Nakache et Toledano enrôlent Bacri, Lellouche et Rouve

Posté par vincy, le 5 mai 2016

Le marché du film de Cannes s'approche. Les producteurs s'activent pour annoncer leurs projets les plus importants. La Gaumont a lancé les festivités (hostilités?) avec le prochain film d'Olivier Nakache et Eric Toledano.

Selon Le Film Français, après Intouchables et Samba, le duo va tourner son sixième film, Les Temps difficiles, avec Jean-Pierre Bacri, Jean-Paul Rouve, Gilles Lellouche, Hélène Vincent (La vie est un long fleuve tranquille), Suzanne Clément (Mommy), Benjamin Lavernhe (de la Comédie française, vu dans Elle l'adore, L'Affaire SK1 et Le Goût des merveilles), Judith Chemla (à l'affiche de Ce sentiment de l'été), William Lebghil (Soda, Les Souvenirs, Les nouvelles aventures d'Aladin), Eye Haidara (Les gorilles), Kevin Azais (Les combattants) et Alban Ivanov (sur scène avec son spectacle "Élément Perturbateur").

La comédie se passe le temps d'une journée de mariage, dans les coulisses de la soirée, en suivant divers protagonistes - du traiteur au photographe - dont les observations composeront un portrait de la France d'aujourd’hui.

Le tournage débute fin mai.

Edito: Homard amor

Posté par vincy, le 29 octobre 2015

Oubliez Aladin et Kev Adams, Lolo et Dany Boon : la meilleure comédie française cette année était sur le petit écrans. La série Dix pour cent, orchestrée par Cédrick Klapisch, avec des guests prestigieux, a non seulement révélé des comédien(ne)s mais aussi dévoilé le fonctionnement d'une agence artistique. Le pire c'est que tout est vrai. A partir des souvenirs de l'ex-agent Dominique Besnehard, on voit bien comment un projet de film peut basculer ou être bousculé.

En attendant la saison 2, on espèrera que les producteurs de films s'inspireront de cette qualité d'écriture et, surtout, qu'ils auront l'idée de nous faire un The Player à la française. Car il y en aurait à raconter. Si le cinéma français cherche la parade face à la démultiplication des écrans, au surgissement du numérique, au système qui a financé et maintenu en bonne santé la production, il n'empêche qu'il a besoin de se transformer. Surtout la comédie, genre roi pour remplir les salles.

Du scénario au casting (le manque de diversité reste flagrant), en passant par les sujets abordés, on sent les producteurs trop frileux, préférant le confort de recettes éprouvées au risque d'être impertinent. La souveraineté du 7e art franchouillard passe aussi par là: on veut pouvoir (sou)rire sans attendre un Judd Apatow ou une Melissa McCarthy.

Les Damnés de Visconti par la Comédie Française au Festival d’Avignon 2016

Posté par vincy, le 21 juillet 2015

Selon l'AFP, Eric Ruf, nouvel administrateur de la Comédie-Française, annoncera la venue de la troupe au festival d'Avignon 2016 lors de la conférence de presse de clôture vendredi. La Comédie-Française jouera "Les Damnés", pièce adaptée du film de Luchino Visconti (1969).

La mise en scène sera assurée par le belge Ivo van Hove, d'après Le Figaro. Directeur de la plus grande compagnie théâtrale des Pays-Bas, Toneelgroep Amsterdam, il a récemment dirigé Juliette Binoche dans "Antigone", en anglais, actuellement en tournée mondiale. On lui doit de nombreuses pièces et opéras inspirées de films ou de cinéastes comme "Faces", "Husbands" et "Opening Night" de John Cassavetes, "Persona" d'Ingmar Bergman, "Teorema" de Pier Paolo Pasolini, "Antonioni Project" d'après Michelangelo Antonioni, "India Song" de Marguerite Duras, "Brokeback Mountain" d'après le livre d'Annie Proulx

La troupe de Molière reprendra sur les planches l'histoire scénarisée par Visconti, Nicola Badalucco et Enrico Medioli qui se déroule en 1933, durant la montée du nazisme. Dick Bogarde, Ingrid Thulin, Charlotte Rampling, et Helmut Berger tenaient les rôles principaux de cette chronique d'une famille capitaliste allemande qui sombre dans la décadence et la perversion. Le scénario avait été nominé aux Oscars. C'était également le film favori de Rainer Werner Fassbinder. En Italien, le film se traduit par La chute des Dieux.

La Comédie française enrôle Dominique Blanc

Posté par redaction, le 23 avril 2015

Hier, la Comédie française a twitté: "Dominique Blanc nouvelle pensionnaire de la troupe @ComedieFr à partir du 19 mars 2016. #bienvenue."

