Choi Eun-hee, légende du cinéma coréenne, s’éteint (1926-2018)

Posté par vincy, le 23 avril 2018

Née le 20 novembre 1926 en Corée (à l'époque japonaise), la star et légende du 7e art coréen Choi Eun-hee est morte le 16 avril dernier en Corée du sud à l'âge de 91 ans.

L'existence de Choi Eu-hee est divisée en deux parties. Elle fut d'abord la star des films de son mari, le réalisateur Shin Sang-ok, dans les années 1950 et 1960. Mais en 1978, lors d'une visite à Hong Kong où on lui propose de créer une école d'art dramatique. A l'époque, son étoile palissait dans son pays et ses affaires allaient mal. Dans la colonie britannique de Hong Kong, on lui propose de rencontrer un directeur de studio dont la villa est située à Repulse Bay. En fait, elle sera kidnappée, transférée sur un cargo et se retrouve en Corée du nord une semaine plus tard.

La Corée du nord, à l'époque, le régime est dirigé par le dictateur Kim Il-sung, père de Kim Jong-il, cinéphile et cinéaste amateur, qui veut faire de la Corée du nord une puissance cinématographique mondiale. Elle est reçue comme une Reine. Mais son enlèvement n'était qu'un subterfuge pour attirer son ex-mari, Shin Sang-ok, qui la recherche activement. Ils sont divorcés depuis deux ans, mais ses studios sont en faillite et le régime sud-coréen fait la vie dure aux artistes. A son tour, il passe à Hong Kong en juillet de la même année. Il sera lui aussi enlevé. Plus désobéissant, il connaîtra les prisons du pays. Il ne sera libéré qu'en 1983, où il retrouvera enfin Choi Eun-hee. Ils se remarient.

De là commencera leur nouvelle carrière, une série de film nord-coréens dans les années 1980, entre divertissements populaires et histoires dramatiques, pas toujours à la gloire du pouvoir. Réellement respectés par Kim Jong-il, ils créent avec des moyens inédits et une certaine liberté dans le choix des sujets. En 1986, ils parviennent, lors d'un voyage à l'étranger, à s'échapper et demander l'asile aux Etats-Unis. Ce destin a été raconté dans un documentaire Les Amoureux et le Despote, présenté à Sundance en 2016.

Si le régime nord-coréen a tant voulu le couple au service de sa propagande, c'est bien parce que Choi Eun-hee était extrêmement populaire.

De 1947 à son kidnapping, elle ne cessera de tourner. Co-fondatrice avec son mari-réalisateur de Shin Film, elle a joué dans plus de 130 films dont A Flower in Hell en 1958 et The Houseguest and My Mother en 1961. Elle a été successivement la seule star à être coréenne, sud-coréenne et nord-coréenne. Les Oscars coréens lui ont décerné un prix pour l'ensemble de sa carrière en 2006, et l'association coréenne des critiques de films lui a fait le même honneur deux ans plus tard. Elle avait déjà reçu deux Oscars coréens pour Evergreen Tree en 1962 et The Sino-Japanese War and Queen Min the Heroine en 1965. Elle a aussi reçu le Prix de la meilleure actrice au Festival de Moscou en 1985 pour son rôle dans Salt, son dernier film en tant qu'actrice.

Moi, Kim Jong-il, dictateur, et Maître du cinéma de mon pays

Posté par vincy, le 15 février 2009

kimjongilLa Corée du Nord se dote d'une Commission du cinéma nationale.  Depuis son indépendance en 1948, le cinéma était considéré avant tout comme un outil de propagande. Ceci dit, en rattachant la Commission au Présidium de l'Assemblée populaire suprême, la Commission sera toute aussi "démocratique" que celle de l'Iran ou de Cuba.

Ainsi c'est le Président éternel (ça ne s'invente pas), Kim Jong-il, un fan de cinéma, qui en sera le chef. Jusque là tout ce qui avait un lien avec le 7e Art (y compris le Festival du film de Pyongyang, créé en 1987) était sous l'égide du Ministre de la Culture.

Cela ne changera pas grand chose pour les cinéastes puisque l'Etat garde toujours une main mise totale sur l'outil de financement et de diffusion. Tout est nationalisé. Le cinéma nord coréen a produit jusqu'à cinquante films par an dans les années fastes. Désormais, les studios se concentrent sur les films de l'armée et ceux éducatifs, quand ils ne servent pas de sous-traitants pour des dessins animés internationaux.

Ces dernières années, le régime a préféré investir plus d'argent dans moins de films. En 2006, les spectateurs internationaux ont découvert le Journal d'une Nord-Coréenne de Jan In-Hak, qui avait déjà réalisé Myself in the Distant Future en 1997. Cela faisait des années qu'un film nord-coréen n'était pas sorti de ses frontières. La même année, Phyo Kwang et Maeng Chil-min réalisaient Pyongyang Nalpharam. Il aurait attiré 6 millions de spectateurs (sur 23 millions d'habitants  présumés) dans les salles du pays. En 2008, Phyo Kwang a récidivé, avec Kim Hyon-chol, en réalisant Les cerf-volants volent dans le ciel, seul film national présenté au 11e Festival de Pyongyang.

Cette dictature qui pratique le travail forcé, l'exportation de drogue, et subit une sérieuse famine n'a rien d'autre à faire qu'annoncer ce type de "réforme", dans un pays malade de ses tyrans successifs. Nous en sommes éberlués.