment Le ballon blanc, premier film d'un certain Jafar Panahi, en 1995. La même année, il participe au projet À propos de Nice, la suite, film documentaire français réalisé et écrit par Catherine Breillat, Costa-Gavras, Claire Denis, Raymond Depardon, Pavel Lungin, Raoul Ruiz et lui-même, hommage au cinéaste de L'Atalante, Jean Vigo. Mais surtout, il a du quitter le Kanun à cause d'une censure toujours plus sévère.

L'ascension parvient à son couronnement en 1997 avec le poétique et métaphorique Goût de la cerise, Palme d'or ex-aequo en 1997 au Festival de Cannes. Un homme cherche quelqu'un pour l'aider à se suicider... Tout un symbole.

L'errance cinématographique

De là, le cinéma de Kiarostami va prendre une longueur d'avance sur celui de ses compatriotes, expérimentant le tournage en voiture avant Jafar Panahi, tournant à l'étranger quand d'autres sont muselés dans son pays. Il y a toujours une forme de poésie dans ses films, de romantisme même, mais son style est ancré dans l'héritage du néo-réalisme italien.

Sa carrière va devenir plus erratique, une errance formelle, géographique et narrative avec Le vent nous emportera (Venise, 1999), le documentaire Five (2003, dédié au cinéaste japonais Ozu), Ten (2002, Cannes, 13 ans avant Taxi Téhéran de son ami Panahi, pour lequel il écrit au même moment Sang et or, son chef d'œuvre) et 10 on Ten (2004), comme deux faces d'un même miroir où il analyse la société iranienne autant qu'il s'introspecte, ou Tickets, film à segments dans un train, par Ermanno Olmi, Ken Loach et lui-même, filmant une femme endeuillée.

Aller voir ailleurs

Après cela il se fait plus rare. Revient aux courts, aux vidéos pour des musées où il expose ses photos et ses poèmes comme au Louvre en 2012. En 2008, il signe Shirin, où des spectatrices sont filmées en train de réagir à la projection d'un mélo. Epuisé par la censure, deux ans plus tard, il s'évade en Italie avec Juliette Binoche pour Copie conforme, romance existentialiste qui vaut un prix d'interprétation à Juliette Binoche à Cannes et en 2014, il transpose Ten à Tokyo avec Like Someone in Love, où un vieil homme très enraciné dans le passé et les traditions dialogue avec une jeune étudiante. C'est sans doute un film testament, malgré lui.

Car il y a quatre ans il affirmait: "Tout mouvement, toute action que nous faisons, dérive de notre tradition culturelle. Même rompre avec la tradition est une façon de la reconnaître". Pas plus beau requiem de la part d'un artiste qui a voulu croire en la transmission puis rompre avec la tradition pour explorer la liberté, au sens absolu du terme. Finalement la vie était toujours hantée par la mort, en décor, et l'humanisme perçait la carapace d'une société étouffée. La parole surgissait du silence forcé. L'émotion des personnages trahissait les régimes qui voulaient les taire.

Le producteur Charles Gillibert avait annoncé à Cannes le prochain projet du cinéaste iranien, 24 Frames, un film de 24 heures dont 24 Frames compilerait certains moments.

Cannes 2016: trois réalisatrices distinguées par le prix Jeunes Talents Women in Motion

Posté par vincy, le 15 mai 2016

Geena Davis et Susan Sarandon ont décerné le prix Jeunes Talents Women in Motion aux réalisatrices Leyla Bouzid, Gaya Jiji et Ida Panahandeh. Le prix sera remis lors du Dîner de la Présidence ce soir.

Les trois réalisatrices ont été choisies par les actrices américaines Geena Davis et Susan Surandon. Elles bénéficieront chacune d'un soutien financier pour un projet cinématographique en cours.

La tunisienne Leyla Bouzid, 32 ans, a réalisé Soubresauts en tant que film de fin d'étude, avant de tourner le court métrage Zakaria . L'an dernier, elle a filmé son premier long métrage, A peine j'ouvre les yeux, présenté aux Venice Days du dernier Festival de Venise.

La syrienne Gaya Jiji, 37 ans, a réalisé trois courts-métrages, dont le plus récent, Matin, midi, soir... et matin a été sélectionné dans de nombreux festivals à travers le monde dont le Short Shorts Film Festival & Asia à Tokyo, le Doha Tribeca Film festival ou encore le Festival du film Arabe de Rotterdam. Elle travaille actuellement sur son premier long-métrage, Mon tissu préféré, qui est en sélection à l'atelier de la Cinéfondation cette année.

Enfin, l'iranienne Ida Panahandeh a déjà sorti plusieurs courts métrages - The Train Station, Taxonomy, Those Hands - et un téléfilm, The Lost Honor of Mr. Sadeghi. L'an dernier, elle a reçu le Prix de l’Avenir au Festival de Cannes (Un Certain Regard) avec son premier long, Nahid.