Dans un an, l'une des plus grandes comédiennes françaises, considérée à juste titre comme sous-utilisée par le cinéma, arrivera dans la maison de Molière avec une pièce de Racine, Britannicus.

A bientôt 59 ans (dans 2 jours), Dominique Blanc s'offre un nouveau départ. Découverte par Patrice Chéreau au début des années 80, elle a travaillé sur les planches avec Luc Bondy, Jean-Pierre Vincent, Antoine Vitez, Peter Sellars... Blanc fait partie de ses rares comédiennes qui ont joué sur les plus grandes scènes: les Amandiers à Nanterre, le Rond-Point, l'Odéon, Chaillot, sans oublier Avignon.
Chéreau lui offrira un solo adapté de Marguerite Duras, La douleur, en 2008, cinq ans après lui avoir confié Phèdre de Racine. Le texte de Duras, qui lui vaut un deuxième Molière, fera une tournée nationale et internationale durant quatre années.

Malgré quatre César et un Prix d'interprétation à Venise durant toute sa carrière, l'actrice n'a rien tourné depuis 2010 pour le cinéma. Un comble pour celle qui a été filmée par Louis Malle, Régis Wargnier, Claude Sautet, Claude Chabrol, Patrice Chéreau évidemment, Agnieszka Holland, Lucas Belvaux, Bertrand Bonello, Michel Deville ou encore Amos Gitai. Elle sera tout de même prochainement à l'affiche de Peur de rien, de Danielle Arbid, aux côtés de Vincent Lacoste.

Exigeante et passionnée, rare, la Comédie française, dorénavant dirigée par Eric Ruf (qui avait joué avec elle dans le Phèdre de Chéreau), met la main sur une actrice de première catégorie. D'ici là elle sera dans Les Liaisons dangereuses de Choderlos De Laclos, avec Vincent Perez dans le rôle de Valmont, au Théâtre national de Strasbourg en Anne d'Autriche dans la série Versailles de Jalil Lespert.

Valérie Donzelli s’amuse au Jeu de l’amour et du hasard pour Arte

Posté par vincy, le 27 mai 2013

Valérie Donzelli, qui était à Cannes il y a quelques jours pour la présentation d'Opium, le film d'Arielle Dombasle présenté à Cannes Classics, a mis en boîte un film pour la télévision adapté de la célèbre pièce de Marivaux, Le Jeu de l'amour et du hasard.

Arte lance en effet une nouvelle collection de fictions inspirées du théâtre. La chaîne prépare également les adaptations de Gabov Rassov (Les amis du placard, avec Romane Bohringer) et de David Lescot (Le système de Ponzi).

Le film de Donzelli, intitulé Les jeux de l'amour et du hasard, sera coproduit en partenariat avec la Comédie Française. On retrouvera de nombreux sociétaires de la troupe : Gérard Giroudon, Alexandre Pavloff, Léonie Simaga, Noam Morgensztern, Suliane Brahim et Pierre Hancisse. La pièce date de 1730 et a déjà été transposée à la télé plusieurs fois (notamment par Marcel Bluwal en 1967, avec Danièle Lebrun, Jean-Pierre Cassel et Claude Brasseur). Abdellatif Kechiche s'en est largement inspiré pour L'esquive.

Valérie Donzelli a récemment réalisé Main dans la main, avec Valérie Lemercier et La guerre est déclarée, 4 fois nommé aux Césars. On la retrouvera en tant qu'actrice dans le prochain film de Lionel Baier, Les grandes ondes (à l'ouest), qui devrait être en sélection à Locarno, et celui de Nicolas et Bruno, Le grand méchant loup, qui sort le 10 juillet.

La Comédie-Française fait son cinéma

Posté par anne-laure, le 3 juin 2010

Le célèbre théâtre de la Comédie-Française a annoncé sa collaboration avec différents cinéastes. Ceux-ci ont été réquisitionnés pour réaliser des films originaux à partir du répertoire du Théâtre Français. Pas si étonnant lorsque l’on sait que les anciens comédiens de cette troupe historique ont été parmi les premiers à se produire sur grand écran aux prémices du cinéma, à l’époque des films muets.

Partage de midi, d’après la pièce de Paul Claudel, sera donc projeté le 27 septembre, à 20h30, à la salle Richelieu. Réalisé par Claude Mouriéras - réalisateur entre autres de Sale gosse et Dis-moi que je rêve - le film met en lumière, dans le rôle d’Ysé, une ancienne pensionnaire de la Comédie-Française, Marina Hands. Le lendemain, le théâtre diffusera au même endroit Juste la fin du monde , réalisé d'après l'oeuvre de Jean-Luc Lagarce par le tandem Olivier Ducastel et Jacques Martineau (Jeanne et le garçon formidable).

Enfin, l'heureux Mathieu Amalric - fraîchement primé à Cannes pour la mise en scène de Tournée - vient de terminer le tournage en avril de L’Illusion comique d’après Pierre Corneille. Son film sera programmé par la Comédie-Française durant la saison 2011-2012.

Les trois films devraient être diffusés sur France 2, partenaire des productions. Loin des obligations théâtrales, ils s'approchent au plus près de l'œuvre cinématographique. Les réalisateurs ont fait fi de tous codes théâtraux et ont pu tourner en décors extérieurs. L’essentiel était simplement d’utiliser les mots de l’auteur de la pièce d’origine.

Jean-Paul Roussillon prend le large (1931-2009)

Posté par vincy, le 31 juillet 2009

jproussillon.jpgLe comédien Jean-Paul Roussillon, marié à Catherine Ferran, qui avait obtenu un César en début d'année pour son rôle  dans Un conte de Noël d'Arnaud Desplechin, est décédé aujourd'hui à Auxerre à l'âge de 79 ans.

L'an dernier, il avait séduit les cinéphiles avec ce personnage d'époux bienveillant (de Catherine Deneuve), de père généreux (Consigny, Amalric, Poupaud) dans l'univers macabre et caustique de Desplechin. Le cinéaste l'avait déjà choisi pour être un autre Abel, dans Rois et reine. Pas forcément très connu du grand public, il a interprété de jolis personnages secondaires dans Mischka, Une hirondelle fait le printemps (sa première nomination aux Césars), On connaît la chanson et auparavant dans La fille de d'Artagnan, Le brasier, On ne meurt que deux fois.

C'est avant tout sur les planches qu'il a rencontré un large public et un engouement critique. Sociétaire honoraire de la Comédie Française (il y est entré en 1950), il clamera du Dostoïevski comme du Marivaux, du Molière et du Shakespeare, du Giraudoux et du Tchekhov, du Pirandello et du Beckett, du Ionesco et du Duras. Plus de cent pièces où sa voix rocailleuse faisait merveille. Trois Molières. Il avait trouvé avec le metteur en scène Alain Françon, dans son théâtre de la Colline, une nouvelle famille.

Françoise ou la race des Seigner

Posté par benoit, le 17 octobre 2008

Françoise Seigner 446e sociétaire de la Comédie Française, Françoise Seigner, fille de Louis et tante d’Emmanuelle et de Mathilde, incarne avec rondeurs et énergie les grandes soubrettes de Molière. Orfèvre de l’art dramatique, elle met son expérience au service des oeuvres de Racine, Corneille, Carlo Goldoni, Nathalie Sarraute, Georges Bernanos, Italo Svevo, Henry James… Pendant vingt ans, Françoise Seigner met en scène et interprète Madame Gervaise du Mystère de la Charité de Jeanne d’Arc de Charles Péguy. Sans nul doute le rôle de sa vie. Elle s’est éteinte le 13 octobre à l’âge de quatre-vingt ans.

Chère Françoise,

Il y a une vingtaine d’années, vous animiez un stage d’art dramatique. Son thème : la modernité des classiques. Vous vous éloigniez alors de la Comédie Française que vous lapidiez à coup de phrases laconiques et acerbes. Au plus profond, très souffrantes.

Je m’étais retrouvé là dans des circonstances un peu particulières. Cherchant pour l’une de vos mises en scène un "jeune premier" - c’était encore le temps de ce genre absurde de ségrégation nommée "emploi" - vous m’aviez invité à travailler avec un autre comédien afin de choisir lequel vous conviendrait le mieux. Ce stage se transformait donc en audition. Ironie de ce métier qui n’en manque pas, il me semble que ni mon concurrent, ni moi n’avons été choisis et que votre projet n’a jamais vu le jour…

J’ai le souvenir de nombreux participants dont votre nièce Mathilde, déjà forte en gueule, au teint d’abricot et qui ressemblait à l’époque comme deux gouttes d’eau à Sophie Marceau. Mais le monstre sacré, c’était vous, car sur scène vous étiez sacrément, fabuleusement monstrueuse, Françoise. Comme dans une arène, vous réunissiez à vous seule l’expertise du toréador, la robustesse du taureau, la précision et la justesse de la banderille plantée.

L’emploi de jeune premier me posait des problèmes. Je vous avais fait part de mon horreur du larmoyant et du pathos. Alors, nous avons rigolé ensemble grâce à Molière. Vous dans Dorine, moi dans Cléante du Tartuffe. Vous m’avez soutenu, dopé de vos éclats tonitruants, gigantesques, surhumains. Soudain, phénomène physiologique oblige, des larmes sont nées de mes rires. D’un coup, la fureur vitale de votre regard s’est évanouie. D’une voix qui enrobait chaque mot de miel, vous avez soupiré en prenant la salle à témoin : "Eh bien, voilà. On en fera peut-être quelque chose de celui-là…" Grâce à vous, j’avais réussi à pleurer.