Cannes 2016 – Télex du Marché: Joann Sfar, Andrew Haigh, Abbas Kiarostami et un carré

Posté par vincy, le 14 mai 2016

- Joann Sfar revient à l'animation cinq ans après la sortie du Chat du rabbin. Une fois de plus il va adapter une de ses bandes dessinées, Petit Vampire (qui date du siècle dernier). Studiocanal et Autochenille Production l'accompagneront pour son 4e long métrage. La BD, publiée chez Delcourt, a été déclinée en 7 albums et une série pour la télévision.

- Andrew Haigh (45 ans), va tourner cet été aux Etats-Unis Lean on Pete. Il s'agit de l'adaptation d'un des romans de Willy Vlautin, Cheyenne en automne, qui raconte les aventures et les errances de Charley Thompson, un adolescent, et de son cheval Lean on Pete, à travers trois Etats de l'Ouest américain : l'Oregon, l'Idaho et le Wyoming, visitant ainsi une Amérique des oubliés et des paumés.

- Quatre ans après Like Someone in Love (en compétition à Cannes), Abbas Kiarostami donne enfin de ses nouvelles. Le producteur Charles Gillibert a annoncé le projet du cinéaste iranien, 24 Frames , sans en dévoiler l'intrigue. Cela fait trois ans que Kiarostami réalise ce film qui voulait faire un film de 24 heures et dont 24 Frames compiler certains moments.

- Elisabeth Moss quitte l'univers des Mad Men et rejoint Claes Bang (la série TV nordique Bron) pour le nouveau film du réalisateur de Snow Therapy (et membre du jury Un certain regard cette année), Ruben Ostlund. The Square s'intéressera à un ambitieux directeur de musée qui veut exposer une installation de forme carré qui doit révolutionner le monde de l'art. l s'agit à la fois d'une critique de la société du spectacle et de l'hypocrisie des médias. Le tournage débutera en juin entre Stokholm, Gotenburg et Berlin.

Cannes 2016: les prétendants asiatiques, océaniques et africains

Posté par vincy, le 5 mars 2016

Queen of Katwe mira nair lupita nyong'o

Deuxième liste des prétendants pour le Festival de Cannes 2016. A moins de deux mois du Festival, faisons un point sur les films qui pourraient être sur la Croisette. C'est sans doute la liste la plus imparfaite tant il difficile de savoir d'où nous sommes l'état de production des films dans certains pays comme la Chine, l'Iran ou l'Inde. Mais il est sûr qu'avec la sélection officielle (compétition, hors compétition, un certain regard) et les sections parallèles (Quinzaine des réalisateurs, Semaine de la critique), certains des grands auteurs auront un ticket pour la Côte d'Azur, à moins que les producteurs préfèrent aller sur la lagune de Venise.

- Eternité, de Tran Anh Hung, avec Audrey Tautou, Bérénice Bejo et Mélanie Laurent
- Under the Shadow, de Babak Anvari, avec Narges Rashidi, Avin Manshadi et Bobby Naderi
- The Sense of an Ending, de Ritesh Batra, avec Michelle Dockery, Charlotte Rampling, Emily Mortimer
- Fleur d'Alep, de Ridha Behi, avec Hend Sabry, Hichem Rostom et Badis Behi
- Strategies (Oppenheimer Strategies), de Joseph Cedar, avec Richard Gere, Lior Ashkenazi et Michael Sheen
- Luomandike xiaowang shi, de Er Cheng, avec Zhang Ziyi et Tadanobu Asano
- Diamond Island, de Davy Chou
- Lion, de Garth Davis, avec Rooney Mara, Nicole Kidman, Dev Patel
- Rhaees, de Rahul Dholakia, avec Shah Rukh Khan, Nawazuddin Siddiqui et Farhan Akhtar
- Forushande, d'Asghar Farhadi, avec Shahab Hosseini et Taraneh Alidoosti
- Harmonium, de Koji Fukada, avec Tadanobu Asano et Kanji Furutachi
- Gokseong, de Hong-jin Na, avec Woo-hee Chun, Jeong-min Hwang et So-yeon Jang
- After the Storm, de Hirokazu Kore-Eda, avec Kirin Kiki, Hiroshi Abe et Sôsuke Ikematsu
- La femme de la plaque argentique, de Kiyoshi Kurosawa, avec Tahar Rahim, Olivier Gourmet et Mathieu Amalric
- Gita, de Masoud Madadi, avec Merila Zare'i, Hamid Reza Azarang et Sara Bahrami
- Terra Formars, de Takashi Miike, avec Rila Fukushima, Rinko Kikuchi, Kane Kosugi
- Queen of Katwe, de Mira Nair, avec Lupita Nyong'o et David Oyelowo
- Beyond the Known World, de Pan Nalin, avec David Wenham, Emmanuelle Béart et Chelsie Preston Crayford
- Agassi (The Handmaid), de Park Chan-wook, avec Jung-woo Ha, Min-hee Kim et Jin-woong Jo
- A mon âge je me cache pour fumer, de Rayhana
- Ikari, de Sang-il Lee, avec Ken Watanabe, Ken'ichi Matsuyama et Aoi Miyazaki
- Wolf and Sheep, de Shahrbanoo Sadat
- Berlin Syndrome, de Cate Shortland, avec Teresa Palmer, Max Riemelt, Matthias Habich
- Detour, de Christopher Smith, avec Emory Cohen, Bel Powley et Tye Sheridan
- Saam Yan Hang, de Johnnie To, avec Louis Koo, Wei Zhao, Wallace Chung
- Crouching Tiger, Hidden Dragon: Sword of Destiny, de Woo-Ping Yuen, avec Donnie Yen, Michelle Yeoh et Harry Shum Jr.
- The Great Wall, de Zhang Yimou, avec Matt Damon, Willem Dafoe, Pedro Pascal
- The Ferryman, de Jiajia Zhang, avec Angelababy, Wei Tang, Ji-hyun Jun