J’habitais déjà la planète cinéma. Vous, vous revendiquiez à tout craint l’universalité du théâtre. J’aimais vous asticoter. Vous ne manquiez jamais de râler, de grogner. Mais quand j’évoquais Truffaut qui vous avait offert le rôle de Madame Guérin, la gouvernante de L’enfant sauvage, vous murmuriez invariablement : "Ah, FrançoisAh, François…"

À la fin du stage, vous avez dressé le portrait de chacun des participants. Beaucoup tremblaient car, ignorante de la langue de bois mais toujours bienveillante, vous découragiez le plus motivé en lui certifiant que vos mots étaient moins cruels que la réalité du métier de comédien. Arrivé à mon tour, un rictus s’est dessiné sur votre visage de matrone diabolique à la Garcia Marquez. Prenant des temps de sociétaire, vous m’avez dit : "VousOh, vousC’est différentC’est autre choseC’est à part…" Vous aviez raison, Françoise, même s’il me fallut encore quelques années avant de comprendre que j’avançais claudiquant dans la lumière et que l’ombre m’éclairerait bien mieux.

Je viens d’apprendre que vous êtes partie. Où ça ? Au ciel comme on dit ?... Si c’est le cas, la prochaine fois que j’entendrai tonner, je me dirai : "Tiens, c’est LA SEIGNER, la reine des soubrettes, qui met de l’ordre dans les nuages telles Toinette, Dorine ou Frosine…" Et si jamais il se met à pleuvoir, alors j’éclaterai de rire. Promis. Je vous embrasse aussi fort que je vous remercie.

Jean Desailly défaille définitivement (1920-2008)

Posté par vincy, le 13 juin 2008

lapeaudouce.jpgCes dernières années, le comédien, ex pensionnaire de la Comédie Française et ancien directeur de théâtre (Hébertot, Edouard VII et Madeleine), Jean Desailly, était surtout connu comme un homme de scène, le partenaire immuable de Simone Valère, à la ville comme sur les planches. Un couple de soixante ans qui ne s'est marié que tardivement  : "Grâce à Dieu, nous n'avons jamais connu le chômage. Voilà pourquoi nous avons vécu dans le péché" s'amusaient-ils.

Il avait commencé comme dessinateur publicitaire, empoché le premier prix de comédie dès sa première année de conservatoire puis appris sur le tas son métier, au sein de la troupe amateure La Roulotte. Dès l'après guerre, il préféra le cinéma à la Comédie Française, qui le renvoya. Il intégra alors la compagnie d'un autre couple célèbre, les Renaud-Barrault.

 Au cinéma, en 1946, il fut dans l'immense succès La symphonie pastorale,  de Jean Delannoy, avec Michèle Morgan. Une palme d'or. On le retrouve en Marivaux chez Guitry dans Si Versailles m'était conté. Il retrouve Morgan dans Les Grandes manoeuvres, de René Clair. Delannoy, lui, le reprend pour Maigret tend un piège, avec le vieux Gabin et la jeune Girardot et Le baron de l'écluse, avec le plus vieux Gabin et la jeune Presle.

Dans les années 60, il croise pour la première fois Jean-Paul Belmondo. Chez Melville dans Le Doulos. Dix ans plus tard, ils seront réunis dans L'héritier, de Philippe Labro, puis dans Le professionnel, de Georges Lautner, où il incarnera le ministre. Le cinéma n'étant pas son métier principal, il acceptera d'y faire des apparitions, des seconds rôles, donnant ainsi la réplique à Henry Fonda, Anthony Quinn ou Alain Delon, même le temps d'une scène. Il jouait ainsi les bourgeois, les hommes à particules, les fonctionnaires en uniformes. Sa voix posé, grave, élégante l'a souvent rendu narrateur (Les Rois maudits, en série télévisée des années 70)...

Un acteur de cinéma de second plan, sans aucun palmarès, et pourtant un immense acteur. Seul François Truffaut lui offrit un rôle digne de son talent. Dans La peau douce (1964, photo), il incarne un éditeur connu, marié et d'apparence sage. Mais il y est irrésistiblement attiré par la sensuelle et délicieuse Françoise Dorléac. On le comprend. Cette tragédie amère et amoureuse, tout en silences impalpables et en tension tactile, est le film qu'il faut revoir pour apprécier ce qui restera de Jean Desailly : son amour du jeu.