La censure au cinéma : vaste programme à l’Ecran de Saint-Denis

Posté par vincy, le 2 février 2016

Du 3 au 9 février 2016, au cinéma L’Écran de Saint-Denis, les 16èmes Journées cinématographiques dionysiennes auront pour thèmes "Le cinéma, témoin et miroir de notre société".

Toujours engagées, ces journées mélangent débats de réflexions et projections de films, avec, cette année une programmation axée sur les films censurés, autocensurés et interdits. "Que ce soit en Russie, aux États-Unis, en Iran, en Chine ou en France, hier comme aujourd’hui, les actes de censures nous parlent toujours du maintien de l’ordre public, de la sauvegarde des intérêts de l’Etat, de la conformité aux normes admises de comportement, de la protection de la jeunesse…" explique l'organisation.

80 films classiques ou inédits seront présentés, accompagnés de rencontres avec des cinéastes tels Pascal Aubier, Malek Bensmaïl,Jean-Claude Brisseau, Marielle Issartel, Alejandro Jodorowsy, Lionel Soukaz, etc. Parmi les films diffusés, remarquons L'Âge d'or de Luis Bunuel, La Chair et le sang de Paul Verhoeven, L'émigré de Youssef Chahine, Freaks de Tod Browning, La jeune fille de Souleymane Cissé, Le juge Fayard dit le Sheriff d'Yves Boisset, Nuit et Brouillard d'Alain Resnais, Platform de Jia Zhangke, Le port de la drogue de Samuel Fuller, Le petit Soldat de Jean-Luc Godard, La Religieuse de feu Jacques Rivette, Redacted de Brian de Palma, Un tramway nommé désir d'Elia Kazan, La vie de Brian des Monty Python, Tueurs nés d'Oliver Stone ou Zéro de Conduite de Jean Vigo.

Un focus sur le cinéma d'Iran (avec Sepideh Farsi et Bahman Ghobadi), un autre sur le cinéma de l'Europe de l'Est (avec Otar Iosseliani), un hommage à René Vautier, une masterclass d'Yves Boisset et une Nuit des films X censurés (pour s'échauffer un peu) complètent le programme.

Le prochain Asghar Farhadi à Cannes ou à Venise?

Posté par vincy, le 2 février 2016

Le cinéaste iranien Asghar Farhadi (Une séparation, Le passé) est en tournage dans son pays depuis décembre. Selon Le Film Français, le tournage du film, Forushande, sera terminé à la fin du mois de février. Toujours produit et distribué par Memento Films, le réalisateur continue d'explorer ses sujets habituels: la classe moyenne iranienne au coeur d'un dilemme moral.

Il a enrôlé une de ses actrices fétiches Taraneh Alidoosti (Les enfants de Belle Ville, La Fête du feu, À propos d'Elly). La comédienne de 32 ans avait reçu un prix d'interprétation féminine à Locarno en 2002 pour Moi, Taraneh, 15 ans de Rasoul Sadr Ameli. L'autre rôle principal est tenu par Shahab Hosseini, 41 ans, qui a déjà joué pour Farhadi dans A propos d'Elly et surtout Une séparation, qui lui a valu un prix d'interprétation à Berlin.

La sortie en France est calée à septembre prochain. Ce qui pose désormais la question de la date de son avant-première mondiale: Festival de Cannes (où Le passé avait été récompensé pour son actrice, Bérénice Bejo) ou Festival de Venise (où aucun film du réalisateur n'a encore été sélectionné) ?